DANS 100 ANS ? IL N’ Y AURA PLUS DE CENTRAFRICAIN
L’évangéliste américain BILLY GRAHAM disait en 1989 que certains pays risqueront d’être rayé de la carte en 100 ans, si aucune solution n’était trouvé au problème du SIDA dans les années à venir. Près de quinze ans après ce constat ; les chiffres semblent lui donner raison. En parcourant les rapports des différentes commissions du dialogue national ; intercalé au milieu des recommandations de la commission 5 : Education, Sociale, culture, Jeunesse et Sports ; je suis tombé sur un ensemble de chiffres et de projections qui font froid dans le dos et demande qu’on s’y arrête et qu’on y réfléchisse pour trouver un début de solution.
Document rapport commission 5
Depuis la découverte des premiers cas de SIDA en 1984 en République Centrafricaine, l'ampleur de la maladie n'a cessé de croître en dépit des actions menées dans le cadre des différents programmes. Les premières enquêtes de séroprévalence effectuées à partir d'un échantillon de la population de Bangui par l'Institut Pasteur de Bangui et l'OCEAC de 1984 à 1988 avaient mis en évidence un dédoublement annuel du taux de prévalence de l'infection à VIH dans la population générale ( 15 à 45 ans) : 2,6% en 1984, 4,6% en 1986, 7,8% en 1987.
En décembre 1999, selon le rapport sur la situation mondiale de l'épidémie publié par l'ONUSIDA, la RCA est le dixième pays le plus touché au monde avec un taux de séroprévalence nationale de 13,84%. Selon ce même rapport, le nombre de personnes infectées par le virus était estimé à plus de 240.000, le nombre de cas cumulés de SIDA dépassent 30.000, le nombre de décès est au-delà de 23.000 et au moins 99.000 orphelins du SIDA sont recensés.
De janvier à octobre 2001, le taux de prévalence de l'infection à VIH chez les donneurs de sang à Bangui était de 11,7%.
En l'an 2002, une étude a été réalisée sur les femmes enceintes pour l'évolution de l'épidémie sur toute l'étendue du territoire. Les résultats de cette enquête sont les suivants : sur 9.305 femmes enceintes testées pour le VIH, 1.321 (14,2%) ont une sérologie positive.
Tableau I : Répartition des femmes enceintes dépistées VIH+ par tranches d'âge
Classes d'âge (an) |
Nombre de femmes Enceintes VIH+ |
Pourcentage (%) |
< 15 |
20 |
1,5 |
15 - 19 |
349 |
26,7 |
20 - 24 |
380 |
29,1 |
25 - 29 |
286 |
21,9 |
30 - 34 |
156 |
11,9 |
35 - 39 |
87 |
6,7 |
40 - 44 |
24 |
1,8 |
45 - 49 |
4 |
0,3 |
TOTAL |
1 306 |
100,0 |
Source :
Rapport cartographie de l'infection à VIH en République Centrafricaine, en 2002.Le tableau ci-dessus montre clairement que :
Le tableau ci-dessous présente la situation de la séroprévalence à VIH dans toutes les préfectures de notre pays.
Tableau II : Séroprévalence du VIH chez les femmes enceintes et les femmes en population générale, par préfecture et formation sanitaire en RCA, novembre 2001-octobre 2002.
