Dialogue National
******** |
République Centrafricaine
Unité - Dignité - Travail
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Commission
Education, Sociale, Culture, Jeunesse et Sports
Septembre - Octobre2003
Composition de la commission
Présidente : Mme
Georgette DEBALLE
Vice-Président : Gilles Gilbert GREZENGUE
Rapporteur : Gervais LAKOSSO
Rapporteur Adjoint : SINGA GBAZIA Nicolas
Membres du comité préparatoire : Mme Margueritte RAMADAN,
Mme Albertine TONNET, Dr Moïse DEKOYO, Alexis SEBALE, Noël RAMADAN (Membre Référent),
Mme Sophie NDANGUERE (Expert de l'UNICEF) et Mme Gisèle KOZO (Expert du FNUAP).
Membres de la commission
ABENDO Hubert |
MALIK MAHAMAT MALEKO (Imam) |
APAMALA Christelle |
MANDE-DJAPOU Véronique |
ASSANA Jean Aimé |
MBAKA Marie Claire |
ATHA Thérèse (Sur) |
MBARAPAS Séraphin |
LEMBINDONI Alain |
MBOKANE Malachie |
ADOUM Koffi |
MBOLIDI DAMADA Marie Claire |
AZOUROUTE Joseph |
MBOLO Jean |
AWA Adrienne |
MIANGUE Christian Bernard |
BALEKE Sébastien |
MOKODOPO Eliane |
BANGUI Ducas |
MOMOKAMA Victorine |
BINGA BEMBI Michel |
NAMBEARE NGAGUENE |
BLAGUE Françoise |
NGAIDAMA Léa |
DJERAMOUAN Raymond |
NGAÏKOISSET Marc |
DONDRA Henri |
NGOUAMA Philippe |
DOTE Gabriel |
NGOUTTI Pierre |
DOBOZENDI Thérèse |
NIAMOLO Faustin |
EPAYE Béatrice |
NINGHA Abdon |
FETIA Donatienne |
OROMBILI Anne Marie |
GBALEMBE Emile Paulin |
OUAMAZOU Roch |
FEYANGAÏ MOBE ALA Oscar |
PAGONENDJI Solange |
GNESSIBERE André Jean Claude |
PANOU Martin |
GONEKARA Jean |
RECKIAN Fabien |
GOTILOGUET Addy Koulnani (Maître) |
REGOBALES Hector |
GOYEMIDE Eloge |
SAYO Bernadette |
GUESSA BABET Tina |
SEKO Guillaume |
IMINDI Jeannette |
WANGIA VICKOT Corneille |
INOUSSA Ibrahim |
YAKENDE Jean |
KONZELO Honorine |
YANGAMO Annie Chantal |
KOBBO Lydie |
YAOUNGAH Alfred |
KOUNNI Apollinaire |
YAZIPO Dieudonné |
KOZZO Joachim |
ZEMBOUROU Simon |
KOSH KOMBA Michel ( Dr ) |
ZEMONIAKO |
KPINGO Michel |
ZITONGO Odile |
MAKAMAMO Basile Ronys |
ZOUMBIDAMA François |
Introduction Générale
Jusqu'à la fin de la première décennie qui a suivi l'indépendance
politique de la RCA en 1960, la communauté internationale a de manière constante appuyé
les efforts des gouvernements successifs dans tous les secteurs socioprofessionnels et de
l'administration du pays.
Les années passant, les infrastructures sociales, économiques et
administratives, héritées de l'administration coloniale ont subi une rapide dégradation
et bien souvent n'ont pu l'objet d'aucune solution de rechange.
Face aux demandes pressantes des besoins de la population en croissance
régulière, les différents régimes qui se sont succédés n'ont pas réussi à
satisfaire ces exigences. Pis encore, il n'y a pas eu une véritable politique de
développement du pays avec des objectifs clairement définis dans l'espace et le temps.
Le souci majeur de la commission Education, Sociale, Culture, Jeunesse
et Sports est de jeter les bases des discussions lors des assises du dialogue national
tant souhaité par le peuple. Ces éléments de base sont présentés sous forme de
diagnostics ou état des lieux assortis de pistes à explorer pour d'éventuelles
solutions durables aux problèmes qui minent les secteurs cités hauts. Pour ce qui
concerne le problème du genre, nous avons jugé mieux de traiter cela de façon
transversale.
Le document ainsi élaboré par la commission comporte neuf (9)
thèmes :
- Education
- La question de la réforme du système éducatif
- L'adéquation formation emploi
- Education non formelle
- Le travail et le civisme
- Salaires, bourses, pensions, vacations, DVA et allocations dues par l'OCSS
- Les arriérés
- Le déblocage des salaires
- La législation du travail
- L'indemnisation des victimes des violences militaro-politiques
- La protection et la prévoyance sociales: Santé, Habitat, Assainissement,
VIH /SIDA.
- L'état des lieux de la culture et de la promotion de celle-ci et l'intégration de la
dimension culturelle dans le développement
- La promotion de la jeunesse et des sports
- La sécurité alimentaire
- Education
Deux points ont été retenus dans cette section :
- La question de la réforme du système éducatif et
- Adéquation formation emploi
1. 1 La question de la réforme du système éducatif
Depuis plus de deux décennies les problèmes liés au développement
et à la promotion de l'éducation ont été au cur des débats. De grandes assises
telles que le séminaire national sur l'éducation en 1982, les états généraux de
l'enseignement supérieur en 1987, les états généraux de l'éducation et de la
formation en 1994, la loi d'orientation de l'éducation et le plan national d'action de
l'éducation pour tous en l'an 2000, ont donné l'occasion de faire un examen approfondi
de la situation nationale. L'élaboration du plan national de développement de
l'éducation et la promulgation de la loi d'orientation sur l'éducation nationale en 1997
constituent les résultantes de ces assises.
A ce jour, force est de constater que les résolutions, les documents
techniques et textes officiels issus de ces assises ne sont pas appliqués, ce qui aggrave
la gangrène du système éducatif.
Nous abordons la question en insistant sur les problèmes déjà
traités et l'évocation de nouveaux problèmes qui se présentent à l'éducation en
Centrafrique.
a) Les Problèmes
- Faible performance des structures éducatives ;
- Délabrement des infrastructures éducatives ;
- Absence de maintenance et de réhabilitation ;
- Pilotage à vue :
- Absence de vision stratégique
- Affaiblissement de la capacité de gestion des structures de conception des politiques
et d'exécution
- Altération des normes qui régissent les structures et garantissent leur
efficacité ;
- Perte considérable de la qualité et de l'efficacité des ressources humaines ;
- Détérioration des conditions de vie et de travail ;
- Annihilation des pouvoirs de renouvellement du personnel mise en relation avec une forte
croissante de la population, influençant négativement le ratio ;
- Faible allocation budgétaire ;
- Altération du système de production et de diffusion de l'information, limitant les
possibilités d'enrichissement permanent de l'activité pédagogique et de la bonne
connaissance de la situation globale du système ;
- Instabilité du système de pilotage depuis plusieurs années ;
- Profonde altération de l'offre des services pédagogiques ;
- Arrêts intempestifs des activités ;
- Réprimande et/ou récupération politique des moindres revendications sociales;
- Désaffection des services pédagogiques ;
- Démotivation du personnel enseignant dû au blocage des salaires et des concours
professionnels, au non-paiement à terme échu des salaires, à l'accumulation des
arriérés de salaires avec comme corollaire la dégradation des conditions de vie et de
travail;
- Manque de qualité et inadaptation des programmes aux réalités locales ;
- Altération des mécanismes de contrôle, de suivi et d'évaluation ;
- Dégradation des conditions et mécanismes de gestion administrative ;
- Effectifs pléthoriques, un des facteurs de baisse de niveau ;
- Mauvaise distribution des établissements et des ressources humaines sur le
territoire ;
- Incapacité d'exploiter le puissant atout linguistique qu'est le Sängö, qui ne
facilite pas la promotion, chez les apprenants, de certaines valeurs humaines ;
- Dégradation constante du système éducatif ;
- Absence d'initiative pour l'éducation non formelle ;
- Non prise en compte de la spécificité des albinos dans le système éducatif
centrafricain ;
- Marginalisation des albinos dans les activités scolaires ;
- Inadaptation du concours d'entrée en sixième au contexte éducatif actuel.
b) Les Problèmes récents
- Création des établissements privés sans respect des normes en vigueur ;
- Non-respect des programmes officiels par les écoles privées ;
- Monnayage des notes, des diplômes, affectations et nominations ;
- Harcèlement sexuel en milieu scolaire et universitaire;
- Propagation du VIH/SIDA dans les milieux scolaires et universitaires ;
- Pressions politiques et administratives sur les techniciens concernant les résultats
des examens et l'attribution des notes ;
- Validation des années académiques sans respect des normes académiques ;
- Précarité des conditions de vie des familles due à la pauvreté causée par le
non-paiementt de salaires et la crise économique qui influent négativement sur le
comportement des enfants à l'école ;
- Réticence des parents à envoyer leurs filles à l'école due aux pesanteurs
socioculturelles (surtout dans les zones rurales) ;
- Non-remboursement par la MASCA des dépenses consenties par les parents d'élèves
assurés, victimes d'accidents et de violence;
- Mauvais fonctionnement des Associations des Parents d'Elèves (APE) du à la mauvaise
gestion des cotisations et des frais de scolarité;
- Faible capacité d'accueil de l'université de Bangui construit pour 400 étudiants mais
qui en compte 6000 actuellement ;
- Inexistence des bibliothèques scolaires ;
- Absence de fonds d'équipements ;
- Insuffisance du budget alloué à la recherche ;
- Dévalorisation des diplômes centrafricains à l'étranger ;
- Multiplication des actes de vandalisme ;
- Manque cruel des enseignants ;
- Absence d'une culture d'excellence pour motiver les acteurs du système éducatif ;
- Manque de liberté d'opinion, d'expression et d'association à l'université ;
- Levée de la franchise universitaire;
- Insuffisance d'écoles spécialisées pour handicapés sensoriels (Auditifs et visuels
) ;
- Inexistence d'écoles secondaires et techniques spécialisées pour handicapés
sensoriels (Auditifs et visuels)
- Certaines zones du pays (comme le Haut-Mbomou) sont oubliées ;
- La mémoire de ceux qui ont uvré pour l'éducation (comme Blagué ou Nzabakomada)
n'est pas honorée.
c) Conséquences de ces problèmes
Selon le plan national de développement de l'éducation, il
ressort qu'il y a un risque réel si les problèmes décrits ne sont pas pris en compte
rapidement, d'en arriver en 2010 à une situation telle que:
- Le nombre d'apprenants mal formés avoisinerait 60% ;
- Le taux d'analphabétisme atteindrait 80%, soit 95% pour les femmes ;
- 90% des encadreurs pédagogiques ne bénéficieraient pas de recyclage et de stage de
perfectionnement ;
- Les taux de redoublement à tous les niveaux atteindraient 50%
- 85% des diplômes seraient inadaptés au marché du travail ;
- Les femmes ne représenteraient que 2% des diplômés ;
- L'enseignement technique et professionnel ne toucherait que 1,5% des apprenants ;
- 95% du personnel d'appui mal encadré, mal suivi, mal évalué serait démotivé ;
- 95% du personnel d'encadrement pédagogique, mal formé, mal recyclé, mal maintenu à
niveau, serait démotivé ;
- 100% des programmes pédagogiques seraient mal conçus, sans appui en matériels
didactiques ;
- 60% des programmes pédagogiques ne seraient pas exécutés selon le calendrier ;
- 85% des stagiaires seraient mal suivis et mal évalués ;
- 70% des administrateurs seraient non qualifiés.
Recommandations :
La résolution de ces problèmes doit être échelonnée dans le
temps. Elle comporte de ce fait des mesures ou résolutions à appliquer immédiatement (
recommandations fortes), à court, moyen et long terme.
Recommandations fortes
- Payer régulièrement les salaires afin que l'année académique ne soit plus
perturbée ;
- Promulguer le décret d'application de la loi d'orientation de l'éducation
nationale ;
- Faire réellement de l'éducation un secteur prioritaire ;
- Adhérer à l'initiative 20-20 ;
- Réhabiliter et équiper les structures scolaires des régions touchées par les crises
pour remettre les enfants à l'école ;
- Revaloriser le décret fixant les critères de choix des chefs d'établissements, qui
stipulent que ceux qui ont eu à détourner les fonds des APE et de la MASCA ne doivent
pas être reconduit ;
- Mettre l'accent sur l'école communautaire pour récupérer les enfants qui se seraient
désintéressés de l'école et que les communes budgétisent le paiement des
salaires des enseignants communautaires ;
- Faire l'audit de la MASCA pour évaluer la situation financière et administrative et
donner les orientations nécessaires pour sa réforme (Cet audit doit être effectué par
un cabinet privé pour plus d'assurance) ;
- Intégrer les enseignants formés ;
- Valider le politique du plan national d'action de l'éducation pour tous (
PNA-EPT ) ;
- Rétablir le statut particulier des enseignants du supérieur ;
- Réviser le statut des enseignants du supérieur en vue de retenir les cadres et
d'éviter la fuite des cerveaux ;
- Réviser la loi 94/ 007 du 28 octobre 1994, fixant les conditions d'octroie de
bourses ;
- Octroyer automatiquement la bourse aux étudiantes de première année, quelque soit
leur filière ;
- Veiller à la participation des étudiants à la commission des bourses ;
- Rétablir l'Association Nationale des Etudiants Centrafricains ( ANECA) ;
- Que le ministère de l'éducation nationale et ses partenaires prennent des mesures pour
garantir la rentrée et la bonne marche de l'années scolaire ;
- Tenir compte de la spécificité des albinos et prendre les dispositions pédagogiques
adaptées à leurs conditions ;
- Lutter contre la ségrégation à l'endroit des albinos dans les établissements
scolaires et universitaires ;
- Pourvoir en matériel et en enseignants toutes les écoles du pays, sans
exclusion ;
- Immortaliser la mémoire de ceux qui ont beaucoup uvré.
