BANGUI, 5 juin 2005 (AFP) - 14h40 - "Succès diplomatique de haute portée", "parcours sans faute": la presse centrafricaine salue jeudi les décisions du sommet extraordinaire de Libreville et espère voir la communauté internationale emboîter le pas à la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac).
La Cémac a décidé, mardi à Libreville, "de reconnaître officiellement les nouvelles autorités de la République centrafricaine" issues du coup d'Etat du 15 mars dernier.
"C'est une décision de bon augure que nous attendions tous", écrit le quotidien indépendant Le Démocrate. Le journal formule l'espoir que "la communauté internationale et surtout l'Union européenne feront diligence pour reconnaître le nouveau régime afin que les portes des institutions financières internationales soient ouvertes à la RCA".
"C'est un succès diplomatique de haute portée", écrit le quotidien L'Hirondelle. "C'est aussi la victoire du peuple centrafricain incarné par les forces vives qui ont apporté jusqu'ici un soutien sans faille à l'action de François Bozizé (NDLR: chef de l'Etat autoproclamé) et à son régime", estime le journal.
Pour Le Citoyen, "c'est une grande première en Afrique et sur le plan diplomatique. D'autant que cette reconnaissance s'est accompagnée d'une aide financière de 5 milliards FCFA (7,6 millions EUR) destinée à aider les efforts des nouvelles autorités", souligne le quotidien indépendant.
Pour Le Confident, "le parcours (du général-président) a été sans faute. Comme lors d'un parcours du combattant, le parcours de risque et une cour de haies, le chef de l'Etat s'était armé de toutes les ressources physiques, morales et psychologiques".
La Cémac a également lancé un "appel à l'Union africaine (UA) pour la prise en compte de l'évolution favorable de la situation en RCA et sa réintégration rapide au sein de la communauté africaine".
L'organisation sous-régionale a enfin lancé un "appel pressant" à la communauté financière internationale pour qu'elle accorde "une aide financière substantielle à l'effort de reconstruction en RCA".
Bozizé à la Cemac: Un parcours sans faute
par Mokambo Junior
Le Confident, Bangui ( République Centrafricaine), 6 juin 2003 - Les
chefs d’Etat réunis à Libreville ont décidé de reconnaître le nouveau régime
installé en RCA et du coup ont admis en leur sein le président François Bozizé.
La CEMAC, soucieuse du maintien de la stabilité en Centrafrique n’a pas lésiné
sur le moyens. Un pactole de 20 milliards de francs CFA sera débloqué pour
assister la RCA.Ce quitus de la CEMAC, obtenu par le président François Bozizé
permet au Pr. Abel Gouman d’effectuer en toute quiétude son prochain déplacement
à Bruxelles au siège de l’Union Européenne.
EDITORIAL : Vive la reconnaissance !
Presque trois mois plus tard, la crise centrafricaine s’efface peu à peu…
Le pays n’est plus coupé en deux, il n’est plus en proie à toutes les
ingérences, avec des rebelles et mercenaires qui avaient structuré leur
mouvement - donnant l’impression que politiquement, la dynamique était dans leur
camp.
Et dire que la communauté internationale et toutes les opinions redoutaient
l’embrasement de la République Centrafricaine. Un embrasement qui pouvait être
très fatal au peuple centrafricain, mais également à toute la sous-région
d’Afrique centrale - encore sous le joug des guérilleros.
Le vent du
changement qui a balayé tout sur son passage, y compris l’ordre constitutionnel,
a été apprécié certes mais pas approuvé. La démocratie étant remise en question,
les nouvelles autorités font une course à la montre - en vue de rattraper le «
train démocratique » que seule la communauté internationale connaît les enjeux.
De ce point
de vue, la lutte pour la reconnaissance de ce régime issu des armes s’avérait
primordiale pour la relance de la coopération internationale. Même si pour les
centrafricains, ce coup de force était très indispensable pour vaincre «l’Etat
zéro» et le régime dictatorial et sanguinaire d’Ange-Félix Patassé. Ne pas venir
à bout d’un tel régime était un péché mortel. De cette reconnaissance de la
CEMAC, découle la volonté parfaite des chefs d’Etat de la sous-région à coopérer
avec le président Bozizé et le Premier ministre Goumba. Le périple de ce dernier
à l’étranger a quelque peu désamorcé la tension. Tous les dés de la
reconnaissance étaient jetés, et le nouveau pouvoir de Bangui pouvait
s’installer durablement, du moins pendant la transition et bénéficier du soutien
des bailleurs de fonds.
