Amères désillusions de la transition du 15 mars 2003, ou les transformations qui n’ont pas été véritablement amorcées…

 Après un an et demi de transition « consensuelle », consécutive à la prise de pouvoir par la force du Général BOZIZE, en combinaison avec la contestation pacifique de ceux qui s’affublaient de l’étiquette de « patriotes » de l’intérieur et de l’extérieur, nous pouvons postuler aujourd’hui les amères désillusions du côté du peuple. Amères, lorsqu’on sait les attentes et espérances populaires massivement exprimées notamment lors de la marche de soutien du 28 mars 2003. Plus de 100.000 citoyens se sont rassemblés sur la place de Bangui, cet événement étant sans commune mesure à aucune autre mobilisation de cette ampleur dans l’histoire de la République. Nous autres compatriotes à l’étranger étions en communion dans cette ferveur du moment, où justement le concept galvaudé était celui de la « libération ». Paix, libertés, justice et prospérité étaient tant sur les banderoles que dans les cœurs. Les désillusions apparaissent désormais, lorsqu’on se met à analyser la situation et les perspectives nationales : insécurité surtout dans la Centrafrique profonde, arriérés de salaires, de bourses et de pensions, les atteintes aux droits et libertés fondamentales (l’incarcération et les poursuites contre le journaliste indépendant MAKA GBOSSOKOTTO), les crimes impunis, les ravages inexorables du dénuement et des maladies, la poursuite de l’expatriation des jeunes et des vieux, les calculs politiciens des « ténébreux » ténors de la classe politique « traditionnelle », la chute voir l’inexistence des revenus ruraux…sont encore le lot quotidien du centrafricain et de la centrafricaine ordinaire. Rien de tout cela n’a reçu de réponses politiques conséquentes, bien que par ailleurs personne ne peut de bonne foi, nier la complexité, l’ampleur et la difficulté à réformer, à gouverner efficacement…Néanmoins, la classe politique « traditionnelle » associée largement à la gestion du pouvoir par le Président BOZIZE et de son Vice Président le Professeur Abel GOUMBA, n’ont pas été à la hauteur de l’enjeu du redressement minimum du pays. Il est même risqué de s’avancer sur le terrain du processus électoral, en s’inquiétant de sa transparence et de sa crédibilité. Nous sommes un certain nombre à nous interroger s’il faut à tout prix faire procéder à des élections dans un pays comme le nôtre, dans les meilleurs délais, qui sont ceux de la communauté internationale. Mettre en exergue de façon analytique les ratés, les tergiversations et les à peu près de la transition, tel est l’objet de notre réflexion.  
 
La transition a montré et révélé dans le temps, l’impréparation à l’exercice du pouvoir. Un manque de vision d’ensemble dans l’action de gouverner s’étale continuellement. C’est depuis dix ans que PATASSE et le MLPC étaient aux affaires et l’opposition démocratique n’avait pas su faire émerger sa capacité alternative. Nous avons tous eu le sentiment que les tenants du pouvoir actuel recherchent principalement à satisfaire les conditionnalités de nos « partenaires ». Le respect quasi obsessionnel et sans recul de la part de nos dirigeants, par rapport aux injonctions extérieures est observable dans plusieurs domaines : économiques et financiers (l’alerte maximum lorsque des missions sont envoyées par les institutions de Bretton woods), politiques (dialogue national et surtout calendrier électoral irréaliste), illustrent s’il en était besoin le non sens de notre souveraineté. L’inadmissible administration de notre pays par le « gouverneur » de l’Afrique centrale, le président gabonais Omar BONGO ONDIMBA en est l’une des traductions. La souveraineté centrafricaine est vidée du fait de l’insignifiance de notre capacité publique et privée propre. Lorsqu’on rajoute l’absence de légalité et de légitimité du régime BOZIZE, on mesure davantage dans quelle condition s’exerce le pouvoir, face à une communauté internationale et africaine qui peut se permettre toutes les impertinences. Elle rappelle chaque fois que possible l’exigence de la légitimité électorale. Le président de l’Union Africaine Alpha Oumar KONARE s’en est fait le porte parole et le garant,  au grand dam du locataire du palais de la renaissance. En tout cas, la conception de l’action gouvernementale n’a pas fondamentalement changé.
 
