Le Nord de la République
Centrafricaine est face à une pénurie de céréales, disent les agences
humanitaires
BANGUI, le 23 septembre 2003, Nations Unies (IRIN) - La population du
Nord de la République Centrafricaine est confrontée à une importante pénurie de
céréales, exposant les enfants et les personnes vulnérables à une malnutrition,
a affirmé l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture
(FAO) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM) des Nations-Unies (UN).
Les déplacements d'individus en raison de la guerre et le manque de semences
n'ont, en effet, pas permis aux agriculteurs, des provinces de Ouham Pende, Nana
Gribizi et de Kemo, d'atteindre le taux normal de production de 507.000 tonnes
de céréales composées de maïs, de sorgho et de riz, a expliqué vendredi à IRIN
David Bulman, le représentant du PAM en Centrafrique.
Selon David Bulman, le déficit de la production s'élève à 120.000 tonnes,
représentant 23 pour cent de la production céréalière normale.
"La population se nourrira presque exclusivement de manioc entre janvier et
avril [2004]," a -t-il dit.
Le représentant du PAM a, néanmoins, ajouté que les récoltes de manioc avaient
augmenté de 10 à 25 pour cent par rapport aux chiffres enregistrés les saisons
précédentes. Les agriculteurs ont, en effet, utilisé les champs réservés aux
autres céréales pour planter du manioc en raison du manque d'autres semences, a
expliqué David Bulman.
La malnutrition concernant les enfants et les personnes vulnérables est
prévisible. Elle débutera début janvier 2004, en raison du pauvre apport
nutritionnel du manioc.
Samuel Nana-Sinkam, le représentant de la FAO en République Centrafricaine, a
pour sa part ajouté que l'augmentation des productions de manioc s'expliquait
aussi par l'introduction d'une variété de tubercule très résistant. La FAO avait
importé ce tubercule de l'Institut international de l'agriculture tropicale à
Ibadan, au Nigeria, et l'avait distribué la même année aux fermiers du Nord.
Le manque de céréales dans la consommation quotidienne de la population, a
poursuivi David Bulman du PAM, pourrait également avoir pour conséquence
l'effondrement des activités agricoles en raison du manque d'énergie des
agriculteurs. Cette carence nutritionnelle entraînerait encore une augmentation
du nombre de malades dans les centres de santé et compliquerait la situation des
femmes enceintes ou allaitantes.
Certaines femmes ont témoigné être parties de leurs fermes avec leurs bébés et
être revenues le soir sans eux, car leurs enfants étaient morts de faim, a
rapporté David Bulman.
Les chiffres avancés par le PAM et la FAO sur la situation alimentaire dans le
Nord du pays depuis octobre 2002, lorsque la guerre a éclaté entre les rebelles
et les forces gouvernementales sont les plus précis. Ils résultent d'une
synthèse des données, recueillies à la suite de plusieurs missions effectuées
dans le pays par des experts de ces deux organisations onusiennes. Les données
incorporent également les renseignements délivrés par les spécialistes du
gouvernement de l'agriculture ainsi que par les agriculteurs eux-mêmes.
Les activités agricoles ont fortement été perturbées dans le Nord du pays par
les six mois de guerre qui s'est achevée par le renversement du président
Ange-Felix Patasse lors du coup d'état de François Bozize le 15 mars dernier.
Les rebelles et les agriculteurs déplacés ont, en effet, consommé les semences
destinées à la plantation alors que d'autres fermiers n'étaient pas rentrés chez
eux pour ensemencer en avril et en mai.
Une mission des Nations-Unies avait visité le Nord du pays à la fin du mois de
juillet. Elle avait constaté un risque de famine si une aide d'urgence n'était
pas octroyée aux populations touchées par la guerre.
Les agences des Nations-Unies avaient lancé un appel urgent, au mois de mai,
afin d'obtenir 9.1 millions de dollars, incluant 4.85 millions pour fournir de
la nourriture et des semences à 150.000 agriculteurs. Aucune réponse n'avait
pourtant été donnée, avait déclaré le premier août le coordinateur des
Nations-Unies en République Centrafricaine. Une autre demande des Nations-Unies
sera lancée avant le mois de décembre pour soutenir le secteur agricole.
Jusqu'à présent, aucune distribution majeure de nourriture et de semences n'a
été organisée dans cette région. Cependant, les élèves des écoles de quatre
provinces dans le Nord bénéficient d'une aide alimentaire sélective consistant
en la distribution de plats cuisinés pour l'année en cours et la prochaine année
scolaire.