A PROPOS DE LAPPEL DU COMPATRIOTE Jean Pierre MARA - Résidence du vésinet
Sans vouloir
verser dans une polémique inutile en rapport avec les propos du
compatriote Jean Pierre MARA dans son appel du 07/07/2004 (1),
à cause de la profondeur de cet appel en ce qui concerne les
conditions de vie des personnels de nos représentations
diplomatiques et en second lieu des difficultés de la vie de
tous les jours des Centrafricains de létranger en
général et de France en particulier, car lui et moi résidons
ici.
Si je partage
le sens premier de ses propos, je me permets cependant de relever
quelques légèretés qui ressemblent plutôt à une opposition
systématique à lencontre dune personne et en
loccurrence il sagit ici de Mr Guy Moskit.
Précisons
dentrée que la résidence du Vésinet nest pas un
bâtiment loué par létat Centrafricain, mais propriété
de celui-ci.
Jai eu
lopportunité daccompagner un compatriote en Janvier
2001 à la bâtisse du Vésinet pour y récupérer un colis chez
lun des occupants du bâtiment. La bâtisse est pitoyable
et à limage de son propriétaire le Centrafrique en
jachère. La concession dà peu-près 1400 m2 ressemble à
un réduit de la forêt de Botambi, cest à peine que
lon peut simaginer être dans lun des secteurs
où se concentre au m2 le plus de riche en Île de France.
Létat intérieur est affreux, les velours des mûrs sont
partis et ceux qui restent ont changé de teinture depuis belle
lurette à cause de laction du temps. Les moisissures, les
toiles daraignée et dautres espèces du genre
pullulent. Une partie de la toiture de la véranda arrière
nest quune grosse passoire.
Leau est
piratée et lélectricité est facturée au nom dun
des occupants qui nest pas personnel du corps diplomatique.
Létat du plancher, du parquet laisse à désirer ;
cest dire que les voisins du 21 Boulevard Roosevelt doivent
bien se plaindre de la situation. Plusieurs descentes de la
police ny ont pas changé grand-chose, cadre diplomatique
oblige, la propriété étant enregistrée comme domaine
diplomatique.
Le bouffon de
Berengo, sa majesté Bokassa 1er est un homme de
goût, dans le secteur, à moins de 500 mètre se trouve la
résidence secondaire de Dénis Sassou Nguesso, de Feu Houphouët
Boigny et de beaucoup de bonhomme du réseau francafrique ;
voilà létat dans lequel se trouve le bâtiment du 21
Boulevard de Roosevelt (2), résidence pour laquelle le
ministre délégué auprès du ministre des affaires étrangères
a pris un arrêté en vue dune expulsion et face auquel le
compatriote Jean Pierre MARA a réagi.
Lorsquun
individu est ministre de la république, le minable bout de pain
qui dépend de sa gestion lui appartient au plan juridique, car
il est le responsable premier de cela. Alors quoi de plus normal
quun ministre veuille mettre de lordre dans un
domaine relevant de sa souveraineté. Je trouve léger lorsque
lon avance comme raison première la non appartenance à
titre privé de ce domaine, enlevant de fait le droit au
gestionnaire de pouvoir mettre de lordre dans les affaires
qui relèvent de son ministère.
En continuant
un peu loin mon raisonnement, je constate que le compatriote
enlève au ministre Moskit la gestion du bâtiment, mais par la
même occasion fait de lui le garant de ce qui arrivera aux
familles expulsées du 21 Boulevard Roosevelt, si ce nest
pas être en contradiction avec soi-même, que lon me dise
ce dont il est question ici, et pourtant larrêté
ministériel est clair, le personnel de lAmbassade
nest pas pris en compte par cet arrêté dexpulsion (3),
alors si lon se fonde sur cette mauvaise lecture pour dire
que létat abandonne le personnel diplomatique cest
archi-faux, car dans le cas précis, ils(personnels) ne sont pas
pris en compte dans cette projection dexpulsion.
Lorsque
lon est Intellectuel, Alphabète, Penseur et Faiseur
dOpinion dans ce pays quest le Centrafrique,
lon ne doit pas avancer des propos légers et gratuits,
parce que lespèce est rare et à cette période où
lon doit poser les fondements de la reconstruction
effective de notre pays ; un débat sur les problèmes de
fond doit être entrepris.
Avant
dêtre français, Mr Moskit est centrafricain, et
cest à ce titre là quil a été appelé au
gouvernement. Quil soit français, cela ne lui enlève pas
sa centrafricanité (4).
Moskit est-il
le premier bi-national à avoir occuper un poste de
responsabilité dans notre pays ? faire semblant de le
découvrir seulement maintenant, cest tout simplement
nihiliste, révisionniste. De tout temps la RCA a conjugué avec
des centrafricains bi-nationaux. Moi qui parle, je nai pas
choisi dêtre né là où je suis né, et pourtant
cest un fait avec lequel je conjugue. Aujourdhui, si
pour des raisons administratives ou autres, je métais
prévalu de la nationalité Roumaine parce que je suis né en
Roumanie, croyez-vous que cela môtera ma
centrafricanité ? ou le droit de faire quoi que ce soit au
pays ou que toute action que je poserai sera taxée de
Roumanophile ?
