OÙ SONT PASSES LES INTELLECTUELS CENTRAFRICAINS ?
L’adjectif « intellectuel », qui qualifie une personne qui s’occupe des choses de l’esprit ; est un terme relatif à l’intellect.
L’intellect, intelligence ;
Faculté
de
comprendre,
de
connaître,
de
concevoir et
de réaliser.
Depuis un an, de
par un devoir citoyen et intellectuel, j’ai produit un certain nombres
d’analyses et de réflexions. Cet exercice intellectuel inséré dans une
observation de la société centrafricaine a fait couler beaucoup d’encre,
déchaîner des passions, des adversités de tout genre ; mais j’ai compris que
c’est cela, la règle de la contradiction et du frottement d’idées.
Loin de moi
l’idée de dire que je suis parfait, et loin de moi l’idée aussi, l’idée de
prétendre être l’unique observateur de la scène politique Centrafricaine ;
encore loin de moi, l’idée de prétendre détenir la solution suprême au Problème
Centrafricain.
Les nouvelles
technologies de communications nous ont permis, à bâton rompu, avec de nombreux
compatriotes et amis du Centrafrique ; de débattre derrière nos claviers des
sujets les plus importants concernant la vie de notre pays, parfois de l’Afrique
et même du monde, notre pouvoir se trouve être nos claviers et nos stylos, je
parle des ‘’non politique’’, suivez mon regard.
Les fora de
discussion sur Internet que sont Be-africa, conventioncentrafricaine, Fodem,
Frud et Kodro ; constituent à leurs niveaux, à l’outillage et à un exercice
hautement politique, civique et intellectuel.
Les sites tels
que sangonet.com, beafrica-opinions.com, centrafrique-presse.com,
batir-rca.fr.st ; contribuent chacun à l’information, à l’éveil et constituent
un pont entre les centrafricains de toutes les latitudes.
L’intellectualité
d’une société ne se résume pas seulement par le nombre des diplômés ; mais elle
se quantifie aussi par le rendement et la production écrite de ces
hommes « INTELLOS » ; mais dans ces domaines, notre pays est encore à la traîne,
pour ne pas dire parmi les derniers du monde afin d’éviter d’enfoncer le couteau
dans la plaie.
Boganda est
décédé dans des circonstances mystérieuses et bizarre ; et personne aujourd’hui
ne peut nous décrire les véritables circonstances de sa mort. Pourquoi ?
Parce
qu’aucun témoin n’a eu le courage et l’honnêteté de livrer la vérité à
l’histoire.
Des accords ont
été signé le lundi 15 Août 1960 à Brazzaville entre Dacko pour la RCA et Malraux
pour la France ; ces accords dits « de coopération » ont amputé le pays de sa
véritable souveraineté, et 44 ans plus tard, personne ne peut nous dire avec
exactitude les mobiles exacts qui ont poussé à accepter cette situation. Et
pourtant nos enfants ont droits à la vérité.
J’aurai bien aimé
disposé des livres, des analyses écrites par mes aînés ; mais pour m’intéresser
ou approfondir mes recherches ; il faut aller à Paris, Washington….Est-ce
normal ?
Il y’a eu Bokassa
et l’empire, mais notre pays ne dispose d’aucun témoignage intellectuel des
acteurs de l’époque. Pas d’analyses, pas d’évaluation, pas de conseils pour la
postérité. Ce sont des journalistes et chercheurs français qui font autorité sur
toute cette période de notre histoire.
Il y’a eu
l’opération Barracuda, mais aucun des acteurs centrafricains de l’époque n’a
laissé à l’histoire la vérité des évènements.
Il y’a eu le CMRN
et Kolingba et par extension le RDC ; ensuite le MLPC et Patassé ; mais personne
parmi l’élite intellectuelle et politique, n’a eu le courage de mettre sus
papier, le récit de son passage, le témoignage de son temps.
Il y’a eu Paoua
et Markounda, ensuite l’avènement du multipartisme, les trois mutineries, le 28
mai 2001, l’ethnocide de juin 2001, les deux tentatives de Bozizé et Mbaye et le
15 Mars 2003. mais aucun des acteurs principaux, des témoins directs et des
observateurs, n’ont eu le courage de nous laisser au travers de l’histoire, leur
vérité.
Mais
ce sont des journalistes et des membres des organisations internationales
européennes, qui ont séjourné quelques jours sur les lieux des différents drames
qui passent pour les « Spécialistes des questions centrafricaines » ;alors que
de nombreux témoins oculaires et des acteurs politiques connaissant l’âme
profonde du drame, et non seulement les apparences et les amalgames d’interviews
faites à la va-vite, auraient pu éclairer l’opinion et l’histoire en apportant
leur témoignage vivant et leurs états d’âmes d’acteurs, de victimes ou même
d’observateurs, ainsi que leurs expériences et leurs évaluations.
C’est à ce titre
là, que je refuse de faire partie de cette élite APATHIQUE, qui préfère
sacrifier le droit à la vérité, au profit d'un silence coupable et complice, qui
cache mal l'Hypocrisie, la Haine, la Lâcheté et la paresse intellectuelle; car
dire la vérité ne veut pas nécessairement dire JUGER ou PRENDRE PARTI pour ou
contre. Je refuse d'appartenir à un peuple aveugle et sourd; qui ne regarde pas
en plein jour et qui n'entend pas au milieu du tumulte.
Nous, nos enfants
et l’histoire ont droit à la vérité, surtout lorsque celle-ci est toujours
déformée à dessein par certains acteurs qui veulent casser du sucre sur le dos
des autres. J’estime qu’en ce moment où presque tous les acteurs sont encore
vivants, qu’un débat doit s’ouvrir au nom de la VERITE pour éclairer les
générations à venir et à ce titre, le grand débat national, le séminaire
national et le dialogue national, n’ont pas répondu à cette attente de la vérité
qui entraîne avec elle, la justice.
Est-ce parce qu’on a les mains sales que l’on occulte si souvent la vérité ?
Pourquoi la vérité est-elle si redoutable en Centrafrique ?
Nous sommes un
peuple aveugle et sourd, nous ne regardons pas en plein jour et nous n’entendons
pas au milieu du tumulte or comme l’a dit Nicolas Boileau :
« Rien n'est plus beau que le vrai, le vrai, le seul aimable; il doit régner
partout,
et même dans la fable. De toute façon, l'adroite fausseté ne tend qu'à faire aux
yeux briller la Vérité. »
c’est cela le
devoir citoyen, le rôle de l’élite ; des intellectuels. Permettre l’accession de
la masse au savoir et à la vérité.
Les degrés des
responsabilités ne sont pas les mêmes pour tout le monde, dans l’énorme misère
que nous connaissons aujourd’hui ; mais à des degrés différents, nous sommes
tous responsables, suivez mon regard.
Au nom de la
continuité de l’état, la génération qui est appelée à remplacer les responsables
actuels, sont aussi les légataires de l’état du pays dans lequel ils
l’hériteront. Il incombe alors à cette élite, constitué pour la majorité de
centrafricains(ceux d’après décembre 1958) ; de prendre position en faisant ce
que l’on attend d’un intellectuel, pour essayer d’améliorer les situations
concrètes des masses de notre pays : seuls les esprits éclairés et libres feront
ré-naître ce pays et il y va de la responsabilité de l’élite.
Clément BOUTE MBAMBA