LE SENS DES EVENEMENTS DU 15 MARS 2003
« Le
DIALOGUE est consubstantiel à la
Démocratie.
Il
ne se négocie pas. Il est la Démocratie »
La conception d’une villa ou d’une ville, la représentation, sous forme de maquette, d’une villa ou d’une ville, la transformation en réalité, grandeur nature, de la maquette de la villa ou de la ville, sont trois étapes qui relèvent de la compétence des PROFESSIONNELS: Architectes, Entrepreneurs, Urbanistes, etc., bref, des CONNAISSEURS.
Et, si comparaison n’est pas raison, on peut se permettre tout de même, une transposition et dire également, avec la même certitude, que, la conception, la représentation, et la transformation, d’abord intellectuelles puis matérielles, d’une société, celle où vivent les Hommes, sont aussi, des exercices qui relèvent de la compétence des PROFESSIONNELS : Intellectuels, Techniciens et Politiques, bref, des CONNAISSEURS.
Quitte, à solliciter, par les moyens appropriés, la part contributive de l’ensemble des Forces Sociales destinataires ultimes de l’entreprise.
C’est donc dire que, depuis le 15 mars 2003, la vision et la gestion de l’Etat et de la République relèvent ou doivent relever en tout premier lieu, de la compétence des CONNAISSEURS. C’est dire, pour parler plus nettement encore, que depuis le15 mars 2003, l’Intelligence des Meilleurs Enfants de la République doit être impérativement aux commandes, pour OBSERVER, INVENTER, ORIENTER, DIRIGER, en collant constamment à la ‘’ligne de masse’’ et surtout, en évitant soigneusement de se laisser prendre dans le grossier piège de la ‘’Démagogie’’ et du ‘’Populisme’’, deux péchés mignons, très dans l’ère du temps au lendemain des chutes des Dictatures, où l’on oublie trop facilement que la ROCHE TARPEENNE n’est pas loin du CAPITOLE .
I°- RAPPELER A
L’INTELLECTUEL CENTRAFRICAIN SON DEVOIR DE
VIVRE SA‘’VOCATION NATURELLE’’, DE TRANSFORMATEUR DE SON PAYS, PAR
LA PENSEE ET PAR L’ACTION
‘’Il
faut réfléchir Avant d’Agir’’
Lorsqu’un Pays est bloqué et se débat pour s’arracher à son destin funeste, la Politique vole ou doit voler au secours. La Politique, ce travail de l’esprit, cet exercice favori des INTELLECTUELS que sont ces Femmes et ces Hommes dont la ‘’vocation naturelle’’ est d’observer le monde tel qu’il est, de maîtriser les lois et les mécanismes de son fonctionnement, pour le transformer d’abord, par la pensée, en CONCEPTEUR PROJETEURS et ensuite le transformer en réalité palpable, cette fois en PROFESSIONNELS POLITIQUES, JOUEURS DE CHAMP.
L’exigence de cette approche en deux phases successives (intellectuelle et matérielle) de l’édification d’un Pays n’est pas nouvelle. Pour ce qui concerne le ‘’Centrafrique Nouveau’’ en chantier depuis le 15 Mars 2003. Cette exigence remonte à mille et un débats menés, depuis des mois, de BANGUI à PARIS , en passant par Libreville, Brazzaville, Douala, Yaoundé, Dakar, Abidjan etc. avec tout le sérieux requis, par celles et ceux des Centrafricaines et Centrafricains qui pensaient déjà, à ‘’l’ Après PATASSE’’.
Véritable casse tête chinois, s’il en faut ! En effet, dans le cercle restreint des Connaisseurs de l’itinéraire politique de Monsieur PATASSE, les gens savaient que ses 10 années de pouvoir ne pouvaient qu’être 10 années de temps qui lui était nécessaire pour se creuser une tombe abyssale et y disparaître définitivement, laissant la scène politique aux vrais Patriotes, combattants intrépides de la Liberté dans le Progrès. Tous les ‘’initiés’’ savaient effectivement, qu’en 15 années d’existence tumultueuse, le M.L.P.C., parti ‘’d’accueil’’ de Monsieur PATASSE , n’a jamais pu se donner , avant septembre 1993 ( date de la première élection de PATASSE ), les moyens de ses ambitions de ‘’Libérateur du Peuple Centrafricain’’ et n’a jamais réussi à se hisser résolument à la hauteur d’un ‘’Parti de Gouvernement’’, avec d’excellents cadres politiquement conscients et techniquement compétents, en grand nombre et dans tous les secteurs de l’activité nationale, capables d’offrir seuls à la République, comme tout parti qui se respecte, un Projet de société assorti d’un programme porteur, traduisible dans le réel, par une équipe cohérente agissant en gestionnaires professionnels d’un Etat au service du Peuple ‘’affranchi’’. Une chimère !
