LA GRANDEUR DE L'ETRE HUMAIN : ESPRIT, SAGESSE ET HUMILITE DEVRONT GUIDER LES CENTRAFRICAINS POUR LA RENAISSANCE DU PAYS

Pouvons-nous espérer de voir un jour entrer dans la voie de la réalisation effective la chimère présente d'une réconciliation nationale définitive de toutes les composantes ethniques centrafricaines ? D'un engagement désintéressé pour le développement socioéconomique et politique du pays ? Ils ne pourront effectivement se faire qu'à une seule condition. Ce sera au prix d'une transformation rapide (car le temps presse) de l'ordre qui nous a façonné depuis des décennies jusqu'à ce jour, d'où naîtrait, un Centrafrique nouveau, assez vigoureux pour suppléer les innombrables déficiences de l'apport individualiste, égoïste, égocentrique et prédateur dans toute entreprise de salut collectif. Seul un Etat stable, fort et indépendant des luttes d'intérêt privé, individualiste, sectaire et ethnocide, pourrait réunir les conditions de constance et de prévoyance nécessaires aux grandes réalisations nationales. La Renaissance Centrafricaine, dans ce cas, devrait être l'article premier de tout programme d'action, qu'il s'agît de SECURITE, de RECONCILIATION NATIONALE, d'ACTION SOCIALE ou d'ACTION ECONOMIQUE et POLITIQUE.

Ne sous-estimons pas l'évènement du 15 mars 2003 qui aurait dû provoquer dans notre pays et dans la communauté centrafricaine de l'étranger dans son ensemble, l'éveil d'une conscience nationale dynamique, un état de fusion de l'ordre social d'où peut sortir pour nous la nouvelle vision d'une société centrafricaine surtout évolutive, équitable et engagée pour un futur déterminant le bonheur pour tous les Centrafricains. Notre pays a les hommes et femmes qui, s'ils acceptent d'avoir des vues sans préjugés sur les évènements de notre époque et une vision nette des réalités et des vérités sociales, économiques, culturelles et politiques, peuvent permettre la naissance de toutes les espérances positives pour une harmonisation bénéfique des valeurs des différentes communautés ethniques constituant notre pays. Dans le cas où nous continuerons à tergiverser trop longtemps, c'est à dire en adoptant et développant le sectarisme et l'ethnocide comme langage et attitude politiques ou pour une reconnaissance et un positionnement sociaux à buts inavoués ce sera, à brève échéance la destruction, l'anéantissement et la mort probable de notre société dans sa globalité.

Par la vigueur du corps aussi bien que par les vertus morales et par la force du caractère, certains de "nos aînés" s'étaient orientés vers une vie collective regroupant toutes les composantes centrafricaines sans distinction de caste ou d'origine. Qu'il s'agît d'un Mounzou-vouko besogneux, ou ruiné, ou aventureux, ou simplement dévoyé, ou qu'il s'agît du paysan campagnard pauvre et hardi, ou du militaro-fasciste de fortune, ou du soudard (tel que défini par l'occidental), ou du politicien, ou d'un cynique sans vergogne, ou de la femme vertueuse et aimante ou de la fille délurée, tous et toutes étaient, scientifiquement du point de l'espèce, un représentant biologique unique présent dans chaque composante ethnique centrafricaine. Toutes ces espèces ont pu se retrouver à un certain moment de leur vie associées aux destinées du pays. Pour certains, la conservation intacte de leurs qualités natives leur a permis pendant longtemps de lutter pour leur propre survie, celle de leur progéniture et pour le peuple en général en utilisant des moyens honnêtes, appropriés et adaptés contre des ennemis visibles communs (la colonisation, la pauvreté, la gabegie, l'incurie, la prédation, etc.); alors que d'autres égoïstes, calculateurs et prédateurs, ont profité du manque de vigilance des populations, exploitant de manière obscure, outrancière et éhontée l'ignorance et la bonne foi de ces mêmes populations pour s'enrichir personnellement. L'histoire nous a démontré et continuera à le faire "qu'un bien mal acquis ne profite jamais à son auteur !"

Néanmoins la majorité des aînés justes, honnêtes et réfléchis avait compris qu'aucun des problèmes de leur génération ne saurait résister à un effort conjugué de l'intelligence et de volonté soutenant une ambiance d'unité totale entre tous les peuples Oubanguiens. Pourquoi aujourd'hui ne pouvons-nous pas nous retrancher sur cette position ! Car elle est, à ma connaissance, la seule bonne, la seule digne d'hommes et de femmes responsables dans un monde moderne et évolutif dans sa globalité et surtout multiethnique qui est celui de la République centrafricaine.

