Dialogue National

********

République Centrafricaine

Unité - Dignité - Travail

********

 

 

 

Commission

Education, Sociale, Culture, Jeunesse et Sports

 

 

 

 

 

 Septembre - Octobre2003

 

 

 

 

Composition de la commission

 Présidente : Mme Georgette DEBALLE

Vice-Président : Gilles Gilbert GREZENGUE

Rapporteur : Gervais LAKOSSO

Rapporteur Adjoint : SINGA GBAZIA Nicolas

Membres du comité préparatoire : Mme Margueritte RAMADAN, Mme Albertine TONNET, Dr Moïse DEKOYO, Alexis SEBALE, Noël RAMADAN (Membre Référent),  Mme Sophie NDANGUERE (Expert de l'UNICEF) et Mme Gisèle KOZO (Expert du FNUAP).

Membres de la commission

ABENDO Hubert MALIK MAHAMAT MALEKO (Imam)
APAMALA Christelle MANDE-DJAPOU Véronique
ASSANA Jean Aimé MBAKA Marie Claire
ATHA Thérèse (Sœur) MBARAPAS Séraphin
LEMBINDONI Alain MBOKANE Malachie
ADOUM Koffi MBOLIDI DAMADA Marie Claire
AZOUROUTE Joseph MBOLO Jean
AWA Adrienne MIANGUE Christian Bernard
BALEKE Sébastien MOKODOPO Eliane
BANGUI Ducas MOMOKAMA Victorine
BINGA BEMBI Michel NAMBEARE NGAGUENE
BLAGUE Françoise NGAIDAMA Léa
DJERAMOUAN Raymond NGAÏKOISSET Marc
DONDRA Henri NGOUAMA Philippe
DOTE Gabriel NGOUTTI Pierre
DOBOZENDI Thérèse NIAMOLO Faustin
EPAYE Béatrice NINGHA Abdon
FETIA Donatienne OROMBILI Anne Marie
GBALEMBE Emile Paulin OUAMAZOU Roch
FEYANGAÏ MOBE ALA Oscar PAGONENDJI Solange
GNESSIBERE André Jean Claude PANOU Martin
GONEKARA Jean RECKIAN Fabien
GOTILOGUET Addy Koulnani (Maître) REGOBALES Hector
GOYEMIDE Eloge SAYO Bernadette
GUESSA BABET Tina SEKO Guillaume
IMINDI Jeannette WANGIA VICKOT Corneille
INOUSSA Ibrahim YAKENDE Jean
KONZELO Honorine YANGAMO Annie Chantal
KOBBO Lydie YAOUNGAH Alfred
KOUNNI Apollinaire YAZIPO Dieudonné
KOZZO Joachim ZEMBOUROU Simon
KOSH KOMBA Michel ( Dr ) ZEMONIAKO
KPINGO Michel ZITONGO Odile
MAKAMAMO Basile Ronys ZOUMBIDAMA François

 

 

 

Introduction Générale

Jusqu'à la fin de la première décennie qui a suivi l'indépendance politique de la RCA en 1960, la communauté internationale a de manière constante appuyé les efforts des gouvernements successifs dans tous les secteurs socioprofessionnels et de l'administration du pays.

Les années passant, les infrastructures sociales, économiques et administratives, héritées de l'administration coloniale ont subi une rapide dégradation et bien souvent n'ont pu l'objet d'aucune solution de rechange.

Face aux demandes pressantes des besoins de la population en croissance régulière, les différents régimes qui se sont succédés n'ont pas réussi à satisfaire ces exigences. Pis encore, il n'y a pas eu une véritable politique de développement du pays avec des objectifs clairement définis dans l'espace et le temps.

Le souci majeur de la commission Education, Sociale, Culture, Jeunesse et Sports est de jeter les bases des discussions lors des assises du dialogue national tant souhaité par le peuple. Ces éléments de base sont présentés sous forme de diagnostics ou état des lieux assortis de pistes à explorer pour d'éventuelles solutions durables aux problèmes qui minent les secteurs cités hauts. Pour ce qui concerne le problème du genre, nous avons jugé mieux de traiter cela de façon transversale.

Le document ainsi élaboré par la commission comporte neuf (9) thèmes :

  1. Education
      1. La question de la réforme du système éducatif
      2. L'adéquation formation emploi 
      3. Education non formelle
  1. Le travail et le civisme 
  2. Salaires, bourses, pensions, vacations, DVA et allocations dues par l'OCSS 
  1. Les arriérés
  2. Le déblocage des salaires
  1. La législation du travail 
  2. L'indemnisation des victimes des violences militaro-politiques
  3. La protection et la prévoyance sociales: Santé, Habitat, Assainissement, VIH /SIDA.
  4. L'état des lieux de la culture et de la promotion de celle-ci et l'intégration de la dimension culturelle dans le développement
  5. La promotion de la jeunesse et des sports 
  6. La sécurité alimentaire 
      1. Education

Deux points ont été retenus dans cette section :

  1. La question de la réforme du système éducatif  et
  2. Adéquation formation emploi

1. 1 La question de la réforme du système éducatif

Depuis plus de deux décennies les problèmes liés au développement et à la promotion de l'éducation ont été au cœur des débats. De grandes assises telles que le séminaire national sur l'éducation en 1982, les états généraux de l'enseignement supérieur en 1987, les états généraux de l'éducation et de la formation en 1994, la loi d'orientation de l'éducation et le plan national d'action de l'éducation pour tous en l'an 2000, ont donné l'occasion de faire un examen approfondi de la situation nationale. L'élaboration du plan national de développement de l'éducation et la promulgation de la loi d'orientation sur l'éducation nationale en 1997 constituent les résultantes de ces assises.

A ce jour, force est de constater que les résolutions, les documents techniques et textes officiels issus de ces assises ne sont pas appliqués, ce qui aggrave la gangrène du système éducatif.

Nous abordons la question en insistant sur les problèmes déjà traités et l'évocation de nouveaux problèmes qui se présentent à l'éducation en Centrafrique.

 

a) Les Problèmes

  1. Faible performance des structures éducatives ;
  2. Délabrement des infrastructures éducatives ;
  3. Absence de maintenance et de réhabilitation ;
  4. Pilotage à vue :
    1. Altération des normes qui régissent les structures et garantissent leur efficacité ;
    2. Perte considérable de la qualité et de l'efficacité des ressources humaines ;
    3. Détérioration des conditions de vie et de travail ;
    4. Annihilation des pouvoirs de renouvellement du personnel mise en relation avec une forte croissante de la population, influençant négativement le ratio ;
    5. Faible allocation budgétaire ;
    6. Altération du système de production et de diffusion de l'information, limitant les possibilités d'enrichissement permanent de l'activité pédagogique et de la bonne connaissance de la situation globale du système ;
    7. Instabilité du système de pilotage depuis plusieurs années ;
    8. Profonde altération de l'offre des services pédagogiques ;
    9. Arrêts intempestifs des activités ;
    10. Réprimande et/ou récupération politique des moindres revendications sociales;
    11. Désaffection des services pédagogiques ;
    12. Démotivation du personnel enseignant dû au blocage des salaires et des concours professionnels, au non-paiement à terme échu des salaires, à l'accumulation des arriérés de salaires avec comme corollaire la dégradation des conditions de vie et de travail;
    13. Manque de qualité et inadaptation des programmes aux réalités locales ;
    14. Altération des mécanismes de contrôle, de suivi et d'évaluation ;
    15. Dégradation des conditions et mécanismes de gestion administrative ;
    16. Effectifs pléthoriques, un des facteurs de baisse de niveau ;
    17. Mauvaise distribution des établissements et des ressources humaines sur le territoire ;
    18. Incapacité d'exploiter le puissant atout linguistique qu'est le Sängö, qui ne facilite pas la promotion, chez les apprenants, de certaines valeurs humaines ;
    19. Dégradation constante du système éducatif ;
    20. Absence d'initiative pour l'éducation non formelle ;
    21. Non prise en compte de la spécificité des albinos dans le système éducatif centrafricain ;
    22. Marginalisation des albinos dans les activités scolaires ;
    23. Inadaptation du concours d'entrée en sixième au contexte éducatif actuel.
    24.  

      b) Les Problèmes récents

    25. Création des établissements privés sans respect des normes en vigueur ;
    26. Non-respect des programmes officiels par les écoles privées ;
    27. Monnayage des notes, des diplômes, affectations et nominations ;
    28. Harcèlement sexuel en milieu scolaire et universitaire;
    29. Propagation du VIH/SIDA dans les milieux scolaires et universitaires ;
    30. Pressions politiques et administratives sur les techniciens concernant les résultats des examens et l'attribution des notes ;
    31. Validation des années académiques sans respect des normes académiques ;
    32. Précarité des conditions de vie des familles due à la pauvreté causée par le non-paiementt de salaires et la crise économique qui influent négativement sur le comportement des enfants à l'école ;
    33. Réticence des parents à envoyer leurs filles à l'école due aux pesanteurs socioculturelles (surtout dans les zones rurales) ;
    34. Non-remboursement par la MASCA des dépenses consenties par les parents d'élèves assurés, victimes d'accidents et de violence;
    35. Mauvais fonctionnement des Associations des Parents d'Elèves (APE) du à la mauvaise gestion des cotisations et des frais de scolarité;
    36. Faible capacité d'accueil de l'université de Bangui construit pour 400 étudiants mais qui en compte 6000 actuellement ;
    37. Inexistence des bibliothèques scolaires ;
    38. Absence de fonds d'équipements ;
    39. Insuffisance du budget alloué à la recherche ;
    40. Dévalorisation des diplômes centrafricains à l'étranger ;
    41. Multiplication des actes de vandalisme ;
    42. Manque cruel des enseignants ;
    43. Absence d'une culture d'excellence pour motiver les acteurs du système éducatif ;
    44. Manque de liberté d'opinion, d'expression et d'association à l'université ;
    45. Levée de la franchise universitaire;
    46. Insuffisance d'écoles spécialisées pour handicapés sensoriels (Auditifs et visuels ) ;
    47. Inexistence d'écoles secondaires et techniques spécialisées pour handicapés sensoriels (Auditifs et visuels)
    48. Certaines zones du pays (comme le Haut-Mbomou) sont oubliées ;
    49. La mémoire de ceux qui ont œuvré pour l'éducation (comme Blagué ou Nzabakomada) n'est pas honorée.
    50. c) Conséquences de ces problèmes

      Selon le plan national de développement de l'éducation, il ressort qu'il y a un risque réel si les problèmes décrits ne sont pas pris en compte rapidement, d'en arriver en 2010 à une situation telle que:

    51. Le nombre d'apprenants mal formés avoisinerait 60% ;
    52. Le taux d'analphabétisme atteindrait 80%, soit 95% pour les femmes ;
    53. 90% des encadreurs pédagogiques ne bénéficieraient pas de recyclage et de stage de perfectionnement ;
    54. Les taux de redoublement à tous les niveaux atteindraient 50%
    55. 85% des diplômes seraient inadaptés au marché du travail ;
    56. Les femmes ne représenteraient que 2% des diplômés ;
    57. L'enseignement technique et professionnel ne toucherait que 1,5% des apprenants ;
    58. 95% du personnel d'appui mal encadré, mal suivi, mal évalué serait démotivé ;
    59. 95% du personnel d'encadrement pédagogique, mal formé, mal recyclé, mal maintenu à niveau, serait démotivé ;
    60. 100% des programmes pédagogiques seraient mal conçus, sans appui en matériels didactiques ;
    61. 60% des programmes pédagogiques ne seraient pas exécutés selon le calendrier ;
    62. 85% des stagiaires seraient mal suivis et mal évalués ;
    63. 70% des administrateurs seraient non qualifiés.
    64. Recommandations :

      La résolution de ces problèmes doit être échelonnée dans le temps. Elle comporte de ce fait des mesures ou résolutions à appliquer immédiatement ( recommandations fortes), à court, moyen et long terme.