A court terme
- Mettre en application le PNDE pour résoudre les problèmes de l'éducation en
Centrafrique ;
- Créer les conditions d'une stabilité politique (du genre Pacte de stabilité
politique) pour faire l'économie du temps et des ressources nécessaires pour
l'éducation et le développement global ;
- Renforcer et étendre le système de cantines scolaires au profit des écoles les plus
démunies afin de stimuler la scolarisation ;
- Prendre des mesures sévères contre le monnayage des notes et contre le harcèlement
sexuel en milieux scolaire et universitaire ;
- Rendre l'enseignement obligatoire jusqu'au premier cycle du secondaire ;
- Relancer les concours professionnels ;
- Respecter les critères de recrutement des enseignants vacataires ;
- Assurer un contrôle effectif des programmes d'enseignement dans les écoles privées
primaires et secondaires ;
- Rétablir dans les meilleurs délais le calendrier normal de l'année scolaire ;
- Renforcer le rôle de l'organe de contrôle et de régulation de l'éducation nationale
au niveau des chefs d'établissements et des APE ;
- Dépolitiser la Fédération des associations des Parents d'Elèves ;
- Prendre des mesures pour que les fonds des APE soient déposés sur un compte bancaire
afin de rendre fluide leur gestion ;
- Sensibiliser les parents d'élèves pour la tenue en urgence du congrès de la
Fédération nationale des APE afin de leur implication dans la gestion des
APE ;
- Renforcer et vulgariser le programme scolaire d'éducation à la Vie Familiale et
Education en matière de Population (EVF/EMP) ;
- Créer des écoles spécialisées (primaires, secondaires et techniques) pour
handicapés sensoriels (auditifs et visuels ) ;
- Réhabiliter et doter les écoles spécialisées existantes en matériels
didactiques ;
- Former et recycler les encadreurs d écoles spécialisées pour handicapés sensoriels
(auditifs et visuels ) ;
- Sensibiliser les populations, les décideurs, les autorités traditionnelles, les
acteurs et bénéficiaires sur le bienfait de l'alphabétisation des femmes dans le
processus du développement national ;
- Mettre en uvre la stratégie de l'alphabétisation fonctionnelle intensive dans
toutes les préfectures ;
- Créer ou développer des centres et instituts de recherches universitaires
autonomes ;
- Créer et développer des pôles universitaires autonomes ;
- Donner à l'université une autonomie effective ;
- Rétablir la franchise universitaire.
A moyen terme
- Créer un dispositif pour la protection des biens, meubles de l'éducation ;
- Développer un programme d'éducation à la citoyenneté ;
- Vulgariser l'expérience des écoles communautaires qui développent un programme
adapté aux réalités locales et favorisent l'éducation des filles ;
- Réviser le statut des enseignants en vue de retenir les cadres et éviter la fuite de
cerveau ;
- Informatiser le service des ressources humaines du ministère de l'éducation ;
- Remettre des prix d'excellence aux acteurs méritants pour les motiver ;
- Introduire l'utilisation des outils informatiques dans le système éducatif ;
- Prendre des mesures de discrimination positive en faveur des filles (octroie de bourses,
les encourager à poursuivre des études scientifiques...) ;
- Promouvoir et renforcer une campagne d'Information-Education-Communication (IEC) pour la
scolarisation des filles ;
- Réhabiliter le système d'internat ;
- Ramener les langues optionnelles (allemand, arabe, espagnol, russe, japonais) au
secondaire;
- Supprimer le concours d'entrée en sixième et adopter le système de contrôle continue
pour l'admission des enfants en sixième ( une moyenne supérieure ou égale à
10/20) ;
- Créer des collèges dans les arrondissements et villes avec la participation des
parents d'élèves pour la construction des bâtiments ;
- Créer des établissements scolaires spécialisés pour les handicapés sensoriels au
niveau du fondamental 1 et 2 ;
- Former les encadreurs pour les établissements spécialisés pour les handicapés
sensoriels ;
- Doter la bibliothèque de l'université d'outils modernes ;
- Inscrire au budget de l'état une ligne de crédit de construction des infrastructures
scolaires, secondaires et universitaires ;
- Construire des amphithéâtres et des salles de cours à l'université ;
- Rétablir le quatrième trimestre de bourses ;
- Rétablir la franchise universitaire ( condition sine qua non de liberté d'expression
) ;
- Réfectionner les cités universitaires ;
- Accroître le budget de l'université (pour faciliter l'acquisition des produits de
laboratoires et l'investissement).
A long terme
- Adapter le système éducatif aux réalités nationales ;
- Créer une nouvelle université ;
- Assurer un accès équitable à l'éducation de base ;
- Créer des établissements scolaires spécialisés pour les handicapés sensoriels au
niveau du fondamental 1 et 2 dans toutes les préfectures ;
- Intégrer les actions en matière d'éducation dans le Cadre stratégique de lutte
contre la pauvreté (CSLP).
1.2 Adéquation formation-emploi
Le séminaire national sur l'éducation et la
formation de 1982 et les états généraux de l'éducation en 1994 ont déjà relevé la
majeure partie des problèmes qui démontrent que la plupart des formations en
Centrafrique ne débouchent pas directement sur un emploi. Des solutions ont été
proposées mais n'ont jamais été appliquées. Rien n'est fait pour améliorer la
situation et à ce jour on observe les problèmes suivants:
- Non prise en compte des problèmes inhérents aux groupes vulnérables ;
- Au fondamental 2, secondaire général, technique et professionnel, les programmes sont
inadaptés aux réalités nationales et aux besoins du marché de l'emploi car orientés
vers l'acquisition des savoirs académiques ;
- Au niveau de l'enseignement supérieur, les formations sont plutôt orientées vers
l'obtention des diplômes et il y a manque de filières professionnalisées ;
- Au niveau de l'éducation non formelle, les programmes d'enseignement sont caducs avec
une insuffisance de méthodes d'alphabétisation intensive ;
- Augmentation du nombre des diplômés sans qualification réelle et sans emploi ;
- Manque de coordination entre le ministère de l'Education Nationale, le ministère de
l'Emploi et le Patronat ;
- Inefficacité des services de l'orientation scolaire et professionnelle ;
- Faible nombre des établissements techniques et professionnels ;
- Absence d'une politique réelle en matière d'emploi et de formation
professionnelle ;
- Difficultés d'insertion professionnelle des jeunes diplômés sans emploi
- L'inapplication de la législation du travail ;
- Obstruction des entrepreneurs étrangers (surtout ceux du Moyen-Orient) quant à
l'embauche des diplômés centrafricains ;
- Tracasseries a l'endroit des entreprises des autochtones par les services des
impôts ;
- Mauvaise compréhension de la notion de travail et du rôle de la formation par les
centrafricains ;
- Intégration des porteurs de faux diplômes dans la Fonction Publique.
Recommandations
Recommandations fortes
-Mettre en place une commission interministérielle élargie
à d'autres experts pour statuer sur la question de l'adéquation formation emploi et
proposer des mesures correctives à court, moyen et long termes (s'inspirer des exemples
réussis d'autres pays africains comme le Sénégal, le Cameroun...) ;
-Mettre en place une commission chargée de vérifier les diplômes
obtenus à l'extérieur.
A court terme
- Inciter les diplômés à s'orienter vers le secteur privé et la création
d'entreprise ;
- Organiser le forum de l'emploi et de la formation dont les travaux préparatoires ont
commencé depuis 1999 ;
- Prendre en compte les recommandations des états généraux de l'éducation et de la
formation ;
- Créer le fonds national de l'emploi ;
- Instaurer un système de contrôle périodique des formations dispensées par les
établissements privés ;
- Donner le pouvoir nécessaire aux inspecteurs du travail, de l'OCSS pour un contrôle
efficace des conditions de travail des employés ;
- Appliquer les dispositions du statut général de la fonction publique pour
l'intégration dans la fonction publique ;
- Faire obligation aux entreprises étrangères de se conformer au code du travail
centrafricain ;
- Réouvrir les écoles professionnelles suivantes : école nationale des arts, le
collège technique de Bouar, le centre de formation professionnelle rapide ;
- Aider les entreprises centrafricaines à prospérer afin d'assurer la formation et
l'emploi des jeunes et le développement du pays ;
A moyen et long termes
- Renforcer et créer des établissements techniques à Bangui et dans les provinces selon
les spécificités des régions ;
- Relancer " La Jeunesse Pionnière Nationale " ;
- Lancer une campagne de sensibilisation sur la notion de travail et sur le rôle de la
formation ;
- Instaurer un partenariat actif entre les ministères de l'éducation nationale, de
l'emploi et le patronat pour résoudre les problèmes de l'emploi en Centrafrique ;
- Créer un observatoire de l'emploi et de la formation qui mènera des études et
enquêtes dans le domaine de l'emploi.
2. Civisme et travail
Le manque cruel de civisme qui s'est développé en Centrafrique depuis des années
peut être considéré comme la source des crises récurrentes que le pays connaît. Le
constat est amer et à tous les niveaux :
Au niveau des autorités politiques et administratives :
- Utilisation de leurs positions pour s'enrichir illicitement ;
- Gaspillage des deniers publics pour des actions non rentables au pays ;
- Refus systématique de consentir quelque sacrifice pour l'intérêt national ;
- Manipulation des masses pour détruire les biens publics à des fins politiques.
Au niveau des fonctionnaires et agents de l'Etat :
- Recherche de l'intérêt personnel ;
- Développement de la corruption et la concession d'un laxisme général ;
- Manque d'esprit d'initiative ;
- Absence de l'esprit de service ;
- Retard et absentéisme persistants ;
- Pratique de blocage des dossiers.
Au niveau de la population :
- Démission de leurs fonctions citoyennes ;
- Méconnaissance des institutions nationales ;
- Opportunisme avéré ;
- Destruction des biens publics en cas de manifestations ;
Recommandations :
- Développer un programme d'éducation civique basée sur les aspects positifs de la
tradition à l'endroit de toutes les couches sociales ;
- Lancer une campagne de mass média sur la notion de travail ;
- Promulguer une loi faisant obligation à tout candidat à une fonction politique
(élective ou administrative) de déclarer préalablement ses biens ;
- Supprimer le paiement des amendes sur la voie publique et les faire payer dans les
mairies ou au trésor ;
- Réviser les heures de travail ;
- Accélérer la loi anti-casseurs.
3
. Salaires, bourses, pensions, vacations, DVA et
le paiement des allocations dues par l'OCSS
3.1 Les Arriérés de salaires, bourses, pensions, vacations et le paiement des
allocations dues par l'OCSS
Les arriérés de salaires sont une épine qui se glisse toujours sous
les pieds de la plupart des régimes qui se sont succédés en Centrafrique. Y a t-il eu
une véritable volonté politique de mettre fin au phénomène d'arriérés de salaires et
de régulariser les ayants droits ? Très souvent pour calmer les revendications
syndicales et surtout pour éviter les soulèvements sociaux. Le gouvernement ouvre
souvent des négociations mais celles-ci aboutissent rarement a des résultats concrets.
C'est pour cela que les arriérés s'accumulent toujours. On en compte huit (8)
catégories :
- Salaires
- Pensions
- Dettes alimentaires
- Saisies arrêts
- Allocations OCSS
- Bourses ( Université de Bangui et étudiants de l'étranger)
- Vacations
- DVA.
Tous ces arriérés confondus se chiffrent à : 75.000.000.000
FCFA pour les salaires et 35.000.000.000 FCFA pour les allocations de l'OCSS, soit un
total de 110.000.000.000 FCFA.
Après l'audition des experts, la commission a constaté :
- Qu'aucun état des allocations et pensions dues pour l'OCSS n'est tenu au trésor alors
que celle-ci réclame 35.000.000.000 FCFA ;
- De nombreux étudiants ont fini leurs études sans toucher leurs bourses ;
- L'état des montants à payer aux bénéficiaires des DVA n'a jamais été réellement
fait et les bénéficiaires n'ont jamais su combien ils auraient dû percevoir ;
- Les arriérés de salaires varient d'une catégorie de fonctionnaires à l'autre.
Recommandations fortes :
- Faire obligation aux autorités d'utiliser de façon judicieuse les deniers publics pour
satisfaire tous les besoins ;
- Au nom de la continuité des services de l'état, le gouvernement doit chercher à payer
tous les arriérés sans poser de condition ;
- Mettre en place une commission pour faire la lumière sur la situation des arriérés de
salaires et trouver des solutions (Ex : Un bulletin individuel unique pour tout
le montant);
- Créer un cadre de concertation entre l'état et les partenaires sociaux pour trouver un
consensus sur les conditions et modalités de paiement des arriérés de salaires,
pensions et bourses ;
- Associer les partenaires sociaux au comité d'évaluation de la situation des
arriérés ;
- Les pensions doivent être payées régulièrement à compter du 15 mars 20003.
A court terme :
- Inscrire dans le chapitre des dépenses communes de la loi des finances 2004, des lignes
concernant les arriérés de salaires, pensions, bourses et vacations ;
- Payer le salaire à tous les fonctionnaires sans distinction, au même moment et à
terme échu ;
- Payer immédiatement les arriérés de bourses ;
- Payer mensuellement ou trimestriellement les vacations (fondamental II, secondaire et
supérieur) ;
- Dépolitiser les nominations à l'OCSS ;
- Créer une caisse autonome de retraite des fonctionnaires et agents de l'état ;
- Accélérer la mise en uvre du plan de restructuration de l'OCSS ;
- Mettre en place une commission tripartite composée du ministère de la Fonction
Publique, du ministère des Finances et de trois délégués des bénéficiaires du DVA et
du redéploiement afin de traiter et d'apurer définitivement les dossiers des
fonctionnaires et agents de l'état admis au programme du DVA et au redéploiement.
3.2 Déblocage des salaires, bourses et pensions
Depuis 1985, les salaires sont restés bloqués, du fait de la non
prise en compte des effets financiers des avancements. De même, le point indiciaire n'a
pas varié. Le renchérissement des prix des produits manufacturés s'est répercuté sur
celui des produits de première nécessité rendant encore plus précaires les conditions
de vie des fonctionnaires.
