Regain de tension à Bangui : affrontements entre les ex-rebelles et l'armée dans le nord de la capitale

Bangui revit une fois de plus sous des coups de feu. Des barricades se sont érigées par des ex-libérateurs, éléments majoritairement originaires du Tchad et plus précisément de la frontière soudano-tchadienne. Ils agissent en maître sur le sol centrafricain depuis des mois. Certains d'entre eux, une fois rétribués, partiront mais d'autres reviendront, et le cycle reprendra : ce sont des "apatrides" qui commercent avec des hommes d'affaires d'arrière pays, dit-on. C'est un marché organisé, juteux. Ces combattants munis d'équipements ultramodernes de communications et de moyens de déplacements légers et rapides, sont organisés désormais en bataillons sur tout le territoire. Il n y a pas un seul mouvement de soldats de l'armée nationale qui ne soit pas su immédiatement par eux; les renseignements recueillis seront retransmis à la même vitesse à travers leur réseau. Tout le monde sait à Bangui, s'en inquiète, sauf les autorités en charge de la protection du civil. C'est seulement par la volonté du Tchad, du Soudan et de la République Centrafricaine au haut sommet de l'Etat qu'un début de solution sera trouvé. En attendant, cette tentative veut prendre en otage le peuple centrafricain, l'asphyxier, l'affamer et rendre ingouvernable le pays. (19 avril 2004)


Affrontements entre ex-rebelles et armée à Bangui: six morts

BANGUI, 18 avril 2004 (AFP) - 19h42 - Les échanges de tirs samedi dans le nord de Bangui entre l'armée centrafricaine et les ex-rebelles ayant accompagné le général François Bozizé dans sa prise du pouvoir, ont fait six morts et plusieurs blessés dont un ministre, ont indiqué dimanche différentes sources à l'AFP.

Une source hospitalière a fait état dimanche de six morts et de 16 blessés, soulignant qu'ils étaient tous combattants, sans pouvoir préciser à quels rangs ils appartenaient.

Selon une source proche du gouvernement dimanche, les affrontements n'ont fait aucun mort dans les rangs des forces armées centrafricaines, mais "quelques blessés", dont le ministre centrafricain des Mines, le commandant Sylvain N'doutingaï, légèrement touché.

Samedi soir, une source militaire avait annoncé à l'AFP qu'un soldat centrafricain avait été tué dans les affrontements.

La source proche du gouvernement n'a pas précisé les circonstances dans lesquelles le ministre avait été blessé, ni quel était son rôle sur les lieux.

"Le Premier ministre (Célestin Gaombalet) doit lui rendre visite dans la soirée de dimanche, pour s'enquérir des circonstances" dans lesquelles il a été blessé, a ajouté cette même source, soulignant que le ministre n'est pas hospitalisé.

Le commandant Sylvain N'doutingaï était le chef des opérations de la rébellion menée par le général Bozizé, dont il est un proche, jusqu'à sa prise de pouvoir le 15 mars 2003, lors d'un coup d'Etat qui a renversé le président Ange-Félix Patassé.

Depuis samedi soir, les tirs ont cessé et le calme est revenu à la sortie nord de Bangui, où les affrontements ont duré moins d'une heure samedi en fin d'après-midi.

Le trafic n'a toutefois pas totalement repris dimanche et les déplacements ainsi que les activités commerciales restaient encore hésitants dans ce secteur.

Certains habitants des quartiers nord de Bangui avaient délaissé samedi soir leur domicile pour passer la nuit chez des parents vivant dans d'autres quartiers.

Dans un communiqué lu à la radio nationale, "Le Formidable Musiki", l'orchestre le plus célèbre de Bangui qui se produit tous les dimanche à la sortie nord de la capitale, avait demandé à ses fans de ne pas se rendre sur le lieu habituel du concert, situé non loin du lieu où les "ex-libérateurs" avaient érigé samedi des barricades.

Les soldats centrafricains et ceux de la force de paix de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac), sont intervenus samedi face à d'anciens "libérateurs" qui avaient érigé des barricades au PK11, zone où réside le président Bozizé, dans le nord de Bangui et s'étaient livrés à des violences sur la population, selon les autorités.

"Devant la violence des exactions commises par certains +ex-libérateurs+, l'usage des armes a été rendu nécessaire", a expliqué samedi soir, à la radio nationale, Alain Georges N'gatoua, conseiller en communication du président Bozizé.

"Ne trouvant pas assez importantes les indemnités qui leur ont déjà été versées et appliquant visiblement un plan prévu à l'avance, ces derniers ont entrepris de bloquer les sorties de la capitale, tout en s'en prenant à une partie de la population", a poursuivi M. N'gatoua.