On ne construit pas en effet, avec des militants en majorité prosélytes, sans autres armes que leur ‘’foi révolutionnaire’’. Surtout quand ces militants, néophytes pour le gros de la troupe, avaient essaimé dans différents pays d’Afrique et d’Europe et se sont retrouvés orphelins d’un Chef (PATASSE), lui-même exilé à LOME au (TOGO), sans réelles possibilités matérielles et financières d’organiser à distance les convergences des vues, notamment celles de ses partisans de partout, sur la question capitale et précise de la ‘’Transformation par la Pensée’’, du Centrafrique alors déjà en lambeaux. Les quelques années de présence de Monsieur PATASSE en France, évacué de LOME à PARIS, pour raison de santé, n’ont pas permis de constituer le fameux groupe ‘’d’intellectuels organiques’’ c'est-à-dire, ces femmes et ces hommes qui devaient réfléchir, sous son contrôle et sa direction, sur le COMMENT rendre le Centrafrique mieux qu’il n’était sous KOLINGBA. Encore fallait-il que la volonté de constituer ce groupe opérationnel ait existé et que les moyens de le faire aient été possibles d’être alignés. Une chimère encore !
C’est dire, au bout du compte, que le règne de Monsieur PATASSE et du M.L.P.C.n’était ni structurellement, ni politiquement viable et devait logiquement échouer. Ce parti et son Leader par défaut, étaient parvenus au pouvoir BEAUCOUP TROP TOT, et là encore par défaut, faute effectivement de parti rival, mieux structuré et mieux préparé, en idées, en hommes en moyens matériels et financiers, CUMULATIVEMENT, pour relever le grand défi de la pauvreté provoquée et entretenue, qui était devenue depuis, tragiquement insupportable.
La vérité était donc que, du 22 octobre 1993 au 15 mars 2003, il fallait que le Pays fasse avec ce qu’il avait, en ce moment là, dans les bras et sous les yeux. En attendant…Un JOUR MEILLEUR.
Et voilà que, depuis le 15 mars 2003, le Pays s’est réveillé et s’est décidé à rompre radicalement avec l’Amateurisme du passé, le Pilotage à vue du passé, l’Improvisation du passé, le Tâtonnement du passé, la Gestion à la petite semaine du passé, l’A peu prés du passé , le Bricolage du passé, POUR s’engager tout aussi radicalement, dans la gestion désormais programmée de l’Etat, avec une Ligne claire, inspirée elle-même d’une Vision Globale limpide, sécrétée de bout en bout par des PATRIOTES, REPUBLICAINS ET DEMOCRATES NOTOIRES DE L’INTERIEUR ET DE L’EXTERIEUR DU PAYS.
A partir de cette Fenêtre du 15 mars 2003, on s’est mis à rêver que plus personne n’aurait droit à la moindre erreur qui fournisse le moindre prétexte à un retour en dents de scie aux horreurs d’hier. A partir de cette date Fétiche, on s’est mis à penser secrètement que les Intellectuels allaient réaliser en masse, qu’ils étaient désormais aux premières loges et se convaincre qu’aujourd’hui, c’est plus que jamais, dans les débats contradictoires de très haut niveau théorique, sur une approche nécessairement globalisante de chaque secteur de l’activité nationale, qu’il sera possible d’atteindre quelque part, les bonnes marques, les bons repères qui orientent, mobilisent et déterminent le Peuple à se prendre Lui-meme en charge :
1°- Pour apurer l’énorme passif d’un Régime de Femmes et d’Hommes qui ignoraient que l’exercice du Pouvoir au Sommet de l’Etat était d’abord intellectuel, les applications pratiques n’intervenant qu’en aval. Pas d’action sans théorie, en effet ! On manque nécessairement d’éclairage, lorsque l’on ne prend pas le temps qu’il faut, pour réfléchir à ce que l’on doit faire demain ou après demain ;
2°- Pour construire son bonheur propre, restaurer sa dignité, et par ricochet, le bonheur et la dignité de la République humiliée par de sinistres ‘’Arrivistes’’ aujourd’hui boutés hors du Pouvoir d’Etat et qui mériteraient que ‘’nos Femmes et nos Enfants jettent derrière eux le tison ardent, symbole d’un départ définitif’’.
Au total, après plus de 1 mois de période de TRANSITION, on constate qu’il n’y a pas cette bousculade escomptée des Intellectuels volontaires, prêts à vivre leur vocation naturelle de CONCEPTEUR- PROJETEURS, ‘’bâtisseurs en esprit’’ de l’Etat et de la République pour aider les Politiques, JOUEURS DU CHAMPS, à transformer l’essai. Pourtant, Dieu sait à quel point, cette race de Femmes et d’Hommes est recherchée et même très attendue, les bras largement ouverts, par les Gestionnaires d’une Etape à très haut risque de dérapage, tant les ‘’piéges’’ sont légion.
