NAIROBI, 8 mai 2003 Nations Unies (IRIN) -
Une mission d’évaluation humanitaire de l’ONU dans la province de l’Ouham, au
nord de la République centrafricaine (RCA), a découvert que les installations
d’alimentation en eau potable avaient été gravement endommagées pendant les six
mois de combats dans cette région, a déclaré à IRIN, mercredi, le chef de cette
mission effectuée du 2 au 6 mai, Diego Zorilla.
"Les besoins les plus urgents concernent les installations d’alimentation en eau
potable et l’assainissement des eaux usées", a expliqué M. Zorilla, chef du
bureau du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en RCA.
La mission, dit-il, a découvert que seulement six des 20 puits qu’avait creusés
l’UNICEF à Bossangoa, à 305 km au nord de Bangui, la capitale, étaient encore en
bon état. Il a en outre indiqué que les équipements de la Société des Eaux de
Centrafrique, avaient été pillés, rendant ainsi ce service public incapable
d’alimenter les habitants en eau potable salubre.
"Plusieurs de ces matériels, de même que ceux qui ont été pillés dans les
hôpitaux, sont actuellement vendus dans les marchés locaux", dit-il. "Nous avons
tenu des rencontres avec les chefs de collectivités, pour les inciter à
convaincre la population de remettre ces matériels".
Les bâtiments privés et publics ont été saccagés, pillés ou détruits durant la
rébellion. "Aucune infrastructure sociale, sanitaire ou administrative ne
fonctionne dans la province d’Ouham", dit-il.
Seuls quelques centres de santé étaient en mesure de s’occuper des urgences,
a-t-il ajouté, en raison du soutien apporté par l’ONG caritative médicale
espagnole Medicos Sin Fronteras, qui doit mettre fin à ses programmes d’urgence
dans cette province d’ici la fin mai.
M. Zorilla a ajouté que l’UNICEF craignait les épidémies, étant donné que les
équipement de réfrigération pour les vaccins avaient été pillés et qu’aucune
campagne d’immunisation n’a pu se dérouler dans cette zone depuis 2002.
"Il y avait 35 centres d’immunisation [dans l’Ouham], mais aucun d’entre eux
n’est opérationnel aujourd’hui", dit-il.
Située au nord-ouest du pays, avec une population de 325 000 habitants, l’Ouham
a été la province la plus durement touchée par la rébellion d’octobre 2002 à
mars 2003, opposant les forces du leader actuel du pays, François Bozizé, à
celles de l’ex-président Ange-Félix Patassé. Originaire de Bossangoa, M. Bozizé
a renversé M. Patassé par un coup d’État, le 15 mars.
Les écoles de la province sont toujours fermées, parce que les élèves et les
enseignants, qui ont fui les combats, ne sont pas encore revenus. M. Zorilla a
néanmoins précisé que l’UNICEF et le ministère de l’Éducation envisageaient les
meilleurs moyens pour transporter les enseignants jusqu’à leurs postes
respectifs de travail "afin de sauver l’année scolaire".
Il a mentionné que l’ONU avait recommandé au gouvernement d’envoyer les
gouverneurs nouvellement désignés à leurs postes, et de leur fournir des moyens
logistiques suffisants pour rassurer la population, dont la majorité a regagné
ses foyers, de même que pour rétablir des conditions acceptables de sécurité.
Cette mission composée notamment de responsables du Programme alimentaire
mondial et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et
l’agriculture (FAO), était la première à visiter le nord du pays depuis octobre
2002. Leur inspection s’est déroulée une semaine seulement après que le système
des Nations Unies dans ce pays ait lancé un appel aux donateurs pour recueillir
9,1 millions de dollars des É.-U., afin de venir en aide à 2,2 millions de
personnes ayant souffert à cause de la guerre.
Par ailleurs, l’UNICEF a commencé à distribuer des médicaments dans les six
provinces de l’est. En avril, l’UNICEF a reçu des médicaments et des équipements
médicaux d’une valeur de 550 000 dollars des É.-U., devant bénéficier à 890 000
personnes de l’est du pays pendant une période de trois mois. Durant les six
mois de la rébellion, l’est du pays était complètement coupé des routes
permettant son approvisionnement. Une opération semblable doit être effectuée au
nord du pays par l’ONG Cooperazione Internationale.