La transition a balbutié durant plusieurs mois avant de tenter de fixer le cap sur un certain nombre de dossiers notamment économiques. Le programme du gouvernement GOUMBA n’était pas encore définitivement bouclé six mois après sa désignation par le chef de l’Etat, malgré la disponibilité d’expertise et des moyens techniques fournis par les institutions et organisations internationales accréditées ou représentées en RCA. C’est d’ailleurs le débat sur le programme du gouvernement national de transition GNT qui a fait éconduire la première équipe gouvernementale. Il a fallu attendre la nomination du deuxième gouvernement de transition pour que des mesures sectorielles dans le domaine du bois et diamant soient prises, sans compter la fameuse baisse des « hauts » salaires dans la fonction publique. Toutes les pistes de réformes à caractère économique et financier sont l’apanage des cabinets ministériels et présidentiels, alors qu’il s’agit bien d’un domaine vital pour la nation, qui ne devrait exclure la contribution argumentée de personne. Cette impréparation manifeste à l’exercice du pouvoir renvoie à un étrange parallèle. On se souvient à quelques nuances près de la réunion de Damara en 1993, quelques jours avant la prestation de serment du président élu Ange Félix PATASSE. En effet, il tentait avec ses pairs du mouvement de libération du peuple centrafricain MLPC, à ce moment là seulement, de définir les axes prioritaires de leur politique et la stratégie de gestion du pouvoir. Les conséquences cette gouvernance ayant le soutien tant du MLPC que des autres formations politiques satellitaires (il faut le rappeler) avaient de la même manière aussi vite enterré, l’illusion du « changement » du 22 octobre 1993. La dévaluation du franc CFA en 1994 n’était pas elle aussi de nature à favoriser les populations centrafricaines qui du jour au lendemain devaient payer les médicaments et tous les autres produits importés au prix fort. Les mesures d’accompagnement prônées par la doctrine BALLADUR n’ont jamais été perceptibles en CENTRAFRIQUE faute de projets ou de propositions crédibles du gouvernement. La victoire dont se targuait à longueur du temps Ange Félix PATASSE et les siens ne concernait que eux et eux seulement. Ce décalage avec l’aspiration populaire concerne aussi bien le domaine économique que l’affirmation de l’autorité de la loi et de la morale publique, encore aujourd’hui.
 
La transition se comporte sélectivement dans la poursuite des crimes et délits. Si le Général Président a demandé publiquement à la justice de faire son travail, il appartient aux magistrats de faire preuve d’un engagement professionnel exemplaire. Dans nos Etats nous savons que la mise en œuvre de l’indépendance de la justice n’est pas aussi simple que cela. On constate que seuls quelques « dignitaires » du régime déchu sont sous le coup de poursuites judiciaires. On peut parier aussi qu’il s’agit davantage de neutralisation politique dans ces affaires. Quant au dossier du don japonais ( comprenant du matériel de construction), le ministre délégué au plan et la coopération Daniel NDITIFEI relançait encore récemment le processus de recouvrement des créances dues par de nombreuses personnalités d’horizons divers. C’est la capacité de combattre l’impunité et notamment l’enrichissement sans cause par le gouvernement qui est en jeu une fois de plus.
 
En ce qui concerne  Ange Félix PATASSE, le principal responsable de la destinée de la  République Centrafricaine de 1993 à 2003, une procédure tiède et mal ficelée a été lancée. Le juge suisse n’a pas déféré à la demande permettant d’éplucher les éventuels comptes de celui-ci d’une part et d’autre part le mandat d’arrêt international est sans suite. Les aller et retour du procureur de la République en Europe n’ y on rien changé.  Pourtant il y a bien eu viols, exécutions  extra judiciaires, pré-génocide, détournements  de fonds et de biens appartenant au domaine public. Nous vous renvoyons objectivement au rapport de la fédération international des droits de l’homme FIDH de juin 2002 « réfugiés en fuite, coupables impunis… » qui dresse seulement les violations  des droits de l’homme consécutives au coup d’état du 28 mai 2001.  Certains chefs d’accusations relèvent de juridictions de droit commun et d’autres de la Haute cour de justice. C’est encore une illusion de croire que cette dernière aurait dû être saisie au motif de haute trahison pour les inobservations graves et répétées des obligations liées à la fonction de Président de la République. Quel sens revêt alors la prestation de serment sur la constitution ? Les incompatibilités entre la fonction de Président de la République et les « affaires », mais aussi l’interdiction du cumul avec les responsabilités partisanes et l’accomplissement d’un certain nombre d’actes contraires à l’investiture du chef de l’état (en tant qu’il est le garant de l’intégrité des personnes et des biens) ne seront probablement jamais jugés. La réalité est que de nombreux acteurs de la transition sont impliqués dans les affaires de « gros sous » ou de « sang ». Nous ne serons jamais satisfait de notre aspiration légitime à la manifestation de la vérité. Pourtant, seul un procès PATASSE et ses proches collaborateurs (MLPC ou pas), permettrait de circonscrire rigoureusement les responsabilités des uns et des autres. Le recours aux forces non conventionnelles (les banyamulenges et autres milices) et la dissémination des armes sont deux questions que le dialogue national DN et la transition ont effleuré. La vérité établie à ces sujets, en toute objectivité et sérénité, donnerait davantage du sens aux élections. Qui est qui ? Qui a fait quoi, où, quand et comment ? Il apparaît que la ligne réelle de la transition est celle de l’irresponsabilité masquée par une avalanche de « pardon » à la va vite lors du DN.  
 