Les exactions des "libérateurs" - dont une partie seulement a été intégrée dans l'armée et dont certains ont conservé leurs armes - contre la population de Bangui ou de la province ont été fréquemment dénoncées depuis leur prise de la capitale centrafricaine le 15 mars 2003.


Le ministre centrafricain des Mines blessé dans les affrontements de samedi

BANGUI, 18 avril 2004 (AFP) - 19h29 - Le ministre centrafricain des Mines, le commandant Sylvain N'doutingaï, a été légèrement blessé samedi dans les affrontements entre armée centrafricaine et ex-rebelles ayant accompagné François Bozizé dans sa prise du pouvoir, a annoncé dimanche une source proche du gouvernement.

Plusieurs soldats centrafricains ont été blessés dans ces échanges de tirs, a indiqué cette source qui n'a pas précisé leur nombre. Selon elle, aucun militaire n'a été tué, alors qu'une source militaire faisait état samedi soir d'un mort dans les rangs des forces armées centrafricaines.

"Il y a eu quelques blessés dans les rangs des forces de défense et de sécurité centrafricaines, dont le commandant Sylvain N'doutingaï, ministre des Mines et de l'Energie, proche du président François Bozizé", a déclaré cette source sous couvert de l'anonymat à l'AFP.

La source n'a pas précisé les circonstances dans lesquelles le ministre a été blessé, ni quel était son rôle sur les lieux.

"Le Premier ministre (Célestin Gaombalet) doit lui rendre visite dans la soirée de dimanche, pour s'enquérir des circonstances" dans lesquelles il a été blessé, a ajouté cette même source, soulignant que le ministre n'est pas hospitalisé.

Le commandant Sylvain N'doutingaï était le chef des opérations de la rébellion menée par le général Bozizé jusqu'à sa prise de pouvoir le 15 mars 2003, lors d'un coup d'Etat qui a renversé le président Ange-Félix Patassé.

Selon un bilan communiqué dimanche par une source hospitalière, les affrontements de samedi on fait six morts et 16 blessés.

Aucun civil ne figure parmi les victimes selon cette source.


Les "libérateurs" centrafricains multiplient les exactions depuis un an

BANGUI, 18 avril 2004 (AFP) - 18h03 - Les ex-"libérateurs" qui ont porté au pouvoir en Centrafrique le général François Bozizé et qui ont échangé des tirs avec l'armée samedi à Bangui, multiplient les exactions contre les civils depuis leur entrée il y a un an dans la capitale.

Quand ils sont arrivés à Bangui, le 15 mars 2003, ces combattants étaient un millier, dont une grande partie originaire du Tchad, où l'actuel président Bozizé avait fui en octobre 2001 avec ses partisans puis lancé sa rébellion.

Depuis un an, une partie d'entre eux ont été rapatriés au Tchad, d'autres, centrafricains, ont été intégrés dans l'armée.

Mais il reste entre 200 et 300 éléments non désarmés à Bangui, et un nombre supérieur en province, où ils cachent leurs armes.

Samedi, comme ils l'avaient déjà fait en octobre 2003, ils ont barricadé la sortie nord de Bangui au PK 11, zone où réside le président Bozizé, pour réclamer une "indemnité compensatrice" pour leur participation à la rébellion. Sept millions de FCFA (un peu plus de 10.000 euros) chacun, selon la presse centrafricaine.

Et en attendant, depuis un an, les "libérateurs" se paient en braquant, rackettant, violant à Bangui, ou en se substituant aux forces de l'ordre et appliquant parfois une justice expéditive.

En province, ils constituent le gros du contingent des "coupeurs de route", bandits de grands chemins qui détroussent les automobilistes ou passagers des taxis et bus, et se livrent également à des kidnappings contre rançon.

Ces exactions ont été fréquemment dénoncées depuis un an, que ce soit par le clergé centrafricain ou la Ligue centrafricaine des droits de l'Homme (LCDH) qui a fustigé ceux qui "sous le prétexte d'être des +libérateurs+et se sentant assurés d'une impunité totale, terrorisent la population".

Un sentiment d'impunité tel que fin février les policiers centrafricains eux-même se sont dits victimes de leurs exactions, les accusant de multiplier humiliations, violences et menaces de mort à leur encontre jusque dans les postes de police.

Le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, s'était déclaré en janvier "gravement préoccupé par la recrudescence des actes de viols, de braquages et d'atteintes au droit à la vie perpétrés dans l'arrière pays (centrafricain) et à Bangui".