      Recommandations fortes

    65. Payer régulièrement les salaires afin que l'année académique ne soit plus perturbée ;
    66. Promulguer le décret d'application de la loi d'orientation de l'éducation nationale ;
    67. Faire réellement de l'éducation un secteur prioritaire ;
    68. Adhérer à l'initiative 20-20 ;
    69. Réhabiliter et équiper les structures scolaires des régions touchées par les crises pour remettre les enfants à l'école ;
    70. Revaloriser le décret fixant les critères de choix des chefs d'établissements, qui stipulent que ceux qui ont eu à détourner les fonds des APE et de la MASCA ne doivent pas être reconduit ;
    71. Mettre l'accent sur l'école communautaire pour récupérer les enfants qui se seraient désintéressés de l'école et que les communes budgétisent le paiement des salaires des enseignants communautaires ;
    72. Faire l'audit de la MASCA pour évaluer la situation financière et administrative et donner les orientations nécessaires pour sa réforme (Cet audit doit être effectué par un cabinet privé pour plus d'assurance) ;
    73. Intégrer les enseignants formés ;
    74. Valider le politique du plan national d'action de l'éducation pour tous ( PNA-EPT ) ;
    75. Rétablir le statut particulier des enseignants du supérieur ;
    76. Réviser le statut des enseignants du supérieur en vue de retenir les cadres et d'éviter la fuite des cerveaux ;
    77. Réviser la loi 94/ 007 du 28 octobre 1994, fixant les conditions d'octroie de bourses ;
    78. Octroyer automatiquement la bourse aux étudiantes de première année, quelque soit leur filière ;
    79. Veiller à la participation des étudiants à la commission des bourses ;
    80. Rétablir l'Association Nationale des Etudiants Centrafricains ( ANECA) ;
    81. Que le ministère de l'éducation nationale et ses partenaires prennent des mesures pour garantir la rentrée et la bonne marche de l'années scolaire ;
    82. Tenir compte de la spécificité des albinos et prendre les dispositions pédagogiques adaptées à leurs conditions ;
    83. Lutter contre la ségrégation à l'endroit des albinos dans les établissements scolaires et universitaires ;
    84. Pourvoir en matériel et en enseignants toutes les écoles du pays, sans exclusion ;
    85. Immortaliser la mémoire de ceux qui ont beaucoup œuvré.
    86.  

      A court terme

    87. Mettre en application le PNDE pour résoudre les problèmes de l'éducation en Centrafrique ;
    88. Créer les conditions d'une stabilité politique (du genre Pacte de stabilité politique) pour faire l'économie du temps et des ressources nécessaires pour l'éducation et le développement global ;
    89. Renforcer et étendre le système de cantines scolaires au profit des écoles les plus démunies afin de stimuler la scolarisation ;
    90. Prendre des mesures sévères contre le monnayage des notes et contre le harcèlement sexuel en milieux scolaire et universitaire  ;
    91. Rendre l'enseignement obligatoire jusqu'au premier cycle du secondaire ;
    92. Relancer les concours professionnels ;
    93. Respecter les critères de recrutement des enseignants vacataires ;
    94. Assurer un contrôle effectif des programmes d'enseignement dans les écoles privées primaires et secondaires ;
    95. Rétablir dans les meilleurs délais le calendrier normal de l'année scolaire ;
    96. Renforcer le rôle de l'organe de contrôle et de régulation de l'éducation nationale au niveau des chefs d'établissements et des APE ;
    97. Dépolitiser la Fédération des associations des Parents d'Elèves ;
    98. Prendre des mesures pour que les fonds des APE soient déposés sur un compte bancaire afin de rendre fluide leur gestion ;
    99. Sensibiliser les parents d'élèves pour la tenue en urgence du congrès de la Fédération nationale des APE afin de leur implication dans la gestion des APE ;
    100. Renforcer et vulgariser le programme scolaire d'éducation à la Vie Familiale et Education en matière de Population (EVF/EMP) ;
    101. Créer des écoles spécialisées (primaires, secondaires et techniques) pour handicapés sensoriels (auditifs et visuels ) ;
    102. Réhabiliter et doter les écoles spécialisées existantes en matériels didactiques ;
    103. Former et recycler les encadreurs d écoles spécialisées pour handicapés sensoriels (auditifs et visuels ) ;
    104. Sensibiliser les populations, les décideurs, les autorités traditionnelles, les acteurs et bénéficiaires sur le bienfait de l'alphabétisation des femmes dans le processus du développement national ;
    105. Mettre en œuvre la stratégie de l'alphabétisation fonctionnelle intensive dans toutes les préfectures ;
    106. Créer ou développer des centres et instituts de recherches universitaires autonomes ;
    107. Créer et développer des pôles universitaires autonomes ;
    108. Donner à l'université une autonomie effective ;
    109. Rétablir la franchise universitaire.
    110.  

      A moyen terme

    111. Créer un dispositif pour la protection des biens, meubles de l'éducation ;
    112. Développer un programme d'éducation à la citoyenneté ;
    113. Vulgariser l'expérience des écoles communautaires qui développent un programme adapté aux réalités locales et favorisent l'éducation des filles ;
    114. Réviser le statut des enseignants en vue de retenir les cadres et éviter la fuite de cerveau ;
    115. Informatiser le service des ressources humaines du ministère de l'éducation ;
    116. Remettre des prix d'excellence aux acteurs méritants pour les motiver ;
    117. Introduire l'utilisation des outils informatiques dans le système éducatif ;
    118. Prendre des mesures de discrimination positive en faveur des filles (octroie de bourses, les encourager à poursuivre des études scientifiques...) ;
    119. Promouvoir et renforcer une campagne d'Information-Education-Communication (IEC) pour la scolarisation des filles ;
    120. Réhabiliter le système d'internat ;
    121. Ramener les langues optionnelles (allemand, arabe, espagnol, russe, japonais) au secondaire;
    122. Supprimer le concours d'entrée en sixième et adopter le système de contrôle continue pour l'admission des enfants en sixième ( une moyenne supérieure ou égale à 10/20) ;
    123. Créer des collèges dans les arrondissements et villes avec la participation des parents d'élèves pour la construction des bâtiments ;
    124. Créer des établissements scolaires spécialisés pour les handicapés sensoriels au niveau du fondamental 1 et 2 ;
    125. Former les encadreurs pour les établissements spécialisés pour les handicapés sensoriels ;
    126. Doter la bibliothèque de l'université d'outils modernes ;
    127. Inscrire au budget de l'état une ligne de crédit de construction des infrastructures scolaires, secondaires et universitaires ;
    128. Construire des amphithéâtres et des salles de cours à l'université ;
    129. Rétablir le quatrième trimestre de bourses ;
    130. Rétablir la franchise universitaire ( condition sine qua non de liberté d'expression ) ;
    131. Réfectionner les cités universitaires ;
    132. Accroître le budget de l'université (pour faciliter l'acquisition des produits de laboratoires et l'investissement).
    133.  

      A long terme

    134. Adapter le système éducatif aux réalités nationales ;
    135. Créer une nouvelle université ;
    136. Assurer un accès équitable à l'éducation de base ;
    137. Créer des établissements scolaires spécialisés pour les handicapés sensoriels au niveau du fondamental 1 et 2  dans toutes les préfectures ;
    138. Intégrer les actions en matière d'éducation dans le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP).
    139. 1.2 Adéquation formation-emploi

      Le séminaire national sur l'éducation et la formation de 1982 et les états généraux de l'éducation en 1994 ont déjà relevé la majeure partie des problèmes qui démontrent que la plupart des formations en Centrafrique ne débouchent pas directement sur un emploi. Des solutions ont été proposées mais n'ont jamais été appliquées. Rien n'est fait pour améliorer la situation et à ce jour on observe les problèmes suivants:

    140. Non prise en compte des problèmes inhérents aux groupes vulnérables ;
    141. Au fondamental 2, secondaire général, technique et professionnel, les programmes sont inadaptés aux réalités nationales et aux besoins du marché de l'emploi car orientés vers l'acquisition des savoirs académiques ;
    142. Au niveau de l'enseignement supérieur, les formations sont plutôt orientées vers l'obtention des diplômes et il y a manque de filières professionnalisées ;
    143. Au niveau de l'éducation non formelle, les programmes d'enseignement sont caducs avec une insuffisance de méthodes d'alphabétisation intensive ;
    144. Augmentation du nombre des diplômés sans qualification réelle et sans emploi ;
    145. Manque de coordination entre le ministère de l'Education Nationale, le ministère de l'Emploi et le Patronat ;
    146. Inefficacité des services de l'orientation scolaire et professionnelle ;
    147. Faible nombre des établissements techniques et professionnels ;
    148. Absence d'une politique réelle en matière d'emploi et de formation professionnelle ;
    149. Difficultés d'insertion professionnelle des jeunes diplômés sans emploi
    150. L'inapplication de la législation du travail ;
    151. Obstruction des entrepreneurs étrangers (surtout ceux du Moyen-Orient) quant à l'embauche des diplômés centrafricains ;
    152. Tracasseries a l'endroit des entreprises des autochtones par les services des impôts ;
    153. Mauvaise compréhension de la notion de travail et du rôle de la formation par les centrafricains ;
    154. Intégration des porteurs de faux diplômes dans la Fonction Publique.
    155.  

      Recommandations

      Recommandations fortes

      -Mettre en place une commission interministérielle élargie à d'autres experts pour statuer sur la question de l'adéquation formation emploi et proposer des mesures correctives à court, moyen et long termes (s'inspirer des exemples réussis d'autres pays africains comme le Sénégal, le Cameroun...) ;

      -Mettre en place une commission chargée de vérifier les diplômes obtenus à l'extérieur.

      A court terme

    156. Inciter les diplômés à s'orienter vers le secteur privé et la création d'entreprise ;
    157. Organiser le forum de l'emploi et de la formation dont les travaux préparatoires ont commencé depuis 1999 ;
    158. Prendre en compte les recommandations des états généraux de l'éducation et de la formation ;
    159. Créer le fonds national de l'emploi ;
    160. Instaurer un système de contrôle périodique des formations dispensées par les établissements privés ;
    161. Donner le pouvoir nécessaire aux inspecteurs du travail, de l'OCSS pour un contrôle efficace des conditions de travail des employés ;
    162. Appliquer les dispositions du statut général de la fonction publique pour l'intégration dans la fonction publique ;
    163. Faire obligation aux entreprises étrangères de se conformer au code du travail centrafricain ;
    164. Réouvrir les écoles professionnelles suivantes : école nationale des arts, le collège technique de Bouar, le centre de formation professionnelle rapide ;
    165. Aider les entreprises centrafricaines à prospérer afin d'assurer la formation et l'emploi des jeunes et le développement du pays ;
    166.  