Recommandations
A court terme
- Débloquer les salaires pour améliorer les conditions de vie des fonctionnaires ;
- Rehausser le taux des pensions pour assurer une vie décente aux retraités ;
- Rehausser le montant des bourses ;
- Prendre des dispositions pour éviter les arriérés de salaires, bourses et
pensions.
A moyen terme
- Réviser à la hausse les honoraires des enseignants vacataires du supérieur et des
professeurs missionnaires ;
- Relever le point indiciaire ;
- Relever les indemnités de responsabilité ;
- Relever les allocations familiales.
4. La législation du travail
La République Centrafricaine, comme la plupart des pays africains
francophones dispose d'un code du travail qui date de l'indépendance (Juin 1961). Les
dispositions de ce code qui sont calquées sur celles du code d'outre-mer ne répondent
plus aux exigences socioéconomiques du marché de l'emploi en pleine mutation. Il en est
de même des conventions collectives et de certains textes législatifs qui règlent
l'emploi qui sont devenus obsolètes et qui méritent une révision. A ce problème de
caducité des textes législatifs et réglementaires s'ajoute bien d'autres que nous avons
répartis en deux parties. Ceux qui concernent la réforme du code du travail et des
conventions collectives et ceux qui touchent le statut général de la fonction publique.
Le département a déjà réalisé beaucoup de travaux pour réformer
le code du travail et les conventions collectives qui régissent le travail en
Centrafrique. Comme dans les autres secteurs, il faut une volonté politique réelle pour
appuyer les actions des techniciens qui bénéficient pour la plupart de l'appui du Bureau
International du Travail.
4.1 La réforme du Code du travail et des Conventions collectives.
Problèmes
- Le Code du travail actuellement en vigueur n'a pas été révisé depuis 1961 ;
- La plupart des conventions collectives ne correspondent plus au contexte actuel ;
- Les efforts des techniciens pour améliorer la situation ne sont pas relayés par
l'administration ;
- La non-application des décisions issues des concertations avec les partenaires
sociaux ;
- Le manque d'une politique cohérente en matière de l'emploi et de la formation
professionnelle ;
- Le déséquilibre important et croissant entre l'offre et la demande ;
- Le SMIG et le SMAG ne sont pas respectés par certains employeurs ;
- Les inspecteurs de travail ne font pas leur travail comme il se doit.
Recommandations
A court terme
1-Mettre en place une commission technique pour définir une politique cohérente
de l'emploi ;
2-Mettre en place une commission tripartite pour réviser le code du travail ;
3-Organiser le séminaire de validation de l'avant projet du Code du travail ;
4-Instaurer un programme permanent de dialogue social entre les travailleurs et les
employeurs ;
A moyen terme
- Mettre en place le fonds national de l'emploi ;
- Donner aux inspecteurs du travail les moyens de faire le travail.
4.2 Le statut général de la fonction publique
Problèmes
- Existence de lacunes dans le statut général de la fonction publique centrafricaine
;
- Les hiérarchies ne sont pas régulières dans certains services ( Ex : la
douane) ;
- Les Policiers, les forestiers et les Sapeurs Pompiers sont régis par le statut
général de la fonction publique alors que les spécificités de leur fonction n'ont pas
été prises en compte par ledit statut ;
- Le statut particulier des enseignants du supérieur a été supprimé ce qui a abouti à
la situation grotesque de leur avancement par décret ;
- Absence de textes sur le statut du personnel para-médical qui enseigne à la faculté
des sciences de la santé ;
- Manque de garantie pour certaines catégories de fonctionnaires (Par exemple : les
paramédicaux et les agents de surface qui sont en contact permanent avec les malades,
n'ont pas d'indemnité de risque) ;
- Inéquité dans l'octroi des indemnités ;
- Politisation des syndicats ;
- Récurrence des grèves des enseignants ;
- Deux ministres plénipotentiaires seulement pour toute la RCA ;
- Nomination des non-professionnels aux fonctions de Préfet, Sous-préfet et Secrétaires
généraux des préfectures ;
- Absence de garantie et de stabilité professionnelle des secrétaires généraux et
comptables des communes qui ne sont pas toujours désignés pour compétence.
Recommandations
A court terme
- Réviser le statut général de la fonction publique pour l'adapter aux réalités
actuelles ;
- Tenir une concertation entre le gouvernement et ses partenaires sociaux pour aboutir à
une trêve syndicale durant la période de transition ;
- Instituer la désignation par consensus un médiateur national entre le syndicat
et le gouvernement;
- Tenir compte du plan de carrière dans la nomination des fonctionnaires aux postes de
responsabilité et/ou politiques ;
- Redéfinir les critères de nomination au titre de ministre plénipotentiaire ;
- Accorder un statut particulier aux Policiers, Policiers municipaux, Forestiers et
Sapeurs Pompiers ;
- Accorder immédiatement aux paramédicaux et agents de surface les indemnités de
risque ;
- Rétablir le statut particulier des enseignants du supérieur ;
- Adopter et mettre en application la loi portant statut du corps préfectoral et
sous-préfectoral ;
- Créer un corps des préfets (préfets, sous-préfets, secrétaires généraux) ;
- Mettre en place la fonction publique territoriale.
A moyen terme
- Prendre les dispositions nécessaires pour éviter la politisation des syndicats ;
- Définir le statut du personnel paramédical qui enseigne à la faculté des sciences de
la santé ;
- Rendre opérationnelles les structures de dialogue social ( Etat - Patronat -
Travailleurs -Fonctionnaires);
- Corriger l'inéquité dans l'octroi des indemnités aux fonctionnaires.
A long terme
Mettre en place un observatoire pour veiller sur l'application du statut général
de la fonction publique.
5. Indemnisation des victimes des violences
militaro-politiques
De l'indépendance à nos jours, la Centrafrique a connu
beaucoup de troubles militaro-politiques qui ont fait des victimes aussi nombreuses et que
variées. Rares sont celles qui ont été indemnisées.
L'audition de l'association des victimes des mutineries et de la
commission nationale d'évaluation et de réparation des dommages des victimes des
mutineries, a permis à la commission de mieux cerner la question.
Il est à noter que la commission nationale d'évaluation et de
réparation des dommages des victimes de mutineries a qui était alloué un budget de
83.000.000 FCFA, mais qui n'a reçu que 20.000.000 FCFA jusqu'à présent, a fait un
travail d'expertise assez appréciable (examen des plaintes sur les dommages :
dégâts corporels, bâtiments, autres biens). Cependant la moralité de cette commission
est mise en cause par les autres victimes des mutineries qui estiment qu'elle a mal géré
les fonds alloués.
Recommandations
A court terme
- Porter assistance à la population dans les zones des conflits récents ;
- Considérer les patriotes comme des anciens combattants ;
- Octroyer une bourse à ceux qui, pendant leur refuge, se sont inscrits dans des
filières qui n'existent pas en RCA (pour l'année à venir);
- Mettre en place une commission nationale pour évaluer la situation des victimes
notamment :
- Les victimes de la période de 1966 à 1979 ;
- Les enfants martyrs de 1979 ;
- Les victimes des mutineries successives (1996, 1997) ;
- Les victimes du coup d'état manqué du 28 mai 2001 ;
- Les victimes du coup d'état manqué du 25 octobre 2002 ;
- Les victimes de l'incursion des éléments de Bemba à Mongoumba ;
- Les victimes du sursaut patriotique du 15 mars 2003 ;
- Les autres victimes des violences militaro-politiques ;
- Que le gouvernement intervienne auprès des institutions bancaires pour surseoir toute
poursuite judiciaire des opérateurs économiques victimes de ces violences ;
- Faire l'audit de la commission nationale d'évaluation et de réparation des dommages
des victimes des mutineries et la fondre dans la nouvelle commission qui se chargera de
toutes les victimes des violences militaro-politiques ;
A moyen terme
- Accorder une période d'exonération (au moins dix ans) aux églises sinistrées en
compensation ;
- Déterminer les moyens à mettre en uvre pour l'indemnisation des victimes.
A long terme
- Créer un fonds de prise en charge des victimes de conflits et calamités naturelles.
6. La protection et la prévoyance sociales.
6.1 Volet social
Le diagnostic du secteur démontre que beaucoup d'actions ont été
réalisées sur le plan technique mais c'est le manque de volonté politique pour la mise
en application des dispositions techniques qui bloque la situation. On peut observer les
problèmes suivants :
- L'absence d'une politique réelle de protection et de prévoyance sociale en dehors des
pensions et des accidents de travail ;
- L'absence d'une politique de l'enfance ;
- La méconnaissance du code de la famille par beaucoup de Centrafricains ;
- Le non-respect du calendrier de paiement des pensions des retraités ;
- Le paiement trimestriel des pensions ne repose sur aucune logique ;
- La réduction arbitraire de la pension après la mort du retraité et paiement
d'impôts sur les pensions ;
- La non-intégration dans la fonction publique des Agents de Développement Communautaire
qui sont pourtant indispensables dans le processus d'un développement durable ;
- L'insuffisance du système de solidarité nationale ;
- Le développement de la mentalité de l'état providence chez un grand nombre de
Centrafricains ;
- Beaucoup de Centrafricains n'ont pas d'actes de naissance ( surtout dans les zones qui
ont connu les conflits ) ;
- Conditions contraignantes de délivrance de la carte nationale d'identité ;
- Les anciens ministres n'ont aucune allocation après leur fonction ;
- Le programme de départ volontaire assisté des agents de l'état à créer beaucoup de
cas sociaux en ce qui concerne le non-paiement ;
- Les Centrafricains Albinos subissent l'exclusion et beaucoup de préjugés
négatifs ;
- Les chefs de villages ne reçoivent plus leurs indemnités et ont perdu l'autorité sur
leur sujets à cause de la suppression de l'impôt de capitation ;
- L'état ne déclare pas les agents décisionnaires à l'OCSS et ne verse pas leurs
cotisations retenues à la source à l'OCSS. Une fois retraités, ceux-ci ne peuvent
percevoir leur retraite à l'OCSS comme ils l'escomptaient ;
- La plupart des commerçants et entrepreneurs du Moyen-Orient ne déclarent pas leurs
employés à l'OCSS ;
- Beaucoup de Centrafricains tombent dans l'indigence ;
- Beaucoup de commerçants centrafricains surtout les " Buba ngêrë "
n'ont aucune couverture sociale ;
Recommandations
Recommandations fortes
- Veiller à ce que tous les programmes de développement prennent en compte la dimension
sociale dans leur conception et exécution ;
- Redynamiser le système de gestion du fonds de solidarité nationale ;
- Prendre en urgence des dispositions pour faciliter la délivrance des documents
officiels (acte de naissance et carte nationale d'identité) à chaque citoyen
centrafricain, en commençant par ceux des zones sinistrées ;
- Actionner l'inspection du travail à contraindre les " Libanais " et
autres opérateurs économiques à déclarer leurs personnels à l'OCSS ;
- Prendre des mesures pour l'application de la loi N° 00.007 du 20 décembre 2000
(conformément au décret d'application portant le N° 02 205 du 6 août 2001), portant
statut, protection et promotion des personnes handicapées en Centrafrique par le
gouvernement, les collectivités locales et des organismes en faveur des handicapés.
A court terme
- Prendre des mesures pour la mise en uvre effective des différents actes de
protection et de prévoyance sociales soumis par le département des affaires sociales,
notamment :
- Le Code de la famille,
- Le fonds de solidarité nationale,
- Le fonds de développement des initiatives locales,
- Le Plan de prise en charge des personnes vulnérables,
- La loi de protection des personnes vulnérables,
- Le pré-projet de la politique de l'enfance en Centrafrique,
- La politique de protection et de prise en charge des personnes du troisième âge,
- Le plan national d'action pour la promotion de la femme,
- Mettre l'accent sur la solidarité nationale ;
- Mettre en place un organe de coordination et de suivi des activités du Dialogue
National et des comités régionaux chargés de veiller à la protection des personnes
handicapées
- Promulguer une loi pour la protection et la promotion des Albinos en Centrafrique ;
- Créer une caisse autonome de dépôt et consignation pour gérer les pensions des
fonctionnaires et agents de l'état ;
- Maintenir le montant des pensions après la mort des pensionnés, les payer
mensuellement et les exempter des impôts ;
- Indexer les pensions au coût de la vie ;
- Rendre effective l'autonomie de l'Office centrafricain de Sécurité Sociale ;
- Que l'état déclare et verse la cotisation de tous les agents décisionnaires à
l'OCSS ;
- Octroyer une allocation de prise et de fin de fonction aux ministres ( sans effet
rétroactif) ;
- Créer des centres d'état civil secondaire dans les zones affectées par les conflits
afin de reconstruire les registres d'état civil à la population en prélude des
prochaines élections ;
- Décentraliser l'établissement des actes de naissance dans les mairies
d'arrondissements ;
- Prendre les dispositions pour que dans les villages éloignés, les naissances soient
déclarées aux chefs de villages et qu'ils se chargent de les acheminer à la
municipalité qui doit délivrer les actes de naissance ;
- Mettre en place un mécanisme pour la prise en charge des cas sociaux, des diplômés
sans emploi et des chômeurs en ce qui concerne la scolarisation et frais médicaux de
leurs enfants ;
- Prendre en charge les frais médicaux des personnes du troisième âge ;
- Prendre en charge les frais scolaires et universitaires des élèves et étudiants
handicapés et des enfants des handicapés démunis ;
- Restaurer l'impôt de capitation pour rétablir la culture civique et faire face à
l'indemnisation des chefs de villages et quartiers.
