BANGUI, 4 juillet 2003 (AFP) - 16h06 - La crise désormais ouverte entre le Premier ministre Abel Goumba et ses anciens alliés de la concertation des partis politiques d'opposition (CPPO) marque le premier véritable accroc de la transition en cours depuis le coup d'Etat du 15 mars dernier en Centrafrique.
Cependant, cette crise ne remet pas en cause le nouveau pouvoir car l'ensemble des grandes formations politiques sont représentées au sein du gouvernement.
Au lendemain de la nomination de ce "gouvernement national de transition", fin mars, la presse s'était fait l'écho des premiers mécontentements parmi les alliés dans l'opposition du nouveau Premier ministre.
"Le Premier ministre fait avaler la couleuvre à ses partenaires politiques", titrait alors le quotidien indépendant Le Confident tandis que son homologue Le Citoyen écrivait: "Enfin, le gouvernement est là! Mais Goumba n'est pas sérieux".
Selon la presse, le parti du Premier ministre, le Front patriotique pour le progrès (FPP), l'une des 12 composantes de la CPPO, s'était attribué cinq portefeuilles ministériels (sur 28) dans le gouvernement où avaient également été nommés des proches de M. Goumba.
Soucieuse de "préserver le consensus naissant", la CPPO, présidée par le Premier ministre jusqu'à sa désignation, s'était toutefois alors refusée à toute déclaration publique.
Choisissant la voie des négociations discrètes, la CPPO avait rencontré en avril le président de la République, François Bozizé, pour lui exprimer sa préoccupation face à la composition de l'équipe gouvernementale.
Cette dernière, avaient fait valoir les représentants de la CPPO, ne correspond pas à la philosophie d'une gestion consensuelle du pouvoir, revendiquée par le chef de l'Etat pendant la période de transition, depuis le coup d'Etat jusqu'au rétablissement de l'ordre constitutionnel promis pour début 2005.
Une vingtaine de nominations intervenues la semaine dernière à la tête de divers services rattachés à la Primature, qui ont fait une large place aux membres du FPP ainsi qu'aux personnes originaires de la Ouaka, région de M. Goumba, ont constitué la goutte qui a fait déborder le vase.
La crise a éclaté jeudi avec la publication d'une mise au point aux termes très durs, signée par l'ensemble des partis membres de la CPPO, à l'exception du FPP du Premier ministre.
"En appelant à la probité intellectuelle du chef du gouvernement et à son sens de l'intérêt national", le texte invite M. Goumba "soit à se remettre en cause dans les plus brefs délais en rétablissant le consensus véritable dans la gestion de la transition, ou à tirer rapidement les conclusions de ses graves manquements en reconsidérant sa présence à la tête du gouvernement de transition".
Le Professeur Goumba, dont le passé d'opposant exemplaire remontant à l'indépendance lui valait l'admiration de tous les Centrafricains qui l'ont surnommé "Mains Propres", se retrouve à 76 ans confronté au difficile exercice du pouvoir.
Il faut que la Centrafrique ait "un Premier ministre dynamique et expérimenté" pour faire "face aux défis à surmonter dans l'urgence, tels que la restauration de la sécurité sur toute l'étendue du territoire, le maintien de la paix sociale, la mise en oeuvre des différentes mesures permettant un retour à l'ordre constitutionnel", estiment également ses alliés d'hier.