      A moyen et long termes

    167. Renforcer et créer des établissements techniques à Bangui et dans les provinces selon les spécificités des régions ;
    168. Relancer " La Jeunesse Pionnière Nationale " ;
    169. Lancer une campagne de sensibilisation sur la notion de travail et sur le rôle de la formation ;
    170. Instaurer un partenariat actif entre les ministères de l'éducation nationale, de l'emploi et le patronat pour résoudre les problèmes de l'emploi en Centrafrique ;
    171. Créer un observatoire de l'emploi et de la formation qui mènera des études et enquêtes dans le domaine de l'emploi.

 

2. Civisme et travail

Le manque cruel de civisme qui s'est développé en Centrafrique depuis des années peut être considéré comme la source des crises récurrentes que le pays connaît. Le constat est amer et à tous les niveaux :

Au niveau des autorités politiques et administratives :

Au niveau des fonctionnaires et agents de l'Etat :

Au niveau de la population :

Recommandations :

 

3. Salaires, bourses, pensions, vacations, DVA et le paiement des allocations dues par l'OCSS 

3.1 Les Arriérés de salaires, bourses, pensions, vacations et le paiement des allocations dues par l'OCSS 

Les arriérés de salaires sont une épine qui se glisse toujours sous les pieds de la plupart des régimes qui se sont succédés en Centrafrique. Y a t-il eu une véritable volonté politique de mettre fin au phénomène d'arriérés de salaires et de régulariser les ayants droits ? Très souvent pour calmer les revendications syndicales et surtout pour éviter les soulèvements sociaux. Le gouvernement ouvre souvent des négociations mais celles-ci aboutissent rarement a des résultats concrets. C'est pour cela que les arriérés s'accumulent toujours. On en compte huit (8) catégories :

      1. Salaires
      2. Pensions
      3. Dettes alimentaires
      4. Saisies arrêts
      5. Allocations OCSS
      6. Bourses ( Université de Bangui et étudiants de l'étranger)
      7. Vacations
      8. DVA.

Tous ces arriérés confondus se chiffrent à : 75.000.000.000 FCFA pour les salaires et 35.000.000.000 FCFA pour les allocations de l'OCSS, soit un total de 110.000.000.000 FCFA.

Après l'audition des experts, la commission a constaté :

 

Recommandations fortes :

A court terme :

 

3.2 Déblocage des salaires, bourses et pensions

Depuis 1985, les salaires sont restés bloqués, du fait de la non prise en compte des effets financiers des avancements. De même, le point indiciaire n'a pas varié. Le renchérissement des prix des produits manufacturés s'est répercuté sur celui des produits de première nécessité rendant encore plus précaires les conditions de vie des fonctionnaires.

Recommandations

A court terme

 

A moyen terme

4. La législation du travail

La République Centrafricaine, comme la plupart des pays africains francophones dispose d'un code du travail qui date de l'indépendance (Juin 1961). Les dispositions de ce code qui sont calquées sur celles du code d'outre-mer ne répondent plus aux exigences socioéconomiques du marché de l'emploi en pleine mutation. Il en est de même des conventions collectives et de certains textes législatifs qui règlent l'emploi qui sont devenus obsolètes et qui méritent une révision. A ce problème de caducité des textes législatifs et réglementaires s'ajoute bien d'autres que nous avons répartis en deux parties. Ceux qui concernent la réforme du code du travail et des conventions collectives et ceux qui touchent le statut général de la fonction publique.

Le département a déjà réalisé beaucoup de travaux pour réformer le code du travail et les conventions collectives qui régissent le travail en Centrafrique. Comme dans les autres secteurs, il faut une volonté politique réelle pour appuyer les actions des techniciens qui bénéficient pour la plupart de l'appui du Bureau International du Travail.

 

4.1 La réforme du Code du travail et des Conventions collectives.

Problèmes

    1. Le Code du travail actuellement en vigueur n'a pas été révisé depuis 1961 ;
    2. La plupart des conventions collectives ne correspondent plus au contexte actuel ;
    3. Les efforts des techniciens pour améliorer la situation ne sont pas relayés par l'administration ;
    4. La non-application des décisions issues des concertations avec les partenaires sociaux ;
    5. Le manque d'une politique cohérente en matière de l'emploi et de la formation professionnelle ;
    6. Le déséquilibre important et croissant entre l'offre et la demande ;
    7. Le SMIG et le SMAG ne sont pas respectés par certains employeurs ;
    8. Les inspecteurs de travail ne font pas leur travail comme il se doit.
    9.  

      Recommandations

      A court terme

      1-Mettre en place une commission technique pour définir une politique cohérente de l'emploi ;

      2-Mettre en place une commission tripartite pour réviser le code du travail ;

      3-Organiser le séminaire de validation de l'avant projet du Code du travail ;

      4-Instaurer un programme permanent de dialogue social entre les travailleurs et les employeurs ;

      A moyen terme

      1. Mettre en place le fonds national de l'emploi ;
      2. Donner aux inspecteurs du travail les moyens de faire le travail.

       

      4.2 Le statut général de la fonction publique

      Problèmes

    10. Existence de lacunes dans le statut général de la fonction publique centrafricaine  ;
    11. Les hiérarchies ne sont pas régulières dans certains services ( Ex : la douane) ;
    12. Les Policiers, les forestiers et les Sapeurs Pompiers sont régis par le statut général de la fonction publique alors que les spécificités de leur fonction n'ont pas été prises en compte par ledit statut ;
    13. Le statut particulier des enseignants du supérieur a été supprimé ce qui a abouti à la situation grotesque de leur avancement par décret ;
    14. Absence de textes sur le statut du personnel para-médical qui enseigne à la faculté des sciences de la santé ;
    15. Manque de garantie pour certaines catégories de fonctionnaires (Par exemple : les paramédicaux et les agents de surface qui sont en contact permanent avec les malades, n'ont pas d'indemnité de risque) ;
    16. Inéquité dans l'octroi des indemnités ;
    17. Politisation des syndicats ;
    18. Récurrence des grèves des enseignants ;
    19. Deux ministres plénipotentiaires seulement pour toute la RCA ;
    20. Nomination des non-professionnels aux fonctions de Préfet, Sous-préfet et Secrétaires généraux des préfectures ;
    21. Absence de garantie et de stabilité professionnelle des secrétaires généraux et comptables des communes qui ne sont pas toujours désignés pour compétence.
    22.  

      Recommandations

      A court terme

    23. Réviser le statut général de la fonction publique pour l'adapter aux réalités actuelles ;
    24. Tenir une concertation entre le gouvernement et ses partenaires sociaux pour aboutir à une trêve syndicale durant la période de transition ;
    25. Instituer la désignation par consensus  un médiateur national entre le syndicat et le gouvernement;
    26. Tenir compte du plan de carrière dans la nomination des fonctionnaires aux postes de responsabilité et/ou politiques ;
    27. Redéfinir les critères de nomination au titre de ministre plénipotentiaire ;
    28. Accorder un statut particulier aux Policiers, Policiers municipaux, Forestiers et Sapeurs Pompiers ;
    29. Accorder immédiatement aux paramédicaux et agents de surface les indemnités de risque ;
    30. Rétablir le statut particulier des enseignants du supérieur ;
    31. Adopter et mettre en application la loi portant statut du corps préfectoral et sous-préfectoral ;
    32. Créer un corps des préfets (préfets, sous-préfets, secrétaires généraux) ;
    33. Mettre en place la fonction publique territoriale.
    34. A moyen terme

    35. Prendre les dispositions nécessaires pour éviter la politisation des syndicats ;
    36. Définir le statut du personnel paramédical qui enseigne à la faculté des sciences de la santé ;
    37. Rendre opérationnelles les structures de dialogue social ( Etat - Patronat - Travailleurs -Fonctionnaires);
    38. Corriger l'inéquité dans l'octroi des indemnités aux fonctionnaires.
    39.  

      A long terme

      Mettre en place un observatoire pour veiller sur l'application du statut général de la fonction publique.

       

      5. Indemnisation des victimes des violences militaro-politiques

      De l'indépendance à nos jours, la Centrafrique a connu beaucoup de troubles militaro-politiques qui ont fait des victimes aussi nombreuses et que variées. Rares sont celles qui ont été indemnisées.

      L'audition de l'association des victimes des mutineries et de la commission nationale d'évaluation et de réparation des dommages des victimes des mutineries, a permis à la commission de mieux cerner la question.

      Il est à noter que la commission nationale d'évaluation et de réparation des dommages des victimes de mutineries a qui était alloué un budget de 83.000.000 FCFA, mais qui n'a reçu que 20.000.000 FCFA jusqu'à présent, a fait un travail d'expertise assez appréciable (examen des plaintes sur les dommages : dégâts corporels, bâtiments, autres biens). Cependant la moralité de cette commission est mise en cause par les autres victimes des mutineries qui estiment qu'elle a mal géré les fonds alloués.

      Recommandations

      A court terme

    40. Porter assistance à la population dans les zones des conflits récents ;
    41. Considérer les patriotes comme des anciens combattants ;
    42. Octroyer une bourse à ceux qui, pendant leur refuge, se sont inscrits dans des filières qui n'existent pas en RCA (pour l'année à venir);
    43. Mettre en place une commission nationale pour évaluer la situation des victimes notamment :
    1. Que le gouvernement intervienne auprès des institutions bancaires pour surseoir toute poursuite judiciaire des opérateurs économiques victimes de ces violences ;
    2. Faire l'audit de la commission nationale d'évaluation et de réparation des dommages des victimes des mutineries et la fondre dans la nouvelle commission qui se chargera de toutes les victimes des violences militaro-politiques ;

A moyen terme

A long terme

6. La protection et la prévoyance sociales.

6.1 Volet social

Le diagnostic du secteur démontre que beaucoup d'actions ont été réalisées sur le plan technique mais c'est le manque de volonté politique pour la mise en application des dispositions techniques qui bloque la situation. On peut observer les problèmes suivants :

 

    1. L'absence d'une politique réelle de protection et de prévoyance sociale en dehors des pensions et des accidents de travail ;
    2. L'absence d'une politique de l'enfance ;
    3. La méconnaissance du code de la famille par beaucoup de Centrafricains ;
    4. Le non-respect du calendrier de paiement des pensions des retraités  ;
    5. Le paiement trimestriel des pensions ne repose sur aucune logique ;
    6. La réduction arbitraire de la pension après la mort du retraité et paiement d'impôts sur les pensions ;
    7. La non-intégration dans la fonction publique des Agents de Développement Communautaire qui sont pourtant indispensables dans le processus d'un développement durable ;
    8. L'insuffisance du système de solidarité nationale ;
    9. Le développement de la mentalité de l'état providence chez un grand nombre de Centrafricains ;
    10. Beaucoup de Centrafricains n'ont pas d'actes de naissance ( surtout dans les zones qui ont connu les conflits ) ;
    11. Conditions contraignantes de délivrance de la carte nationale d'identité ;
    12. Les anciens ministres n'ont aucune allocation après leur fonction ;
    13. Le programme de départ volontaire assisté des agents de l'état à créer beaucoup de cas sociaux  en ce qui concerne le non-paiement ;
    14. Les Centrafricains Albinos subissent l'exclusion et beaucoup de préjugés négatifs ;
    15. Les chefs de villages ne reçoivent plus leurs indemnités et ont perdu l'autorité sur leur sujets à cause de la suppression de l'impôt de capitation ;
    16. L'état ne déclare pas les agents décisionnaires à l'OCSS et ne verse pas leurs cotisations retenues à la source à l'OCSS. Une fois retraités, ceux-ci ne peuvent percevoir leur retraite à l'OCSS comme ils l'escomptaient ;
    17. La plupart des commerçants et entrepreneurs du Moyen-Orient ne déclarent pas leurs employés à l'OCSS ;
    18. Beaucoup de Centrafricains tombent dans l'indigence ;
    19. Beaucoup de commerçants centrafricains surtout les " Buba ngêrë " n'ont aucune couverture sociale ;
    20. Recommandations

      Recommandations fortes

    21. Veiller à ce que tous les programmes de développement prennent en compte la dimension sociale dans leur conception et exécution ;
    22. Redynamiser le système de gestion du fonds de solidarité nationale ;
    23. Prendre en urgence des dispositions pour faciliter la délivrance des documents officiels (acte de naissance et carte nationale d'identité) à chaque citoyen centrafricain, en commençant par ceux des zones sinistrées ;
    24. Actionner l'inspection du travail à contraindre les " Libanais " et autres opérateurs économiques à déclarer leurs personnels à l'OCSS ;
    25. Prendre des mesures pour l'application de la loi N° 00.007 du 20 décembre 2000 (conformément au décret d'application portant le N° 02 205 du 6 août 2001), portant statut, protection et promotion des personnes handicapées en Centrafrique par le gouvernement, les collectivités locales et des organismes en faveur des handicapés.
    26.  

