"Le dialogue national ne doit pas être un lieu de diatribes stériles ou de déballages avilissants. Il faut faire en sorte que la République centrafricaine renaisse de ses cendres", a déclaré M. Bozizé dans l'enceinte de l'Assemblée nationale.
Le président centrafricain, parvenu au pouvoir lors d'un coup d'Etat le 15 mars dernier, s'adressait aux 350 délégués devant participer à ces assises de réconciliation prévues jusqu'au 20 septembre.
"Je m'engage à tout mettre en oeuvre pour que ce pays meurtri ne replonge plus dans les affres du passé", a ajouté le général Bozizé, qui dirige un régime de transition devant s'achever en décembre 2004 par une élection présidentielle pluraliste.
Le gouvernement, des personnalités politiques, des militaires et des magistrats, ainsi que les responsables du Bureau des Nations unies en Centrafrique (BONUCA) et le corps diplomatique assistaient à cette cérémonie retransmise en direct par la radio nationale. Etaient également présents l'ex-président David Dacko et d'anciens Premiers ministres.
Le Dialogue national s'est en revanche ouvert en l'absence notable de deux des acteurs majeurs des crises politico-militaires à répétition qui ont déchiré la RCA depuis 1996, les anciens présidents Ange-Félix Patassé (1993-mars 2003) et André Kolingba (1981-93).
M. Patassé, exilé au Togo depuis son renversement, a été exclu courant août de cette réunion par le Conseil national de transition (CNT), mis en place par le régime Bozizé.
Le CNT avait jugé sa présence "incompatible" avec la plainte pour "crimes de guerre" déposée contre lui en février par la Ligue internationale des droits de l'Homme devant la Cour pénale internationale (CPI).
Le général Kolingba, bien qu'ayant bénéficié d'une amnistie décrétée par le régime Bozizé pour son putsch manqué de mai 2001 contre le président Patassé, n'a pas quitté son exil ougandais pour rejoindre Bangui.
Son parti, le Rassemblement démocratique centrafricain (RCD), première formation d'opposition sous la présidence Patassé, participe toutefois au dialogue.
Les travaux ont démarré, à la demande du général Bozizé, par une minute de silence en mémoire "des patriotes tombés pour la cause de la RCA".
Le président du Comité préparatoire du Dialogue national, le pasteur Isaac Zokoué, a appelé les participants à travailler à des "mesures concrètes" pour éliminer les germes de division qui ont gangrené la société centrafricaine.
"Le dialogue national doit déboucher sur des mesures concrètes et applicables. Les conclusions du dialogue seront confiées à une structure de suivi pour la mise en oeuvre", a-t-il dit.
"Certains attendent que ce grand forum soit l'occasion d'un déballage. Mais le sensationnel ne sera pas le remède à nos maux et n'apportera pas de solutions à nos problèmes", a averti le pasteur Zokoué.
Les délégués à ce forum sont issus des partis politiques, de l'armée, des confessions religieuses et d'organisations de la société civile -- commerçants, étudiants, femmes, etc --.
Ils sont répartis en six commissions: 1/ Vérité et réconciliation 2/ Politique et diplomatie 3/ Défense nationale et sécurité 4/ Economie et finances 5/ Education, social, culture, jeunesse et sports 6/ Organisation et logistique.
Depuis 1996, la RCA, Etat pauvre et enclavé d'Afrique centrale de 3,7 millions d'habitants, a vécu au rythme incessant des mutineries militaires et des tentatives de coups d'Etat qui l'ont plongé dans un état avancé de déliquescence économique et sociale.