Le président déchu de Centrafrique fait une adresse à l'Unité Africaine (UA) et à l'Union Européenne (UE)


Pas de "prime aux coups d'Etat", demande l'ancien président Patassé

LIBREVILLE, 10 juin 2003 (AFP) - 19h10 - Le président centrafricain Ange-Félix Patassé, renversé lors d'un coup d'Etat le 15 mars, a demandé à l'Union européennede ne pas donner de "prime aux coups d'Etat" en acceptant de négocier avec le nouveau pouvoir centrafricain.

"Je continue à croire et à compter sur tous les démocrates sincèresainsi que sur les institutions internationales comme l'UE, l'Union Africaine (UA), pour le rétablissement immédiat et inconditionnel de l'ordre constitutionnel en République Centrafricaine (RCA) (...) Toute action allant dans le sens contraire est une sorte de prime aux coups d'Etat", écrit M. Patassé dans une lettre adressée au président de la Commission européenne et dont l'AFP a obtenu une copie.

Des négociations entre la RCA et l'UE sur la stratégie de coopération pour les années à venir doivent débuter le 12 juin à Bruxelles. Après le coup d'Etat du 15 mars dernier qui a porté au pouvoir le général François Bozizé avec la bénédiction du Tchad, l'UE avait décidé de revoir sa coopération avec la République centrafricaine.

Affirmant que "mon régime et moi-même sommes victimes d'un vaste complot sous-régional et international", l'ancien président Patassé, actuellement en exil au Togo, écrit encore: "les mercenaires et les forces étrangères, y compris celles de (la force de paix de) la Cémac (Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale), doivent quitter impérativement la RCA".

"En espérant que cette prise de position sera comprise par l'Union européenne en vue d'éviter à la RCA, déjà sous l'occupation militaire tchadienne, la guerre civile inutile", conclut M. Patassé.

Les cinq autres pays membres de la Cémac (Cameroun, Congo-Brazzaville, Gabon, Guinée Equatoriale et Tchad) ont reconnu la semaine dernière le nouveau régime lors d'un sommet extraordinaire à Libreville.

La Cémac avait déployé en décembre à Bangui une force de paix ayant notamment pour mission d'assurer la sécurité du président Patassé. Cette force a été maintenue malgré le coup d'Etat.

Les chefs d'Etat de la Cémac ont également lancé un appel à l'UA "pour la prise en compte de l'évolution favorable de la situation en RCA et sa réintégration rapide au sein de la communauté africaine".

De son côté, M. Patassé a annoncé son intention de se rendre au prochain sommet de l'UA, en juillet à Maputo, pour représenter son pays.

Des négociations sur cette question sont actuellement en cours, a fait savoir mardi l'UA. "Une réponse appropriée doit intervenir en temps voulu", a-t-on indiqué de même source.


Le président Patassé se rendra au sommet de l'UA à Maputo (entourage)

LIBREVILLE, 9 juin 2003 (AFP) - 15h19 - Le président centrafricain déchu, Ange-Félix Patassé, se rendra au prochain sommet de l'Union africaine (UA), en juillet à Maputo, pour représenter son pays, ont annoncé lundi deux membres de son entourage à des journalistes de l'AFP.

"M. Patassé estime qu'en tant que président légitime et constitutionnel, il lui revient d'occuper, et non aux putschistes, la place de la RCA", au sommet de l'UA, prévu du 4 au 12 juillet dans la capitale mozambicaine, a déclaré son porte-parole, Prosper Ndouba, joint à Paris depuis Libreville.

Le président Patassé a été renversé le 15 mars à Bangui par son ancien chef d'état-major, le général François Bozizé, alors qu'il se trouvait en voyage officiel à l'étranger.

Le général Bozizé a instauré un régime de transition devant s'achever en janvier 2005, au terme d'élections locales, législatives et présidentielles.

L'ex-ministre des Affaires étrangères centrafricain, Martial Beti-Marace, a confirmé lundi la participation au sommet de Maputo de M. Patassé, réfugié comme lui à Lomé.

"Nous nous préparons activement à participer à ce sommet en tant que régime légal, légitime", a déclaré M. Beti-Marace, contacté par l'AFP depuis Abidjan.

"Nous avons officiellement saisi l'Union africaine par écrit. Nous avons communiqué la liste de notre délégation. Nous n'avons pas encore reçu la réponse, mais nous serons là. Le président ira à Maputo", a-t-il dit.

L'ancien ministre a par ailleurs dénoncé la reconnaissance officielle du régime Bozizé par les chefs d'Etat de cinq pays de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Gabon, Congo-Brazzaville, Tchad, Cameroun, Guinée Equatoriale), réunis le 3 juin à Libreville en sommet extraordinaire.

"La Cémac est complice et co-auteur du coup d'Etat" du général Bozizé, a lancé M. Béti-Marace, annonçant que M. Patassé ferait prochainement une déclaration depuis Lomé, sa première intervention publique depuis son évincement du pouvoir.

L'UA a fermement condamné le 17 mars le coup de force du général Bozizé, en rappelant son rejet de tout changement anticonstitutionnel, contenu dans son acte constitutif et ses déclarations des sommets d'Alger et de Lomé.

Un envoyé spécial du président intérimaire de la Commission de l'UA à Bangui, Saddok Fayala, avait toutefois relevé le 18 avril "des signes encourageants à signaler en RCA" au terme de sa mission.

Le représentant d'Amara Essy avait salué "la constitution du gouvernement de large coalition, où presque tous les partis politiques" sont représentés.

A Libreville, les chefs d'Etat de la Cémac ont lancé un appel à l'UA "pour la prise en compte de l'évolution favorable de la situation en RCA et sa réintégration rapide au sein de la communauté africaine".

La France, ancienne puissance coloniale de la RCA a reconnu de facto les nouvelles autorités de Bangui en recevant officiellement le nouveau Premier ministre centrafricain, Abel Goumba, début mai à Paris.

On ignorait lundi si les nouvelles autorités centrafricaines seraient ou non représentées au prochain sommet de l'UA.


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 16