Il est
évident que les choses sérieuses ne commenceront pas de sitôt. Il faudra une
certaine harmonie dans les esprits et dans les actions du nouveau gouvernement,
qui doit démontrer sa grandeur d’âme en réconciliant les centrafricains avec
eux-mêmes et en organisant une bonne marge de manœuvre dans le processus de la
bonne gouvernance. Celle-ci étant aussi la phase essentielle qui marquera sans
coup férir cette reconnaissance. Si la CEMAC a reconnu officiellement le pouvoir
de Bozizé, l’Union Européenne, de son côté, ne manquera pas de reconnaître
les nouvelles autorités centrafricaines tant leur apport dans la démocratie se
montre de plus visible.
La Rédaction
BOZIZE A LA CEMAC. UN PARCOURS SANS FAUTE
Le nouveau régime de la RCA opte pour la politique des petits pas, mais
des petits pas sûrs. Il déteste les grandes enjambées difficilement
contrôlables. Cette démarche, nous la constatons à travers les actions du
gouvernement, et particulièrement du Premier Ministre et du chef de l’Etat.
A la
recherche d’une reconnaissance sur le plan international, le nouveau régime mène
des actions diplomatiques discrètes mais efficaces sur le plan des
résultats.
Quand le
professeur Abel Goumba avait entamé sa tournée africaine et européenne, beaucoup
pensait que ce périple était un non sens. Les salaires étant péniblement payés,
le pays croupissant sous le poids de la misère, l’Etat étant au bord de la
banqueroute, l’engagement du gouvernement à entreprendre un périple
d’explications avait été mal apprécié et sévèrement jugé.
Le professeur
Abel Goumba, lors de sa conférence de presse a tenté d’apporter des
justifications quant aux motivations réelles de ce voyage. L’Etat, malgré la
précarité de ses ressources a certes décaissé de l’argent mais ce ne sont pas
des fonds perdus. Les retombées du voyage du Premier Ministre sont plus que
positives.
En aparté,
tous les hauts responsables qui ont été contactés par le Pr. Abel Goumba n’ont
pas manqué de traduire au Premier Ministre leur souci. Les autorités
centrafricaines, si elles veulent que le pays reprennent sa place dans le
concert des Nations doivent tout mettre en œuvre pour que le nouveau régime soit
reconnu par les voisins immédiats. L’épreuve paraissait difficile à cause des
nouvelles des positions de la communauté internationale et pour l’Afrique,
l’article 76 des Accords de Cotonou qui mettaient hors-jeu, le nouveau régime
centrafricain. Il fallait pour cela beaucoup de tacts, d’intelligence et
d’humilité dans la démarche des nouvelles autorités du pays.
Si le Premier
Ministre a déblayé la voie par son dernier voyage en Afrique et en Europe, la
tâche la plus ardue revenait au chef de l’Etat, le général François Bozizé.
Quand le
président de la République a quitté Bangui pour Libreville afin de prendre part
au sommet extraordinaire concernant la RCA, les ’’semeurs à tout vent’’ ont
commencé à murmurer que c’est encore un voyage de plus. Réuni dans la capitale
gabonaise, le sommet a été très laborieux pour le général Bozizé qui faisait là
son baptême dans les réunions de ce genre.
Le parcours a
été sans faute. Comme lors d’un parcours du combattant, un parcours de risque et
une cours de haies, le chef de l’Etat s’était armé de toutes les ressources
physiques, morales et psychologiques. A Libreville, Bozizé savait que près de
quatre (4) millions de centrafricaine attendent avec impatience les résultats de
ce sommet. Le président de la République a fait fort impression devant ses
pairs. Il a mis en marche le compresseur et a déroulé le plan d’actions qu’il
entend mettre en oeuvre pour la durée de la transition.