A moyen terme
Prendre les dispositions suivantes pour améliorer la
protection et la prévoyance sociales :
- Créer au sein de l'OCSS un régime d'assurance pour couvrir le risque de perte d'emploi
temporaire des agents de l'état et des travailleurs du secteur privé ;
- Former et intégrer un grand nombre d'agents de Développement Communautaire ;
- Redynamiser l'activité des assistantes sociales et les réaffecter auprès des écoles
et des municipalités ;
- Créer une mutuelle pour les travailleurs du secteur agricole et rural ;
- Augmenter la tranche d'antenne du magazine des affaires sociales ;
- Développer une collaboration avec les Artistes pour l'éveil populaire ;
- Relancer la stratégie de développement communautaire à la base ;
- Renforcer les activités des Comités Villageois de Développement Intégré ;
- Lancer une campagne de sensibilisation pour amener les petits opérateurs économiques
(" Buba ngêrë ") à souscrire à une assurance sociale et à payer
leur cotisation ;
- Organiser un séminaire sur la définition des critères d'indigences ;
- Prendre en charge les indigents sur le plan de la santé et de la scolarisation ;
- Redynamiser les comités d'arrondissements et préfectoraux de
solidarité nationale.
A long terme
- Créer un pensionnat pour les personnes du troisième âge ;
6.2 LA SANTE
Le concept de santé et de développement a mis en exergue, la place de
choix qu'occupe le secteur de la santé dans les plans de développement économique et
social de la République Centrafricaine. La mauvaise santé d'une population est l'une des
causes de pauvreté. Ayant pris conscience de l'importance de la santé comme l'un des
leviers pour la réduction de la pauvreté et la promotion de la croissance, le
gouvernement a retenu ce secteur parmi les priorités relevant du Cadre Stratégique du
développement de notre pays.
L'organisation et le fonctionnement du système de santé en
République Centrafricaine suit la division administrative du pays. Elle est de type
pyramidal et comprend trois niveaux :
- le niveau central, qui définit la politique nationale de santé et fournit l'appui
stratégique
- le niveau intermédiaire ou région sanitaire, chargé de fournir l'appui technique
- le niveau périphérique ou préfectoral, chargé de l'appui opérationnel.
Dans le cadre de la politique de décentralisation et de
régionalisation, le pays est subdivisé en sept régions sanitaires. Cette organisation
fonctionne selon un mode partiellement décentralisé, basé essentiellement sur la
stratégie des Soins de Santé Primaires (SSP) avec la mise en place des organes de
concertation, l'utilisation des Médicaments Essentiels Génériques, l'autonomie
partielle de gestion accordée aux formations sanitaires. Cependant, ce processus de
décentralisation est lent et insuffisant, surtout en ce qui concerne la gestion des
ressources.
La médecine traditionnelle demeure encore un grand recours en matière
de santé pour la majorité des centrafricains, surtout en zone rurale. Cependant ce
domaine n'est pas structuré, ni réglementé, ce qui conduit de nos jours à une
floraison de cabinets de tradipraticiens dont l'efficacité laisse à désirer . Un
suivi s'impose afin de faire la part de leur contribution positive dans le rétablissement
de l'état de santé de la population.
6.2.1 Infrastructures et équipement
La RCA dispose de 472 formations sanitaires dont 86 privées et 386
publiques. La couverture géographique du pays en infrastructures de soins est donc
faible. La plupart des infrastructures publiques datant de la période coloniale, sont
vétustes et mal équipées. L'accessibilité géographique aux services de santé est
limitée et inégale : 98% de la population en l'an 2000 accède à une formation
sanitaire dans un rayon de 5Km en milieu urbain contre 47% en milieu rural. Avec le
pillage et la destruction des biens meubles et immeubles qu'a connus l'arrière pays il
faut s'attendre à une dégradation de la situation sanitaire. La RCA ne dispose pas à
l'heure actuelle d'un plan directeur de développement des infrastructures sanitaires.
6.2.2 Ressources du secteur de la santé
- Ressources humaines
Les ressources humaines du secteur de la santé comprennent :
- les fonctionnaires
- le personnel d'appui
- le personnel communautaire
- le personnel des ONG oeuvrant dans le domaine de santé
- les tradipraticiens et les matrones traditionnelles.
Cet effectif du personnel, en ce qui concerne le secteur public et
toutes catégories confondues est passé de 2651 en 1994 à 2997 en 1999, ce qui démontre
une insuffisance quantitative et qualitative en personnel de santé car le besoin minimal
pour un fonctionnement adéquat était chiffré à 4200 agents de santé pour la mise en
uvre du Plan National Développement Sanitaire (PNDS) 1994-1998.
Outre son caractère insuffisant en quantité et en qualité, cet
effectif est mal réparti sur l'étendue du territoire national. Il existe un grand
déséquilibre entre Bangui où les normes recommandées par l'OMS sont dépassées et le
reste des régions.
Le cas frappant est celui des sages-femmes où plus de 90% de celles-ci
sont à Bangui, alors que la politique sanitaire de notre pays met un accent sur la santé
du couple mère-enfant ; le rôle de la sage-femme est très important pour
l'atteinte de cet objectif. Le MSPP a tenté plusieurs fois sans succès de redéployer
les sages-femmes à l'intérieur du pays.
Le tableau qui suit présente les ratios de certaines catégories
professionnelles comparés aux normes recommandées par l'OMS.
Personnel santé |
Normes OMS |
RCA |
BANGUI
|
Reste du pays |
Médecins |
1/20 000 |
1/21 342 |
1/7 182 |
1/93 066 |
Techniciens sup. de santé |
1/15 000 |
1/28 818 |
1/10 324 |
1/31 002 |
Sages-femmes et Infirmiers Accoucheurs |
1/10 000 |
1/16 199 |
1/5 847 |
1/35 051 |
Infirmiers Diplômés d'Etat |
1/10 000 |
1/12 000 |
1/2 152 |
1/6 010 |
L'insuffisance quantitative et qualitative en personnel de santé a
pour conséquence l'utilisation des agents non qualifiés, ce qui affecte le
fonctionnement des formations sanitaires et la qualité des services. Le vieillissement du
personnel avec une forte proportion d'agents de santé âgés de plus de 45 ans, constitue
un autre aspect qui va d'ici peu compliquer le problème crucial de ressources humaines.
Il faut ajouter la démotivation du personnel de santé causée, entre autres, par
l'irrégularité du paiement des salaires, l'absence ou la suppression des primes avec
comme conséquences l'irrégularité de certains Médecins dans les hôpitaux au profit de
leur clinique privée et le phénomène de corruption qui est d'ailleurs un problème
national.
Il faut enfin souligner l'existence de la loi N° 89. 003 fixant les
principes généraux relatifs à la santé publique qui discrimine les pharmaciens en ce
qui concerne le cumul de l'exercice de leur métier dans le public et dans le privé. La
conséquence de l'application de cette loi est que la plupart du peu de pharmaciens
disponibles ont opté pour le privé et du coup le service public n'a que, pour tout le
pays, sept Pharmaciens tous à Bangui. En principe en plus de ceux au niveau de
l'administration centrale, le pays devrait avoir au moins un pharmacien par Direction
Régionale de santé pour les missions d'encadrement et d'inspection dans le domaine du
médicament. On note par ailleurs qu'il n'y a pas de politique de formation des
pharmaciens dont le pays a besoin.
b) Ressources financières
Le financement du secteur sanitaire provient de trois sources : le
budget de l'Etat, les recettes propres des formations sanitaires (recouvrement partiel des
coûts) et l'aide extérieure constituée de prêts ou de dons octroyés par la
coopération multilatérale et bilatérale et les ONG. L'analyse des données disponibles
montre que les dépenses prévisionnelles totales de santé y compris le financement
extérieur évoluent en dent de scie depuis une dizaine d'années : 5,3% du budget de
l'Etat en 1993, 10,5% en 1996 et 9,1% en 2003. On note une inégale répartition dans
l'allocation des crédits sur les dépenses propres de l'Etat : 20% pour les
prévisions des dépenses d'équipement contre 80% pour les dépenses de fonctionnement
dont les salaires. Le niveau de décaissement des fonds du budget de l'Etat pour le
fonctionnement des services de santé est très faible.
Le financement de l'investissement dans le secteur de la santé est
fortement tributaire de l'aide extérieure pour plus de 84%.
La répartition des ressources selon le niveau montre que plus de la
moitié des ressources restent concentrées à Bangui où vivent seulement 15% de la
population du pays.
La participation communautaire est l'arrangement institutionnel avec
les communautés en vue d'améliorer la disponibilité en Médicaments Essentiels
Génériques et la qualité des soins. Bien que le niveau de ce financement soit mal
connu, la population contribue pour sa santé en payant les services de santé qui lui
sont proposés dans le cadre de l'initiative de Bamako. Malheureusement, ces fonds
communautaires sont détournés par certains membres des Conseils et Comités de Gestion
(COGES) et certains agents de santé. En plus, les récents conflits ont mis en mal ce
système dans les régions administratives N° 3 et 4, considérées comme des régions
expérimentées en la matière.
En définitif, les dépenses de santé restent insuffisantes. Elles
sont estimées en 2003 à 7 $ US par habitant, alors qu'il faudrait quatre fois ce montant
pour assurer des soins de santé de base à l'ensemble de la population.
6.2.3 Aperçu sur l'état de santé de la population
L'analyse des données fournit quelques indices qui permettent
d'apprécier la situation épidémiologique en République Centrafricaine.
Les maladies infectieuses et parasitaires sont responsables en grande
partie de l'état morbide de la population. Ces pathologies sont essentiellement dominées
par le paludisme, les infections respiratoires aiguës, les diarrhées, les méningites.
La malnutrition est aussi un problème de plus en plus préoccupant. A cela, vient
s'ajouter la grande et meurtrière pandémie du VIH/SIDA (voir chapitre VIH/SIDA).
La mortalité générale demeure encore très élevée en RCA. La
mortalité infantile et maternelle (948 pour 100 000 naissances vivantes) en République
Centrafricaine est l'une des plus élevée au monde. En plus de cette situation
suffisamment préoccupante, la population centrafricaine est confrontée à d'autres
maladies évitables par la vaccination telles que la tuberculose, le tétanos, la
poliomyélite, la rougeole, les maladies endémiques (la lèpre, la trypanosomiase,
l'onchocercose) et des maladies potentiellement épidémiques (le choléra, les diarrhées
rouges, les méningites à méningocoque).
Par ailleurs, la RCA a géré pendant ces cinq dernières années les
conséquences humanitaires des conflits armés internes et des pays voisins (RDC et Congo
Brazzaville). Il y a eu des mouvements massifs de populations à l'intérieur estimée à
environ 200 à 300 000 personnes déplacées et/ou réfugiées.
6.2.4 Problèmes de santé
Problèmes liés à l'instabilité sociale et politique
- Perturbation du fonctionnement des services de santé par les troubles
militaro-politiques et sociaux récurrents ;
- Destruction des infrastructures sanitaires dans les zones de conflits ;
- Destruction des infrastructures sociales et pillages des équipements et matériels,
nombreux dégâts corporels du fait des viols (traumatisme, décès, blessures graves et
choc psychique) ;
- Fuite de cerveaux ;
- Non intégration des Médecins alors que le besoin est pressant sur le terrain ;
- Développement du tabagisme et de l'alcoolisme ;
- Développement de la toxicomanie ;
Problèmes liés à l'organisation des services de santé
- Faible couverture sanitaire aggravée dans certaines régions par la destruction des
infrastructures sanitaires ;
- Faible accessibilité géographique, financière et culturelle aux soins de
santé ;
- Insuffisance de la sécurité transfusionnelle dans les formations de l'intérieur du
pays ;
- Insuffisance du système d'information sanitaire et d'alerte des épidémies ;
- Mauvaise gestion des ressources financières par certains COGES ;
- Répartition inéquitable des ristournes aux prestataires ;
- Insuffisance dans la gestion des épidémies et des situations d'urgence ;
- Insuffisance dans l'encadrement des tradipraticiens et du développement de la médecine
traditionnelle ;
- Insuffisance d'équipement adéquat ;
- Insuffisance des services de Santé Maternelle et Infantile et de planning
familial;
- Absence d'une usine pharmaceutique en Centrafrique ;
- Forte concentration des Médecins et des sages femmes à Bangui en détriment des
provinces ;
- Vente anarchique et illicite des médicaments ;
- Manque d'un mécanisme de prise en charge médicale des albinos ;
- Insuffisance dans la prise en charge médico-sociale des adolescents et des
jeunes ;
- Création anarchique et illégale des centres de soins dans les quartiers de Bangui et
certaines villes de province pratiquant, entre autres, des actes chirurgicaux et
obstétricaux (avortements).
Problèmes liés au fonctionnement : qualité des soins
- Insuffisance quantitative et qualitative en personnel de santé
- Insuffisance dans la prise en charge des urgences et des cas référés
- Absence d'un mécanisme clair de prise en charge des cas sociaux (indigents)
- Faible couverture vaccinale
- Mauvaises conditions et prise en charge des malades évacués des provinces vers
Bangui ;
- Insuffisance de l'Information, Education et communication pour un changement de
comportement.
- Manque de scanner sur tout le territoire centrafricain ;
- Manque de trousse d'urgence et d'unité de banque de sang dans les maternités de
référence ;
- Prix élevé des médicaments antirétroviraux
Problèmes liés à la situation épidémiologique
- Taux élevé de mortalité maternelle due particulièrement aux grossesses à risque,
aux accouchements non assistés par des agents qualifiés et aux avortements
clandestins ;
- Taux élevé de mortalité infantile et juvénile liée à la forte prévalence de
maladies parasitaires et infectieuses transmissibles et la malnutrition.
- Taux élevé de morbidité liée au paludisme, la tuberculose, la lèpre
- Prévalence élevée des maladies évitables par la vaccination
- Taux de mortalité générale élevée liée aux facteurs tels les accidents de la voie
publique, les maladies cardiaques et quelques fois l'administration de plantes toxiques
par les guérisseurs
- Emergence de maladies nouvelles telles que santé mentale, certains cancers, fièvres
hémorragiques.
