CENTRONS LES DEBATS SUR LES REALITES CONCRETES
Depuis un peu plus d’un mois je suis à Bangui où je vis les réalités nationales. J’ai préféré prendre le temps d’aller dans les quartiers, de côtoyer l’Homme de la rue, d’observer et d’analyser les évènements avant de vous donner mon appréciation sur la vie de nos compatriotes au pays, principalement à Bangui. Je n’utiliserai, comme d’habitude, pas la langue de bois pour décrire les réalités auxquelles nos compatriotes font face. Je sais que chacun de nous a une vue et une analyse personnelle des évènements nationaux, pour peu qu’il soit influencé par son ‘champion’ ou encore ‘leader’ en d’autres termes ou enfin sur des préjugés irrationnels.
Je ne vais pas m’étaler sur la dégradation de la vie du centrafricain, de la dégradation de la ville de Bangui et de sa possible reconstruction (si effectivement une volonté existe), de la loi de la jungle qui prévaut dans le pays. Ces aspects évidents font largement objets de débats sur les fora et les solutions proposées et suggérées me laissent pantois vis-à-vis de la réalité sur place. La majorité des intervenants préfèrent ignorer soit de bonne foi, soit délibérément, soit cyniquement certaines réalités en avançant des contrevérités pour alimenter des débats de politique politicienne souvent inutiles pour une réelle amélioration de la vie du centrafricain. Cette attitude révèle l’objectif final de ces compatriotes qui sont en quête de reconnaissance politique de manière constante sur le dos des centrafricains de l’intérieur. Ils évitent par cette occasion de s’attaquer aux véritables problèmes primaires de société qui gangrènent le vécu quotidien de ceux qu’ils croient parfois parler en leur nom. Le pragmatisme est de proposer, à partir des données concrètes, des solutions réalisables par rapport aux réalités du terrain en considérant le contexte sociopolitique.
Le peuple centrafricain souffre le martyr dans tous les domaines. Entre l’appauvrissement forcée, les nombreuses épidémies dues à des virus (hépatites, méningites, polio, etc) qui reviennent sans cessent périodiquement et l’épidémie quasi-permanente du VIH (depuis plus de 20 ans), ce peuple ne sait où donner de la tête. Les moyens sont rares voire inexistant pour financer des projets d’étude ou pour venir en aide aux nécessiteux. Lorsque certains organismes internationaux ou encore certains pays font des dons et donnent des aides, les 2/5 se perdent dans le circuit des Per-Diem, moyens que de nombreux compatriotes de tous bords ont trouvé pour joindre les fins de mois hypothétiques. Le reste insignifiant ne peut généralement rien assurer au niveau du travail effectif à entreprendre.
En venant à Bangui, je m’étais fixé pour objectif de me consacrer pleinement à certaines causes à savoir le VIH/SIDA et certaines affections virologiques dont les Hépatites qui détruisent systématiquement la vie de nos compatriotes. Pour aujourd’hui, je vais vous donner un bref aperçu sur le VIH/SIDA dans la communauté banguissoise. J’ai précisé banguissoise car je n’ai pas encore eu la possibilité d’aller en province et de mener l’étude systématique que je me propose d’initier dans le cadre de mon travail.
L’épidémie du VIH/SIDA est en train de détruire méthodiquement la population nationale et au-delà la structure sociale nationale. Il apparaît que seules les femmes ont pris conscience de la situation. Elles défient les tabous ainsi que les préjugés sociaux pour se faire dépister au grand dam de leur famille, mari ou connaissances. Et pourtant, la prévalence de cette affection dans la population masculine banguissoise est aussi élevée que celle de la gente féminine. Malheureusement, les statistiques locales estiment que seulement 1 homme pour 50 femmes se fait dépister !!! Il devient dans ce cas urgent d’imaginer des structures incitatives pour motiver les hommes centrafricains à se prêter au dépistage volontaire. Comment faire ? La question reste posée aux Centrafricains, quelque soit leur lieu de résidence !
L’ampleur de l’épidémie du VIH/SIDA dans notre pays (prévalence d’environ 14%) suggère fortement qu’il est plus que nécessaire et primordiale de lancer une campagne de prévention surtout dans le milieu scolaire et universitaire. Celle-ci devrait s’adresser aux enfants de 6 ans des écoles primaires (ce qui se fait déjà dans certaines écoles privées malgré l’hostilité de quelques parents) jusqu’aux étudiants, en passant par les élèves des collèges et Lycées afin de sensibiliser les fractions les plus exposées de notre population. Car, il apparaît que presque 23% des jeunes filles et femmes de 15 à 34 sont séropositives au pays (donc presque ¼ des jeunes femmes seraient séropositives au niveau du pays !)
Ainsi, une séance de deux à trois heures par semaine de cours sur le VIH/SIDA et sur l’éducation sexuelle couplée de cours d’instructions civiques aiderait à mieux sensibiliser les jeunes. La publicité sur des panneaux le long des routes dans la ville de Bangui passe pratiquement inaperçue. Les panneaux de 90 cm sur 60 cm sur lesquelles on devine souvent à peine la présence de quelques phrases sont inadéquats pour une campagne efficace et dynamique de lutte contre ce fléau dans notre pays. D’autant que les aspects suivants sont importants à prendre en considération dans toute campagne d’information au pays :
1 – L’aversion des centrafricains pour la lecture !
2 – L’ILLISIBILITE des panneaux à cause des intempéries (boue, latérite, rouille) qui masque les mots évidemment écrits en petits caractères sur des panneaux de moins un (1) mètre carré de surface.
3 – Le Renouvellement des panneaux publicitaires demeure aléatoire.
Peut-on avec le concours des Centrafricains de l’étranger lancer des actions pour venir en aide aux compatriotes Sidéens démunis ? A l’exemple des autres pays, des émissions, des collectes telle que Sidaction, etc mettant à contribution ceux qui en ont pour aider ceux qui n’en ont pas !!!!! Je vous remercie
Cessons de regarder notre nombril et participons plutôt activement à la renaissance de notre pays.
Narcisse Komas, Bangui, Centrafrique