Lancement d’une opération militaire conjointe pour sécuriser Bangui

BANGUI, 26 mai 2003, Nations Unies (IRIN) - Une opération conjointe, lancée par l’armée, la police et la gendarmerie de la République centrafricaine (RCA), ainsi que par la force de maintien de la paix de la CEMAC (Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale) dans ce pays, ont commencé vendredi à ramener la sécurité dans la capitale, Bangui.

Prenant la parole à la station gouvernementale Radio Centrafrique, le chef d’état-major de l’armée de la RCA, le colonel Antoine Gambi, a expliqué que cette opération pour "éliminer l’insécurité prévalant encore à Bangui" visait surtout les banlieues, où ont lieu la majorité des vols et des agressions.

Vendredi après-midi, les soldats du gouvernement et de la CEMAC ont pris position aux carrefours et dans d’autres lieux stratégiques de la ville, pour inspecter systématiquement les véhicules.

M. Gambi a expliqué que plusieurs cas de vandalisme et de vols à main armée avaient été signalés à Bangui depuis le 15 mars, date à laquelle François Bozizé, un ancien chef d’état-major de l’armée, a évincé le président Ange-Félix Patassé par un coup d’État.

M. Gambi a mentionné que les "Patriotes", ex-rebelles ayant combattu aux côtés de M. Bozizé d’octobre 2002 à mars 2003, faisaient partie des soldats qui prennent part à l’opération.

Plusieurs des vols à main armée et autres actions sources d’insécurité ont été attribués à ces ex-rebelles, qui comprennent des mercenaires tchadiens. Toutefois, le ministre centrafricain de la Communication, Parfait Mbaye, a affirmé à IRIN, mercredi dernier, que les miliciens partisans de l’ex-président Patassé étaient responsables de la majorité des agressions nocturnes à Bangui.

Le commandant de la force de la CEMAC, l’amiral Martin Mavoungou, a soutenu sur les ondes de Radio Centrafrique, que cette opération durerait aussi longtemps que nécessaire.

"Nous ferons les choses progressivement... Ces opérations s’étendront également aux régions", de déclarer M. Mavoungou.

La plupart des combats entre rebelles et troupes gouvernementales, d’octobre 2002 à mars 2003, ont fait rage dans le nord du pays. Depuis le coup d’État contre M. Bozizé, plusieurs villes et villages du nord ont été contrôlés par des bandes armées accusées de terroriser les déplacés et de les empêcher de retourner chez eux.

Les troupes de la CEMAC, provenant de la République du Congo, du Gabon et du Tchad, se trouvent dans le pays depuis décembre 2002. La mission initiale de cette force était de protéger M. Patassé, de rendre plus sécuritaire la frontière RCA-Tchad, et de restructurer l’armée du pays. Après la prise du pouvoir par M. Bozizé, un sommet de la CEMAC a décidé de maintenir ces troupes en RCA jusqu’à la fin d’une période de transition vers la démocratie, qui, d’après M. Bozizé, durera de 18 à 30 mois.


L'armée demande la contribution des citoyens à la sécurisation de Bangui

BANGUI, 27 mai 2003 (AFP) - 11h19 - L'état-major de l'armée centrafricaine a demandé lundi "à chaque citoyen de dénoncer aux autorités toute personne suspecte opérant dans son quartier", a-t-on appris de source officielle.

"La paix et la sécurité étant l'affaire de tous, il est demandé à chaque citoyen de dénoncer aux autorités, toute personne suspecte opérant dans son quartier", déclare un communiqué de l'état-major de l'armée centrafricaine, dont l'AFP a reçu mardi une copie.

Depuis quelques jours, la force de la Cémac (Communauté économique et monétaire des Etats de l'Afrique centrale) est redéployée dans la capitale centrafricaine où elle procède à une opération de contrôle des pièces d'identité ainsi qu'à des fouilles systématiques des personnes et des véhicules.

L'opération se fait de concert avec les forces armées centrafricaines, (FACA), et les "patriotes", les ex-rebelles qui ont porté au pouvoir le 15 mars dernier le général François Bozizé.

Cette opération de sécurisation de Bangui intervient quelques jours après l'organisation de deux manifestations -- des conducteurs des taxis et des avocats centrafricains -- qui dénonçaient l'insécurité dans Bangui. Selon les manifestants, cette insécurité était entretenue par des "éléments incontrôlés tchadiens et centrafricains".

La "vaste opération de sécurisation de la ville de Bangui" actuellement lancée intervient "suite à la recrudescence des exactions causées par des individus se réclamant des patriotes et certains militaires égarés", souligne le communiqué de l'état-major.

Cette opération intervient avec le souci "de faire respecter la liberté d'aller et de venir du peuple centrafricain", affirme le texte, demandant à la population "de respecter les horaires des couvre-feu (...) de minuit à 5H00 du matin".

Dans ce même communiqué, l'état-major interdit également "à toute personne civile le port d'arme et de l'uniforme militaire".

De très nombreuses armes sont disséminées dans tous les quartiers de Bangui, comme dans le reste du pays, et le gouvernement a mis en place à ce sujet un secrétaire d'Etat en charge du désarmement.


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 16