Recommandations
Recommandations fortes
Restaurer l'offre de soins dans les zones de conflit et les régions
environnantes ;
Assurer la disponibilité des médicaments essentiels ;
Déclarer les zones de conflits, zones d'assistance humanitaires et lancer un SOS
international pour un appui médical conséquent ;
Mettre en place un mécanisme efficace pour le contrôle assorti de sanctions, de la
gestion des fonds issus des recouvrements des coûts dans les formations sanitaires ;
Accélérer la formation des professeurs agrégés et médecins spécialistes en ciblant
les disciplines non couvertes (médecin légiste, gériatre ...) ;
Informer les malades et les parents de la possibilité de poursuivre les médecins ou
les hôpitaux en cas d'erreur médicale grave ;
Interdire l'utilisation du tabac dans les lieux publics ;
Doter les centres de santé d'ambulances ;
Doter au moins un hôpital d'un scanner médical ;
Prendre des mesures pour l'évacuation sanitaire des malades des provinces vers
Bangui ;
Lancer un débat sur la problématique de l'avortement ;
Réhabiliter le centre national de Santé Hospitalo-universitaire de Bangui ;
Réduire le prix des médicaments antiretroviraux pour les rendre accessibles aux
malades de faibles revenus ;
Développer un programme de prise en charge médicale des albinos ;
Mettre en place une brigade multisectorielle de lutte contre la vente anarchiques de
médicaments ;
A court terme
- Renforcer les capacités du système de santé en ressources humaines, financières et
matérielles;
- Intégrer les jeunes Médecins et les paramédicaux ;
- Mettre en place un mécanisme efficace d'alerte et d'intervention pour les épidémies
et les situations d'urgence ;
- Renforcer l'information et l'éducation pour la santé pour un changement de
comportement;
- Renforcer les stratégies de lutte contre les maladies qui constituent un problème de
santé publique à savoir : le paludisme, les diarrhées, les infections
respiratoires aiguës, la tuberculose, la méningite, la poliomyélite, la rougeole, les
carences nutritionnelles et les affections liées à la reproduction ;
- Prendre des mesures de motivation à l'égard de tout le personnel de santé;
- Renforcer la conscience professionnelle du personnel de santé par le biais des
différentes associations professionnelles existantes (Conseil de l'ordre des médecins et
pharmaciens, Association des paramédicaux...) ;
- Assurer une répartition équitable des ressources humaines sur toute l'étendue du
territoire national ;
- Mettre à la disposition des maternités de référence une unité de banque de
sang ;
- Confectionner des trousses d'urgence et les mettre à la disposition des services
concernés ;
- Améliorer les conditions d'évacuation et de prise en charge des malades évacués des
provinces vers Bangui ;
- Ouvrir dans les sous-préfectures des pharmacies d'unité de cession de
médicaments ;
- Renforcer le programme national de santé pour des adolescents et des jeunes ;
- Renforcer le programme élargi de vaccination ;
- Appliquer la réglementation relative à l'ouverture des structures sanitaires privées
à but lucratif.
A moyen terme
- Mettre en place un mécanisme efficace de prise en charge globale des urgences des
indigents, des retraités et des personnes vulnérables ;
- Mettre en place des mesures incitatives pour favoriser l'affectation des sages-femmes à
l'intérieur du pays ;
- Créer une direction de la médecine traditionnelle et de la Pharmacopée au sein du
Ministère de la Santé Publique et de la Population, en vue de favoriser la collaboration
et l'intégration effective des tradipraticiens dans le système de santé publique ;
- Elaborer un code de santé publique ;
- Relire la loi discriminant les pharmaciens ;
- Mettre en place des stratégies pour éviter la fuite de cerveaux ;
- Etendre les centres de SMI/PF dans toutes les formations sanitaires du pays ;
- Mettre en place un programme national de lutte contre la toxicomanie, le tabagisme et
l'alcoolisme ;
- Instaurer une journée nationale des Albinos (11 novembre) pour les sensibiliser sur
leur situation.
A long terme
- Construire une usine de fabrication de produits pharmaceutiques en Centrafrique ;
- Construire des formations sanitaires dans le pays en tenant compte de la répartition
démographique.
6.3 Habitat
La République centrafricaine, à l'instar des autres pays du tiers
monde en général et d'Afrique en particulier, est confrontée à de nombreuses
difficultés dans le domaine de l'habitat. Avec une population estimée aujourd'hui à
3.800.000 habitants et un taux de croissance de 2,7%, le pays n'est pas à l'abri des
problèmes inhérents à ce secteur sensible d'habitat.
Depuis les années d'indépendance, l'Etat n'a jamais fait asseoir une
véritable politique en matière d'habitat en République Centrafricaine. De nos jours, on
observe que :
- le code de l'habitat est caduque ;
- le coût très élevé des matériaux de construction ne permet pas aux centrafricains
de construire de bonnes habitations ;
- le manque de communication avec les services cadastraux et des domaines favorise les
constructions anarchiques et désordonnées des maisons d'habitation ;
- le plan d'occupation n'a jamais été respecté ;
- les municipalités n'assurent plus l'entretien des immeubles publics ;
- les habitations et bâtiments administratifs sont vendus illicitement et à vil
prix ;
- les logements sociaux sont attribués de façon anarchique et inéquitable.
Recommandations
Recommandations fortes
- Prendre des dispositions légales pour que les bâtiments administratifs ne soient plus
vendus ;
- Réviser le code de l'habitat.
A court terme
- Doter les services de cadastres et des domaines des moyens nécessaires pour
l'exécution de leur travail et assurer leur sécurité ;
- Instaurer une véritable politique de l'habitat ;
- Réduire les taxes douanières sur les matériaux de construction ;
- Encourager les constructions avec les matériaux locaux ;
- Encourager les ONG impliquées dans l'habitat ;
- Faire l'audit du Fonds d'Aménagement et d'Equipement Urbain (FAEU) ;
- Réhabiliter l'Agence des Travaux Communaux (ATRACOM) ;
- Impliquer les municipalités dans l'entretien des bâtiments publics.
A moyen terme
- Mettre en place des unités de production des matériaux de construction pour alléger
le coût des constructions ;
- Elaborer un plan d'urbanisation des grandes villes ;
- Encourager la création des sociétés immobilières ;
- Faciliter l'acquisition des logements sociaux par les prêts bancaires avalisés par
l'état ;
- Réglementer l'attribution des logements sociaux.
Long terme
- Elaborer le plan d'urbanisation globale du pays ;
- Prévoir des voies d'accès pour handicapés dans les édifices publics ;
- Construire des logements sociaux.
6.4 Assainissement
Dans les années 1960 jusqu'aux années 1980, la Centrafrique
était un très beau pays qui faisait l'objet de beaucoup de convoitise des étrangers .
La capitale de part sa salubrité était surnommée " Bangui la coquette ville
de pari ". Force est de constater que la Centrafrique a perdu toute sa position.
En parcourant les villes et quartiers du pays, on peut observer beaucoup de problèmes qui
démontrent clairement qu'il n'y a pas eu d'assainissement des années durant.
Depuis son accession à l'indépendance, la RCA n'a pu disposer d'une
politique précise et cohérente en matière d'assainissement. Les actions des ONG
dans le domaine n'ont pu redresser la situation. En fait la politique d'assainissement
s'est exécutée de manière disparate. Les problèmes les plus fréquents sont les
suivants:
- Manque de volonté politique pour assainir les grandes villes;
- Inefficacité des services concernés ;
- Insuffisance quantitative et qualitative en ressources humaines ;
- Manque d'équipements nécessaires et adéquats ;
- Absence d'un système cohérent de ramassage des ordures ménagères ;
- Développement de l'incivisme ;
- Bouchage des canaux d'évacuation d'eaux qui entraîne l'inondation dans plusieurs
quartiers ;
- Construction anarchique de latrines ;
- Dilapidation des fonds destinés à l'assainissement ;
- Inhumation clandestine ;
- Inexistence de latrines publiques ;
- Inexistence d'urinoirs dans les grandes villes ;
- Pollution massive dans les grandes villes ;
- Pollution de l'environnement par les déchets industriels de l'ancienne usine UCATEX;
- Pollution par les déchets issus des soins de santé de l'hôpital communautaires depuis
des années ;
- Les municipalités ne jouent pas leur rôle comme il se doit ;
- Dysfonctionnement des services d'hygiène et d'assainissement ;
- Amoncellement des dépôts d'ordures ménagères ;
- Plantation de légumes dans les cimetières ;
- Recyclage inadéquat des emballages en plastique .
Recommandation
Recommandations fortes
- Redynamiser les services d'hygiène et d'assainissement et les doter de moyens
d'actions ;
- Elaborer une politique d'assainissement et de l'environnement urbain ;
- Réviser et relancer le plan ville santé ;
- Libéraliser le nettoyage des marchés et la collecte d'ordures ménagères.
A court terme
- Réouvrir l'institut de formation des techniciens d'assainissement ;
- Créer une usine de traitement des ordures ménagères ;
- Prendre les dispositions pour déplacer l'usine UCATEX ;
- Prendre les dispositions pour isoler les eaux usées de l'hôpital communautaire ;
- Intégrer les Techniciens d'assainissement et les utiliser dans les services d'hygiène
et d'assainissement ;
- Implanter des urinoirs et latrines publics dans les villes ;
- Lancer un programme d'éducation civique pour l'assainissement des villes ;
- Lancer un programme communautaire de curage de canaux d'évacuation d'eaux ;
- Développer une stratégie de recyclage des emballages en plastique, des autres ordures
dans les villes ;
- Sanctionner ceux qui plantent les légumes dans les cimetières ;
- Entretenir les cimetières ;
- Installer des chambres froides dans les marchés pour la conservation des produits
frais ;
- Prendre les dispositions pour exhumer les corps enterrés dans les quartiers ;
- Appliquer les dispositions de la loi relative aux inhumations.
A moyen et long terme
- Prendre des mesures pour dépolluer les villes ;
- Développer une collaboration avec les services cadastraux pour réglementer les
constructions afin de faciliter les travaux d'assainissement.
6.5 Le VIH/SIDA
Depuis la découverte des premiers cas de SIDA en 1984 en République
Centrafricaine, l'ampleur de la maladie n'a cessé de croître en dépit des actions
menées dans le cadre des différents programmes. Les premières enquêtes de
séroprévalence effectuées à partir d'un échantillon de la population de Bangui par
l'Institut Pasteur de Bangui et l'OCEAC de 1984 à 1988 avaient mis en évidence un
dédoublement annuel du taux de prévalence de l'infection à VIH dans la population
générale ( 15 à 45 ans) : 2,6% en 1984, 4,6% en 1986, 7,8% en 1987.
En décembre 1999, selon le rapport sur la situation mondiale de
l'épidémie publié par l'ONUSIDA, la RCA est le dixième pays le plus touché au monde
avec un taux de séroprévalence nationale de 13,84%. Selon ce même rapport, le nombre de
personnes infectées par le virus était estimé à plus de 240.000, le nombre de cas
cumulés de SIDA dépassent 30.000, le nombre de décès est au-delà de 23.000 et au
moins 99.000 orphelins du SIDA sont recensés.
De janvier à octobre 2001, le taux de prévalence de l'infection à
VIH chez les donneurs de sang à Bangui était de 11,7%.
En l'an 2002, une étude a été réalisée sur les femmes enceintes
pour l'évolution de l'épidémie sur toute l'étendue du territoire. Les résultats de
cette enquête sont les suivants : sur 9.305 femmes enceintes testées pour le VIH,
1.321 (14,2%) ont une sérologie positive.
Tableau I : Répartition des femmes enceintes dépistées
VIH+ par tranches d'âge
Classes d'âge (an) |
Nombre de femmes
Enceintes VIH+ |
Pourcentage (%) |
< 15 |
20 |
1,5 |
15 - 19 |
349 |
26,7 |
20 - 24 |
380 |
29,1 |
25 - 29 |
286 |
21,9 |
30 - 34 |
156 |
11,9 |
35 - 39 |
87 |
6,7 |
40 - 44 |
24 |
1,8 |
45 - 49 |
4 |
0,3 |
TOTAL |
1 306 |
100,0 |
Source : Rapport cartographie de l'infection
à VIH en République Centrafricaine, en 2002.
Le tableau ci-dessus montre clairement que :
- Toutes les tranches d'âge sont touchées par l'épidémie du VIH,
- Cinquante-six pour cent (56%) des femmes enceintes infectées ont moins de 25 ans,
- Quatre-vingt dix pour cent (90%) des femmes enceintes séropositives ont moins de 35
ans.
Le tableau ci-dessous présente la situation de la séroprévalence à
VIH dans toutes les préfectures de notre pays.
Tableau II : Séroprévalence du VIH chez les femmes enceintes
et les femmes en population générale, par préfecture et formation sanitaire en RCA,
novembre 2001-octobre 2002.
Préfectures |
Formations sanitaires |
Prévalence chez les
femmes enceintes |
Prévalence chez les
femmes en population générale |
Bangui |
B1/CSSU |
16,0% |
17,4% |
B2/CSU Lakouanga |
18,0% |
19,3% |
B3/CSU Castors |
16,0% |
14,6% |
B3/CSU M. Mbaïki |
16,0% |
16,9% |
B4/CSU Boy-Rabe |
14,0% |
15,9% |
B5/CSU Malimaka |
15,0% |
16,6% |
B6/CSU Pétévo |
7,0% |
7,7% |
B7/CSU Ouango Bang |
13,0% |
13,5% |
B8/CSU Gobongo |
21,0% |
23,4% |
CSU Bimbo |
9,0% |
11,5% |
CSU Bégoua |
9,0% |
10,8% |
Bamingui-Bangoran |
Hôpital de Ndélé |
18,0% |
25,0% |
CS Bamingui |
27,0% |
39,3% |
Basse Kotto |
Hôpital Mobaye |
10,0% |
14,6% |
CS Kembé |
14,0% |
21,0% |
CS Alindao + Elim |
18,0% |
24,7% |
Haut Mbomou |
CS Zémio |
21,0% |
29,4% |
CS Mboki |
11,0% |
17,0% |
Haute Kotto |
Hôpital de Bria |
19,0% |
26,6% |
Kémo |
Hôpital de Sibut |
10,0% |
14,8% |
CS Dékoa |
7,0% |
10,2% |
Lobaye |
Hôpital de Mbaïki |
11,0% |
16,8% |
CS Bossongo |
11,0% |
17,7% |
CS Boda |
9,0% |
13,7% |
Mambéré Kadéi |
Hôpital de Berbérati |
17 0% |
24,4% |
Hôpital de Carnot |
22,0% |
34,8% |
CS Gamboula |
4,0% |
5,0% |
Mbomou |
Hôpital de Bangassou |
9,0% |
12,9% |
CS Rafaï |
10,0% |
14,6% |
Nana-Grébizi |
Hôpital Kaga-Bandoro |
15,0% |
21,9% |
CS Mbrés |
15,0% |
20,2% |
Nana-Mambéré |
Hôpital de Bouar |
20,0% |
28,6% |
CS Niem |
11,0% |
15,1% |
CS Baboua (Front. Ca) |
11,0% |
14,4% |
Ombella-Mpoko |
CS Bossembélé |
9,0% |
11,9% |
Ouaka |
Hôpital de Bambari |
18,0% |
26,0% |
Hôpital Ippy |
16,0% |
23,0% |
CS Kouango |
7,0% |
10,2% |
Ouham |
Hôpital de Bossangoa |
20,0% |
28,6% |
CS Batangafo |
15,0% |
21,7% |
|
CS Kabo (Front Tchad) |
18,0% |
24,1% |
Ouham-Pendé |
Hôpital de Bozoum |
9,0% |
13,0% |
CS Paoua |
17,0% |
24,2% |
|
CS Ngaoundaye |
22,0% |
30,9% |
Sangha-Mbaéré |
Hôpital de Nola |
11,0% |
15,8% |
CS Bayanga (Front Co) |
13,0% |
18,0% |
Vakaga |
Hôpital de Birao |
15,0% |
20,8% |
CS Amdafok |
28,0% |
40,2% |
Source : Rapport cartographie de l'infection à VIH en
République Centrafricaine, décembre 2002.
