Quand l'espoir du peuple et la gloire de Bozizé pourrait rimer.
La nouvelle de l'organisation des prochaines élections présidentielles en Centrafrique est, certes, porteuse d'espoir; l'espoir enfin de faire savourer au peuple un moment de répit, de rassembler les hommes et les idées et d'entrer dans la voie de la recherche des solutions aux véritables problèmes du pays, qui sont liés à l'insécurité, aux endémies, à l'inadaption de l'éducation, à l'absence d'une politique cohérente de formation professionnelle, à l'inexistence de la création de l'emploi dans le secteur privé, à la dégradation des structures vitales de l'économie, etc...
Nous avions mentionné en premier le répit, pour indiquer selon nous que la paix social serait bien la priorité de toute action politique responsable dans le contexte de la recherche des solutions aux maux, divers, qui rongent la Centrafrique. Le progrès que le peuple attend depuis ne pourrait se matérialiser que si ce préalable de paix social est solidement ancré. Malgré une bonne dose d'optimisme qui laisserait présager des changements positifs, susceptibles d'être mis en place par le biais des prochaines élections dans ce pays, il y a toutefois cet instinct de conservation qui nous appelle à la prudence dans notre exaltation et à une lucidité plus accrue dans nos prédictions. Car nous savons que la prudence et la lucidité devraitent être de mise dans l'hypothèse probable que cet espoir pourrait se transformer en désenchantement et, que le pays pourrait retourner à la case de départ pour y attendre un autre coup d'état, parce que le cercle coup d'état, tergiversations politiques, mécontentement populaire et coup d'état est un cercle vicieux et répétitif, voyez-vous!
Mais est-ce que le Général Bozizé aurait le courage politique pour faire éviter l'expérience d'un autre cercle vicieux à ses frères et soeurs de Bangui et de l'arrière pays? A-t-il jamais pensé donner une bonne éducation aux enfants et leur laisser en héritage un pays digne de ce nom? Les résultats des actions du gouvernement du Général Bozizé depuis un an sont là; ils sont médiocres. Et les coupables de cet échec ne seront ni Goumba ni Goambalet. Le bilan économique et social désastreux est entièrement la responsabilité du Général Bozizé, Président de son état. Nous n'accorderons au Général Bozizé aucune circonstance atténuante comme avait voulu le faire l'auteur d'un article récent, publié sur le site de Centrafrique-Presse, qui voulait faire partager la responsabilité des erreurs monumentales commises par Patassé à ses hommes de main. Ceci dit, nous voudrions bien savoir si le Général Bozizé accepterait d'inscrire une gloire enfin à son tableau de chasse et en tirer une fierté? Il en a tout à fait le loisir. Il y parviendrait par exemple en refusant d'écouter les chants de sirènes de ses frères, escrocs et autres, tous mauvais conseillers qui le flattent et l'empêchent de voir en face le vrai visage de la misère du peuple centrafricain. Et si cette tâche est trop lourde à porter, celui-ci devrait profiter de l'occasion historique des préparatifs des prochaines élections pour assoir une bonne démocratie et permettre à d'autres enfants du pays d'essayer de nouvelles approches, afin de sortir le pays de ce bourbier. Tout serait à son honneur, si le Général Bozizé pouvait enfin avoir le courage de refuser d'être candidat aux prochaines élections présidentielles, de mettre en place l'environnement indispensable au bon fonctionnement des institutions républicaines, afin d'engager le développement de la République Centrafricaine. Qu'est-ce que le Général Bozizé perdrait à faire ces petits gestes conciliants pour ce pays dont il prétend être un des fils? Nous attendrons de voir si le Général Bozizé serait encore capable de cette élégance du geste et de la démonstration des valeurs militaires fondamentales qui lui feraient honneur à lui et qui feraient honneur à la Centrafrique et à cette armée qu'il commande. Peut-être réalisera-t-il rapidement que la gloire n'arrive que par l'exercice d'actions courageuses et la conséquence heureuse de faits exceptionnels.
Jean-Didier Gaïna
Virginie, Etats-Unis d'Amérique
(15 mars 2004)