      A court terme

    27. Prendre des mesures pour la mise en œuvre effective des différents actes de protection et de prévoyance sociales soumis par le département des affaires sociales, notamment :
      1. Mettre en place un organe de coordination et de suivi des activités du Dialogue National et des comités régionaux chargés de veiller à la protection des personnes handicapées
      2. Promulguer une loi pour la protection et la promotion des Albinos en Centrafrique ;
      3. Créer une caisse autonome de dépôt et consignation pour gérer les pensions des fonctionnaires et agents de l'état ;
      4. Maintenir le montant des pensions après la mort des pensionnés, les payer mensuellement et les exempter des impôts ;
      5. Indexer les pensions au coût de la vie ;
      6. Rendre effective l'autonomie de l'Office centrafricain de Sécurité Sociale ;
      7. Que l'état déclare et verse la cotisation de tous les agents décisionnaires à l'OCSS ;
      8. Octroyer une allocation de prise et de fin de fonction aux ministres ( sans effet rétroactif) ;
      9. Créer des centres d'état civil secondaire dans les zones affectées par les conflits afin de reconstruire les registres d'état civil à la population en prélude des prochaines élections ;
      10. Décentraliser l'établissement des actes de naissance dans les mairies d'arrondissements ;
      11. Prendre les dispositions pour que dans les villages éloignés, les naissances soient déclarées aux chefs de villages et qu'ils se chargent de les acheminer à la municipalité qui doit délivrer les actes de naissance  ;
      12. Mettre en place un mécanisme pour la prise en charge des cas sociaux, des diplômés sans emploi et des chômeurs en ce qui concerne la scolarisation et frais médicaux de leurs enfants ;
      13. Prendre en charge les frais médicaux des personnes du troisième âge ;
      14. Prendre en charge les frais scolaires et universitaires des élèves et étudiants handicapés et des enfants des handicapés démunis ;
      15. Restaurer l'impôt de capitation pour rétablir la culture civique et faire face à l'indemnisation des chefs de villages et quartiers.
      16. A moyen terme

        Prendre les dispositions suivantes pour améliorer la protection et la prévoyance sociales :

      17. Créer au sein de l'OCSS un régime d'assurance pour couvrir le risque de perte d'emploi temporaire des agents de l'état et des travailleurs du secteur privé ;
      18. Former et intégrer un grand nombre d'agents de Développement Communautaire ;
      19. Redynamiser l'activité des assistantes sociales et les réaffecter auprès des écoles et des municipalités ;
      20. Créer une mutuelle pour les travailleurs du secteur agricole et rural ;
      21. Augmenter la tranche d'antenne du magazine des affaires sociales ;
      22. Développer une collaboration avec les Artistes pour l'éveil populaire ;
      23. Relancer la stratégie de développement communautaire à la base ;
      24. Renforcer les activités des Comités Villageois de Développement Intégré ;
      25. Lancer une campagne de sensibilisation pour amener les petits opérateurs économiques (" Buba ngêrë ") à souscrire à une assurance sociale et à payer leur cotisation ;
      26. Organiser un séminaire sur la définition des critères d'indigences ;
      27. Prendre en charge les indigents sur le plan de la santé et de la scolarisation ;
      28. Redynamiser les comités d'arrondissements et préfectoraux de solidarité nationale.
      29.  

        A long terme

      30. Créer un pensionnat pour les personnes du troisième âge ;

 

 

6.2 LA SANTE

Le concept de santé et de développement a mis en exergue, la place de choix qu'occupe le secteur de la santé dans les plans de développement économique et social de la République Centrafricaine. La mauvaise santé d'une population est l'une des causes de pauvreté. Ayant pris conscience de l'importance de la santé comme l'un des leviers pour la réduction de la pauvreté et la promotion de la croissance, le gouvernement a retenu ce secteur parmi les priorités relevant du Cadre Stratégique du développement de notre pays.

L'organisation et le fonctionnement du système de santé en République Centrafricaine suit la division administrative du pays. Elle est de type pyramidal et comprend trois niveaux :

Dans le cadre de la politique de décentralisation et de régionalisation, le pays est subdivisé en sept régions sanitaires. Cette organisation fonctionne selon un mode partiellement décentralisé, basé essentiellement sur la stratégie des Soins de Santé Primaires (SSP) avec la mise en place des organes de concertation, l'utilisation des Médicaments Essentiels Génériques, l'autonomie partielle de gestion accordée aux formations sanitaires. Cependant, ce processus de décentralisation est lent et insuffisant, surtout en ce qui concerne la gestion des ressources.

La médecine traditionnelle demeure encore un grand recours en matière de santé pour la majorité des centrafricains, surtout en zone rurale. Cependant ce domaine n'est pas structuré, ni réglementé, ce qui conduit de nos jours à une floraison de cabinets de tradipraticiens dont l'efficacité laisse à désirer . Un suivi s'impose afin de faire la part de leur contribution positive dans le rétablissement de l'état de santé de la population.

 

6.2.1 Infrastructures et équipement

La RCA dispose de 472 formations sanitaires dont 86 privées et 386 publiques. La couverture géographique du pays en infrastructures de soins est donc faible. La plupart des infrastructures publiques datant de la période coloniale, sont vétustes et mal équipées. L'accessibilité géographique aux services de santé est limitée et inégale : 98% de la population en l'an 2000 accède à une formation sanitaire dans un rayon de 5Km en milieu urbain contre 47% en milieu rural. Avec le pillage et la destruction des biens meubles et immeubles qu'a connus l'arrière pays il faut s'attendre à une dégradation de la situation sanitaire. La RCA ne dispose pas à l'heure actuelle d'un plan directeur de développement des infrastructures sanitaires.

 

6.2.2 Ressources du secteur de la santé

      1. Ressources humaines

Les ressources humaines du secteur de la santé comprennent :

Cet effectif du personnel, en ce qui concerne le secteur public et toutes catégories confondues est passé de 2651 en 1994 à 2997 en 1999, ce qui démontre une insuffisance quantitative et qualitative en personnel de santé car le besoin minimal pour un fonctionnement adéquat était chiffré à 4200 agents de santé pour la mise en œuvre du Plan National Développement Sanitaire (PNDS) 1994-1998.

Outre son caractère insuffisant en quantité et en qualité, cet effectif est mal réparti sur l'étendue du territoire national. Il existe un grand déséquilibre entre Bangui où les normes recommandées par l'OMS sont dépassées et le reste des régions.

Le cas frappant est celui des sages-femmes où plus de 90% de celles-ci sont à Bangui, alors que la politique sanitaire de notre pays met un accent sur la santé du couple mère-enfant ; le rôle de la sage-femme est très important pour l'atteinte de cet objectif. Le MSPP a tenté plusieurs fois sans succès de redéployer les sages-femmes à l'intérieur du pays.

Le tableau qui suit présente les ratios de certaines catégories professionnelles comparés aux normes recommandées par l'OMS.

 

Personnel santé

Normes OMS

RCA

BANGUI

Reste du pays

 

Médecins

1/20 000

1/21 342

1/7 182

1/93 066

Techniciens sup. de santé

1/15 000

1/28 818

1/10 324

1/31 002

Sages-femmes et Infirmiers Accoucheurs

1/10 000

1/16 199

1/5 847

1/35 051

Infirmiers Diplômés d'Etat

1/10 000

1/12 000

1/2 152

1/6 010

L'insuffisance quantitative et qualitative en personnel de santé a pour conséquence l'utilisation des agents non qualifiés, ce qui affecte le fonctionnement des formations sanitaires et la qualité des services. Le vieillissement du personnel avec une forte proportion d'agents de santé âgés de plus de 45 ans, constitue un autre aspect qui va d'ici peu compliquer le problème crucial de ressources humaines. Il faut ajouter la démotivation du personnel de santé causée, entre autres, par l'irrégularité du paiement des salaires, l'absence ou la suppression des primes avec comme conséquences l'irrégularité de certains Médecins dans les hôpitaux au profit de leur clinique privée et le phénomène de corruption qui est d'ailleurs un problème national.

Il faut enfin souligner l'existence de la loi N° 89. 003 fixant les principes généraux relatifs à la santé publique qui discrimine les pharmaciens en ce qui concerne le cumul de l'exercice de leur métier dans le public et dans le privé. La conséquence de l'application de cette loi est que la plupart du peu de pharmaciens disponibles ont opté pour le privé et du coup le service public n'a que, pour tout le pays, sept Pharmaciens tous à Bangui. En principe en plus de ceux au niveau de l'administration centrale, le pays devrait avoir au moins un pharmacien par Direction Régionale de santé pour les missions d'encadrement et d'inspection dans le domaine du médicament. On note par ailleurs qu'il n'y a pas de politique de formation des pharmaciens dont le pays a besoin.

b) Ressources financières

Le financement du secteur sanitaire provient de trois sources : le budget de l'Etat, les recettes propres des formations sanitaires (recouvrement partiel des coûts) et l'aide extérieure constituée de prêts ou de dons octroyés par la coopération multilatérale et bilatérale et les ONG. L'analyse des données disponibles montre que les dépenses prévisionnelles totales de santé y compris le financement extérieur évoluent en dent de scie depuis une dizaine d'années : 5,3% du budget de l'Etat en 1993, 10,5% en 1996 et 9,1% en 2003. On note une inégale répartition dans l'allocation des crédits sur les dépenses propres de l'Etat : 20% pour les prévisions des dépenses d'équipement contre 80% pour les dépenses de fonctionnement dont les salaires. Le niveau de décaissement des fonds du budget de l'Etat pour le fonctionnement des services de santé est très faible.

Le financement de l'investissement dans le secteur de la santé est fortement tributaire de l'aide extérieure pour plus de 84%.

La répartition des ressources selon le niveau montre que plus de la moitié des ressources restent concentrées à Bangui où vivent seulement 15% de la population du pays.

La participation communautaire est l'arrangement institutionnel avec les communautés en vue d'améliorer la disponibilité en Médicaments Essentiels Génériques et la qualité des soins. Bien que le niveau de ce financement soit mal connu, la population contribue pour sa santé en payant les services de santé qui lui sont proposés dans le cadre de l'initiative de Bamako. Malheureusement, ces fonds communautaires sont détournés par certains membres des Conseils et Comités de Gestion (COGES) et certains agents de santé. En plus, les récents conflits ont mis en mal ce système dans les régions administratives N° 3 et 4, considérées comme des régions expérimentées en la matière.

