Mardi, le ministre de l'Intérieur, Marcel Malonga, a lancé un ultimatum à certaines de ces églises qu'il a qualifié de "sectes" et accusées d'être à l'origine de "graves problèmes sociaux".
"Les confessions religieuses (...) causent, pour certaines d'entre elles, beaucoup de problèmes sociaux à l'heure actuelle. Car il s'agit de sectes pour la plupart", a déclaré M. Malonga, cité par la radio nationale.
De nombreuses églises, plus ou moins liées aux religions traditionnelles, sont reconnues et officiellement enregistrées en Centrafrique.
Parmi elles, figure notamment l'Eglise du Christianisme céleste-Nouvelle Jérusalem, fondée en 1999 et dont le principal bienfaiteur est le président François Bozizé, qui a pris le pouvoir le 15 mars 2003.
En vertu de la loi, toute association religieuse doit être déclarée; elle doit en outre prouver qu'elle compte 1.000 adeptes et est implantée dans trois préfectures au moins, sur les seize que compte ce pays enclavé d'Afrique centrale.
Enfin sa direction doit être assurée par un pasteur, titulaire d'un diplôme de théologie et ayant quatre ans d'expérience au sein d'une communauté religieuse.
Le ministère de l'Intérieur estime qu'environ une vingtaine de sectes non reconnues officiellement existent à Bangui.
Selon le ministre, ces "sectes" sont notamment responsables de troubles mineurs, troubles de voisinages ou tapage nocturne, quand des dizaines d'adeptes se retrouvent le soir pour des prières, des chants et des danses aux sons des tam-tams.
Mais le ministre les a également accusées d'escroquerie et surtout d'être à l'origine de la mort de certains de leurs fidèles.
Créées aussi bien par des Centrafricains que par des ressortissants d'Afrique centrale ou de l'Ouest, ces églises sont souvent implantées au domicile des "prophètes et prophétesses", se prétendant dotés de dons de prédiction ou de guérison, sources de revenus substantiels.
Ces prophètes prodiguent ainsi, grâce à des "révélations", des conseils matrimoniaux, imposant par exemple, sous le coup d'une "inspiration divine", la fin d'une union.
En janvier, une telle révélation a dégénéré dans un quartier sud de Bangui en une bagarre entre adeptes qui s'est soldée par un mort.
Certains, prétendant guérir tous les maux du paludisme à la tuberculose ou même le sida, en passant par les hémorroïdes, le diabète et la dépression, attirent nombre de Centrafricains qui, faute de pouvoir payer des soins médicaux, s'en remettent aux "prières de délivrance" ou aux bénédictions d'eau bénite.
Plus grave, les malades, même gravement atteints, se voient parfois conseillés d'observer un strict jeûne - ni aliments, ni boissons - pendant ces prières qui peuvent durer plusieurs jours et nombre de patients ne résistent pas au traitement.
Reste qu'en septembre 2003, le ministre de l'Intérieur avait déjà sommé une trentaine d'Eglises de se mettre en règle avec la législation. Mais la tension créée parmi les adeptes, qui s'étaient aussitôt rassemblées devant les lieux de culte des confessions, n'avait pas permis d'agir contre les récalcitrantes.