Le mal centrafricain N°10 : Inutilité et dérision ou digression autour d'un sujet idéal
On a des dirigeants qu'on mérite (dixit). D'aucuns diraient "plus jamais ça", mais la minute d'après, c'est reparti de plus belle sans coup férir, persuadé d'être seul au-dessus de tout soupçon et de dire la vérité. Enfermé dans une tour, personne n'écoute la question de l'autre. On recommence les mêmes erreurs. Ce qui conduit à la dérision, à la méprise, à la banalisation. C'est le satisfecit total, le miroir aux alouettes.
Nous nous trouvons dans un monde a-historique, sans repère, sans mémoire. Cette tradition se retrouve dans toutes démarches, dans toutes recherches (études, analyses, mémoires, thèses) qui produisent des chimères; indéfiniment l'auteur va inventer avec délectation le fil à couper le beurre. Mieux, il va se pavoiser : "Je ne suis pas aux affaires, je dis ce que je veux, je dis ce que je pense, ils n'ont qu'à se débrouiller pour nous sortir de là...".
Pourtant, le centrafricain angoissé, souffrant, voudrait bien voir le bout du tunnel ou émerger du fond des océans au risque de disparaître définitivement. Contradictoirement, c'est lui-même qui prend les amarres et se dirige vers une destination inconnue; il se met à crier au secours, pilonnant dans tous les sens, croyant être sur la bonne voie. Le commencement de la dérive et de la déperdition.
Il est naturel de rêver. Cependant, l'impression et les mirages ne se confondent pas avec la réalité. La République Centrafricaine frise le fatalisme; personne ne croit à plus rien mais la parole reste prolixe. Il y a sans doute espoir car il doit exister une issue de secours: toutes constructions chez les espèces humaines et animales en sont dotées sauf la mémoire de l'oubli.
NB: Le mal centrafricain n° 9, ou l'arrogance, la part du lion et les brutalités (24 nov 2002)
Victor BISSENGUE