Le président Bozizé demande pardon pour les "dérapages" de sa rébellion
BANGUI, 14 oct 2003 (AFP) - 14h34 - Le président centrafricain, François Bozizé, a demandé pardon mardi à Bangui, devant les délégués du Dialogue national, pour les "dérapages" de l'ex-rébellion qui l'a porté au pouvoir le 15 mars dernier, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Comme dans toute situation insurrectionnelle notre lutte de libération s'est accompagnée de graves dérapages commis (...)", notamment "par ceux qui se sont mis résolument au service d'une noble cause", a reconnu le général Bozizé.
Se disant "Homme, c'est à dire capable d'erreur", il a demandé "du fond du coeur (...) pardon à la Centrafricaine et au Centrafricain", espérant que cela pourra "contribuer à apaiser les coeurs, panser les meurtrissures".
M. Bozizé a renversé le 15 mars le président Ange-Félix Patassé, après avoir dirigé, à partir de novembre 2001, une rébellion qui a occupé des pans entiers du pays entre octobre 2002 et mars 2003.
A l'entrée de ses partisans dans la capitale centrafricaine, la ville avait été presque entièrement pillée et des morts, en nombre à ce jour indéterminé, avaient été déplorés.
L'ex-président Patassé, exilé au Togo, accuse les anciens rebelles d'avoir perpétré des "massacres" à l'extrême-nord de la RCA lorsqu'ils en avaient le contrôle.
"J'espère que ce pardon profond sera accepté", a ajouté M. Bozizé, sous les applaudissements nourris des 350 délégués qui participent depuis la mi-septembre au Dialogue national de réconciliation, dont les travaux doivent s'achever mercredi.
Le chef de l'Etat centrafricain a toutefois souligné que les "dérapages" commis lors de sa prise de pouvoir n'étaient pas seulement le fait de ses partisans, mais aussi de "ceux qui ont profité du contexte de troubles pour saccager, piller, et détruire le peu qui nous restait".
François Bozizé a également estimé que le Dialogue national "ne peut pas et ne doit pas être un dialogue de plus, une parenthèse ouverte et vite fermée".
"Car, a-t-il dit, le vrai pardon est que les ambitions légitimes dans un pays se réalisent dans la sérénité, dans la confrontation, dans un cadre de paix, des idées, et que l'expression du peuple soit respectée".
M. Bozizé faisait allusion aux élections législatives et présidentielle qui doivent mettre un terme à la période de transition "consensuelle" qu'il dirige, avec un gouvernement associant tous les partis politiques.