Amnistie , destruction et reconstruction de la République Centrafricaine (analyses 2)
Amnistie de Kolingba par Bozizé: un aveu de complicité?
Rabi Mitbkèta
Amnistie de Kolingba par BozizéUn aveu de complicité ?Alors que l'ancien président centrafricain, Ange Félix Patassé, est en train de se consoler chez ses beaux-parents togolais, son célèbre tombeur du 15 mars 2003, le général de division François Bozizé, lui, conforte davantage son pouvoir avec une célérité qui donne à méditer. Le passé récent de la Centrafrique nous convainc que cet officier supérieur n'est pas un intrus sur la scène politique. Ancien chef d'état-major de la grande muette, il fut accusé par le président Patassé d'être des instigateurs du putsch manqué du 28 mai 2001 dont le général André Kolingba était le guide éclairé.
Accusation rejetée en son temps par Bozizé. La méfiance et l'exclusion, qui s'en suivirent, le poussèrent vers la porte de sortie. Mais de quelle manière ! François Bozizé et ses hommes décidèrent de marcher sur le palais présidentiel, mais en vain, car les forces libyennes les y avaient dévancés. Conséquence, le général franchit la frontière, transite par le Tchad complice pour un exil de courte durée dans l'Hexagone, puissance faiseuse de rois nègres. La suite, on la connaît. Parvenu à ses fins, le nouveau président ne fait que multiplier les initiatives. Nous en retenons celle qui fait couler beaucoup d'encre et de salive. C'est bien cette ordonnance n°3.003, prise le 23 avril dernier, portant amnistie relative aux événements du 28 mai 2001, qui dit entre autres : «Article 1er : Sont amnistiées toutes les infractions commises en relation avec les événements d'ordre politique du 28 mai 2001.Article 6 : Il est interdit de rappeler ou de laisser subsister sous quelque forme que ce soit dans tout dossier, tout autre document quelconque les condamnations effacées par l'amnistie. Seules les minutes de jugements ou arrêts déposés dans les greffes échappent à cette interdiction.».
Pour tous ceux qui savent lire entre les lignes, cette ordonnance n'est qu'une réponse tardive aux accusations d'Ange Félix Patassé, pour ne pas dire un aveu de sa connivence avec les putschistes du 28 mai. Muhamadu Buhari, on se rappelle, avait été ministre du Pétrole et de l'Energie d'Obasanjo lors de son premier passage aux affaires entre 1976 et 1979.
Source : AllAfrica.com
L'Observateur Paalga (Ouagadougou)
ANALYSE - 28 Avril 2003,
Publié sur le web le 29 Avril 2003
C'est ma tasse de thé ! Vous avez dit reconstruction ?
Le Soleil (Dakar)
Un petit tour, puis s'en ira. Le général François Bozizé, le nouveau président de la RCA, ne s'incrustera pas dans le fauteuil. Il laissera sa place, encore tout chaude, à un successeur démocratiquement élu. C'est du moins ce qu'il a réaffirmé lors de sa visite, vendredi, à Libreville. D'ici 18 à 30 mois, donc, retour à la normale dans ce pays meurtri par tant d'années de dictature, de pillages perpétrés par différents déprédateurs et d'affrontements sanglants. À condition que les Centrafricains ne trouvent pas ce temps trop long, à la manière des Irakiens qui trouvent déjà très pesante la présence de leur libérateur américain. À condition que toute la classe politique soit associée à cette gestion de la révolution tranquille déjà amorcée.
Si cela arrivait, le général président suivrait l'exemple d'un ATT , au Mali. Il ferait comme - autre modèle, mais éloigné dans l'espace et dans le temps - comme le Romain Cincinnatus. Il irait, plein d'usage et de raison, cultiver son jardin. Il lui faudrait seulement, comme il le souligne lui-même, qu'on l'aide à réanimer cette Centrafrique exsangue et plongée dans son sommeil cataleptique. Des millions de dollars en perfusion ne feraient pas de mal à cette grande malade. Et, comme il y a bien un après-Irak, on est en droit de s'attendre à une après-Centrafrique : celle de la reconstruction. À moins que, les Centrafricains n'ayant pas de pétrole, mais seulement du diamant, de l'or, du bois précieux et un idéal de justice, ils n'intéressent pas les Occidentaux. Dans ce cas, un Etat africain serait, une fois de plus, abandonné à son sort.
Que l'on ne vienne pas, en tout cas, nous seriner que Bozizé s'est imposé par la force à son peuple. Qu'en chassant Patassé, il en ait rajouté à la situation chaotique que vit son pays. La liberté vaut bien des destructions, non ? Il ne faudrait pas, alors, que ce qui est vérité sur les bords de l'Euphrate, soit erreur du côté de l'Oubangui !
Source : AllAfrica.com
Le Soleil (Dakar) - 28 Avril 2003, Publié
sur le web le 29 Avril 2003