Le temps de l’OBSERVATION explique peut être cette désertion du champ de la pensée. Mais alors, la période de Transition a des jours difficiles devant elle, si les choses restent en l’état, c'est-à-dire, si les Intellectuels choisissent délibérément de rester dans l’expectative, sans proposer spontanément, l’Eclairage Décisif de leurs Puissants Projecteurs qui peuvent effectivement aider à sortir assez rapidement le Pays, de cet immense et inextricable bourbier Centrafricain. Il faut absolument éviter les occasions inopportunes et gênantes de ‘’complicité par abstention’’.
II°- ORGANISER UNE TRANSITION POUR ‘’RECTIFIER LE TIR’’
Parce que le Pays est dans une phase critique d’une TRANSITION voulue comme une parenthèse nécessaire de ‘’mise à niveau’’, après d’utiles rectifications de tir, il faut l’accompagner et l’assister. Chacun a son rôle à jouer à la place où il se trouve. Sans chercher à se laisser griser par ce phantasme et autre conte de fées qui laissent croire que le principe Républicain et Démocratique du ‘’Gouvernement du Peuple par le Peuple et pour le Peuple’’ insinuerait l’idée que n’importe quelle Femme ou n’importe quel Homme serait apte à gérer directement, par lui-même, l’Etat et la République. Dans un monde moderne où tout se règle en termes d’efficacité, de technicité, de rentabilité, de professionnalisme, il n’est pas imaginable ni acceptable en effet, que chaque Centrafricaine ou chaque Centrafricain s’avise à se convaincre qu’il ou qu’elle peut être Chef d’Etat, Président de la République, ou Premier Ministre, Chef de Gouvernement ou Ministre, voire, Directeur ou Chef de Cabinet etc. etc.
Il est exact sans doute, que notre Histoire Politique a été un remarquable modèle de ‘’laisser aller’’ et de ‘’laisser faire’’ sur le point clef du profil requis pour être Dirigeants Suprêmes du Pays. Le retard très accusé dans la formation et la culture démocratique du Peuple est probablement l’explication de cette adaptabilité du Peuple à n’importe quelle ‘’Tête’’ aux Commandes de l’Etat. Mais, il y a un temps pour tout, et le monde d’aujourd’hui a ses exigences. C’est pourquoi, dans une TRANSITION qui se veut ‘’RECTIFICATION de TIR’’, la Communication et la Transparence, l’Education, la Formation, la Culture de masse doivent en être désormais, les Fondamentaux :
1°- Pour que chaque individu réalise, dans la clarté et la franchise des contacts, le niveau exact de sa part de responsabilité dans la réussite ou l’échec de cette période de ‘’remise en cause’’ et de construction de solides rampes de lancement vers la vie Démocratique, momentanément enserrée dans un corset de fer, d’une part ;
2°-Pour que, d’autre part, chaque individu soit véritablement en situation de juger par lui-même l’importance de l’effort déployé par les Autorités Politiques de la Transition POUR créer dans un délai raisonnable, les conditions convenables permettant le retour, d’un pas assuré, à l’inaliénable libre jeu des compétitions des intérêts partisans ;
3°-Pour que, d’une troisième part, chaque individu se persuade tout seul, que la gestion de l’Etat et de la République est une affaire de très large concertation entre le POUVOIR et l’ensemble des Forces Sociales qui donnent mandat à ce POUVOIR qu’elles chargent d’agir ‘’es qualité’’ de leur Représentant, au poste notamment, de la Présidence de la République, pour EXECUTER l’objet du mandat reçu. D’où, pour bien situer les limites des pouvoirs du Président de la République, il est traité sous le vocable volontairement réducteur, de CHEF de l’EXECUTIF, donc un simple EXECUTANT, assisté d’un Gouvernement, dont il doit prendre soin de choisir les Membres, uniquement en fonction de leur capacité réelle de l’aider à atteindre, de préférence avec une très faible marge d’erreurs, l’objectif qui lui a été fixé ;
4°-Pour que, d’une quatrième part, dans un effort soutenu d’alphabétisation accélérant et facilitant la formation et la culture politique de masse, chaque individu soit convaincu à l’arrivée, que le Pouvoir est bien dans le Peuple et reste dans le Peuple qui ne cède qu’une parcelle avec l’obligation de résultat, et pour un temps limité. De ce point de vue, on doit saluer la création d’un Département de l’Alphabétisation à coté de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. La Transition aura en tout cas accouché d’une DECISION hautement porteuse, juste et opportune. Il s’agit là en effet,d’une ‘’Rectification de tir’’ de très grande portée politique, en ce qu’elle permet enfin, d’organiser officiellement, à l’échelle nationale, une culture et une éducation populaire qui va contribuer à ouvrir les yeux aux populations et à les rendre aptes à s’opposer, en toute connaissance de cause, et de toutes leurs forces, aux chroniques entreprises de viol des foules par des Politiciens véreux, en panne de propositions crédibles de sortie d’une pauvreté endémique, entretenue depuis l’extérieur avec des complicités internes. Sans compter, qu’avec l’alphabétisation, le Peuple est plus apte à se saisir des taches de développement pour assurer sa rédemption. Cette mesure qui surprend parce qu’elle sort des sentiers battus, se situe en réalité, dans la droite ligne de la ‘’rectification de tir’’ voulue par la TRANSITION du 15 mars 2003 et doit être prolongée dans son esprit par d’autres décisions qui rassurent ici et maintenant la population et la maintiennent debout, sans garde baissée, pour que le changement reste et demeure une oeuvre commune et continue à être supporté, sur la foi de ce qu’il rapporte déjà au grand public.
