M. Bozizé forme un gouvernement transitoire
BANGUI, 1er avril 2003 Nations
Unies (IRIN) - Le premier ministre de la République
centrafricaine, Abel Goumba, a nommé lundi son gouvernement
transitoire, composé de 28 membres provenant de la société
civile et de l'ensemble de la classe politique. M. Goumba a
également promis de restructurer les services financiers et
verser aux fonctionnaires 32 mois d'arriérés de salaire.
Le nouveau gouvernement est composé de cinq ministres issus de
la Concertation des partis politiques d'opposition, quatre de la
Convention des patriotes centrafricains, la branche politique de
la force rebelle du président auto-proclamé, François Bozizé,
deux du Rassemblement démocratique centrafricain de l'ancien
président André Kolingba, deux du Mouvement de libération du
peuple centrafricain (MLPC), parti du président récemment
renversé, Ange-Félix Patassé, deux de la société civile,
deux femmes et quatre militaires. Sept portefeuilles ont été
attribués aux autres partis. François Bozizé, assisté d'un
secrétaire d'Etat, dirige aussi le ministère de la défense. M.
Goumba, avec deux autres ministres, occupe le ministère de
l'Economie, des finances, de la planification, du budget et de la
coopération internationale. L'ancien porte-parole de M. Bozizé,
le capitaine Parfait Mbaye, est ministre des communications.
Bruno Dacko, fils du premier président centrafricain, David
Dacko, a reçu le portefeuille du tourisme.
La participation du MLPC dans le gouvernement traduit clairement
la volonté de M. Bozizé de réconcilier la nation, a déclaré
M. Goumba, ajoutant que ceux qui ont été impliqués dans des
affaires de détournement de fonds et autres infractions, seront
traduits en justice.
« Certains se cachent car ils sont conscients de leurs crimes,
» a-t-il dit.
De nombreuses figures du MLPC sont encore réfugiées dans les
ambassades du Nigeria, du Tchad et de la France à Bangui. Des
citoyens révoltés ont pillé leurs résidences au lendemain du
coup de force de M. Bozizé survenu le 15 mars.
M. Goumba a précisé que la durée du gouvernement transitoire
était liée à la restauration de la sécurité dans le pays. «
La première priorité de mon gouvernement est la restauration de
la sécurité, » a-t-il indiqué.
Les forces de sécurité centrafricaines, les troupes françaises
et la force de maintien de la paix de la Communauté économique
et monétaire des Etats de l'Afrique centrale (CEMAC) garantiront
le respect de cette priorité, a-t-il commenté. Les Français,
a-t-il ajouté, resteront dans le pays « jusqu'au retour du
calme et de la sécurité ».
Au cours de son mandat, M. Patassé avait utilisé les services
du Mouvement de Libération du Congo, mouvement rebelle qui
contrôle une partie du nord de la République démocratique du
Congo, pour lutter contre la rébellion de M. Bozizé.
Les Congolais, qui se sont retirés peu de temps avant le
renversement de M. Patassé, étaient réputés pour commettre
des actes de harcèlement, de pillage et des viols au sein de la
population dans une partie de la capitale, Bangui. M. Goumba a
affirmé que son gouvernement n'avait rien à voir avec les
rebelles congolais dirigés par Jean-Pierre Bemba.
« Nous ne pouvons pas établir de relations avec un rebelle,
nous le ferons avec [le président de la RDC Joseph] Kabila, » a
ajouté M. Goumba. « La RCA est sous la menace permanente des
troupes de Bemba. »