Le vendredi
30 mai lors de l’installation du Conseil National de Transition, le président de
la République avait annoncé que tout être mis en œuvre pour que la Transition
consensuelle prenne fin en janvier 2005. Et il a demandé au CNT de s’investir à
la préparation du projet de constitution. Quand on connaît l’éphémère vie des
constitutions précédentes, les membres du Conseil National de Transition
auront fort à faire. Ils devront s’atteler à une œuvre pour l’avenir, une œuvre
qui doit traverser le temps et servir de base légitime à tous les autres régimes
qui se succédaient dans notre pays.
Le délai de
transition est donc connu. Que feront les dépositaires du pouvoir de l’Etat
durant cette période? Le président François Bozizé a dévoilé le programme à
Libreville. Après la rédaction de la constitution, un référendum sera organisé
pour l’adopter. Mais auparavant une tâche colossale attend les autorités : le
ramassage des armes à travers tout le pays. Comme dit le langage populaire ‘’ce
ne sera pas une mince affaire’’. Selon des sources proches des organisations
internationales, près de trois millions d’armes circuleraient en RCA.
La République
Centrafricaine non seulement a connu trois mutineries et un certain nombre de
coups de force, mais elle est entourée de pays qui à un moment où un autre ont
eu des rébellions sur leur sol.
Le conflit
soudanais, vieux de plus de trente ans a drainé une quantité assez nombreuse
d’armes en Centrafrique. Les frontières, d’une perméabilité qui laisse à désirer
ne sont pas un gage d’assurance de ce coté-là.
Au Congo
Démocratique voisin, le conflit qui déchire ce pays a fait pratiquement de la
RCA, sa base arrière. Tout le monde se souvient du passage de l’une ou de
l’autre force sur le territoire centrafricain. Les armes dont les forces légales
ou rebelles étaient détentrices se sont volatilisées dans la nature. Les
dernières interventions des banyamulengué qui ont connu une débandade avec
l’intervention ‘’des patriotes’’ ont également laissés beaucoup d’armes sur le
terrain.
Le Tchad,
notre voisin du nord avait également connu dans sa partie sud des mouvements de
guerilla. A l’époque de Patassé, les anciens rebelles utilisaient le territoire
centrafricain comme point de repli. C’est le cas de Lao Kin Barde et de Moïse
Kette. Ces deux hommes aujourd’hui disparus, leurs combattants forment le gros
du lot de zaraguina qui sévissent en bandes armées en Centrafrique.
La seule
armée centrafricaine ne pourra venir à bout de cette tâche colossale. C’est
d’ailleurs pour cela que le président François Bozizé dans son adresse à la
CEMAC a réclamé et obtenu le renforcement des forces de la CEMAC.
Avant ce
sommet, les autorités centrafricaines se sont présentées avec de bons points.
Depuis le 15 mars 2003, les fonctionnaires centrafricains ont enfin renoués avec
les salaires mensuels, ce qui était rarissime à l’époque de Patassé. Le nouveau
gouvernement s’est fixé comme priorité le paiement régulier des salaires.
Ce programme
et le franc-parler du président Bozizé n’ont pas manqué de lui attirer la
sympathie de ses pairs de la CEMAC.
Les chefs
d’Etat réunis à Libreville ont décidé de reconnaître le nouveau régime installé
en RCA et du coup ont admis en leur sein le président François Bozizé. La CEMAC,
soucieuse du maintien de la stabilité en Centrafrique n’a pas lésiné sur le
moyens. Un pactole de 20 milliards de francs CFA sera débloqué pour assister la
RCA, ce qui est une grande première dans la vie de cette jeune organisation née
des cendres de l’UDEAC. L’engagement de la CEMAC en faveur de la RCA ne s’arrête
pas là. Elle a lancé un appel à l’Union Africaine afin qu’elle aide notre pays.
Ce quitus de
la CEMAC, obtenu par le président François Bozizé permet au Pr. Abel Gouman
d’effectuer en toute quiétude son prochain déplacement à Bruxelles au siège de
l’Union Européenne.
Mokambo Junior