Préfectures |
Formations sanitaires |
Prévalence chez les femmes enceintes |
Prévalence chez les femmes en population générale |
Bangui |
B1/CSSU |
16,0% |
17,4% |
B2/CSU Lakouanga |
18,0% |
19,3% |
|
B3/CSU Castors |
16,0% |
14,6% |
|
B3/CSU M. Mbaïki |
16,0% |
16,9% |
|
B4/CSU Boy-Rabe |
14,0% |
15,9% |
|
B5/CSU Malimaka |
15,0% |
16,6% |
|
B6/CSU Pétévo |
7,0% |
7,7% |
|
B7/CSU Ouango Bangui |
13,0% |
13,5% |
|
B8/CSU Gobongo |
21,0% |
23,4% |
|
CSU Bimbo |
9,0% |
11,5% |
|
CSU Bégoua |
9,0% |
10,8% |
Bamingui-Bangoran |
Hôpital de Ndélé |
18,0% |
25,0% |
CS Bamingui |
27,0% |
39,3% |
Basse Kotto |
Hôpital Mobaye |
10,0% |
14,6% |
CS Kembé |
14,0% |
21,0% |
|
CS Alindao + Elim |
18,0% |
24,7% |
Haut Mbomou |
CS Zémio |
21,0% |
29,4% |
CS Mboki |
11,0% |
17,0% |
Haute Kotto |
Hôpital de Bria |
19,0% |
26,6% |
Kémo |
Hôpital de Sibut |
10,0% |
14,8% |
CS Dékoa |
7,0% |
10,2% |
Lobaye |
Hôpital de Mbaïki |
11,0% |
16,8% |
CS Bossongo |
11,0% |
17,7% |
|
CS Boda |
9,0% |
13,7% |
Mambéré Kadéi |
Hôpital de Berbérati |
17 0% |
24,4% |
Hôpital de Carnot |
22,0% |
34,8% |
|
CS Gamboula |
4,0% |
5,0% |
Mbomou |
Hôpital de Bangassou |
9,0% |
12,9% |
CS Rafaï |
10,0% |
14,6% |
Nana-Grébizi |
Hôpital Kaga-Bandoro |
15,0% |
21,9% |
CS Mbrés |
15,0% |
20,2% |
Nana-Mambéré |
Hôpital de Bouar |
20,0% |
28,6% |
CS Niem |
11,0% |
15,1% |
|
CS Baboua (Front. Ca) |
11,0% |
14,4% |
Ombella-Mpoko |
CS Bossembélé |
9,0% |
11,9% |
Ouaka |
Hôpital de Bambari |
18,0% |
26,0% |
Hôpital Ippy |
16,0% |
23,0% |
|
CS Kouango |
7,0% |
10,2% |
Ouham |
Hôpital de Bossangoa |
20,0% |
28,6% |
CS Batangafo |
15,0% |
21,7% |
|
|
CS Kabo (Front Tchad) |
18,0% |
24,1% |
Ouham-Pendé |
Hôpital de Bozoum |
9,0% |
13,0% |
CS Paoua |
17,0% |
24,2% |
|
|
CS Ngaoundaye |
22,0% |
30,9% |
Sangha-Mbaéré |
Hôpital de Nola |
11,0% |
15,8% |
CS Bayanga (Front Co) |
13,0% |
18,0% |
Vakaga |
Hôpital de Birao |
15,0% |
20,8% |
CS Amdafok |
28,0% |
40,2% |
Source :
Rapport cartographie de l'infection à VIH en République Centrafricaine, décembre 2002.Cette étude a mis en évidence l'ampleur de l'épidémie de l'infection à VIH sur toute l'étendue du territoire centrafricain, les zones rurales n'étant pas épargnées. La séroprévalence va de 7% à 21% à Bangui et de 4% à 28% dans les provinces. L'arrière pays est autant sinon plus gravement touché que Bangui.
Sur le plan de son impact, l'infection à VIH revêt un caractère multidimensionnel avec des répercussions sur tous les secteurs notamment les secteurs clés que sont:
Au vu de ces chiffres ; il est à noter qu’un centrafricain sur six est séropositif. Près de vingt après le premier cas officiel d’infection VIH en Centrafrique ; le taux de séroprévalence est à 16 % ; à cette allure, si aucune solution n’est trouvée ; en l’an 2100 ; le SIDA aura décimé l’ensemble de la population, à un rythme de 15 % tous les vingt ans. Ce n’est pas prophétique, c’est un constat mécanique et mathématique. Il est grand temps que toutes les forces vives de la nation se mobilisent pour essayer de trouver un début de solution à ce problème. Autant la division, le népotisme, la pauvreté, l’ignorance, le sous-développement nous menacent ; autant le SIDA risque de nous exterminer. Ensemble, les forces politiques, économiques, les hommes d’églises, les forces de défense, la jeunesses, les femmes, les intellectuels, les hommes du peuple ; nous devrons nous mobiliser.
Clément BOUTE-MBAMBA (Villeneuve St Georges, France)
Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 18