Un mois après le coup d'Etat, Bangui a retrouvé la stabilité
BANGUI, 15 avril 2003 (AFP) - 9h19 - Un mois après le coup d'Etat qui a porté au pouvoir en Centrafrique le général François Bozizé, Bangui a retrouvé la stabilité et le gouvernement du Pr Abel Goumba s'efforce de remettre le pays sur les rails avant la tenue d'élections promises dans un délai de 18 à 30 mois.
Après les pillages des premiers jours, la capitale a retrouvé un calme qu'elle avait oublié depuis longtemps et même les tirs nocturnes isolés se sont tus. Le couvre-feu est maintenu entre 05H00 (04H00 GMT) et 22H00mais les habitants le violent allègrement.
L'arrivée, dans les jours qui ont suivi le coup d'Etat du 15 mars, de 300 militaires français suivis de quelques 500 soldats tchadiens venus renforcer les 300 hommes de la force de paix de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac), a largement contribué à ce retour rapide à la stabilité.
Des éléments incontrôlés ont été désarmés, de même qu'une bonne partie des partisans de François Bozizé dont la plupart, indisciplinés, se livraient à des exactions dans la ville.
Plusieurs tonnes de biens pillés lors du coup d'Etat ont été récupérés et restitués à leurs propriétaires. Chaque jour, de nombreuses personnes continuent à se rendre à l'Assemblée Nationale pour présenter les documents leur permettrant de récupérer les biens dont ils revendiquent la propriété.
Dans la ville, plusieurs commerces saccagés sont en cours de rénovation mais rien n'a été fait pour l'instant concernant les bâtiments administratifs détruits ou incendiés.
Il y a deux semaines, M. Goumba, une figure unanimement respectée en Centrafrique, a formé un gouvernement national de transition incluant toutes les forces politiques du pays, y compris l'ancien parti au pouvoir, ainsi que des représentants de la société civile, des forces armées centrafricaines, et de l'ancienne rébellion.
Le général Bozizé, qui a appelé ses concitoyens à se remettre au travail avant d'espérer une aide de la communauté internationale, s'est réservé le portefeuille de la Défense. Son Premier ministre gère également l'Economie, les Finances, le Budget, le Plan et la Coopération internationale.
Nouvel indice de la volonté annoncée du nouveau pouvoir de lutter contre une corruption gangrénante, tous les membres du gouvernement, de même que les hauts-fonctionnaires, ont été invités à déclarer l'ensemble de leurs biens avant toute prise de fonction.
Sur le plan économique, les premières mesures du gouvernement visent à remettre de l'ordre dans les principaux secteurs d'activité et à faire rentrer l'argent dans les caisses de l'Etat.
La semaine dernière, l'abattage et l'exploitation du bois ont été suspendus dans l'attente que les sociétés forestières, premier employeur privé du pays, présentent des documents en règle aux autorités.
Lundi, les exploitants diamantifères -bois et diamants sont les deux principales exportations- ainsi que tous les commerçants ont été appelés à payer leurs patentes et impôts dans les délais, sous peine de pénalités.
Sur le plan politique, après avoir suspendu la Constitution et dissous l'Assemblée nationale au lendemain du coup d'Etat, le général Bozizé a annoncé jeudi que "la transition se situerait entre 18 et 30 mois" avant de nouvelles élections.
Le président autoproclamé a assigné un double objectif au Conseil National de Transition, appelé à pallier l'absence d'assemblée pendant cette période: préparer les élections et organiser un dialogue national sur le modèle du principe "vérité et réconciliation".
Le gouvernement a par ailleurs promis de payer les salaires des fonctionnaires à terme échu à compter de ce mois. Il a aussi commencé à résorber symboliquement les arriérés de salaire, l'un des talons d'Achille du régime précédent.
Seule ombre au tableau: si la sécurité est rétablie à Bangui, certaines provinces du pays subissent toujours la présence d'éléments incontrôlés qui terrorisent la population.