BOSSEMBELE (Centrafrique), 30 août (AFP) - 9h21 - L'arrivée des soldats de la force de paix de la Cémac redonne confiance aux habitants de Bossembélé, une ville du nord de la Centrafrique encore traumatisée, quatre mois après de violents combats entre l'ex-rébellion et l'armée.
La toiture de la mairie perforée par une roquette, les murs d'une école lézardés, une maison incendiée: le centre de cette ville de 52.000 habitants sur la route reliant Bangui, au Cameroun, porte les stigmates de longs mois d'instabilité et de terreur qui ont régné dans tout le nord du pays.
Prise par les partisans du général François Bozizé, parvenu au pouvoir le 15 mars dernier, reprise par les forces du président déchu Ange-Félix Patassé, appuyées de combattants du Mouvement de libération du Congo (MLC), la ville a subi de violents affrontements et la terreur des hommes en armes.
"Quand les +Banyamuléngués+, les hommes du MLC, ont repris la ville, ils ont commis toutes sortes d'exactions: exécutions sommaires, viols, tortures, racket, braquages", explique le chef de la police municipale, Jonathan Yakoli.
"Il y a eu plus de 20 morts ici", se souvient le maire de Bossembélé, Gaston Wowi. "Ma fille âgée de 13 ans a été violée devant moi", témoigne un pasteur Wadoch Mangama.
Jusqu'au coup d'Etat du 15 mars, tout le nord-ouest, longtemps occupé par les rebelles, était en proie à des combats sporadiques, obligeant les paysans à abandonner les villages et fuir avec leurs animaux dans la brousse. Le revenu des groupements agricoles en a été divisé par six.
Depuis que le général Bozizé a pris le pouvoir, les combats ont cessé. Mais la région vit toujours sous la menace des "zaraguinas", ces bandits de grand chemin qui rançonnent et tuent parfois les voyageurs.
La force de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac), la Fomuc, permet aux habitants des villes de Bossangoa, Paoua, Bouca ou encore Kabo, près du Tchad, de retrouver une vie normale.
La semaine dernière, une patrouille Fomuc a arrêté des coupeurs de route qui avaient tué cinq éleveurs.
Avec le retour de la sécurité, les gens de la région peuvent enfin emprunter les grands axes routiers sans crainte.
"Les habitants ont encore peur du lendemain ou du retour de nouveaux +Banyamuléngés+", confie le commissaire adjoint à la ville, Alphonse Sambo.
Ce responsable déplore que "les forces de défense et de sécurité ne disposent pas de moyens de communication ou de déplacement".
"Heureusement, la force multinationale de la Cémac est là pour sécuriser la région. Sinon les coupeurs de route allaient poursuivre les sales besognes des +Banyamuléngés+", assure M. Sambo.
Les militaires gabonais et congolais de la Fomuc, équipés par la France, sont également salués pour leur comportement respectueux.
Grâce à eux, une mission gouvernementale a pu s'aventurer à sillonner la région depuis le 21 août, afin d'évaluer les dégâts et les besoins des populations.
Cette mission sous tutelle du ministère des Affaires sociales devra, après deux semaines de consultations, remettre un rapport au gouvernement en vue d'une aide internationale pour réhabiliter la région.
A Bossembélé, les militaires ont veillé au bon déroulement des consultations entre envoyés de la capitale et responsables d'administrations et d'associations de la ville.
Pendant ce temps, le projectionniste d'une salle de ciné-vidéo rechargeait des batteries sur un groupe électrogène pour passer un film, en attendant un hypothétique retour de l'électricité.