En définitif, les dépenses de santé restent insuffisantes. Elles sont estimées en 2003 à 7 $ US par habitant, alors qu'il faudrait quatre fois ce montant pour assurer des soins de santé de base à l'ensemble de la population.

6.2.3 Aperçu sur l'état de santé de la population

L'analyse des données fournit quelques indices qui permettent d'apprécier la situation épidémiologique en République Centrafricaine.

Les maladies infectieuses et parasitaires sont responsables en grande partie de l'état morbide de la population. Ces pathologies sont essentiellement dominées par le paludisme, les infections respiratoires aiguës, les diarrhées, les méningites. La malnutrition est aussi un problème de plus en plus préoccupant. A cela, vient s'ajouter la grande et meurtrière pandémie du VIH/SIDA (voir chapitre VIH/SIDA).

La mortalité générale demeure encore très élevée en RCA. La mortalité infantile et maternelle (948 pour 100 000 naissances vivantes) en République Centrafricaine est l'une des plus élevée au monde. En plus de cette situation suffisamment préoccupante, la population centrafricaine est confrontée à d'autres maladies évitables par la vaccination telles que la tuberculose, le tétanos, la poliomyélite, la rougeole, les maladies endémiques (la lèpre, la trypanosomiase, l'onchocercose) et des maladies potentiellement épidémiques (le choléra, les diarrhées rouges, les méningites à méningocoque).

Par ailleurs, la RCA a géré pendant ces cinq dernières années les conséquences humanitaires des conflits armés internes et des pays voisins (RDC et Congo Brazzaville). Il y a eu des mouvements massifs de populations à l'intérieur estimée à environ 200 à 300 000 personnes déplacées et/ou réfugiées.

 

6.2.4 Problèmes de santé

Problèmes liés à l'instabilité sociale et politique

Problèmes liés à l'organisation des services de santé

Problèmes liés au fonctionnement : qualité des soins

Problèmes liés à la situation épidémiologique

 

Recommandations

Recommandations fortes

A court terme

 

A moyen terme

A long terme

 

6.3 Habitat

La République centrafricaine, à l'instar des autres pays du tiers monde en général et d'Afrique en particulier, est confrontée à de nombreuses difficultés dans le domaine de l'habitat. Avec une population estimée aujourd'hui à 3.800.000 habitants et un taux de croissance de 2,7%, le pays n'est pas à l'abri des problèmes inhérents à ce secteur sensible d'habitat.

Depuis les années d'indépendance, l'Etat n'a jamais fait asseoir une véritable politique en matière d'habitat en République Centrafricaine. De nos jours, on observe que :

 

Recommandations

Recommandations fortes

      1. Prendre des dispositions légales pour que les bâtiments administratifs ne soient plus vendus ;
      2.  Réviser le code de l'habitat.
      3.  

        A court terme

      4. Doter les services de cadastres et des domaines des moyens nécessaires pour l'exécution de leur travail et assurer leur sécurité ;
      5. Instaurer une véritable politique de l'habitat ;
      6. Réduire les taxes douanières sur les matériaux de construction ;
      7. Encourager les constructions avec les matériaux locaux ;
      8. Encourager les ONG impliquées dans l'habitat ;
      9. Faire l'audit du Fonds d'Aménagement et d'Equipement Urbain  (FAEU) ;
      10. Réhabiliter l'Agence des Travaux Communaux (ATRACOM) ;
      11. Impliquer les municipalités dans l'entretien des bâtiments publics.
      12.  

        A moyen terme

      13. Mettre en place des unités de production des matériaux de construction pour alléger le coût des constructions ;
      14. Elaborer un plan d'urbanisation des grandes villes ;
      15. Encourager la création des sociétés immobilières ;
      16. Faciliter l'acquisition des logements sociaux par les prêts bancaires avalisés par l'état ;
      17. Réglementer l'attribution des logements sociaux.
      18.  

        Long terme

      19. Elaborer le plan d'urbanisation globale du pays ;
      20. Prévoir des voies d'accès pour handicapés dans les édifices publics ;
      21. Construire des logements sociaux.
      22.  

        6.4 Assainissement

        Dans les années 1960 jusqu'aux années 1980, la Centrafrique était un très beau pays qui faisait l'objet de beaucoup de convoitise des étrangers . La capitale de part sa salubrité était surnommée "  Bangui la coquette ville de pari ". Force est de constater que la Centrafrique a perdu toute sa position. En parcourant les villes et quartiers du pays, on peut observer beaucoup de problèmes qui démontrent clairement qu'il n'y a pas eu d'assainissement des années durant.

        Depuis son accession à l'indépendance, la RCA n'a pu disposer d'une politique précise et cohérente en matière d'assainissement. Les actions des ONG dans le domaine n'ont pu redresser la situation. En fait la politique d'assainissement s'est exécutée de manière disparate. Les problèmes les plus fréquents sont les suivants:

      23. Manque de volonté politique pour assainir les grandes villes;
      24. Inefficacité des services concernés ;
      25. Insuffisance quantitative et qualitative en ressources humaines ;
      26. Manque d'équipements nécessaires et adéquats ;
      27. Absence d'un système cohérent de ramassage des ordures ménagères ;
      28. Développement de l'incivisme ;
      29. Bouchage des canaux d'évacuation d'eaux qui entraîne l'inondation dans plusieurs quartiers ;
      30. Construction anarchique de latrines ;
      31. Dilapidation des fonds destinés à l'assainissement ;
      32. Inhumation clandestine ;
      33. Inexistence de latrines publiques ;
      34. Inexistence d'urinoirs dans les grandes villes ;
      35. Pollution massive dans les grandes villes ;
      36. Pollution de l'environnement par les déchets industriels de l'ancienne usine UCATEX;
      37. Pollution par les déchets issus des soins de santé de l'hôpital communautaires depuis des années ;
      38. Les municipalités ne jouent pas leur rôle comme il se doit ;
      39. Dysfonctionnement des services d'hygiène et d'assainissement  ;
      40. Amoncellement des dépôts d'ordures ménagères ;
      41. Plantation de légumes dans les cimetières ;
      42. Recyclage inadéquat des emballages en plastique .
      43.  

        Recommandation

        Recommandations fortes

      44. Redynamiser les services d'hygiène et d'assainissement et les doter de moyens d'actions ;
      45. Elaborer une politique d'assainissement et de l'environnement urbain ;
      46. Réviser et relancer le plan ville santé ;
      47. Libéraliser le nettoyage des marchés et la collecte d'ordures ménagères.
      48. A court terme

      49. Réouvrir l'institut de formation des techniciens d'assainissement ;
      50. Créer une usine de traitement des ordures ménagères ;
      51. Prendre les dispositions pour déplacer l'usine UCATEX ;
      52. Prendre les dispositions pour isoler les eaux usées de l'hôpital communautaire ;
      53. Intégrer les Techniciens d'assainissement et les utiliser dans les services d'hygiène et d'assainissement ;
      54. Implanter des urinoirs et latrines publics dans les villes ;
      55. Lancer un programme d'éducation civique pour l'assainissement des villes ;
      56. Lancer un programme communautaire de curage de canaux d'évacuation d'eaux ;
      57. Développer une stratégie de recyclage des emballages en plastique, des autres ordures dans les villes ;
      58. Sanctionner ceux qui plantent les légumes dans les cimetières ;
      59. Entretenir les cimetières ;
      60. Installer des chambres froides dans les marchés pour la conservation des produits frais ;
      61. Prendre les dispositions pour exhumer les corps enterrés dans les quartiers ;
      62. Appliquer les dispositions de la loi relative aux inhumations.
      63.  

        A moyen et long terme

      64. Prendre des mesures pour dépolluer les villes ;
      65. Développer une collaboration avec les services cadastraux pour réglementer les constructions afin de faciliter les travaux d'assainissement.

 

6.5 Le VIH/SIDA

Depuis la découverte des premiers cas de SIDA en 1984 en République Centrafricaine, l'ampleur de la maladie n'a cessé de croître en dépit des actions menées dans le cadre des différents programmes. Les premières enquêtes de séroprévalence effectuées à partir d'un échantillon de la population de Bangui par l'Institut Pasteur de Bangui et l'OCEAC de 1984 à 1988 avaient mis en évidence un dédoublement annuel du taux de prévalence de l'infection à VIH dans la population générale ( 15 à 45 ans) : 2,6% en 1984, 4,6% en 1986, 7,8% en 1987.

En décembre 1999, selon le rapport sur la situation mondiale de l'épidémie publié par l'ONUSIDA, la RCA est le dixième pays le plus touché au monde avec un taux de séroprévalence nationale de 13,84%. Selon ce même rapport, le nombre de personnes infectées par le virus était estimé à plus de 240.000, le nombre de cas cumulés de SIDA dépassent 30.000, le nombre de décès est au-delà de 23.000 et au moins 99.000 orphelins du SIDA sont recensés.

De janvier à octobre 2001, le taux de prévalence de l'infection à VIH chez les donneurs de sang à Bangui était de 11,7%.

En l'an 2002, une étude a été réalisée sur les femmes enceintes pour l'évolution de l'épidémie sur toute l'étendue du territoire. Les résultats de cette enquête sont les suivants : sur 9.305 femmes enceintes testées pour le VIH, 1.321 (14,2%) ont une sérologie positive.

Tableau I : Répartition des femmes enceintes dépistées VIH+ par tranches d'âge

Classes d'âge (an)

Nombre de femmes

Enceintes VIH+

Pourcentage (%)

< 15

20

1,5

15 - 19

349

26,7

20 - 24

380

29,1

25 - 29

286

21,9

30 - 34

156

11,9

35 - 39

87

6,7

40 - 44

24

1,8

45 - 49

4

0,3

TOTAL

1 306

100,0

Source : Rapport cartographie de l'infection à VIH en République Centrafricaine, en 2002.

Le tableau ci-dessus montre clairement que :

Le tableau ci-dessous présente la situation de la séroprévalence à VIH dans toutes les préfectures de notre pays.

Tableau II : Séroprévalence du VIH chez les femmes enceintes et les femmes en population générale, par préfecture et formation sanitaire en RCA, novembre 2001-octobre 2002.