Cette étude a mis en évidence l'ampleur de l'épidémie de
l'infection à VIH sur toute l'étendue du territoire centrafricain, les zones rurales
n'étant pas épargnées. La séroprévalence va de 7% à 21% à Bangui et de 4% à 28%
dans les provinces. L'arrière pays est autant sinon plus gravement touché que Bangui.
Sur le plan de son impact, l'infection à VIH revêt un caractère
multidimensionnel avec des répercussions sur tous les secteurs notamment les
secteurs clés que sont:
- La santé :
Outre les cas de décès parmi le personnel, l'infection à VIH a
augmenté la morbidité et la mortalité au sein de la population dont l'état de santé
est déjà rendu précaire eu égard à la situation sanitaire catastrophique du pays. Le
système de santé est ainsi débordé par un nombre de plus en plus croissant de malades
du SIDA. A titre d'illustration, dans le service de l'hôpital communautaire de Bangui,
66% des malades hospitalisés sont porteurs d'une affection opportuniste liée au SIDA et
78% des personnes atteintes de tuberculose suivies dans le même établissement ont une
sérologie positive au VIH. Si des mesures urgentes ne sont pas prises, il faut
s'attendre, avec la généralisation de cette épidémie (taux de prévalence nationale à
15%), à une décimation de la population centrafricaine.
- L'éducation nationale :
Le SIDA apparaît comme la première cause de décès
des enseignants en RCA.
- Le ménage :
On note un transfert d'une bonne part des revenus des ménages
pour assurer les frais médicaux et les funérailles. Il aggrave la pauvreté. Le nombre
de veuves, de veufs et d'orphelins ne cesse d'augmenter.
- Le développement du pays :
L'économie nationale est compromise tant la
population active, les couches socioprofessionnelles et plus particulièrement les cadres
des deux secteurs sont les plus touchés.
Ces informations montrent à suffisance l'ampleur de cette épidémie
dans le pays et dont les autorités politiques en ont fait un véritable problème de
survie de la population.
Afin d'y apporter une réponse efficace, des actions ont été
entreprises tant par le Gouvernement, les partenaires au développement que les acteurs de
terrain à travers l'action de coordination du Comité National de Lutte contre le SIDA.
Dans le domaine du renforcement institutionnel, il a été créé le 26
Janvier 2001 un Comité National de Lutte contre le SIDA (CNLS), désormais placé sous la
présidence du Président de la République, Chef de l'Etat.
Ce Comité est chargé de définir les grandes orientations y compris
les approches multisectorielles de la lutte contre le VIH/SIDA, de définir le cadre
légal et éthique de la lutte contre le VIH/SIDA. Il a la mission aussi de coordonner
toutes les initiatives nationales en matière de lutte, de veiller à la mise en place des
mécanismes efficaces de suivi-évaluation des programmes. Il est chargé d'assurer la
mobilisation des ressources humaines, matérielles et financières nécessaires au
développement de la lutte tant au niveau national qu'international. Il assure également
le plaidoyer et contribue au renforcement du partenariat avec les Organisations Non
Gouvernementales (ONG), les organisations à assise communautaire et le secteur privé de
lutte. Enfin, il est chargé de promouvoir une bonne prise en charge psycho-sociale et
médicale des personnes infectées et/ou affectées par le VIH/SIDA.
Le Secrétariat Technique du CNLS (ST/CNLS) est la structure de
coordination, de suivi et d'évaluation des différents programmes de lutte contre le
VIH/SIDA . A ce titre, il centralise les programmes et les projets présentés par
les structures de base, il prépare les assises du CNLS.
Les Structures de Base sont constituées de toutes les institutions
nationales, les organisations de la société civiles et du secteur privé oeuvrant dans
la lutte contre le VIH/SIDA. Elles comprennent également les structures décentralisées
que sont les comités préfectoraux de lutte contre le VIH/SIDA (CPLS) et le Comité de
Lutte contre le VIH/SIDA de la ville de Bangui (CBLS), tous appuyés par des Equipes
Techniques Préfectorales (ETP), qui sont des structures d'exécution. Ces structures ont
été créées par l'arrêté n° 02. 042 du 26 décembre 2002.
Les structures de base sont les partenaires privilégiés du CNLS au
niveau décentralisé, qui élaborent des programmes et des plans d'action pour la lutte
et qui les exécutent seuls ou avec l'appui du Comité National. Les communautés
villageoises représentent aussi une grosse partie des bénéficiaires et doivent
s'engager sans réserve dans la lutte contre le VIH/SIDA.
Depuis l'installation de son Secrétariat Technique, le CNLS a
réalisé de nombreuses activités dont les plus importantes sont les suivantes :
- Recherche opérationnelle :
La réalisation d'une enquête sur la cartographie
de l'infection à VIH, dont les résultats permettent aujourd'hui d'avoir plus de
visibilité de l'évolution du VIH/SIDA sur toute l'étendue du territoire, a été le
fruit d'un partenariat entre le ST/CNLS et l'Institut Pasteur de Bangui avec l'appui
financier de la Banque Mondiale.
- Elaboration et adoption
du plan cadre stratégique national de lutte
- Mobilisation des leaders socio-politiques :
a été matérialisée par la
tenue de l'Assemblée Générale du CNLS et des ateliers régionaux dans cinq
préfectures. La grande campagne de mobilisation organisée à Bangui avec l'appui de Son
Excellence Madame Simone EHIVET GBAGBO, épouse du Président de la République de Côte
d'Ivoire en Juillet 2002, sans oublier le lancement de la campagne de sensibilisation à
Bambari présidée par le Premier Ministre et les missions d'identification des activités
dans l'arrière pays ont été des occasions de forte mobilisation de la population.
- Mobilisation des partenaires de terrain :
Du coté des partenaires sur le
terrain, on note un début de prise de conscience et une implication dans la lutte grâce
à des campagnes intensives de sensibilisation. Des ONG et des Associations diverses de
lutte sont créées ; à titre d'exemple à Bangui le nombre d'ONG et Associations actives
dans la lutte est passé de 5 à 50 en quelques mois. Les confessions religieuses
catholiques, protestantes, musulmanes ne sont pas restées en marge de ces actions. Les
entreprises ont développé et mis en oeuvre des plans d'action qui prennent en compte la
prise en charge de leur personnel infecté et/ou affecté. Dans le secteur public, six
Ministères identifiés prioritairement en raison de l'effectif de leur personnel et de
leur implication déjà dans la lutte, ont élaboré des plans d 'action qui sont
financés et en train d'être mis en uvre.
- Prise en charge médicale :
Des actions de prévention de la transmission du
VIH de la mère à l'Enfant (PTME) se mènent actuellement dans certaines formations
sanitaires de Bangui grâce à l'appui de l'UNICEF. L'inscription au budget de l'Etat
d'une ligne pour l'achat des Antirétroviraux (ARV) a permis de rendre disponibles et à
moindre coût ces médicaments à Bangui. Une officine pharmaceutique privée a pris le
pas de cette action de mise à disposition sur le marché de ces produits à moindre
coût.
- Mobilisation des ressources :
Toutes ces activités ont pu être exécutées
grâce au concours de certains partenaires au développement comme IDA/Banque Mondiale,
PNUD, UNICEF, OMS, FNUAP, KFW/PSI. D'autres actions sont en cours pour obtenir des
ressources complémentaires auprès du Fonds Mondial de lutte contre le SIDA, de
l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) et la Banque Africaine de
Développement (BAD).
Devant le plaidoyer activement mené par le CNLS, tous les partenaires
au développement s'accordent à reconnaître que le SIDA apparaît comme une catastrophe
nationale et jugent de la nécessité d'aider le pays à sortir de cette situation,
malheureusement les troubles militaro-politiques qu'a connus le pays limite les
contributions extérieures et constitue un handicap majeur.
Problèmes liés à l'organisation de la lutte contre le VIH/SIDA
- Absence de prise de conscience sur l'existence de la pandémie du VIH/SIDA par la
population;
- Inadéquation entre l'engagement politique affirmé et la mise à disposition des
ressources pour la lutte contre le SIDA ;
- Faible implication des autorités des administrations centrales et
déconcentrées ;
- Manque de structure et d'équipement de dépistage et prise en charge à l'intérieur du
pays ;
- Faible mobilisation des ressources financières pour l'organisation de la lutte contre
ce fléau ;
- Absence de textes juridiques protégeant les communautés face au VIH/SIDA ;
- Insuffisance dans l'encadrement des groupes vulnérables tels que les jeunes, les
enfants de la rue, les filles libres, etc.;
- Persistance de la stigmatisation et de la discrimination à l'égard des personnes
vivant avec le VIH/SIDA ;
- Augmentation de la propagation du VIH pendant les troubles militaro-politiques ;
- Persistance de certaines murs, coutumes favorables à la propagation du VIH ;
- Insuffisance de campagne de sensibilisation pour un changement de comportement
véritable ;
- Persistance des fausses rumeurs sur le VIH/SIDA (sorcellerie, mauvais sort, punition de
Dieu).
Recommandations
Recommandations fortes
- Création d'un centre de santé ambulatoire ;
- Encourager et vulgariser le dépistage volontaire précoce ;
- Prendre des dispositions pour normaliser les relations entre notre pays et les
institutions financières internationales afin de permettre la mise en vigueur du crédit
de la Banque Mondiale pour le Projet Multisectoriel de lutte contre le VIH/SIDA ;
- Encourager toutes les associations nationales, toutes les ONG, tous les groupements et
tout autre organe de développement à intégrer dans leurs plans d'action les activités
de lutte contre le VIH/SIDA ;
- Assurer la disponibilité des médicaments pour le traitement des infections
opportunistes, les réactifs et les antirétroviraux sur toute l'étendue du territoire ;
- Instaurer la lutte contre le VIH/SIDA parmi les activités prioritaires de tous les
départements ministériels ;
- Vulgariser le port des préservatifs masculins et féminins sur toute l'étendue du
territoire centrafricain ;
- Prendre des disposition pour réprimer la contamination volontaire du VIH ;
- Lancer une campagne de communication pour un changement de comportement.
-
A court terme
- Mobiliser les ressources nécessaires pour la mise en uvre du plan stratégique
national de lutte contre le VIH/SIDA ;
- Impliquer de manière effective et sans exception les autorités administratives
centrales et déconcentrées à savoir les Ministres, les responsables centraux, les
Préfets, les Sous-Préfets, les Chefs de PCA, les Maires, les Chefs de groupe, les Chefs
de village et de quartiers, les leaders religieux, coutumiers, dans la lutte contre le
VIH/SIDA ;
- Adopter et promulguer des textes relatifs à la protection de la communauté, à la mise
en place des fonds de solidarité nationale ;
- Renforcer le programme de lutte contre la pauvreté ;
- Instaurer et généraliser l'enseignement sur le VIH/SIDA dans tous les établissements
scolaires et universitaires de la RCA ;
- Intensifier l'IEC pour un changement de comportement, pour bannir les fausses croyances
et les rumeurs sur le VIH/SIDA et pour dédramatiser la maladie.
7-Etat des lieux de la culture, sa promotion et la prise en compte de
la dimension culturelle dans le processus de développement
Situation de la culture en Centrafrique :
La multiplicité des ethnies composant la République Centrafricaine et
la diversité des traditions constituent une immense richesse à travers la musique, les
chants et danses traditionnelles, les contes et fables, les sculptures et masques, les
modes de coiffure et d'habillement, la littérature orale, l'architecture, l'art
culinaire. Ce patrimoine matériel et immatériel est une source intarissable par laquelle
le peuple exprime sa joie, ses peines, ses sentiments intimes et génère des revenus pour
son développement. La culture n'est pas figée, mais dynamique. Elle crée, se
développe, s'enrichit par des apports exogènes dans l'espace et dans le temps, se
transmet dans son berceau et s'expatrie.
7.1 Problèmes fondamentaux de la culture
Depuis son indépendance, alors que les autres nations recommandaient
lors des conférences et des séminaires, des plans de développement liés à la culture
nationale de leur pays, les dirigeants politiques et administratifs Centrafricains ont
toujours considéré la culture comme un secteur mineur, non rentable, et la prennent pour
une simple activité d'amusement des jeunes et pour distraire les vieux, louer les
notables et la classe dirigeante.
Cependant la dimension culturelle pour le développement existe dans
ses trois principaux aspects qui sont :
- les aspects sociaux ;
- les aspects économiques et financiers ;
- les aspects politiques.
