"Ce Dialogue n'est pas seulement politique comme nous en avons déjà eu par le passé. Il inclut aussi des volets sociaux et économiques. Je souhaite qu'il propose une nouvelle vision de la société centrafricaine", a-t-il déclaré.
Le pasteur Zokoué a exhorté les hommes politiques à remiser leurs ambitions pendant ces assises. Celles-ci regroupent depuis lundi à Bangui 350 délégués issus de toutes les couches du pays, avec pour objectif principal de mettre un terme aux crises politico-militaires qui ont ébranlé le pays depuis 1996.
"Je comprends les hommes politiques. Mais j'essaie de les persuader de faire un travail de fond: +Vous voulez gouverner, d'accord. Mais laissez-nous d'abord vous dire comment nous voulons être gouvernés+", a-t-il dit.
Le pasteur Zokoué a souligné que ce Dialogue national n'était "pas une Conférence nationale souveraine" et ne recelait donc "pas d'enjeux de pouvoir".
Le président de ce forum réagissait aux propositions formulées par certains délégués, cette semaine, lors des travaux préparatoires en commissions.
Il a notamment été suggéré que le Dialogue vote une résolution interdisant aux autorités de la transition actuelle, le général François Bozizé et son Premier ministre Abel Goumba, de se présenter à l'élection présidentielle prévue fin 2004, afin de garantir une compétition équitable.
Un délégué a également souhaité que la Constitution prévoie un âge limite de 70 ans pour la candidature à la magistrature suprême, ce qui exclurait d'office le Premier ministre Abbel Goumba, qui a fêté jeudi ses 77 ans.
Le pasteur Zokoué a plaidé en faveur d'un "recentrage des débats": "Nous ne sommes pas là pour glisser des peaux de bananes sous les pieds de "X" ou "Y". Nous devons garder en vue l'objectif principal: la réconciliation nationale".
Il a souligné que ces assises représentaient une chance inédite "de chercher à voir, en remontant jusqu'à 1960, ce qui a fait qu'on en est là aujourd'hui".
La Centrafrique a déjà connu ce genre de conférences, notamment après les mutineries militaires de 1996-97. Mais leurs conclusions sont souvent restées lettres mortes.
"Mais c'est la première fois", estime le pasteur Zokoué, "que nous pouvons nous exprimer sans influence, puisque nous avons un régime de transition et qu'aucun parti en particulier n'est au pouvoir".
"C'est pour cela que nous voulons souligner le caractère exécutoire des recommandations que nous adopterons. Nous voulons cette fois qu'elles se traduisent par des faits hors de toute subjectivité", a-t-il insisté.
Le président du Dialogue national a toutefois reconnu que la mise en place d'un comité de suivi de cette réunion ne suffirait pas à garantir l'application des mesures arrêtées.
Leur mise en oeuvre relèvera d'une "obligation morale" plus que politique, a-t-il admis. Et de conclure: "Le gouvernement peut toujours rejeter ce que nous sommes en train de faire. Mais je crois qu'il existe actuellement une réelle volonté consensuelle".