En effet, si la décision portant création d’un ‘’Département Alphabétisation’’ a certes le mérite d’exister, notamment en ce que, par et grâce à l’alphabétisation, il sera désormais possible d’aider à la transformation progressive des mentalités, et à la formation dans la durée des ‘’têtes bien faites et bien pensantes’’, il est capital de rester pratique et de considérer que le maintien de l’actuel soutien enthousiaste des populations trompées depuis longtemps par les régimes successifs, sera strictement fonction des réponses données à ses besoins vitaux de l’heure et non de demain. C’est ainsi qu’il faut comprendre le scepticisme des Agents de l’Etat qui déclarent attendre de voir, pour croire au sérieux de l’engagement résolu du Gouvernement de Transition, de régler sans faillir les mensualités à termes échues à compter de Fin avril 2003. Chat échaudé craint l’eau froide ! En effet, si l’alphabétisation est ce canal qui permet de fournir des aliments à l’esprit, le dicton ‘’Un esprit sain dans un corps sain’’ invite à privilégier les dépenses de consommation, pour l’entretien du support physique de l’esprit : le CORPS. Il est effectivement bien connu que, dans un corps qui n’est pas sain, l’esprit qui y habite ne peut pas être sain. Ventre affamé n’a pas d’oreille ni des yeux ni de mains pour apprendre à lire et à écrire.
Il se trouve que, la santé du corps qui porte l’esprit est intimement liée au bon niveau de l’économie où ce corps évolue. A cet égard, c’est une décision de très haute portée politico financière appréciable que celle prise par ailleurs par le Gouvernement de la Transition suspendant l’exploitation forestière , contre la production des Permis et autres titres habilitant. Naturellement, aucune imagination raisonnable ne peut se satisfaire du fait que le Gouvernement s’arrête en si bon chemin, après avoir levé le lièvre. Surtout que ce Gouvernement est en panne d’argent et qu’il est clair que la non production spontanée de titre d’exploitation de la foret est constitutive en soi, d infraction entraînant des dommages ouvrant droit à une juste réparation en argent, que le Ministre de tutelle devra se faire le plaisir de réclamer par tous les moyens légaux et avec les diligences et la rigueur requises. Le tout, sans préjudice d’autres poursuites pour d’autres infractions connexes et annexes inévitables susceptibles de condamnation à paiement, là aussi, de sommes d’argent au profit de l’Etat qui, il ne faut pas se voiler la face, joue son crédit ‘’au jour le jour’’, avec la question épineuse de règlement de ses dépenses de Souveraineté dont le paiement des salaires, ce ‘’Boulet coriaces’’, Tombeur des Régimes.
III°- JETER LES BASES FONDAMENTALES D’UNE DEMOCRATIE VIABLE
‘’L’Argent n’aime pas le Bruit’’
Il est acquis désormais, que le Régime défunt de PATASSE était un Régime militariste et belliciste par vocation, et cela, dés l’origine. C’était un Régime à l’antipode de l’ETAT DE DROIT DEMOCRATIQUE. C’est vrai que la terreur ne fait pas de quartier quand le CHEF n’a pas peur que son peuple le HAISSE. L’essentiel pour lui étant que son peuple le CRAIGNE ! De fait, Monsieur PATASSE a porté la mort et le feu sur toute l’étendue du Territoire National. Il ne lui importait pas du tout que le Peuple le haïsse ou non. Son problème, c’était que le Peuple le craigne, qu’il tremble en entendant son nom Organisée depuis la frontière TCHAD/CENTRAFRIQUE avec le résidu de la rébellion de MOISE KETTE contre le Gouvernement Central de Ndjaména, cette terreur a pris de l’envergure et gagné progressivement la Capitale BANGUI soumise à des vagues de braquages et autres vols de nuit, par effraction et à mains armées. Tout cela avec une audace sans précédent historique.
