Le calme revient dans les provinces malgré des éléments incontrôlés
BANGUI, 11 avril 2003 (AFP) - 14h32 - Près d'un mois après la prise du pouvoir à Bangui par le général François Bozizé, le calme revient progressivement dans les provinces malgré la présence de groupes armés incontrôlés, ont rapporté des témoins à l'AFP.
Des éléments incontrôlés dans la région de Ndjoukou, à une centaine de kilomètres au nord de Bangui, "ont tué trois personnes", dont un chef et un diacre. Ils ont aussi "incendié des maisons d'habitation" et ont également été signalés dans les villages de Mouroukozo et Bombé, dans la Kemo, à environ 250 km au nord-est de Bangui.
Ces hommes sont "armés de fusils de chasse et parlent arabe et sango" (langue nationale centrafricaine), ont précisé ces témoins, estimant qu'il s'agissait vraisemblablement d'anciens éléments d'Abdoulaye Miskine.
Ce dernier, ayant le grade de colonel dans l'armée centrafricaine, avait été chargé par le président déchu Ange-Félix Patassé de sécuriser la frontière nord avec le Tchad avant son exil au Togo début novembre à la demande de N'Djamena qui le considérait comme un ex-rebelle tchadien.
L'insécurité règne également au sud de Bangui, en particulier du fait de la présence de rebelles congolais en déroute, venus appuyer l'ancien régime.
Selon le quotidien Le Citoyen, "des éléments de l'ancienne garde présidentielle et de nombreux Nyamamuléngués (rebelles congolais du Mouvement de libération du Congo), en débandade depuis le (coup d'Etat du) 15 mars dernier, y font le beau et le mauvais temps".
Dans le reste du pays, le calme revient progressivement, notamment dans certaines provinces du nord, telles que Kaga-bandoro, Dékoa, et Sibut.
"La plupart des habitants qui vivaient dans les champs (NDLR: depuis des mois) sont rentrés chez eux, mais certaines localités sont sinistrées du fait des incendies de plusieurs villages. Aucun service administratif ne fonctionne encore puisque tous les fonctionnaires se trouvent encore à Bangui", ont rapporté ces témoins.
"La même situation prévaut à Bossangoa (centre-ouest), ancienne base de la rébellion", ont confirmé d'autres témoins. "Mais les habitants ne se sentent pas encore en sécurité en raison de la présence d'hommes en armes non identifiés qui circulent dans la ville et commettent des exactions", ont-ils expliqué.
Les habitants de ces régions "appellent de tous leurs voeux des actions des nouvelles autorités, comme cela a été le cas à Bangui, pour sécuriser au maximum ces villes et redonner confiance aux populations", ont expliqué ces témoins.
L'ordre avait été rapidement rétabli dans la capitale centrafricaine, en proie aux pillages après le coup d'Etat du 15 mars, avec l'arrivée de 500 militaires tchadiens à la demande du nouveau régime.
Enfin, la circulation est rétablie entre Bangui et Bambari, à environ 400 km au nord-ouest de la capitale, après une interruption de plus de quatre mois. Pendant cette période, le seul moyen de gagner cette ville importante depuis Bangui était d'emprunter le fleuve Oubangui jusqu'à Kouango et de parcourir à pied les quelque 150 km restants jusqu'à Bambari et sa région.
Du fait de la présence de la rébellion, la Centrafrique était coupée en deux jusqu'au coup d'Etat et, seul le sud-ouest du pays était accessible par la route depuis Bangui ces derniers mois.