 

 

Préfectures

 

Formations sanitaires

Prévalence chez les

femmes enceintes

Prévalence chez les

femmes en population générale

 

 

 

 

 

Bangui

B1/CSSU

16,0%

17,4%

B2/CSU Lakouanga

18,0%

19,3%

B3/CSU Castors

16,0%

14,6%

B3/CSU M. Mbaïki

16,0%

16,9%

B4/CSU Boy-Rabe

14,0%

15,9%

B5/CSU Malimaka

15,0%

16,6%

B6/CSU Pétévo

7,0%

7,7%

B7/CSU Ouango Bang

13,0%

13,5%

B8/CSU Gobongo

21,0%

23,4%

CSU Bimbo

9,0%

11,5%

CSU Bégoua

9,0%

10,8%

 

Bamingui-Bangoran Hôpital de Ndélé

18,0%

25,0%

CS Bamingui

27,0%

39,3%

 

Basse Kotto Hôpital Mobaye

10,0%

14,6%

CS Kembé

14,0%

21,0%

CS Alindao + Elim

18,0%

24,7%

Haut Mbomou CS Zémio

21,0%

29,4%

CS Mboki

11,0%

17,0%

Haute Kotto Hôpital de Bria

19,0%

26,6%

Kémo Hôpital de Sibut

10,0%

14,8%

CS Dékoa

7,0%

10,2%

Lobaye Hôpital de Mbaïki

11,0%

16,8%

CS Bossongo

11,0%

17,7%

CS Boda

9,0%

13,7%

Mambéré Kadéi Hôpital de Berbérati

17 0%

24,4%

Hôpital de Carnot

22,0%

34,8%

CS Gamboula

4,0%

5,0%

Mbomou Hôpital de Bangassou

9,0%

12,9%

CS Rafaï

10,0%

14,6%

Nana-Grébizi Hôpital Kaga-Bandoro

15,0%

21,9%

CS Mbrés

15,0%

20,2%

Nana-Mambéré Hôpital de Bouar

20,0%

28,6%

CS Niem

11,0%

15,1%

CS Baboua (Front. Ca)

11,0%

14,4%

Ombella-Mpoko CS Bossembélé

9,0%

11,9%

Ouaka Hôpital de Bambari

18,0%

26,0%

Hôpital Ippy

16,0%

23,0%

CS Kouango

7,0%

10,2%

Ouham Hôpital de Bossangoa

20,0%

28,6%

CS Batangafo

15,0%

21,7%

  CS Kabo (Front Tchad)

18,0%

24,1%

Ouham-Pendé Hôpital de Bozoum

9,0%

13,0%

CS Paoua

17,0%

24,2%

  CS Ngaoundaye

22,0%

30,9%

Sangha-Mbaéré Hôpital de Nola

11,0%

15,8%

CS Bayanga (Front Co)

13,0%

18,0%

Vakaga Hôpital de Birao

15,0%

20,8%

CS Amdafok

28,0%

40,2%

Source : Rapport cartographie de l'infection à VIH en République Centrafricaine, décembre 2002.

Cette étude a mis en évidence l'ampleur de l'épidémie de l'infection à VIH sur toute l'étendue du territoire centrafricain, les zones rurales n'étant pas épargnées. La séroprévalence va de 7% à 21% à Bangui et de 4% à 28% dans les provinces. L'arrière pays est autant sinon plus gravement touché que Bangui.

Sur le plan de son impact, l'infection à VIH revêt un caractère multidimensionnel avec des répercussions sur tous les secteurs notamment les secteurs clés que sont:

Ces informations montrent à suffisance l'ampleur de cette épidémie dans le pays et dont les autorités politiques en ont fait un véritable problème de survie de la population.

Afin d'y apporter une réponse efficace, des actions ont été entreprises tant par le Gouvernement, les partenaires au développement que les acteurs de terrain à travers l'action de coordination du Comité National de Lutte contre le SIDA.

Dans le domaine du renforcement institutionnel, il a été créé le 26 Janvier 2001 un Comité National de Lutte contre le SIDA (CNLS), désormais placé sous la présidence du Président de la République, Chef de l'Etat.

Ce Comité est chargé de définir les grandes orientations y compris les approches multisectorielles de la lutte contre le VIH/SIDA, de définir le cadre légal et éthique de la lutte contre le VIH/SIDA. Il a la mission aussi de coordonner toutes les initiatives nationales en matière de lutte, de veiller à la mise en place des mécanismes efficaces de suivi-évaluation des programmes. Il est chargé d'assurer la mobilisation des ressources humaines, matérielles et financières nécessaires au développement de la lutte tant au niveau national qu'international. Il assure également le plaidoyer et contribue au renforcement du partenariat avec les Organisations Non Gouvernementales (ONG), les organisations à assise communautaire et le secteur privé de lutte. Enfin, il est chargé de promouvoir une bonne prise en charge psycho-sociale et médicale des personnes infectées et/ou affectées par le VIH/SIDA.

Le Secrétariat Technique du CNLS (ST/CNLS) est la structure de coordination, de suivi et d'évaluation des différents programmes de lutte contre le VIH/SIDA . A ce titre, il centralise les programmes et les projets présentés par les structures de base, il prépare les assises du CNLS.

Les Structures de Base sont constituées de toutes les institutions nationales, les organisations de la société civiles et du secteur privé oeuvrant dans la lutte contre le VIH/SIDA. Elles comprennent également les structures décentralisées que sont les comités préfectoraux de lutte contre le VIH/SIDA (CPLS) et le Comité de Lutte contre le VIH/SIDA de la ville de Bangui (CBLS), tous appuyés par des Equipes Techniques Préfectorales (ETP), qui sont des structures d'exécution. Ces structures ont été créées par l'arrêté n° 02. 042 du 26 décembre 2002.

Les structures de base sont les partenaires privilégiés du CNLS au niveau décentralisé, qui élaborent des programmes et des plans d'action pour la lutte et qui les exécutent seuls ou avec l'appui du Comité National. Les communautés villageoises représentent aussi une grosse partie des bénéficiaires et doivent s'engager sans réserve dans la lutte contre le VIH/SIDA.

Depuis l'installation de son Secrétariat Technique, le CNLS a réalisé de nombreuses activités dont les plus importantes sont les suivantes :

Devant le plaidoyer activement mené par le CNLS, tous les partenaires au développement s'accordent à reconnaître que le SIDA apparaît comme une catastrophe nationale et jugent de la nécessité d'aider le pays à sortir de cette situation, malheureusement les troubles militaro-politiques qu'a connus le pays limite les contributions extérieures et constitue un handicap majeur.

Problèmes liés à l'organisation de la lutte contre le VIH/SIDA

Recommandations

Recommandations fortes

A court terme

 

7-Etat des lieux de la culture, sa promotion et la prise en compte de la dimension culturelle dans le processus de développement

Situation de la culture en Centrafrique :

La multiplicité des ethnies composant la République Centrafricaine et la diversité des traditions constituent une immense richesse à travers la musique, les chants et danses traditionnelles, les contes et fables, les sculptures et masques, les modes de coiffure et d'habillement, la littérature orale, l'architecture, l'art culinaire. Ce patrimoine matériel et immatériel est une source intarissable par laquelle le peuple exprime sa joie, ses peines, ses sentiments intimes et génère des revenus pour son développement. La culture n'est pas figée, mais dynamique. Elle crée, se développe, s'enrichit par des apports exogènes dans l'espace et dans le temps, se transmet dans son berceau et s'expatrie.

 

7.1 Problèmes fondamentaux de la culture

Depuis son indépendance, alors que les autres nations recommandaient lors des conférences et des séminaires, des plans de développement liés à la culture nationale de leur pays, les dirigeants politiques et administratifs Centrafricains ont toujours considéré la culture comme un secteur mineur, non rentable, et la prennent pour une simple activité d'amusement des jeunes et pour distraire les vieux, louer les notables et la classe dirigeante.

Cependant la dimension culturelle pour le développement existe dans ses trois principaux aspects qui sont :

D'une manière générale, la culture possède des aspects transversaux nécessaires dans tous les plans sectoriels de développement, notamment dans le domaine de l'éducation nationale, de la santé, du civisme professionnel et de la visibilité extérieure du pays.

Depuis l'indépendance, les artistes et opérateurs culturels ont toujours eu la vie difficile. Ils sont souvent réduits au rôle de griots ou d'amuseurs publics. Les montants des cachets qu'ils sont contraints d'accepter diminuent de jour en jour, détruisant en eux toute volonté de créativité. Démunis et découragés, nombreux sont les artistes qui se sont exilés ou qui ont disparu des scènes publiques pour s'éteindre dans l'anonymat, avec pour ultime mépris, l'indifférence des autorités nationales.

Le ballottage constant du département de la culture et son incapacité à capitaliser les moindres opportunités qu'offrent l'Etat et les nombreux organismes internationaux d'appui aux activités culturelles bloquent l'évolution de la culture. Ainsi persiste un climat de tension permanente entre les pratiquants non étatiques de la culture et les agents du département à charge des arts et de la culture.

Tout cette situation a conduit aux grands maux suivants :

      1. Absence d'une politique culturelle nationale ;
      2. Inexistence de tout programme national de développement culturel à court, moyen ou long terme ;
      3. Non valorisation d'œuvres d'Artistes Centrafricains par rapport à celles importées ;
      4. Non considération des Artistes dont les rôles ne devraient être que celui des griots d'autrefois ou de simples témoins et spectateurs de la vie nationale ;
      5. Manque d'outils de protection des œuvres de l'esprit malgré l'existence fictive du bureau centrafricain du droit d'auteur ( BUCADA) devenu inopérant ;
      6. Manque d'appui pour la création des structures de production ( l'édition, la promotion et la diffusion des œuvres d'Artistes Centrafricains) ;
      7. Développement officialisé de la piraterie des œuvres artistiques avec la complaisance des médias nationaux ( La radio Centrafrique est le lieu par excellence de la piraterie) ;
      8. Insuffisance d'émissions culturelles et artistiques pouvant favoriser ou promouvoir les artistes centrafricains ;
      9. Baisse constante des revenus des activités artistiques et culturelles due aux crises économiques successives ;
      10. Exploitation et banalisation des artistes par les usagers privés et certains organes étatiques ;
      11. Absence d'une chartre culturelle (toutefois ce document élaboré par une commission se trouve dans le bureau de l'ancienne Assemblée nationale en attente d'adoption) ;
      12. Absence d'une réelle volonté d'accompagnement par le département de tutelle des actions culturelles initiées par les artistes et opérateurs culturels non étatiques ;
      13. Préférence accordée aux produits culturels étrangers, cautionnée par les média privés et d'état, donnant l'impression que ne peut être beau que ce qui vient de l'extérieur  (cas de la musique) ;
      14. Manque de lieux culturels nationaux ;
      15. Mauvaise conception de la notion de culture ;
      16. Perte de la fierté culturelle centrafricaine caractérisée par des faits comme la dépigmentation, le refus de parler Sängö, etc. ;
      17. Rareté de manifestations culturelles dans le pays ;
      18. Prolifération des ciné - vidéos qui projètent souvent des films interdits ;
      19. Influence négative des agents de socialisation (artistes et communicateurs) sur la population ;
      20. Rupture entre une grande majorité de Centrafricains et la culture ancestrale.
      21.  

        Recommandations :

        Recommandations fortes

      22. Accélérer les travaux de la commission d'experts chargée de faire l'état des lieux de la culture et préparer la tenue des Etats Généraux de la Culture afin de :
      1. Interdire les ciné-vidéos sur toute l'étendue du territoire ;
      2. Impliquer dans le processus de consolidation d'une paix durable et dans les projets sectoriels de développement social et économique de la RCA la dimension culturelle ;
      3. Mettre en place une commission chargée d'évaluer et de faire dédommager les artistes pour l'exploitation de leurs œuvres au niveau des stations ;
      4. Imposer des folios à toutes les stations qui diffusent les œuvres de l'esprit sous peine de poursuite ;
      5. Mettre en place le Haut Conseil des Arts et de la Culture ;
      6. Mettre en place une commission d'audition des produits culturels à diffuser sur les ondes ;
      7. Développer et vulgariser de nouvelles formes de parcours initiatique pour inculquer aux enfants et aux jeunes les valeurs traditionnelles positives ;
      8. Créer une école de danse traditionnelle ;
      9. Institutionnaliser le festival de danse traditionnelle organisé par le CIOOFF.
      10.  

