La Ligue centrafricaine des DH accuse les ex-rebelles de graves exactions

BANGUI, 3 juin 2003 (AFP) - 12h53 - La Ligue centrafricaine des droits de l'homme a accusé mardi les ex-rebelles, tchadiens et centrafricains, de graves exactions contre la population et demandé au président François Bozizé "d'assurer efficacement la sécurité des personnes et des biens".

"Le soulagement ressenti par la population et l'espoir suscité par le changement sont aujourd'hui gravement entachés par les exactions, les pillages, les rackets et les humiliations commis par les éléments tchadiens et centrafricains incontrôlés", affirme la Ligue dans une déclaration publiée mardi.

Le président élu Ange-Félix Patassé a été renversé le 15 mars par le général Bozizé qui avait pris six mois plus tôt la tête d'une rébellion composée d'une minorité de militaires de carrière mais surtout de jeunes gens sans formation, Tchadiens ou Centrafricains, enrôlés au fil des semaines.

"S'agissant des Tchadiens, ceux-ci se comportent comme s'ils étaient en territoire conquis et ne font preuve d'aucun respect de la propriété et moins encore de la personne humaine", écrit l'organisation de défense des droits de l'homme.

"Les Centrafricains sont traités par eux comme des esclaves. Sous le fallacieux prétexte d'avoir été leurs "libérateurs" et sous les menaces des armes, ils les dépouillent de leurs biens de jour comme de nuit et la moindre tentative de résistance peut entraîner la mort", déplore la Ligue.

Elle cite en exemple "des atteintes à l'intégrité physique (meurtres, sévices corporels), des particuliers dépossédés de leurs véhicules et d'autres biens qui prennent (ensuite) la route du Tchad, les chauffeurs de taxis et de bus qui subissent des rackets, rançons et voies de fait (...) les avocats humiliés, frappés, et menacés dans l'exercice de leur profession, et les magistrats intimidés".

Il y a deux semaines, les chauffeurs de taxis de Bangui avaient observé un mouvement de grève pour protester contre cette situation. Les avocats avaient également organisé une marche de protestation.

La Ligue "condamne fermement ces violations massives des droits de l'homme" et demande au président de la République de "faire respecter rigoureusement les droits de l'homme" et d'"assurer efficacement la sécurité des personnes et des biens sur toute l'étendue du territoire national".

Elle souhaite que "la mission de la force de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cémac) soit réévaluée et étendue à l'appui des forces armées centrafricaines et de la police centrafricaine pour le maintien de l'ordre et de la sécurité".

La Cémac, dont les chefs d'Etat sont réunis mardi à Libreville pour examiner la situation en Centrafrique, avait déployé 300 hommes en décembre à Bangui pour assurer notamment la sécurité du président Patassé.

Malgré son renversement, ce contingent est resté, à l'exception d'une trentaine de militaires équato-guinéens, mais n'a commencé que très récemment à patrouiller dans la ville.


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 16