D'une manière générale, la culture possède des aspects transversaux
nécessaires dans tous les plans sectoriels de développement, notamment dans le domaine
de l'éducation nationale, de la santé, du civisme professionnel et de la visibilité
extérieure du pays.
Depuis l'indépendance, les artistes et opérateurs culturels ont
toujours eu la vie difficile. Ils sont souvent réduits au rôle de griots ou d'amuseurs
publics. Les montants des cachets qu'ils sont contraints d'accepter diminuent de jour en
jour, détruisant en eux toute volonté de créativité. Démunis et découragés,
nombreux sont les artistes qui se sont exilés ou qui ont disparu des scènes publiques
pour s'éteindre dans l'anonymat, avec pour ultime mépris, l'indifférence des autorités
nationales.
Le ballottage constant du département de la culture et son incapacité
à capitaliser les moindres opportunités qu'offrent l'Etat et les nombreux organismes
internationaux d'appui aux activités culturelles bloquent l'évolution de la culture.
Ainsi persiste un climat de tension permanente entre les pratiquants non étatiques de la
culture et les agents du département à charge des arts et de la culture.
Tout cette situation a conduit aux grands maux suivants :
- Absence d'une politique culturelle nationale ;
- Inexistence de tout programme national de développement culturel à court, moyen ou
long terme ;
- Non valorisation d'uvres d'Artistes Centrafricains par rapport à celles
importées ;
- Non considération des Artistes dont les rôles ne devraient être que celui des griots
d'autrefois ou de simples témoins et spectateurs de la vie nationale ;
- Manque d'outils de protection des uvres de l'esprit malgré l'existence fictive du
bureau centrafricain du droit d'auteur ( BUCADA) devenu inopérant ;
- Manque d'appui pour la création des structures de production ( l'édition, la promotion
et la diffusion des uvres d'Artistes Centrafricains) ;
- Développement officialisé de la piraterie des uvres artistiques avec la
complaisance des médias nationaux ( La radio Centrafrique est le lieu par excellence de
la piraterie) ;
- Insuffisance d'émissions culturelles et artistiques pouvant favoriser ou promouvoir les
artistes centrafricains ;
- Baisse constante des revenus des activités artistiques et culturelles due aux crises
économiques successives ;
- Exploitation et banalisation des artistes par les usagers privés et certains organes
étatiques ;
- Absence d'une chartre culturelle (toutefois ce document élaboré par une commission se
trouve dans le bureau de l'ancienne Assemblée nationale en attente d'adoption) ;
- Absence d'une réelle volonté d'accompagnement par le département de tutelle des
actions culturelles initiées par les artistes et opérateurs culturels non
étatiques ;
- Préférence accordée aux produits culturels étrangers, cautionnée par les média
privés et d'état, donnant l'impression que ne peut être beau que ce qui vient de
l'extérieur (cas de la musique) ;
- Manque de lieux culturels nationaux ;
- Mauvaise conception de la notion de culture ;
- Perte de la fierté culturelle centrafricaine caractérisée par des faits comme la
dépigmentation, le refus de parler Sängö, etc. ;
- Rareté de manifestations culturelles dans le pays ;
- Prolifération des ciné - vidéos qui projètent souvent des films interdits ;
- Influence négative des agents de socialisation (artistes et communicateurs) sur la
population ;
- Rupture entre une grande majorité de Centrafricains et la culture ancestrale.
Recommandations :
Recommandations fortes
- Accélérer les travaux de la commission d'experts chargée de faire l'état des lieux
de la culture et préparer la tenue des Etats Généraux de la Culture afin de :
- Définir une politique culturelle nationale liée au développement social et culturel
de la nation,
- Dégager un programme national de développement culturel à court, moyen et long terme,
- Créer un cadre juridique pour les artistes et leurs différentes organisations ;
- Interdire les ciné-vidéos sur toute l'étendue du territoire ;
- Impliquer dans le processus de consolidation d'une paix durable et dans les projets
sectoriels de développement social et économique de la RCA la dimension
culturelle ;
- Mettre en place une commission chargée d'évaluer et de faire dédommager les artistes
pour l'exploitation de leurs uvres au niveau des stations ;
- Imposer des folios à toutes les stations qui diffusent les uvres de l'esprit sous
peine de poursuite ;
- Mettre en place le Haut Conseil des Arts et de la Culture ;
- Mettre en place une commission d'audition des produits culturels à diffuser sur les
ondes ;
- Développer et vulgariser de nouvelles formes de parcours initiatique pour inculquer aux
enfants et aux jeunes les valeurs traditionnelles positives ;
- Créer une école de danse traditionnelle ;
- Institutionnaliser le festival de danse traditionnelle organisé par le CIOOFF.
A court terme
- Que l'ordonnateur du FED (Ministre du Plan et de la Coopération Internationale)
inscrive la culture dans le Programme Indicatif National (PIN) et dans le Programme
Indicatif Régional (PIR) afin de permettre au secteur culturel de bénéficier des
mécanismes d'appui financiers qui en découlent, tels que le Programme de Soutien aux
Initiatives Culturels (PSIC), le Programme d'Appui aux Manifestations Culturelles en
Europe (PAMCE) et l'appui à la production cinématographique ;
- Signer un protocole d'accord avec l'UNESCO et développer la coopération avec les
autres organisations internationales et régionales pour mettre en uvre les
programmes culturels liés au développement ;
- Mettre en application la Déclaration de Dakar et son Plan d'Action sur la promotion des
cultures et des industries culturelles adoptés en juin 2003 lors de la Première Réunion
des Ministres de la Culture des Pays A.C.P. ;
- Mettre en place en urgence une commission pour évaluer la situation du parc Manovo
-Gounda devenu patrimoine mondiale de l'UNESCO en péril et recenser les autres sites
susceptibles d'être classés patrimoines mondiaux ;
- Doter les arts et la culture d'un département ministériel permanent et lui trouver des
locaux appropriés à son fonctionnement ;
- Restructurer le département des arts et de la culture pour qu'il soit en adéquation
avec les réalités culturelles nationales ;
- Elaborer une convention de partenariat entre les artistes, les opérateurs culturels
non-étatiques avec les Institutions Nationales qui utilisent leurs compétences ;
- Institutionnaliser les manifestations culturelles d'envergure nationale, sous-régionale
ou régionale ;
- Assurer une bonne visibilité des manifestations culturelles afin de soigner l'image du
pays à l'extérieur ;
- Garantir dans les tranches d'émissions sur les médias nationaux au moins 70 % à la
culture nationale ;
- Redynamiser les Maisons de Jeunes et d'Actions Culturelles et les Centres de Lecture sur
toute l'étendue du territoire ;
- Créer ou instituer un ordre de mérite culturel afin d'encourager les artistes et les
mécènes de la culture ;
- Instituer des manifestations culturelles nationales et régionales ;
- Construire une salle de spectacle par préfecture.
A moyen terme
- Impliquer des personnalités artistiques, culturelles, et les Artistes
réunissant les critères de compétence dans la gestion de la culture au niveau des
institutions étatiques à savoir :
- La Présidence de la République,
- La Primature,
- Le Département de la culture.
- Revoir la grille des frais de déplacement des artistes à l'intérieur et à
l'extérieur du pays ;
- Renforcer l'implication de la langue Sängö dans les programmes scolaires et la
rendre obligatoire pour tous les centrafricains ;
- Créer de l'Institut National des Arts et de la Culture pour former les artistes et les
personnes ressources ;
- Construire une bibliothèque nationale ;
- Construire des bibliothèques à Bangui et dans les provinces ;
- Faciliter l'accès des archives nationales ;
- Eriger un monument à la mémoire d'Etienne GOYEMIDE.
A long terme
- Créer un fonds autonome de développement culturel et artistique ;
- Eriger un palais de la culture ;
- Construire des centres culturels centrafricains dans toutes les grandes villes.
7.2 Des Peuples Autochtones et autres Minorités Ethniques marginalisés
Les peuples autochtones en Centrafrique, notamment les Pygmées et les
Mbororos, sont souvent marginalisés par les populations avoisinantes de leurs zones de
rayonnement. Généralement mal organisés, ils sont des victimes faciles des abus de leur
voisins dans l'occupation des terres et dans les activités quotidiennes pour leur survie.
Cependant il existe de nombreuses potentialités qui contrastent avec leur misère
absolue.
Pourtant leur apport au développement économique de la Nation est
indéniable et leur participation au rayonnement de la culture nationale diversifiée et
enrichie fait de la culture centrafricaine un important vecteur de développement.
Recommandations :
Recommandations Fortes :
- Face à la précarité de vie des peuples autochtones et autres minorités, le Dialogue
National recommande l'adoption et la vulgarisation de la Déclaration des Nations Unies
sur les peuples autochtones, notamment en ce qui concerne leurs droits à la paix, à la
culture et à l'éducation, à l'emploi, à la consultation, à la terre et aux ressources
qui en découlent, à la propriété intellectuelle, à la protection de leurs savoirs,
leurs innovations et leurs pratiques traditionnelles ;
- Faire représenter les albinos au CNT.
A court terme :
- Que le Gouvernement, en partenariat avec certaines ONG et associations sensibles aux
problèmes des peuples autochtones et des minorités marginalisés, organisent des
ateliers locaux afin de :
- Faire l'état des lieux des autochtones et autres minorités marginalisées afin de
prendre en compte les contraintes et tous les problèmes auxquels ils sont
confrontés ;
- D'explorer les nouvelles opportunités pour les organiser et leur procurer des revenus
durables améliorant leur vie ;
- D'identifier les formes d'appui ou d'assistance qui leurs sont nécessaires.
- Organiser un atelier national, regroupant les représentants des autochtones et autres
minorités , les confessions religieuses, les ONG et les associations sensibles aux
problèmes des minorités, les représentants des ministères concernés afin de
réfléchir sur les thèmes suivants :
- Nouvelles opportunités de création d'emploi et de revenus durables pour les
autochtones et autres minorités marginalisés ;
- Mesures pratiques de sauvegarde et des droits fondamentaux des autochtones et autres
minorités marginalisés ;
- Rôle et responsabilités des institutions nationales.
A moyen terme :
Créer une structure nationale afin d'élaborer au profit des peuples
autochtones et autres minorités marginalisés un programme de :
- Renforcement des capacités institutionnelles et organisationnelles ;
- Promotion des droits fondamentaux ;
- Développement d'activités génératrices de revenus ;
- Création d'emplois et de revenus durables ;
- Alphabétisation et éducation des jeunes.
7.3 Du Civisme culturel
La République Centrafricaine correspond à deux grandes zones
culturelles distinctes : les zones urbaines et les zones rurales. Contrairement
aux zones rurales où les valeurs culturelles traditionnelles demeurent presque vierges,
les zones urbaines subissent une grande déperdition culturelle due notamment aux nouveaux
instruments de communication et de transmission que sont les radios et télévisions qui
diffusent à profusion des programmes culturels exogènes au détriment de la culture
nationale.
Cet environnement urbain crée une catégorie de centrafricains
culturellement hybrides, coupés des sources culturelles traditionnelles, mais qui,
malheureusement, développent une nouvelle morale avec pour conséquences :
- La perte de l'identité culturelle nationale ;
- La perte des repères tant politiques, sociaux, que spirituels ;
- La culture de la violence, malheureusement impunie, engendrant les destructions sans
remords des biens publics et privés ;
- L'absence de tout sentiment d'appartenance à une même communauté ;
- L'ignorance de la solidarité, de l'entraide et de l'auto assistance ;
- La culture à tous les niveaux de l'arrogance, du mépris et du mensonge comme méthode
de gestion de la Nation
- La non-assistance aux personnes âgées, aux personnes vulnérables et aux
handicapés ;
- Le non-respect à tous les niveaux des engagements pris;
- L'absence de dialogue entre les générations ;
- La fragilisation de l'unité nationale par des comportements tribalistes ou
régionalistes ;
- La prolifération des salles de ciné vidéo.
Ces méfaits des zones urbaines ont été malheureusement répercutés
dans les zones rurales.
La conséquence immédiate de cette morale urbaine est la création
d'une image négative du Centrafricain tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Il
en découle un certain sentiment de gêne à l'étranger, car la fierté d'autrefois
d'être centrafricain a disparu.
Les préceptes d'égalité, de fraternité, de bien-être social et de
tolérance ont disparu, fragilisant ainsi la paix. La peur et la crainte de l'autre, même
du voisin, renforce la division.
Recommandations fortes
- Renforcer le programme d'éducation civique et du patriotisme dans les écoles et les
vulgariser par des campagnes d'IEC ;
- Mettre en place d'un programme de prévention des conflits à réaliser par les
département des Arts et de la Culture, de la Communication, de la Défense Nationale, de
l'Education Nationale, des Affaires Sociales et les associations culturelles ;
- Appuyer le programme de prévention des conflits par des supports pédagogiques dans les
cycles scolaires (contes, légendes, arts plastiques) ;
- Assurer une large diffusion des réalisations du programme, par des émissions radios ou
des productions théâtrales visant à faire connaître la culture des autres ;
- Relancer des colonies des vacances et les camps de jeunesse dans les programmes
scolaires ;
- Rendre exécutoires les dispositions du fonds de solidarité nationale, du plan de prise
en charge des personnes vulnérables et de la loi les protégeant et la politique de
protection des personnes du troisième âge.
8- Jeunesse et Sports
8.1 Jeunesse
8.1.1 Les jeunes
Tous les discours politiques déclarent qu'on ne tourne pas le dos
à la jeunesse. Mais malheureusement la réalité en est autrement.
Depuis l'indépendance, la jeunesse centrafricaine vit une crise
multidimensionnelle caractérisée par la pauvreté, le chômage, l'oisiveté, la
prostitution, l'analphabétisme, la drogue, les maladies, la violence...
Les difficultés économiques, structurelles et conjoncturelles
ajoutées à la désorganisation de l'Etat sont à l'origine de cette crise qui réduit
considérablement les initiatives et les espoirs de toute une jeunesse, la marginalisation
et la manipulation par les hommes politiques en est l'une des causes et la rende
vulnérable.