Rebondissant sur cette psychose d’insécurité qu’il aura créée et qui tourmentait tout le monde, n’épargnant effectivement presque personne, Monsieur PATASSE va, en sinistre et cynique stratège, attribuer ce drame national à l’Opposition Politique qui comptait en son sein, des militaires dits ‘’égares’’ depuis les mutineries de 1996/1997. La bonne aubaine en effet pour ‘’légitimer’’ a posteriori, la macabre préparation d’une guerre civile dont il rêvait secrètement, comme la Chance de sa vie, pour écraser dans le sang ses adversaires politiques et s’éterniser au pouvoir envers et contre tout. Il s’en est donc suivi un gigantesque détournement de deniers publics pour des dépenses en armements lourds et légers, au prix des sacrifices imposés aux agents de l’Etat, aux boursiers aux retraités. Dans le même mouvement, une distribution incontrôlée d’armes à feu a permis à n’importe quel présumé ‘’combattant du Régime’’ d’en détenir une, voir deux ou trois .On imagine dés lors, le risque permanent d’implosion de la République, et de blocage de toutes les activités économiques et commerciales du Pays, si les choses devaient rester en l’état après le 15 mars 2003 . D’où la justesse de la décision des Nouvelles Autorités de BANGUI de procéder à un déploiement des Forces de sécurité sur toute l’étendue du Territoire National. L’appui très remarqué des Forces des pays de la C.E.M.A.C. est en cela une contribution décisive, témoignant d’une solidarité agissante dans la Sous Région, pour bien démontrer à la face du monde, que la communauté de vie n’est pas sélective.
L’inconvénient de la situation est plutôt psychologique, en ce qu’elle crée un complexe d’impuissance totale d’un Etat dit Moderne et Souverain, dans la prise en charge de ses dépenses de Sécurité Nationale. C’est effectivement un comble qui interpelle avec gravité tous les PATRIOTES et les invite de toute urgence, à une réflexion appropriée sur la CONCEPTION et la construction conforme d’une ARMEE REPUBLCAINE pour éviter à tout prix au Pays, de revivre la Honte de son Histoire . Voilà en effet depuis 1996 que la République a livré tous ses secrets, qu’elle est largement ouverte de part en part, à toutes les influences, à toutes les convoitises, qu’elle n’a plus de République que le Nom, sans les Attributs de sa Souveraineté.
Sauf à considérer que ce qui se passe en Centrafrique depuis 1996 n’est qu’une ‘’répétition générale’’, annonciatrice de la création projetée d’une Armée permanente de la C.E.M.A.C. Même dans cette hypothèse heureuse, l’événement qui est juste et légitime en l’état des données militaires du moment dans ce Pays, présente tout de même, l’inconvénient d’être en soi moralement traumatisant et réducteur. Surtout avec cette conviction d’une part, que cette future Armée de la C.E.M.A.C.ne sera forte et réellement efficace que par et grâce à la qualité des apports militaires de chaque Pays membre ; d’autre part, que la politique étant aussi l’art de gérer la REALITE, c'est-à-dire le MOMENT PRESENT, mais encore l’art d’accoucher le FUTURE, il est claire que la Sécurité Nationale en Centrafrique ne peut être durablement assurée que par une Armée Nationale. Et cela notamment à la lumière des fâcheux précédents de la MISSAB, de la MINURCA, des FORCES de la SEN SAD qui sont parties à la fin de leur mandat, en emportant la PAIX et la SECURITE dans leurs bagages. Ouvrant ainsi grandement la possibilité des marches victorieuses sur une Armée de ‘’Porteurs d’Armes’’, sans âme, démotivée, parce que parfaitement consciente de jouer, SUR ORDRE, les ‘’Seconds Couteaux’’, depuis 1996.
C’est pourquoi il faut s’interroger. Une chose est sûre, c’est que si, après plus de 40 années d’indépendance, le PAYS est tombé de son Piédestal pour le statut réducteur de Protectorat international, sous la supervision de l’ONU (BONUCA) c’est que les Intellectuels du PAYS ont pris leur distance par rapport à la ‘’Question Nationale’’ qui postule une approche intellectuelle dans tous les domaines dont l’Armée, pour proposer des solutions aux joueurs du champs politique. Pour autant, bien évidemment, que ces JOUEURS soient des Patriotes, Nationalistes et Républicains. En tout cas, aujourd’hui, le déficit de la pensée constructive et d’Hommes de Chantier Politique est largement en passe d’être comblé, si ce n’est déjà fait depuis 15 ou 20 ans. Il est donc à ces jours possible de trouver des Femmes et des Hommes capables de réfléchir en équipe et de proposer des voies de sortie du drame militaire qui humilie Notre Défense Nationale victime d’un complexe inhibiteur ‘’d’éternelle assistée’’. Au demeurant, pour être honnête, le gros du travail a déjà été fait lors de la Reforme de l’Armée, après les 3 mutineries à répétition de 1996/1997.
