FAUT-IL PARLER DE CRISE DE DEMOCRATIE EN CENTRAFRIQUE?
Et si la multiplication des conflits et mouvements sociaux que connaît la
Centrafrique à l'instar de bon nombre de pays africains manifestait moins une
crise de démocratie que son approfondissement?
La démocratie véritable à savoir le "gouvernement du peuple par le peuple et
même pour le peuple" se veut représentative,plus participative et délibérative.
Les individus voudraient être reconnus et traités comme cette démocratie les
conçoit à priori c'est à dire des citoyens libres et égaux,capables de prendre
part au processus de décision sur des enjeux qui les concernent.
Force est de constater qu'en République Centrafricaine,la gestion de la chose
publique n'est réservée qu'aux seuls initiés,aux experts ou technocrates(et
encore que souvent, le principe de "l'homme qu'il faut à la place qu'il faut"
n'est pas respecté).On ne fait recours au peuple que pendant les élections ou en
période de crise où il doit manifester dans l'espace public au risque de
sacrifier sa vie.
Il ne s'agit pas là d'une remise en question du rôle prépondérant des experts au
profit des "savoirs profanes" portés par des citoyens ordinaires . Au contraire,
à l'heure de la mondialisation, chaque nation doit se mobiliser en acquérant de
savoirs complexes concernant le fonctionnement de différentes administrations.
Il est donc plus que nécessaire de former, de développer une élite, une
expertise propre sur les enjeux revêtant une dimension technique(santé
publique,sécurité, agriculture...), juridique(droit de l'homme...),économique
etc.
Mais cette expertise n'est pas à son tour,sans soulever des interrogations quant
au risque de priver de parole les citoyens ordinaires. Nous mettons là en cause
l'autorité avec laquelle les experts de toute nature entendent légiférer sur des
questions qui affectent le quotidien sans une écoute attentive des groupes et
personnes concernés, sans prise en considération de la diversité des intérêts et
des croyances. Autrement dit, les mouvements sociaux de ces dernières années
manifesteraient, au delà de la défense d'intérêts particuliers ou
catégoriels,une volonté de prendre part au processus de décision dont il
s'estimeraient exclus.
Partant de ce constat,une démocratie d'opinion s'impose et non une démocratie
chrétienne. C' est beau d'organiser une journée de jeûne et de prière mais celle
ne va pas pour autant faire évoluer les choses si on ne change pas de
comportement politique. Il faut une démocratie où le jeu des sondages, la
contribution libre des médias et surtout l'écoute de l'opinion publique
permettent une intervention <continue> de la vox populi, une prise en compte en
temps réel des attentes sociales. Il faut privilégier la coopération entre une
pluralité d'acteurs. Cela réduirait le fossé entre gouvernants et gouvernés et
par conséquent notre pays évoluerait vers le progrès tant espérer. Ceci n'est
pas une solution miracle mais une piste de réflexion. Pour finir,nous vous
invitons à réfléchir sur cette pensée de Montesquieu:"Lorsque,dans la
république,le peuple en corps a la souveraine puissance, c'est la démocratie".
Merci
IMAYAKA Marcello
m.energy@caramail.com
(diffusion : 25 janvier 2004)