Depuis le 15 mars il n’ y a pas eu un traitement radical, adapté, sincère et courageux de la question de l’insécurité par toutes les composantes de  la nation. L’insécurité est due à une conjugaison de facteurs qui vont de la dispersion des armes suite aux différentes révoltes militaires, à leur introduction quantitative de l’extérieur dans le pays durant cette période, aux situations de conflits internes à Etats voisins qui ne sont pas sans répercussions chez nous.  On y ajoute l’accroissement de la pauvreté facteur d’insécurité en soi, les braconniers qui s’attaquent à notre faune, mais aussi la pluralité des forces non conventionnelles ( codos, zarguinas, troupes de Jean-Pierre BEMBA, les milices informelles comme les  fameux « caracos » ou « balawas », les zakawas, les hommes de l’armée régulière qui ont décampé pour diverses raisons rejoignant sur le territoire national l’ensemble de ces forces nuisibles), sans compter les éléments que sont entrain de recruter divers nostalgiques du pouvoir qui rêvent encore de piller la R.C.A….Que reste t-il alors de la liberté d’aller et de venir ?
 
Le compatriote TCHAKPA MBRED avait amorcé au DN ce sujet central de la transition et du pays tout entier. Un Programme national de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (PNDR) a été mis en place y compris dans son volet financier. A vrai dire nous ne sommes pas dans un scénario classique où des forces organisées et identifiées se sont opposées à un pouvoir lui aussi structuré par exemple autour d’un noyau dur de l’armée nationale,  comme on peut le voir au Libéria ou en Côte d’Ivoire, avec les forces nouvelles de Guillaume SORRO et les autres chefs rebelles.  En R.C.A il s’agit plutôt d’une kyrielle de groupuscules armés mêlant associations de malfaiteurs ou simplement des braqueurs attirés par la facilité du gain. D’où la complexité du désarmement, de la démobilisation et de l’accompagnement à la réintégration. Tous ont en commun d’avoir servi de bras armé soit au maintien au pouvoir du président PATASSE, soit aux velléités de renversement de celui-ci,  ou encore se sont endurcis dans le lucratif labeur de coupeurs de routes ou encore de braconniers. Comment démobiliser et cantonner des forces au statut épars tel que décrit ?    
 
Le problème se pose encore aujourd’hui avec une vraie acuité, car la sécurité reste le maillon faible de la transition malgré les discours et les dispositions prises. On aurait du profiter du DN pour exiger le concours des principaux instigateurs de la dissémination des armes en Centrafrique. Si ce sont eux qui demandaient à leurs hommes d’obtempérer rapidement à la restitution des armes et à la démobilisation, on aurait gagné en efficacité. KOLINGBA, PATASSE et BOZIZE sont concernés et doivent prouver sur cette question leur attachement aux populations centrafricaines et aux générations à venir, cela est encore jouable. En effet, la sécurité est assurément un objectif majeur et vital pour les populations (si la pauvreté fait le lit de l’insécurité, l’insécurité est un facteur aggravant de celle-ci), pour la restauration de l’autorité de l’état, pour la relance des activités socio-économiques, mais aussi pour la crédibilité, l’équité et la transparence des consultations générales. La perspective électorale amène à examiner d’ores et déjà les pratiques politiques sous la transition, étant entendu que ses principaux acteurs seront sûrement candidats au suffrage universel.
 