Insuffisamment formés et non impliqués dans les prises de décisions,
les jeunes qui représentent plus de 64% de la population, s'organisent en réseaux,
fédérations ou associations pour relever les défis du développement. La
vulnérabilité de la jeunesse découle de sa manipulation par les hommes politiques
conséquence de sa marginalisation.
Toutes ces questions soulevées sont une préoccupation réelle de
toute la jeunesse centrafricaine qui se résume aux problèmes suivants :
Problèmes
- Le manque d'initiative et l'immobilisme des cadres du Ministère de la Jeunesse et des
Sports. La dernière nomination aux postes de responsabilité date de 10 ans dans ce
département ;
- L'insuffisance des maisons de jeunes, centres par excellence d'éducation, de formation
et de loisir des jeunes et adultes ;
- Le taux élevé de prévalence du VIH/SIDA en milieu jeune ;
- Inexistence de points d'accès Internet public pour jeunes ;
- Absence totale d'une politique nationale de jeunesse ;
- Insuffisance d'encadreurs ;
- Absence de coordination entre le Ministère de la Jeunesse, le Conseiller de Jeunesse de
la Primature et le Conseiller de jeunesse de la Présidence ;
- Insuffisance de budget alloué aux organisations de la jeunesse ;
- Absence d'une fête nationale de jeunesse ;
- Absence d'un palais de la jeunesse centrafricaine ;
- Absence d'un comité de suivi des états généraux de l'enfance et de la
jeunesse ;
- Absence d'un fond d'insertion des jeunes à l'exemple des pays voisins ;
- Détournement des bourses de stages de formation, offertes à la jeunesse par les cadres
du département ;
- Blocage par les cadres du département de la participation des jeunes aux séminaires et
colloques organisés à l'étranger ;
- Non-paiement de cotisation statutaire : CONFEJES et autres organismes ;
- Incapacité de ministère de tutelle et du ministère de la santé à capitaliser les
opportunités qu'offrent les organismes (notamment le FNUAP) ;
- Démotivation généralisée des jeunes ;
- Recrudescence du chômage, de la délinquance et du banditisme en milieu jeune.
Recommandations :
Recommandations fortes
- Accélérer la mise en place du conseil national de la jeunesse en cours ;
- Relancer les activités de la Jeunesse Pionnière Nationale afin d'absorber les
jeunes, éviter chômage, la délinquance et le banditisme.
A court terme
- Mettre en place un programme de renforcement des capacités au niveau du ministère et
des organisations de jeunesse ;
- Payer les arriérés de cotisation de la CONFEJES et autres organismes pour accéder aux
nombreuses opportunités qu'ils offrent ;
- Restructurer le département de la jeunesse et des sports et lui affecter un local
approprié ;
- Déclarer une journée nationale de la jeunesse ;
- Elaborer une politique nationale de jeunesse ;
- Elaborer une politique nationale d'insertion et de réinsertion des jeunes ;
- Prendre des mesures efficientes pour que les bourses, invitations et subventions
destinées aux jeunes pour des formations, stages, séminaires et autres leur soient
réellement octroyés ;
- Rajeunir le département de la jeunesse ;
- Prévoir des rencontres périodiques entre les organes étatiques chargés de la
jeunesse et les intéressés.
A moyen terme
- Construire des maisons de jeunes dans toutes les grandes villes pour occuper les
jeunes ;
- Encourager la création d'associations de jeunesse et faciliter le processus de leur
reconnaissance ;
- Créer un fonds de promotion et d'insertion de la jeunesse ;
- Renforcer les capacités des organisations nationales de jeunesses qui oeuvrent pour la
lutte contre le SIDA ;
- Définir un partenariat entre le gouvernement, les ONG, les Communautés
confessionnelles, les Associations de jeunesse et les partenaires privés afin de fixer un
programme d'activités génératrices de revenus .
A long terme
- Construire des maisons de jeunes dans toutes les communes du pays.
8.1.2 Enfants de la rue
A l'instar des grandes villes africaines, Bangui n'échappe pas au
phénomène des enfants de la rue. La situation de ces enfants est préoccupante. L'étude
réalisée par l'UNICEF en 1999 chiffre le nombre des enfants d e la rue à 1633.
Depuis ce nombre ne cesse d'augmenter. Les difficultés économiques grandissantes, la
pandémie du SIDA qui s'accentue et les troubles politico-militaires qui ont secoué le
pays, engendrent une grande pauvreté. Parallèlement et en conséquence de ces facteurs,
on observe une dislocation des familles. Le manque d'une politique de société laisse
développer le phénomène " Enfants de la rue " dans notre pays.
Problèmes
- Absence d'un projet de société dans le pays ;
- Préjugés négatifs contre les "enfants de la rue à l'école" ;
- Insuffisance de centres spécialisés dans la prise en charge des "enfants de la
rue".
Recommandations
Recommandation forte
1- Elaborer un projet de société pour prendre en compte les
différents problèmes sociaux.
A court terme
- Prévenir le phénomène "enfants de la rue" en venant en appui aux familles
démunies ;
- Renforcer les capacités des structures d'encadrement s'occupant des enfants de la rue
en vue de leur réinsertion familiale et sociale ;
- Restructurer l'organe de coordination des activités liées aux enfants de la rue
"Espace enfant" ;
- Elaborer un plan d'assistance sociale aux enfants de la rue.
A moyen terme
- Encourager la création des centres d'accueil pour les enfants de la rue ;
- Créer des écoles pour les enfants de la rue ;
- Mettre en place des structures de désintoxication ;
- Créer une prison pour enfants ;
- Réglementer la vente des colles et autres stupéfiants.
8.2. Le sport
Le sport est perçu comme un phénomène social mobilisateur dont
l'impact sur la vie des peuples a dépassé la seule considération ludique pour atteindre
des dimensions économiques et politiques. De plus en plus les pays du monde font
aujourd'hui, de la promotion du sport et de son développement des indicateurs de
réussite sociale, le sport est devenu un enjeu politique pour raffermir la souveraineté
d'un pays sur le plan international.
La République Centrafricaine, quant à elle, a connu une période de
gloire sportive mais, depuis quelques années, les performances de nos athlètes se sont
émoussés pour faire face à des contre performances. Le mal a atteint une dimension
telle qu'il faille faire le diagnostic et envisager des actions concrètes susceptibles de
nous permettre de redynamiser notre sport au niveau des sports de masse et des sports
d'élite, ceci sur les plans technique, institutionnel et structurel.
Ce sont les Fédérations Nationales Sportives (FNS) regroupées aux
sein du Comité National Olympique et Sportif Centrafricain (CNOSCA) qui animent,
organisent, vulgarisent et dynamisent la pratique du sport en R.C.A.
Le Département de la Jeunesse et des Sports est chargé quant à lui
de concevoir et de définir une politique en matière de sport.
Par ailleurs, la pratique des activités physiques dans les
établissements scolaires et universitaires est d'une importance capitale dans
l'éducation et la formation des futurs citoyens.
Il faudrait :
- Eduquer la jeunesse par le sport et continuer à bâtir un monde meilleur et plus
pacifique.
- Consolider l'unité nationale, favoriser le dialogue entre les peuples, développer et
vulgariser l'esprit sportif et le fair-play.
Le sport doit donc être un instrument en faveur de l'éducation et du
développement.
Problèmes
Désengagement de l'Etat qui ne compte pas le sport dans les priorités nationales de
développement avec pour conséquence une baisse constante du budget alloué au Ministère
des Sports et le dysfonctionnement des organes du Ministère.
Absence de charte sportive garantissant la sécurité sociale aux sportifs.
Irrégularité dans le paiement des cotisations de l'Etat et des FNS aux organismes
internationaux de sport.
Insuffisance de Journalistes Sportifs.
Manque de spécialistes de médecine sportive.
- Absence de politique de promotion du sport féminin.
- Rareté de cadres féminins au département des sports et dans les fédérations.
- Conflits perpétuels de compétences entre les FNS et le Ministère.
- Problèmes de gestion dans les FNS.
- Mauvais comportement de certains dirigeants et athlètes sportifs
Au niveau des infrastructures :
- Infrastructures elles-mêmes obsolètes dont certaines ne répondent plus aux normes
internationales.
- Inexistence d'espace de jeux organisés dans les quartiers et les écoles privées en
particulier.
- Absence de sièges sociaux pour abriter les FNS.
- Absence de clôture autour des terrains de jeux et des stades municipaux.
- Absence d'une représentation des sports au conseil national de transition.
- Absence d'un musée national des sports.
Au niveau des Athlètes :
- Inexistence de catégories des jeunes (intermédiaires).
- Absence de promotion de la culture de l'excellence.
- Improvisation dans les compétitions internationales d'où l'accumulation de mauvais
résultats et performance en déclin.
Recommandations
A court terme
- Inscrire le sport dans les priorités nationales de développement.
- Elaborer une politique nationale des sports.
- Promouvoir simultanément le sport pour tous, de masse et d'élite avec des mécanismes
de suivi et d'évaluation périodique.
- Promouvoir la création des ligues.
- Mettre en place des fédérations féminines.
- Subordonner la participation des équipes aux compétitions internationales par la mise
au vert préalables des athlètes.
- Favoriser une collaboration harmonieuse entre le gouvernement et les FNS.
- Réhabiliter le palais des sports ( Omnisports) et construire les infrastructures
sportives.
- Encourager les municipalités à construire et clôturer les stades municipaux.
- Réserver des espaces ludiques dans les plans d'urbanisation des villes.
- Doter les FNS des sièges sociaux.
- Développer le sport scolaires et universitaires.
- Réouvrir le centre de formation initiale pour pérenniser la fonction d'enseignement
d'Education Physique et Sportive.
- Former les animateurs sportifs des deux sexes.
- Former et recycler les cadres du Département et les cadres techniques du sport de haut
niveau incluant des femmes.
- Créer des infrastructures appropriées pour chaque discipline sportive.
- Elaborer un plan de carrière pour athlète de haut niveau.
- Assurer un suivi médico-social rigoureux des athlètes.
- Promouvoir les valeurs et l'éthique dans le monde sportif.
- Prendre des mesures pour réprimer le dopage.
- Protéger les athlètes contre le harcèlement sexuel, physique et psychologique, contre
la drogue et le tabac.
- Choisir les dirigeants sportifs sur la base de la compétence et de la bonne moralité.
- Augmenter sensiblement le budget national du sport.
- Encourager les collectivités à financer les groupements sportifs régulièrement
constitués.
- Demander au gouvernement de verser réellement la subvention de l'Etat aux
bénéficiaires (les FNS).
- Créer, par la loi, le fond de développement du sport (FDS) qui sera alimenté par les
taxes sur les produits nuisibles à la santé, à l'environnement, les jeux de hasard, les
publicités et les timbres sportifs.
- Restructurer la médecine du sport en redéfinissant clairement ses objectifs.
- Mettre en place une politique de prévention et de protection des athlètes contre les
risques et accidents dans la pratique sportive.
- Faciliter l'insertion professionnelle et la reconversion des sportifs.
- Créer un musée national des sports ou un musée olympique.
- Dépolitiser le département des sports et les fédérations sportives ;
- Octroyer une place aux organisations sportives au Conseil National de Transition.
9- La sécurité alimentaire :
La sécurité alimentaire se définit comme la possibilité
d'accéder à tout temps à une alimentation suffisante, équilibrée et saine qui puisse
permettre de mener une vie productive .
L'immensité et la fertilité du sol, la multitude des cours d'eau et
autres facteurs géologiques disposent la RCA à être un pays d'abondance alimentaire.
Mais en observant la réalité, on se rendra compte très rapidement qu'il n'y a pas la
sécurité alimentaire. On constate plutôt :
- Un manque de programme de communication pour orienter la production et renforcer la
productivité ;
- Une mauvaise politique d'écoulement des produits alimentaires entre les différentes
régions.
- La destruction des centres de multiplication des semences ;
- La pauvreté qui empêche les gens d'avoir une alimentation équilibrée ;
- Les habitudes alimentaires et culturelles qui constituent une entrave à une bonne
alimentation ;
- L'alimentation est basée sur la consommation du manioc, sans variation majeure ;
- 38% des enfants centrafricains accusent un retard de croissance;
- Une indifférence des enfants à la scolarisation et leur inattention en classe à cause
de la faim ;
- Le détournement des cantines scolaires pour la récupération nutritionnelle
gérées par des fonctionnaires d'état qui ne sont pas payés des mois durant;
- Le VIH/SIDA absorbe les moyens des familles car les soins sont très chers et exposent
celles-ci au risque de famine ou de sous-alimentation, surtout si c'est la personne
pourvoyeuse de la famille qui est touchée ;
- La non exploitation des potentialités du pays pour les industries
agroalimentaires ;
- L'insuffisance des points d'eau potable.
Recommandations
A court terme
- Développer un programme permanent d'information des paysans sur les actualités
agricoles du pays ;
- Mettre en place des cantines scolaires et les utiliser pour motiver les parents à
envoyer leurs enfants à l'école et accroître l'intérêt des enfants pour
l'école ;
- Reconstruire et développer les centres de multiplication des semences ;
- Développer un programme d'éducation populaire pour une alimentation
équilibrée ;
- Mettre l'accent sur l'éducation des filles pour améliorer l'alimentation dans
l'avenir ;
- Relancer la politique d'autosuffisance alimentaire ;
- Améliorer le circuit interne de commercialisation de produits agroalimentaires ;
- Intégrer les techniciens d'agriculture et d'élevage formés et/ou les encourager
s'organiser en ONG pour accroître la production agricole ;
- Interdire l'usage des insecticides dans la pêche et la chasse ;
- Interdire les organes génétiquement modifiés (OGM) en Centrafrique ;
- Favoriser l'accessibilité à l'eau potable.
A moyen terme
- Encourager l'implantation de nouvelles industries agroalimentaires selon les
spécificités des régions ;
- Mener une étude sur les valeurs nutritionnelles des aliments de Centrafrique ;
- Mettre en place une commission technique pour étudier les possibilités d'introduire
une nouvelle culture de remplacement du manioc.
Actualité Centrafrique - Dossier spécial
Dialogue national : Commission 5 (Octobre 2003)