Mais jusqu'ici, aucun incident armé ne les avaient opposé aux forces centrafricaines, alors que les exactions, pillages de domiciles et de commerces (auxquels avaient participé une partie de la population) mais aussi exécutions sommaires, avaient commencé dès l'entrée dans la capitale des partisans du général Bozizé.

Devant leur ampleur, 500 soldats tchadiens étaient intervenus à Bangui dans les jours suivants la chute du régime du président Ange-Félix Patassé, désarmant de nombreux rebelles, dont 150 combattants tchadiens rapatriés vers N'Djamena.

Les exactions s'étaient cependant poursuivies - à moindre échelle - entraînant l'exaspération de la population et des manifestations, aussi bien des chauffeurs de taxis que des avocats.

Entre le 23 mai et le 6 juin 2003, la force de la Cémac (Communauté économique et monétaire des Etats de l'Afrique centrale) avait lors de l'opération "Dovro" ("tourbillon", ndlr) arrêté et désarmé 187 "libérateurs".

En octobre 2003, la manifestation des ex-partisans de François Bozizé s'était terminée sans heurts après des négociations avec les éléments de la Cémac et l'intégration de certains dans les rangs de l'armée centrafricaine.

Samedi, "devant la violences des exactions (...) l'usage des armes a été rendu nécessaire", a expliqué le conseiller en communication du président Bozizé. Les échanges de tirs ont fait six morts.


Echanges de tirs entre armée centrafricaine et ex-"libérateurs" à Bangui

BANGUI, 17 avril 2004  (AFP) - 22h48 - Des échanges de tirs ont opposé samedi en fin d'après-midi dans le nord de Bangui l'armée centrafricaine, appuyée par la Force de paix de la Cémac (Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale) à d'ex-combattants de la rébellion de François Bozizé, a constaté un journaliste de l'AFP.

Ces affrontements ont duré moins d'une heure, et samedi en début de soirée la situation était redevenue calme et les tirs avaient cessé.

Ils ont fait au moins trois morts et sept blessés a indiqué une source proche de la présidence qui n'a pu préciser à quels rangs appartenaient les différentes victimes, soulignant que certains blessés étaient gravement atteints et que le "bilan est susceptible de s'alourdir".

Les soldats centrafricains et la force Cémac sont intervenus après que d'anciens "libérateurs", nom donné aux ex-combattants de la rébellion qui a porté au pouvoir le 15 mars 2003 l'actuel président François Bozizé, eurent érigé des barricades au PK11, dans le nord de Bangui, et se furent livrés à des violences sur la population, selon les autorités.

"Devant la violence des exactions commises par certains +ex-libérateurs+, l'usage des armes a été rendu nécessaire", a expliqué, sur les ondes de la radio nationale Alain Georges N'gatoua, conseiller en communication du président Bozizé.

"Ne trouvant pas assez importantes les indemnités qui leur ont déjà été versées, et appliquant visiblement un plan prévu à l'avance, ces derniers ont entrepris de bloquer les sorties de la capitale, tout en s'en prenant à une partie de la population", a poursuivi M. N'gatoua.

Il a confirmé la fin des hostilités en indiquant que "l'intervention rapide des forces de l'ordre soutenue par une unité militaire de la Cémac a permis de rétablir la sécurité dans ces quartiers à forte population".

Le PK11 est la zone où réside le président Bozizé.

Les exactions des "libérateurs" - dont seule une partie a été intégrée dans l'armée et dont certains ont conservé leurs armes - contre la population de Bangui ou de la province ont été fréquemment dénoncées depuis leur prise de la capitale centrafricaine le 15 mars 2003.

Fin décembre, lors des obsèques de l'ex-président David Dacko, l'archevêque de Bangui, également président de la conférence épiscopale de Centrafrique, Mgr Paulin Pomodimo avait, dans des termes durs, dénoncé les exactions des forces de sécurité.

La Ligue centrafricaine des droits de l'Homme (LCDH) avait elle aussi dénoncé mi-novembre les exactions de certains ex-rebelles, qui "sous le prétexte d'être des +libérateurs+ (...) et se sentant assurés d'une impunité totale, terrorisent la population".

Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, s'est déclaré le 8 janvier dernier "gravement préoccupé par la recrudescence des actes de viols, de braquages et d'atteintes au droit à la vie perpétrés dans l'arrière pays (centrafricain) et à Bangui", dans un rapport-bilan de la situation des six derniers mois de 2003 en Centrafrique.

Fin février les policiers centrafricains s'était dit eux aussi victime des exactions des "libérateurs", les accusant de multiplier humiliations, coups et blessures, ainsi que menaces de mort à leur encontre jusque dans les propres locaux de la police.

Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 18