Il est donc capital et urgent que cette question centrale de la Sécurité des Biens et des Personnes et la Sécurité de l’Etat lui-même soit traitée comme la priorité des priorités. C’est véritablement le préalable irréductible à un retour rapide à la normalité, singulièrement, la reprise des activités économiques et commerciales dont on sait qu’elles constituent le nombril de la Démocratie. En effet, il est constant que l’économie est une des bases fondamentales de la démocratie en ce qu’elle la détermine de façon très forte, l’anime en permanence et lui donne souvent une cure de jouvence quand elle, est elle-même, au mieux de sa forme. C’est la raison pour laquelle, toute une bataille pour aligner des batteries de sécurité s’organise depuis le 15 mars 2003 pour rassurer les investisseurs sur la possibilité de réaliser plus de profits et de bénéficier d’une bien meilleure protection en misant sur la rigueur, la solidité, la transparence des sûretés réelles, conventionnelles, légales et autres garanties juridiques, que sur cette garantie politique, fort risquée et extrêmement ruineuse des ‘’parapluies Présidentielles’’. Cette glissante Sûreté Personnelle, attachée à Monsieur le Président de la République, à Monsieur un tel etc. etc., que des bourrasques politiques insoupçonnées peuvent emporter, sans autre forme de procès.
Quoi qu’il en soit, et quoi que l’on fasse, RIEN de solide ni de durable, ne peut être accompli pendant la TRANSITION, sans la nécessaire CONFIRMATION des événements du 15 mars 2003, par un RENOUVELLEMENT de l’ONCTION POPULAIRE dans le cadre incontournable du DIALOGUE NATIONAL que Tout le Monde attend de pied ferme.
IV°- ORGANISER, À BREF DELAI, UN ‘’DIALOGUE FONDATEUR’’
‘’Il
ne suffit pas de vaincre, il faut
convaincre’’
Il est exact que les Centrafricaines et les Centrafricains ont abordé la question du DIALOGUE et l’ont traitée. Mais, l’abord de cette question et son traitement se faisaient avec des réserves mentales. C’était un Dialogue autrement conçu, où un des invités était Monsieur le Président PATASSE au pouvoir. Un PATASSE qui devait rester jusqu’à la fin de son mandat en octobre 2005, le ‘’Président démocratiquement élu’’ Il y avait donc avant le 15 Mars 2003, une ligne Maginot à ne pas franchir. Sous peine de recevoir des volets de bois verts de la Communauté internationale, pour non respect de la ‘’Légalité Constitutionnelle’’. Maintenant que Monsieur PATASSE est parti, les langues sont déliées, les sujets tabous, les non dits n’ont plus de raison d’exister. La seule limitation envisageable et recommandable, n’étant que ‘’l’auto censure’’, pour être en harmonie avec sa conscience de citoyen, de patriote, de républicain, de démocrate et par souci de ne dire et de ne faire que ce qui apporte à la consolidation de l’Unité Nationale, au renforcement des valeurs républicaines et démocratiques, à la clarification du jeu politique , à la définition d’un cadre sécuritaire pour les Biens et les Personnes, bref, à une Paix durable, dans la Liberté et le Progrès. Tout sera pour beaucoup dans la méthode et la manière, si l’on veut que l’ESSENTIEL, qui est le FOND, soit exposé et tranché utilement au profit de la République et de la Démocratie.
En tout cas, il faut éviter dès le départ que le DIALOGUE soit conçu comme l’occasion d’un ‘’Jugement Populaire’’ pour des ACTIONS c'est-à-dire des FAITS, posés par différents Gouvernements d’avant le 15 Mars 2003, suivi de perspectives de redressement. On se réduirait dangereusement à des travaux sur des situations en aval, détachées de ce qui les a fondées, ce qui les a déterminées, c'est-à-dire, les CAUSES, qui sont elles, en amont, et qu’il est important de rechercher et de verser aux débats, pour que le Dossier soit en état d’être jugé, et que le Jugement qui en sortira ait valeur de JURISPRUDENCE pour l’Avenir. Cette orientation des travaux du Dialogue conduit ainsi utilement, à concentrer les investigations sur les questions clefs de savoir, si tout ce qui est arrivé au Pays pouvait être évité ? Si oui, sous quelles conditions sine qua non ? Si non, pourquoi ?