        A court terme

              1. Que l'ordonnateur du FED (Ministre du Plan et de la Coopération Internationale) inscrive la culture dans le Programme Indicatif National (PIN) et dans le Programme Indicatif Régional (PIR) afin de permettre au secteur culturel de bénéficier des mécanismes d'appui financiers qui en découlent, tels que le Programme de Soutien aux Initiatives Culturels (PSIC), le Programme d'Appui aux Manifestations Culturelles en Europe (PAMCE) et l'appui à la production cinématographique ;
              2. Signer un protocole d'accord avec l'UNESCO et développer la coopération avec les autres organisations internationales et régionales pour mettre en œuvre les programmes culturels liés au développement ;
              3. Mettre en application la Déclaration de Dakar et son Plan d'Action sur la promotion des cultures et des industries culturelles adoptés en juin 2003 lors de la Première Réunion des Ministres de la Culture des Pays A.C.P. ;
              4. Mettre en place en urgence une commission pour évaluer la situation du parc Manovo -Gounda devenu patrimoine mondiale de l'UNESCO en péril et recenser les autres sites susceptibles d'être classés patrimoines mondiaux ;
              5. Doter les arts et la culture d'un département ministériel permanent et lui trouver des locaux appropriés à son fonctionnement ;
              6. Restructurer le département des arts et de la culture pour qu'il soit en adéquation avec les réalités culturelles nationales ;
              7. Elaborer une convention de partenariat entre les artistes, les opérateurs culturels non-étatiques avec les Institutions Nationales qui utilisent leurs compétences ;
              8. Institutionnaliser les manifestations culturelles d'envergure nationale, sous-régionale ou régionale ;
              9. Assurer une bonne visibilité des manifestations culturelles afin de soigner l'image du pays à l'extérieur ;
              10. Garantir dans les tranches d'émissions sur les médias nationaux au moins 70 % à la culture nationale ;
              11. Redynamiser les Maisons de Jeunes et d'Actions Culturelles et les Centres de Lecture sur toute l'étendue du territoire ;
              12. Créer ou instituer un ordre de mérite culturel afin d'encourager les artistes et les mécènes de la culture ;
              13. Instituer des manifestations culturelles nationales et régionales ;
              14. Construire une salle de spectacle par préfecture.

           

          A moyen terme

        1. Impliquer des personnalités artistiques, culturelles, et les Artistes réunissant les critères de compétence dans la gestion de la culture au niveau des institutions étatiques à savoir :
        2. - La Présidence de la République,

          - La Primature,

          - Le Département de la culture.

        3. Revoir la grille des frais de déplacement des artistes à l'intérieur et à l'extérieur du pays ;
        4. Renforcer l'implication de la langue Sängö dans les programmes scolaires et la rendre obligatoire pour tous les centrafricains ;
        5. Créer de l'Institut National des Arts et de la Culture pour former les artistes et les personnes ressources ;
        6. Construire une bibliothèque nationale ;
        7. Construire des bibliothèques à Bangui et dans les provinces ;
        8. Faciliter l'accès des archives nationales ;
        9. Eriger un monument à la mémoire d'Etienne GOYEMIDE.

         

        A long terme

      11. Créer un fonds autonome de développement culturel et artistique ;
      12. Eriger un palais de la culture ;
      13. Construire des centres culturels centrafricains dans toutes les grandes villes.

 

7.2 Des Peuples Autochtones et autres Minorités Ethniques marginalisés

Les peuples autochtones en Centrafrique, notamment les Pygmées et les Mbororos, sont souvent marginalisés par les populations avoisinantes de leurs zones de rayonnement. Généralement mal organisés, ils sont des victimes faciles des abus de leur voisins dans l'occupation des terres et dans les activités quotidiennes pour leur survie. Cependant il existe de nombreuses potentialités qui contrastent avec leur misère absolue.

Pourtant leur apport au développement économique de la Nation est indéniable et leur participation au rayonnement de la culture nationale diversifiée et enrichie fait de la culture centrafricaine un important vecteur de développement.

 

Recommandations :

Recommandations Fortes :

A court terme :

      1. Que le Gouvernement, en partenariat avec certaines ONG et associations sensibles aux problèmes des peuples autochtones et des minorités marginalisés, organisent des ateliers locaux afin de :
      1. Organiser un atelier national, regroupant les représentants des autochtones et autres minorités , les confessions religieuses, les ONG et les associations sensibles aux problèmes des minorités, les représentants des ministères concernés afin de réfléchir sur les thèmes suivants :

A moyen terme :

Créer une structure nationale afin d'élaborer au profit des peuples autochtones et autres minorités marginalisés un programme de :

      1. Renforcement des capacités institutionnelles et organisationnelles ;
      2. Promotion des droits fondamentaux ;
      3. Développement d'activités génératrices de revenus ;
      4. Création d'emplois et de revenus durables ;
      5. Alphabétisation et éducation des jeunes.
      6.  

        7.3 Du Civisme culturel

        La République Centrafricaine correspond à deux grandes zones culturelles distinctes : les zones urbaines et les zones rurales. Contrairement aux zones rurales où les valeurs culturelles traditionnelles demeurent presque vierges, les zones urbaines subissent une grande déperdition culturelle due notamment aux nouveaux instruments de communication et de transmission que sont les radios et télévisions qui diffusent à profusion des programmes culturels exogènes au détriment de la culture nationale.

        Cet environnement urbain crée une catégorie de centrafricains culturellement hybrides, coupés des sources culturelles traditionnelles, mais qui, malheureusement, développent une nouvelle morale avec pour conséquences :

      7. La perte de l'identité culturelle nationale ;
      8. La perte des repères tant politiques, sociaux, que spirituels ;
      9. La culture de la violence, malheureusement impunie, engendrant les destructions sans remords des biens publics et privés ;
      10. L'absence de tout sentiment d'appartenance à une même communauté ;
      11. L'ignorance de la solidarité, de l'entraide et de l'auto assistance ;
      12. La culture à tous les niveaux de l'arrogance, du mépris et du mensonge comme méthode de gestion de la Nation 
      13. La non-assistance aux personnes âgées, aux personnes vulnérables et aux handicapés ;
      14. Le non-respect à tous les niveaux des engagements pris;
      15. L'absence de dialogue entre les générations ;
      16. La fragilisation de l'unité nationale par des comportements tribalistes ou régionalistes ;
      17. La prolifération des salles de ciné vidéo.
      18.  

        Ces méfaits des zones urbaines ont été malheureusement répercutés dans les zones rurales.

        La conséquence immédiate de cette morale urbaine est la création d'une image négative du Centrafricain tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Il en découle un certain sentiment de gêne à l'étranger, car la fierté d'autrefois d'être centrafricain a disparu.

        Les préceptes d'égalité, de fraternité, de bien-être social et de tolérance ont disparu, fragilisant ainsi la paix. La peur et la crainte de l'autre, même du voisin, renforce la division.

         

        Recommandations fortes

      19. Renforcer le programme d'éducation civique et du patriotisme dans les écoles et les vulgariser par des campagnes d'IEC ;
      20. Mettre en place d'un programme de prévention des conflits à réaliser par les département des Arts et de la Culture, de la Communication, de la Défense Nationale, de l'Education Nationale, des Affaires Sociales et les associations culturelles ;
      21. Appuyer le programme de prévention des conflits par des supports pédagogiques dans les cycles scolaires (contes, légendes, arts plastiques) ;
      22. Assurer une large diffusion des réalisations du programme, par des émissions radios ou des productions théâtrales visant à faire connaître la culture des autres ;
      23. Relancer des colonies des vacances et les camps de jeunesse dans les programmes scolaires ;
      24. Rendre exécutoires les dispositions du fonds de solidarité nationale, du plan de prise en charge des personnes vulnérables et de la loi les protégeant et la politique de protection des personnes du troisième âge.
      25.  

        8- Jeunesse et Sports

        8.1 Jeunesse

        8.1.1 Les jeunes

        Tous les discours politiques déclarent qu'on ne tourne pas le dos à la jeunesse. Mais malheureusement la réalité en est autrement.

        Depuis l'indépendance, la jeunesse centrafricaine vit une crise multidimensionnelle caractérisée par la pauvreté, le chômage, l'oisiveté, la prostitution, l'analphabétisme, la drogue, les maladies, la violence...

        Les difficultés économiques, structurelles et conjoncturelles ajoutées à la désorganisation de l'Etat sont à l'origine de cette crise qui réduit considérablement les initiatives et les espoirs de toute une jeunesse, la marginalisation et la manipulation par les hommes politiques en est l'une des causes et la rende vulnérable.

        Insuffisamment formés et non impliqués dans les prises de décisions, les jeunes qui représentent plus de 64% de la population, s'organisent en réseaux, fédérations ou associations pour relever les défis du développement. La vulnérabilité de la jeunesse découle de sa manipulation par les hommes politiques conséquence de sa marginalisation.

        Toutes ces questions soulevées sont une préoccupation réelle de toute la jeunesse centrafricaine qui se résume aux problèmes suivants :

         

        Problèmes

      26. Le manque d'initiative et l'immobilisme des cadres du Ministère de la Jeunesse et des Sports. La dernière nomination aux postes de responsabilité date de 10 ans dans ce département ;
      27. L'insuffisance des maisons de jeunes, centres par excellence d'éducation, de formation et de loisir des jeunes et adultes ;
      28. Le taux élevé de prévalence du VIH/SIDA en milieu jeune ;
      29. Inexistence de points d'accès Internet public pour jeunes ;
      30. Absence totale d'une politique nationale de jeunesse ;
      31. Insuffisance d'encadreurs ;
      32. Absence de coordination entre le Ministère de la Jeunesse, le Conseiller de Jeunesse de la Primature et le Conseiller de jeunesse de la Présidence ;
      33. Insuffisance de budget alloué aux organisations de la jeunesse ;
      34. Absence d'une fête nationale de jeunesse ;
      35. Absence d'un palais de la jeunesse centrafricaine ;
      36. Absence d'un comité de suivi des états généraux de l'enfance et de la jeunesse ;
      37. Absence d'un fond d'insertion des jeunes à l'exemple des pays voisins ;
      38. Détournement des bourses de stages de formation, offertes à la jeunesse par les cadres du département ;
      39. Blocage par les cadres du département de la participation des jeunes aux séminaires et colloques organisés à l'étranger ;
      40. Non-paiement de cotisation statutaire : CONFEJES et autres organismes ;
      41. Incapacité de ministère de tutelle et du ministère de la santé à capitaliser les opportunités qu'offrent les organismes (notamment le FNUAP) ;
      42. Démotivation généralisée des jeunes ;
      43. Recrudescence du chômage, de la délinquance et du banditisme en milieu jeune.
      44.  

        Recommandations :

        Recommandations fortes

      45. Accélérer la mise en place du conseil national de la jeunesse en cours ;
      46. Relancer les activités de la Jeunesse Pionnière Nationale afin d'absorber les jeunes, éviter chômage, la délinquance et le banditisme.
      47. A court terme

      48. Mettre en place un programme de renforcement des capacités au niveau du ministère et des organisations de jeunesse ;
      49. Payer les arriérés de cotisation de la CONFEJES et autres organismes pour accéder aux nombreuses opportunités qu'ils offrent ;
      50. Restructurer le département de la jeunesse et des sports et lui affecter un local approprié ;
      51. Déclarer une journée nationale de la jeunesse ;
      52. Elaborer une politique nationale de jeunesse ;
      53. Elaborer une politique nationale d'insertion et de réinsertion des jeunes ;
      54. Prendre des mesures efficientes pour que les bourses, invitations et subventions destinées aux jeunes pour des formations, stages, séminaires et autres leur soient réellement octroyés ;
      55. Rajeunir le département de la jeunesse ;
      56. Prévoir des rencontres périodiques entre les organes étatiques chargés de la jeunesse et les intéressés.
      57.  

