ADP - DECLARATION N°4

Il faut faire table rase des acteurs de la décrépitude de l’Etat centrafricain.

Si, comme un seul homme, le peuple centrafricain s’est levé et s’est mis à applaudir unanimement le changement issu des événements du 15 mars 2003, c’est tout simplement parce qu’il était fatigué du comportement et de la méthode adoptés pour la gestion de la chose publique durant les deux décennies passées. En effet, durant cette période la République Centrafricaine a eu à perdre progressivement ses repères de « Suisse africaine », pays d’accueil et de paix, car jeté en pâture aux démons de l’ethno-tribalisme, de l’exclusion, du clanisme et du favoritisme. Tout cela aggravé par un sens exacerbé d’appétit et de souci de s’enrichir vite au détriment de la majorité, affiché par ceux-là même qui avaient la charge de conduire le pays et qui promettaient de faire de lui une nation où coule le lait et le miel.

Deux décennies durant, la République Centrafricaine a plus que souffert des agitations sociales à n’en plus finir, d’un catalogue de mutineries, rebellions, tentatives de coups d’Etat qui ont fait la triste renommée de notre pays et abouti au départ forcé du régime issu des urnes en 1993, et l’avènement de celui, mis en place par le général Bozizé, à la suite des événements du 15 mars 2003. La fracture sociale est ouverte et l’osmose entre les ethnies et les régions mises à rude épreuve.

En adhérant massivement à l’esprit de ce changement initié et conduit par le compatriote Bozizé, les centrafricaines et les centrafricains l’ont fait avec l’intime conviction que plus rien ne devrait être comme avant, que les pratiques qui ont pour noms ethnisme, clanisme, népotisme, favoritisme, démagogie, cupidité et égocentrisme… devraient cesser d’être de mise dans la conduite des affaires de l’Etat.
>
Après six mois d’exercice de pouvoirs reconnus au régime conduit par le général Bozize, eu égard au constat fait tant par les alliés de l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP) que par la majorité souvent silencieuse des centrafricains, il convient de relever certains points qui mériteraient correction, en vue d’adapter le processus de transition à l’attente et aux espoirs de nos compatriotes. Au risque de les décevoir et de leur donner le sentiment que rien n’a changé et qu’ils restent confrontés à tout ce qui avait fait leur malheur par le passé.


I - DU CHANGEMENT ISSU DU 15 MARS 2003

Les vocables « chasses aux sorcières » ont constamment été employés par ceux du régime d’avant mars 2003, chaque fois que des mesures judiciaires ou administratives sont prises contre l’un des leurs. A moins vraiment d’avoir la mémoire courte ou de faire preuve d’une mauvaise foi patente, qu’ils se souviennent de leurs arrivées aux affaires en 1993, appuyés par leurs « légion étrangère », où faire mains basses sur toutes les Institutions de l’Etat était une priorité et un impératif absolus. En dépit des déclarations fracassantes du président « démocratiquement élu » de l’époque, selon lesquelles il n’était plus membre d’une famille, d’une ethnie, d’une formation politique donnée, mais Président de tous les centrafricains, les parents, amis et connaissances, courtisans et « compagnons de luttes politiques » s’étaient rués sur tout ce qui pouvait découler de près ou de loin de la souveraineté de l’Etat centrafricain. Présidence de la République, Assemblée nationale, Primature, départements ministériels, établissements publics, ambassades et Représentations dans les Institutions internationales, des cadres aux simples garçons de bureaux et filles de salle, en passant par les directeurs généraux ou autres chefs de service, tous devaient y passer au motif de préserver et entretenir les intérêts de la formation politique au pouvoir, des parents, amis, connaissances et courtisans. Avaient-ils en ce qui les concerne pris des gants vis-à-vis de leurs prédécesseurs ? Durant dix années, la République Centrafricaine a été dépecée au point de devenir la risée de tout le monde, du fait de l’inaptitude des autorités et agents promus à remplir leurs tâches, de leur incompétence et de leur goût effréné à l’enrichissement, au gain facile et rapide au détriment de l’intérêt de la masse, maintenue dans une paupérisation chaque jour plus grande.

En toute logique, conduire un vrai changement devrait imposer aux autorités arrivées aux affaires suite aux événements du 15 mars 2003, de faire table rase de ces collaborateurs du régime déchu, qui ont été les complices sinon les acteurs de la décrépitude de l’Etat centrafricain.

Malheureusement, force est de constater que la tiédeur du régime actuellement aux affaires vis à vis de ceux qui l’ont précédé, leur a donné l’occasion non seulement de perpétuer leurs méfaits, puisqu’ils sont encore aux postes clés de la République, mais de narguer à chaque occasion les centrafricains qui pensaient être débarrassés de leur présence nocive dans la sphère de l’administration de l’Etat.

Le changement annoncé et conduit devrait se faire avec des hommes et des femmes capables d’une contribution réelle à l’œuvre de reconstruction nationale et de rendre compte quand il faudra faire l’inventaire des actes posés par le régime de transition. Il y a parfois des responsabilités à prendre dans la gestion de l’Etat, quitte à déplaire.


II - DE LA GESTION DE LA TRANSITION

Si le maintien en poste des caciques du pouvoir déchu depuis mars 2003 reste une question sans réponse pour le commun des Centrafricains, les nominations des hauts fonctionnaires et cadres dans les services administratifs, les établissements publics et autres sociétés de l’Etat ainsi que les offices publics laissent dans leur majorité, un avant-goût du déjà vu par le passé. Et ce n’est pas la désignation des membres du Comité préparatoire du dialogue national qui échappera à l’observation.

Pourquoi persister à faire ressurgir dans l’esprit des Centrafricains les malheureuses et mesquines considérations d’hier au lieu simplement de transcender les époques pour se trouver dans l’ère d’espoir et de réfondation du pays ?

L’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP) estime pour sa part qu’une attention soutenue accordée à ces quelques observations tant par le Gouvernement sous l’impulsion du Chef de l’Etat  que par le Conseil national de Transition permettra de rectifier le tir, et de remettre le processus de transition sur une trajectoire susceptible de répondre aux attentes des Centrafricains.

L’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP) rappelle que le consensus, leitmotiv du chef de l’Etat, le général de Division François Bozizé, doit guider les Centrafricains à chaque étape de la transition. Se mettre en dehors de ce consensus constitue un obstacle à l’aboutissement heureux de la Transition. Par conséquent, il est nécessaire d’assurer une remise à niveau du processus consensuel de la transition dans l’intérêt de la nation.

Le président du Comité ad hoc
Joseph Théophile DOUACLE
[ Doc du 03 Sep 2003 - Diffusion: du 29 septembre 2003 ]

Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 17