A priori, pour qui s’intéresse et suit de près la vie politique économique et sociale du Centrafrique, sans en être un expert chevronné, les réponses à ces questions s’imposent d’elles mêmes. Dans un Pays où il n’y a pas de Pistes de courses automobiles ni de Balises pour régler la circulation, la lisibilité de la progression de chaque Conducteur vers tel ou tel but est brouillée et les occasions d’accidents se multiplient. Les Chauffeurs jouant alors au TOBOGAN ou les CASCADEURS. L’essentiel étant d’être le Premier à l’arrivée et de ramasser la mise POUR sa poche. Transposée sur le plan politique, cette image conduit aux mêmes conclusions désastreuses. Et même si, dans un scrupule démocratique à l’adresse de l’opinion internationale très à cheval sur la procédure d’accession au Pouvoir d’Etat, on s’est risqué, pendant les années 1980/1990, dans des tracées timides de sentiers aux allures de dédales, elles n’ont pas résisté au passage forcé des ‘’Eléphants Sauvages’’ engagés, sans entraînement, dans la Course au Pouvoir. Or, il se trouve que les choses fonctionnent comme cela sur le champs de Course Politique en Centrafrique, depuis 1960 où :
1°- Ce Pays a été gouverné par des femmes et des hommes sortis de nulle part, qui sont venus au Pouvoir BEAUCOUP TROP TOT, ET PRESQUE TOUJOURS PAR HASARD, c'est-à-dire, des Femmes et des Hommes qui, volontairement ou non, ont campé à l’écart de la Politique et n’ont jamais pensé que c’était aussi une Profession, où l’on peut faire carrière, sous réserve d’accepter de souffrir AU PREALABLE, comme dans toutes les professions, un long apprentissage infligé dans des structures appropriées, à tous les candidats présumés, à l’exercice du Pouvoir de l’Etat. C’est dire que, de 196O à ce jour, le dé était pipé, Il suffit de remonter l’Histoire politique de ce Pays, pour se rendre immédiatement compte que c’est effectivement presque toujours des personnes que rien à priori n’annonçait qui ont gouverné le Pays, en jouant simplement sur le HASARD des CIRCONSTANCES, et l’envie d’être aux COMMANDES de l’Etat :
ü Sans projet de société dont à la vérité, elles en avaient cure. Puisque le Peuple qu’elles allaient commander ne leur en exigeait pas un où n’était pas en mesure d’en exiger sérieusement un, comme condition sine qua non, pour être là où elles sont déjà ;
ü Sans idée force qui les pousse à s’auto discipliner sur la pente naturelle de l’abus de pouvoir, facilité par le comportement d’un Peuple dont la révolte connaît un long temps d’incubation avant d’éclater ;
ü Sans obligation de résultat, puisqu’en la forme, elles n’étaient tenues à rien de bien précis dont elles devaient rendre compte.
Pourquoi une telle désinvolture a-t-elle perduré ? Pourquoi la qualité des Femmes et des Hommes n’a pas présidé à l’avènement des Chefs d’Etat ? Peut être faut-il aller chercher l’explication de ce drame national dans les interminables années de DICTATURE qui ont pu développer dans les masses populaires un fort réflexe de survie et décourager plus d’une Centrafricaine et plus d’un Centrafricain, à faire carrière dans la politique devenue un DANGER MORTEL pour QUICONQUE s’y aventurant était convaincu de moindres peccadilles mal appréciés au Sommet de l’Etat. Et la Politique étant devenue un DANGER DE MORT SUBITE, le champs de la pensée constructive a été déserté, les ambitions personnelles ont été contenues, les Campus Universitaires se sont alignés. La grande tendance dans ce milieu estudiantin sera par instinct de conservation, la course aux Diplômes pour se donner une chance de les négocier partout pour en vivre. Ainsi, après plus de 40 ans d’Indépendance Juridique, il n’y a eu que de très Grands Cadres Techniques, formés dans les plus Grandes Universités et Ecoles d’Europe, d’Afrique et d’Amérique, c'est-à-dire, des Personnes hautement instruites, ‘’bardées de gros diplômes’’, qu’elles ont acquis en s’étant prudemment tenues très éloignées de la ‘’dangereuse’’ Politique. Et comme il fallait que l’Etat tourne et que la Nature a horreur du vide, ce vide sera rempli par défaut, grâce à ces HAUTS CADRES TECHNIQUES qui, malgré leur manque notoire de CULTURE POLITIQUE, seront sollicités sur la seule base évaluable de leur très haute compétence technique et professionnelle et se retrouveront, par HASARD acteurs du jeu Politique qu’ils accepteront, sous les charmes secrets des ‘’vertus de l’ombre’’, de jouer trop tôt, sans formation préalable requise, avec le risque inévitable d’échouer sur toute la ligne et de précipiter le Pays dans un Gouffre Insondable. C’est exactement le cas depuis des années.