L’exercice du pouvoir par le président BOZIZE et tous ceux qui ont intégré le fameux « consensus mou » depuis le 15 mars a généré sa flopée de courtisans nouveaux ou reconvertis (les caméléons de service), ses cache misère, incarnés par les rédacteurs de fiches sordides ou ubuesques, colporteurs de vraies fausses nouvelles, de vrai faux projets de coup d’état…Ces hommes et femmes de l’ombre ont été dénoncés avec courage sur la place publique par Monseigneur Paulin POMODIMO archevêque de Bangui. Nous avouons ne pas savoir comment mettre fin à ses dérives, il faut probablement moderniser les services de renseignements. Par ailleurs, nous sommes obligés de nous élever avec fracas contre les velléités de recourir une fois de trop aux armes. Quand on sait que ce sont ceux là même qui dans un passé récent (les vingt dernières années) ont conduit le pays dans la fosse aux lions, on se révolte à l’idée qu’ils désirent s’approprier indûment les ressources de ce pays, sans se préoccuper des voies nouvelles de son émergence. In fine, la transition demeure une occasion manquée d’engager une lutte contre les archaïsmes de notre société qui doit se moderniser.
 
Nous pensons aux actions contre le harcèlement moral et psychologique imposé aux femmes et aux filles de Centrafrique. De même, on aurait du  entreprendre  une démystification du tabou de la « mort sans maladie ». L’interprétation de la mort chez nous est une pesanteur sociale dramatique. C’est toujours « quelqu’un qui a provoqué la mort d’un autre », et toutes les autres causes de mortalité sont à priori exclues. Il reste à constater les ravages d’une telle représentation sociale de la mort, lorsqu’on sait qu’au fond le sida et la tuberculose est souvent combiné,  le paludisme et les maladies telles que le diabète causent la désolation dans les familles. Nous nous entêtons à réduire tout décès à la sorcellerie ou au poison. Pour nous débarrasser de ces archaïsmes et de bien d‘autres encore, nous sommes tous appelés à initier débats, actions d’enseignement, d’éducation familiale et associative de longue haleine. Il revient aux pouvoirs de soutenir, de faciliter et de respecter l’ensemble des initiatives tant publiques que privées qui vont dans un sens constructif. D’où une plus large place aurait du être faite à la culture durant cette période définitivement post conflit, nous le souhaitons.
 
La culture centrafricaine à travers les valeurs héritées de nos ancêtres et des anciens fonde notre identité. Elles correspondent aux notions de « bon père de famille », « de bon chef » mais également l’idée d’appartenir à un groupe socioculturel et linguistique (la tribu, l’ethnie et le clan), le travail bien fait, le sens de la parole donnée, le respect de la vie humaine et par conséquent la considération due à celle par qui elle est transmise, la femme ou la mère nourricière, la fraternité de sang ou la fraternité du fait d’une histoire de vie commune ( les compères de circoncision, les collègues sur les bancs de l’école), sont autant de segments socio historiques de la vie nationale qu’il faut reconsidérer dans le contexte actuel qui a changé. Les hommes et les femmes de culture, les porteurs des arts vivants doivent mobiliser ses valeurs pour favoriser la transformation des mentalités d’une part et d’autre part les valoriser auprès des familles et du système éducatif. Les organisations de la société civile peuvent se les approprier pour générer de l’émulation positive des jeunes générations. D’ailleurs deux jeunes compatriotes à l’étranger sont en réussite dans le domaine sportif (ce sont des exemples) : Romain SATO admis aux SAN ANTONIO SPURS qui figure dans l’élite du basket mondial aux U.S.A et Rosa GONDAO qui a gagné la médaille d’or devenant championne d’Afrique centrale en taekwondo féminin, participent au rayonnement de notre pays et quels motifs d’espoir ! C’est l’ensemble de ces dynamiques dont la R.C.A a besoin pour exister et s’affirmer à terme dans le monde. On est amère cependant, lorsqu’on met en parallèle ses magnifiques victoires dédiées à notre pays avec les silences que réservent les autorités de la transition aux sollicitations de la diaspora, nous pensons qu’il faut protester !  
 