        A moyen terme

      58. Construire des maisons de jeunes dans toutes les grandes villes pour occuper les jeunes ;
      59. Encourager la création d'associations de jeunesse et faciliter le processus de leur reconnaissance ;
      60. Créer un fonds de promotion et d'insertion de la jeunesse ;
      61. Renforcer les capacités des organisations nationales de jeunesses qui oeuvrent pour la lutte contre le SIDA ;
      62. Définir un partenariat entre le gouvernement, les ONG, les Communautés confessionnelles, les Associations de jeunesse et les partenaires privés afin de fixer un programme d'activités génératrices de revenus .
      63. A long terme

      64. Construire des maisons de jeunes dans toutes les communes du pays.
      65.  

        8.1.2 Enfants de la rue

        A l'instar des grandes villes africaines, Bangui n'échappe pas au phénomène des enfants de la rue. La situation de ces enfants est préoccupante. L'étude réalisée par l'UNICEF en 1999 chiffre le nombre des enfants d e la rue à 1633. Depuis ce nombre ne cesse d'augmenter. Les difficultés économiques grandissantes, la pandémie du SIDA qui s'accentue et les troubles politico-militaires qui ont secoué le pays, engendrent une grande pauvreté. Parallèlement et en conséquence de ces facteurs, on observe une dislocation des familles. Le manque d'une politique de société laisse développer le phénomène " Enfants de la rue " dans notre pays.

         

        Problèmes

      66. Absence d'un projet de société dans le pays ;
      67. Préjugés négatifs contre les "enfants de la rue à l'école" ;
      68. Insuffisance de centres spécialisés dans la prise en charge des "enfants de la rue".
      69. Recommandations

        Recommandation forte

        1- Elaborer un projet de société pour prendre en compte les différents problèmes sociaux.

         

        A court terme

      70. Prévenir le phénomène "enfants de la rue" en venant en appui aux familles démunies ;
      71. Renforcer les capacités des structures d'encadrement s'occupant des enfants de la rue en vue de leur réinsertion familiale et sociale ;
      72. Restructurer l'organe de coordination des activités liées aux enfants de la rue "Espace enfant" ;
      73. Elaborer un plan d'assistance sociale aux enfants de la rue.
      74.  

        A moyen terme

      75. Encourager la création des centres d'accueil pour les enfants de la rue ;
      76. Créer des écoles pour les enfants de la rue ;
      77. Mettre en place des structures de désintoxication ;
      78. Créer une prison pour enfants ;
      79. Réglementer la vente des colles et autres stupéfiants.

8.2. Le sport

Le sport est perçu comme un phénomène social mobilisateur dont l'impact sur la vie des peuples a dépassé la seule considération ludique pour atteindre des dimensions économiques et politiques. De plus en plus les pays du monde font aujourd'hui, de la promotion du sport et de son développement des indicateurs de réussite sociale, le sport est devenu un enjeu politique pour raffermir la souveraineté d'un pays sur le plan international.

La République Centrafricaine, quant à elle, a connu une période de gloire sportive mais, depuis quelques années, les performances de nos athlètes se sont émoussés pour faire face à des contre performances. Le mal a atteint une dimension telle qu'il faille faire le diagnostic et envisager des actions concrètes susceptibles de nous permettre de redynamiser notre sport au niveau des sports de masse et des sports d'élite, ceci sur les plans technique, institutionnel et structurel.

Ce sont les Fédérations Nationales Sportives (FNS) regroupées aux sein du Comité National Olympique et Sportif Centrafricain (CNOSCA) qui animent, organisent, vulgarisent et dynamisent la pratique du sport en R.C.A.

Le Département de la Jeunesse et des Sports est chargé quant à lui de concevoir et de définir une politique en matière de sport.

Par ailleurs, la pratique des activités physiques dans les établissements scolaires et universitaires est d'une importance capitale dans l'éducation et la formation des futurs citoyens.

Il faudrait :

Le sport doit donc être un instrument en faveur de l'éducation et du développement.

Problèmes

        1. Désengagement de l'Etat qui ne compte pas le sport dans les priorités nationales de développement avec pour conséquence une baisse constante du budget alloué au Ministère des Sports et le dysfonctionnement des organes du Ministère.
        2. Absence de charte sportive garantissant la sécurité sociale aux sportifs.
        3. Irrégularité dans le paiement des cotisations de l'Etat et des FNS aux organismes internationaux de sport.
        4. Insuffisance de Journalistes Sportifs.
        5. Manque de spécialistes de médecine sportive.
      1. Absence de politique de promotion du sport féminin.
      2. Rareté de cadres féminins au département des sports et dans les fédérations.
      3. Conflits perpétuels de compétences entre les FNS et le Ministère.
      4. Problèmes de gestion dans les FNS.
      5. Mauvais comportement de certains dirigeants et athlètes sportifs
      6.  

        Au niveau des infrastructures :

      7. Infrastructures elles-mêmes obsolètes dont certaines ne répondent plus aux normes internationales.
      8. Inexistence d'espace de jeux organisés dans les quartiers et les écoles privées en particulier.
      9. Absence de sièges sociaux pour abriter les FNS.
      10. Absence de clôture autour des terrains de jeux et des stades municipaux.
      11. Absence d'une représentation des sports au conseil national de transition.
      12. Absence d'un musée national des sports.
      13. Au niveau des Athlètes :

      14. Inexistence de catégories des jeunes (intermédiaires).
      15. Absence de promotion de la culture de l'excellence.
      16. Improvisation dans les compétitions internationales d'où l'accumulation de mauvais résultats et performance en déclin. 
      17.  

        Recommandations

        A court terme

        1. Inscrire le sport dans les priorités nationales de développement.
        2. Elaborer une politique nationale des sports.
        3. Promouvoir simultanément le sport pour tous, de masse et d'élite avec des mécanismes de suivi et d'évaluation périodique.
        4. Promouvoir la création des ligues.
        5. Mettre en place des fédérations féminines.
        6. Subordonner la participation des équipes aux compétitions internationales par la mise au vert préalables des athlètes.
        7. Favoriser une collaboration harmonieuse entre le gouvernement et les FNS.
        8. Réhabiliter le palais des sports ( Omnisports) et construire les infrastructures sportives.
        9. Encourager les municipalités à construire et clôturer les stades municipaux.
        10. Réserver des espaces ludiques dans les plans d'urbanisation des villes.
        11. Doter les FNS des sièges sociaux.
        12. Développer le sport scolaires et universitaires.
        13. Réouvrir le centre de formation initiale pour pérenniser la fonction d'enseignement d'Education Physique et Sportive.
        14. Former les animateurs sportifs des deux sexes.
        15. Former et recycler les cadres du Département et les cadres techniques du sport de haut niveau incluant des femmes.
        16. Créer des infrastructures appropriées pour chaque discipline sportive.
        17. Elaborer un plan de carrière pour athlète de haut niveau.
        18. Assurer un suivi médico-social rigoureux des athlètes.
        19. Promouvoir les valeurs et l'éthique dans le monde sportif.
        20. Prendre des mesures pour réprimer le dopage.
        21. Protéger les athlètes contre le harcèlement sexuel, physique et psychologique, contre la drogue et le tabac.
        22. Choisir les dirigeants sportifs sur la base de la compétence et de la bonne moralité.
        23. Augmenter sensiblement le budget national du sport.
        24. Encourager les collectivités à financer les groupements sportifs régulièrement constitués.
        25. Demander au gouvernement de verser réellement la subvention de l'Etat aux bénéficiaires (les FNS).
        26. Créer, par la loi, le fond de développement du sport (FDS) qui sera alimenté par les taxes sur les produits nuisibles à la santé, à l'environnement, les jeux de hasard, les publicités et les timbres sportifs.
        27. Restructurer la médecine du sport en redéfinissant clairement ses objectifs.
        28. Mettre en place une politique de prévention et de protection des athlètes contre les risques et accidents dans la pratique sportive.
        29. Faciliter l'insertion professionnelle et la reconversion des sportifs.
        30. Créer un musée national des sports ou un musée olympique.
        31. Dépolitiser le département des sports et les fédérations sportives ;
        32. Octroyer une place aux organisations sportives au Conseil National de Transition.

         

        9- La sécurité alimentaire :

        La sécurité alimentaire se définit comme la possibilité d'accéder à tout temps à une alimentation suffisante, équilibrée et saine qui puisse permettre de mener une vie productive .

        L'immensité et la fertilité du sol, la multitude des cours d'eau et autres facteurs géologiques disposent la RCA à être un pays d'abondance alimentaire. Mais en observant la réalité, on se rendra compte très rapidement qu'il n'y a pas la sécurité alimentaire. On constate plutôt :

      18. Un manque de programme de communication pour orienter la production et renforcer la productivité ;
      19. Une mauvaise politique d'écoulement des produits alimentaires entre les différentes régions.
      20. La destruction des centres de multiplication des semences ;
      21. La pauvreté qui empêche les gens d'avoir une alimentation équilibrée ;
      22. Les habitudes alimentaires et culturelles qui constituent une entrave à une bonne alimentation ;
      23. L'alimentation est basée sur la consommation du manioc, sans variation majeure ;
      24. 38% des enfants centrafricains accusent un retard de croissance;
      25. Une indifférence des enfants à la scolarisation et leur inattention en classe à cause de la faim ;
      26. Le détournement des cantines scolaires pour la récupération nutritionnelle gérées par des fonctionnaires d'état qui ne sont pas payés des mois durant;
      27. Le VIH/SIDA absorbe les moyens des familles car les soins sont très chers et exposent celles-ci au risque de famine ou de sous-alimentation, surtout si c'est la personne pourvoyeuse de la famille qui est touchée ;
      28. La non exploitation des potentialités du pays pour les industries agroalimentaires ;
      29. L'insuffisance des points d'eau potable.
      30.  

        Recommandations

        A court terme

      31. Développer un programme permanent d'information des paysans sur les actualités agricoles du pays ;
      32. Mettre en place des cantines scolaires et les utiliser pour motiver les parents à envoyer leurs enfants à l'école et accroître l'intérêt des enfants pour l'école ;
      33. Reconstruire et développer les centres de multiplication des semences ;
      34. Développer un programme d'éducation populaire pour une alimentation équilibrée ;
      35. Mettre l'accent sur l'éducation des filles pour améliorer l'alimentation dans l'avenir ;
      36. Relancer la politique d'autosuffisance alimentaire ;
      37. Améliorer le circuit interne de commercialisation de produits agroalimentaires ;
      38. Intégrer les techniciens d'agriculture et d'élevage formés et/ou les encourager s'organiser en ONG pour accroître la production agricole ;
      39. Interdire l'usage des insecticides dans la pêche et la chasse ;
      40. Interdire les organes génétiquement modifiés (OGM) en Centrafrique ;
      41. Favoriser l'accessibilité à l'eau potable.
      42.  

        A moyen terme

      43. Encourager l'implantation de nouvelles industries agroalimentaires selon les spécificités des régions ;
      44. Mener une étude sur les valeurs nutritionnelles des aliments de Centrafrique ;
      45. Mettre en place une commission technique pour étudier les possibilités d'introduire une nouvelle culture de remplacement du manioc.

Actualité Centrafrique - Dossier spécial Dialogue national : Commission 5 (Octobre 2003)