2°- De 1960 à jour, le Pays est véritablement en panne sèche de Penseurs Politiques en grand nombre pour agiter les esprits et provoquer les affrontements et les confrontations catalyseurs par excellence du Progrès dont il est établi que la vitalité est directement fonction de la compétition des idées dans des équipes de CHERCHEURS. En effet, une réflexion désespérément solitaire sur la CHOSE PUBLIQUE, si dense et si puissante soit elle, n’est jamais qu’un exercice en solitaire, avec sa dose de subjectivisme et de passion, de faiblesses voire des erreurs et même des fautes lourdes de conséquences politiques, économiques et sociales insoupçonnées. Sans compter qu’une telle réflexion solitaire prend vite l’allure d’une simple pétition de principe, plutôt que de d’être un véritable instrument de combat politique.
Si ces observations ainsi relevées sont vraies, Nous serions Nous-mêmes AUJOURD’HUI, Seuls Responsables de nos malheurs Tout comme Nous Pouvons être DEMAIN, Seuls Maîtres de Notre Bonheur. Il faut espérer que le DIALOGUE attendu sera édifiant sur cette QUESTION de la RESPONSABILITE de qui ?comment ?pourquoi ? Dans ce qui est arrivé hier au Pays , et ce qui va lui arriver demain.
En effet, on pourrait, d’ores et déjà, pour partager les responsabilités ou même pour se disculper, attribuer en partie ou en totalité, le naufrage Centrafricain aux Influences multiformes de l’Extérieur. Mais, le débat reste entier. Car la fameuse influence extérieure ne vaut que ce que vaut la résistance à l’intérieur. L’Extérieur n’agit et ne prospère en effet, que s’il trouve à l’Intérieur, un terrain propice, un sol fécond, bref un terreau. Un ver ne vit et ne se développe qu’aussi longtemps que la pomme qui le nourrit continue de lui fournir aliment. C’est dire, par exemple, que si aujourd’hui, aux assises du dialogue, les Centrafricains s’avisaient à imputer le bourbier dans lequel ils pataugent, au maintien de la domination de l’économie de traite qui remonte à la période coloniale( fait extérieur), l’honnêteté intellectuelle et le sens de la responsabilité voudraient que l’on réplique immédiatement à cette dérobade, pour dire net qu’une réflexion et un comportement politiques INTERIEURS auraient permis l’éradication progressive de cette économie de traite. En effet, beaucoup de choses auraient changé et le Pays aurait fait un pas significatif en avant si, dans le cadre réfléchi d’une politique volontariste de sortie de l’économie de cueillette dénoncée à juste titre, comme un facteur retardataire du développement, les Dirigeants Centrafricains avaient résisté fermement aux charmes secrets de la rançon de la trahison du Pays et ne s’étaient pas convertis en Femmes et Hommes d’ Affaires véreux, pour offrir leur complicité active à des truands de haute voltige, lesquels, à la barbe de la Douane et au préjudice de l’Etat, exportent, depuis des années, par dizaine et par centaines, des lots de diamant, des centaines de milliers des billes de bois, c'est-à-dire, des denrées précieuses qui leur rapportent d’énormes sommes d’argent. Une fortune colossale que les Gouvernements successifs auraient pu toucher et recycler, soit, par la subvention de l’agriculture et de l’élevage pour désengorger les grands Centres Urbains en bute à d’extraordinaires pressions des demandes sociales, soit, par la création de petites entreprises de transformation sur place, avant exportation, (les billes de bois et le diamant brut). La question des salaires, ce serpent de mer, n’en serait même pas une aujourd’hui
Ce raisonnement qui vaut pour l’économie, vaut pour tous les autres secteurs des activités nationales qui connaissent des blocages depuis plus de 40 ans d’Indépendance et tendent à l’enlisement. Il faut que les Génies du Terroir National se réveillent pour concevoir AUTREMENT leur fonctionnement et leur inventer d’autres sources d’énergie, en partant bien évidemment des valeurs propres du Pays. Sans oublier les énormes possibilités qu’offrent l’intelligence et le Génie des PAYS du SUD et plus largement de l’Humanité d’aujourd’hui.
On voit encore ici la place de choix qu’occupent les CONNAISSEURS, CONCEPTEURS PROJETEURS et les PROFESIONNELS dans la construction dune Société vivant LIBRE dans la PAIX et le PROGRES durable, avec le Peuple et pour le Peuple qui est au Centre de Toute Aventure Politique
Si cette approche de l’orientation du DIALOGUE FONDATEUR était largement partagée, il est probable que les Centrafricaines et les Centrafricains n’iront pas à cette ‘’Rencontre Citoyenne’’ pour s’étriper, mais pour apporter à la RELANCE de leur PAYS humilié.
Fait à Libreville le 23 avril 2003
Maître Henri POUZERE
Avocat