Même si c’est un lieu commun, il mérite d’être exprimé, l’orthodoxie simplement administrative n’est pas retour. Nos ministres, ambassadeurs et tous les autres échelons de l’administration ne daignent pas toujours donner suite ou au moins accusé réception des correspondances que leur adresse les organisations de la diaspora. Nous sommes un certain nombre à nous mobiliser en France et aux U.S.A autour d’un projet de FORUM SUR L’ECONOMIE CENTRAFRICAINE. Les objectifs de cette action que nous avons envie de réaliser et de renouveler à intervalles réguliers sont multiples et chargés de sens : mobiliser les compatriotes de l’étranger et les investisseurs pour les canaliser vers notre pays dans l’activité économique, nouer des convergences autour des projets d’entreprises, promouvoir la culture d’entreprise auprès de nos compatriotes et de notre système éducatif, identifier et valoriser les secteurs vierges et (ou) porteurs de l’économie nationale…C’est cette noble ambition  qui nous anime toujours et de nombreuses correspondances ont été adressées aux autorités de la transition qui ne nous ont jamais répondu. Le concours demandé concerne la mise à disposition des informations, l’envoi d’experts locaux et un parrainage formel de la manifestation. Seuls les partenaires privés de la place de Bangui ont compris l’enjeu de vendre notre potentiel d’affaires et d’investissements, sur une place forte européenne, même si c’est une organisation non gouvernementale qui l’impulse, en l’occurrence INITIATIVES ECONOMIQUES CENTRAFRICAINES (IECAF).  Nous sommes toujours déterminés à organiser cette manifestation à dimension nationale et nous croyons surtout que les initiatives non gouvernementales (y compris durant cette transition) sont une chance pour nos populations et notre pays. Elles recouvrent divers domaines de la vie nationale qui pâtissent des querelles politiciennes,  de l’instabilité institutionnelle et de l’inefficacité de la gouvernance. Une certaine frange de la diaspora à laquelle nous sommes fiers d’appartenir poursuit ses actions qui ne peuvent attendre contre le sida et ses effets collatéraux (les orphelins du sida), la promotion de la langue nationale le sango à travers sa normalisation orthographique et grammaticale mais aussi son informatisation (une opération est en cours et concerne la mise en place d’environnement bureautique dotés de logiciels libres entièrement en langue nationale)… Nous nous positionnons ainsi à contre courant de l’idée reçue d’après laquelle les compatriotes à l’étranger n’envisagent le retour au pays que pour des postes dans la haute sphère du pouvoir, bien que pour autant certains n’en soient définitivement exclus.    
 
C’est en premier lieu aux acteurs de la transition, solidairement, de nous prouver dans les mois qui viennent, qu’elle aura servi à améliorer de façon palpable la vie des populations d’une part et d’autre part à jeter les jalons d’un processus électoral et référendaire satisfaisant.  Encore le registre de l’illusion utopique !  En effet,  nous en sommes bien loin malgré l’autosatisfaction et l’optimisme béat de certaines chancelleries qui se mettent à « rêver » d’un « changement » dans la continuité. A dire vrai, nous sommes à l’aune de féroces diatribes, des fourberies et autres règlements de comptes destinés à manipuler le peuple et l’opinion. La classe politique « traditionnelle » centrafricaine est davantage expérimentée dans ses actions et dans son discours contre l’intérêt national, contre les transformations indispensables à l’existence affirmée de la R.C.A. Elle s’est « accoquinée » volontiers dans le « consensus  mou » de l’immédiat après 15 mars 2003, comme l’après 22 octobre 1993, elle se « dés accoquine » lamentablement quelques mois avant les échéances électorales, tentant de se soustraire au bilan de la transition. Les centrafricaines et les centrafricains sont las de ces manœuvres qui décrédibilisent l’action politique et conscients dans leur fort intérieur des amères désillusions de la transition encours. Ils sont nombreux à ne jamais rien attendre du « pouvoir de Bangui », quel qu’il soit ; même si très souvent ils en subissent très souvent les multiples soubresauts. C’est pourquoi nous avons décidé de commencer à écrire par anticipation « pourquoi la démocratie électorale ne suffira pas à elle seule à transformer le pays de Barthélemy BOGANDA », notre très prochaine contribution au débat citoyen …
 
Quimper, le  4 août 2004,
 Jean-Pierre REDJEKRA,  Vice Président du P.A.T. R .I .E  (*)   

(*) ce texte n’engage que son auteur et n’a pas encore fait l’objet d’un débat  à l’intérieur du Parti Africain pour une Transformation Radicale et l’Intégration des Etats (P.A.T.R.I.E).  

Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 19