Comme je l'ai toujours développé dans mes réflexions, la connaissance de soi-même est une étape très importante dans tout engagement (politique, économique, social, culturel). C'est la préface nécessaire à toute action ordonnée en vue d'un but commandé par la logique des circonstances et par un idéal de raison. Se connaître n'est pas se procurer à bon compte des satisfactions d'amour-propre en acceptant sans examen et sans analyse toutes les affirmations énoncées par-ci et par -là. Se connaître n'est pas davantage se frapper la poitrine en proclamant son indignité de peuple ou d'individu né pour tous les servages ou de peuple élu. Se connaître revient pour moi à analyser objectivement ses forces et ses faiblesses. Reconnaître sans fausse pudeur les vertus et les qualités qui grandissent ou confesser avec une sévérité envers soi-même les défaillances qui rapetissent l'homme et les défauts qui le rivent à une apparence de fatalité. La découverte de sa personnalité permettra à chaque Centrafricain de se libérer du poids négatif qui est ancré en lui de manière permanente. Il est clair que l'un des défauts caractéristiques et récurrents du Centrafricain est la susceptibilité. Cette attitude est à la base de plusieurs de ses actes incompréhensibles et inadéquats pour la transformation de la société pour un meilleur partage des richesses générées par le travail des hommes et femmes honnêtes. Cette susceptibilité n'apparaît souvent que comme une réaction de défense psychologique, pour qui la moindre réserve est un affront et le reproche est un acte d'hostilité créant des abîmes d'incompréhension que nous retrouvons généralement dans la plupart des réactions de nos compatriotes à tous les niveaux aussi bien sur les fora virtuels que dans la vie courante. Que de misères, de drames nous aurions pu éviter si les uns et les autres avaient un tant soit peu considérer rien que les faits, les déclarations et les évènements pris dans leur contexte, nous permettant d'engager un dialogue constructif et dynamique pour le bonheur de tous dans une République centrafricaine unie dans la dignité et le travail ! Il apparaît au fil des ans que cette démarche est insurmontable pour un certain nombre de nos compatriotes centrafricains, d'autant qu'aucune volonté réelle et sincère ne se dégage à travers les réactions des uns et des autres pour une évolution effective vers une attitude reflétant la sagesse et la disponibilité nécessaires à la mise en œuvre d'actes courageux pour la reconstruction du pays.

Les actes qui prédominent chez la majorité de nos compatriotes se résument en DESTRUCTION : Destruction de la vie et des biens de son prochain ; Destruction des biens de l'Etat ; Destruction de tout et de rien, pour le plaisir et/ou par jalousie et très peu par nécessité. Il se trouve malheureusement que ces Destructions n'engendrent aucune Reconstruction ou tentative de Reconstruction pour meubler le vide créé. D'où chaque Centrafricain, quelque soit son rang social ou son origine ethnique, serait potentiellement un prédateur en puissance pour son pays !

Les questions de fond qui reviennent indubitablement sont les suivantes : Comment transformer l'ordre établi ? Peut-on associer la notion de responsabilité à chaque citoyen Centrafricain ? Le futur fait-il parti de leurs préoccupations ? La réalité ainsi que les projections futures sont alarmantes pour ceux qui ont le courage de s'investir (financièrement, physiquement, moralement, spirituellement) effectivement dans la relance du pays. Elles deviennent démobilisatrices pour peu que la foi, la conviction et l'engagement effectif ne sont pas à la base de cet investissement véritable dans la reconstruction nationale. Car les dégâts auxquels le pays doit effectivement faire face, très rapidement pour les années à venir, sont nombreux et très importants. La lecture du Rapport Mondial sur le Développement Humain (PNUD 2003) confirme l'ampleur de ces dégâts et interpelle clairement chaque Centrafricain où qu'il se trouve.

Les activités à mettre en œuvre pour aider le pays à arrêter et ensuite reverser le cours de la déchéance et de la misère nationales résident donc essentiellement entre les mains des Centrafricains eux-mêmes. Les compétences existent aussi bien localement qu'au niveau des centrafricains expatriés. Dans ce cas, sommes-nous disposés à travailler effectivement pour reconstruire ce pays ? Continuerons-nous à nous réfugier dans l'insouciance de peur de faire face à nos responsabilités de citoyen ? Il est des moments où l'être humain doit sortir de sa torpeur et de sa léthargie pour affronter les réalités, même désagréables soient-elles, et s'engager effectivement pour les causes nobles de son peuple en se plaçant dans une dynamique satisfaisante pour tous. Ainsi, l'engagement effectif sur le terrain peut se faire dans l'optique de l'égalité, de la fraternité, de la justice équitable et surtout du respect des droits de l'être humain dans sa globalité pour le bonheur de tous les Centrafricains.

Le résultat concret et immédiat est l'apparition et l'éclosion des sourires radieux, francs et libérateurs d'énergie positive sur les visages martyrisés du peuple dans son ensemble.

Narcisse Komas, Animateur Kodroforum..

(27 novembre 2003)

Actualité Centrafrique de sangonet- Dossier 17 - Dossier 17