Le 24 Janvier
2004, dans une introduction(5) à une de mes réflexions (6),
T.B. SANKOBA disait ceci : « Une question se
pose tout de même : La République a-t-elle besoin de 28
ministères à Bangui et de représentations diplomatiques dans
tous les pays du monde ? La gestion des régies
financières est trop complexe: c'est une nébuleuse que de rares
initiés seuls arrivent à suivre pour le dam de tout le pays »
Le problème
à lheure daujourdhui en Centrafrique,
cest que les hommes qui nous gouvernent nont pas
encore compris quil faut faire léconomie des
compromis égoïstes, occultes pour faire naître un espace bon
et bien pour tous.
Dire que
cest parce que Moskit serait membre des Renseignements
généraux, amis de beaucoup de présidents africains, possède
ce capacités diplomatiques exceptionnelles qui ont fait
quil existe aujourdhui deux ministères en charge du
même département, cest faire preuve dopposition
personnelle gratuite et aussi montrer que lon na pas
compris le mécanisme producteur de ces choses. Et pourtant en
février 2004 le compatriote Jean Pierre MARA a fait, sur
www.centrafrique.com une proposition allant dans loptique
de réduire le train de vie de létat, cest tout
simplement malheureux de constater quentre ses grands
principes et lanalyse du mécanisme producteur de la
situation actuelle, il ya un grand écart. La situation
singulière de Mr Moskit ne saurait être la règle dor, et
pourtant lextension finissant lappel du compatriote
vient de cette lecture.
Ce nest
un secret pour personne, létat centrafricain est en
faillite depuis la fin des années 80 et la banqueroute a été
officiellement annoncée le colonel Marboua le 08 janvier 2004(7).
En ces temps
où règnent lobscurantisme, le nihilisme et tous les ismes
négatifs ; et dans ce travail de déconstruction historique
et de reconstruction dont une partie sest orientée autour
du terme « génocide », prendre ce terme et qualifier
le gouvernement de génocidaire parce quétant dans
lincapacité dhonorer ses engagements, cest
faire preuve encore une fois de plus dune très grande
« légèreté », jemploie ce terme pour
que je nai pas à qualifier lappel du compatriote
Jean Pierre MARA que je partage dans la profondeur dinepte.
Tous les
gouvernements centrafricains de lindépendance à nos
jours, ont brillé par une inefficacité et un rendement
globalement nul. Aucun na été à mesure de faire ce
quon attend dune institution de cette hauteur.
La prise en
charge du personnel diplomatique est seulement un des aspects du
Problème Centrafricain. Lorsquà Bangui, tous les hommes
qui se succèdent à la tête de nos institutions nont que
le payement régulier des salaires comme objectifs Alpha et
Oméga, alors quoi de plus normal quil ne voient pas
ailleurs, surtout quils narrivent même pas à
réaliser cet objectif.
Les
représentations diplomatiques centrafricaines sont à
limage de notre pays où nous côtoyons le degré zéro de
lhumanité, tout porte à croire quil nexiste
pas chez nous le sens de lamélioration et du progrès.
Nous donnons limpression de personnes incapables de
sorienter et daller vers lavant.
Aujourdhui
se présente devant nous une équation toute simple que nous
avons toujours fui : Que faire pour mettre fin à la
descente au Néant du Centrafrique ?
Dans la
recherche des solutions à cette équation qui doit dabord
être lapanage des Centrafricains, sortira la solution à
la situation de nos représentations diplomatiques.
Est-ce que
mettre dehors, parce que lon est ministre de la république
les personnes qui nont pas le droit dhabiter au 21
Boulevard Roosevelt, est bien faire, je dis OUI, si et seulement
si le but premier et unique est de rendre potable les locaux et
permettre au personnel de la mission diplomatique centrafricaine
en France qui sy trouve dêtre dans des meilleurs
conditions.
Si cette
expulsion cache en réalité une affaire dinitié où
lon assistera dans les mois à venir à une opération
immobilière comme ce fut hélas le cas dans le passé (8),
juste une affaire dinitié, je dis NON ou je dis OUI, mais
que cela se fasse en Agora et que lon sache ce qui
adviendra des retombées de cette opération.
Aujourdhui
cest lensemble de la nation qui est dans le chaos. La
conjugaison depuis 44 ans de mauvaises décisions et actions, a
entraîné le pays dans le gouffre, aujourdhui quelques
initiés se disputent la dépouille et pérennisent la danse des
morts-vivants que nous sommes devenus à cause dune élite
cupide, aveugle et en intelligence extérieure.
Alors « Quand
on est Tout Puissant, on peut prendre des décisions qui ont des
effets sur tout un peuple sans se soucier des conséquences
dune telle décision », cest vrai.
Mais
noubliant pas que lorsque lon est alphabète,
intellectuel, penseur, homme de culte ; nous de par nos
positions fausser la lecture du peuple, pousser les
« puissants » à devenir ignobles et surhumains dans
leurs têtes.
Cest la
raison première et dernière de cette réaction que jai
voulu apporter à lappel du Compatriote Jean Pierre MARA.
Clément BOUTE-MBAMBA
(2) Visite effectuée au
Vésinet en Janvier 2001.
(3) Faire déguerpir les occupants de
la résidence centrafricaine du Vésinet (p1)
(4) jemploie ce terme pour
parler des hommes et des femmes qui ont la nationalité
Centrafricaine à la naissance ou par acquisition
(5) La République a-t-elle besoin de
28 ministères à Bangui et d'ambassades dans tous les pays du
monde?
(6) LA REPUBLIQUE DES
GOUVERNANTS (archives sangonet)
(7) L'Etat centrafricain annonce ne
pas pouvoir payer les salaires à échéance
(8) il sagit de la vente
dans les années 1980 des locaux de lAmbassade
Centrafricaine à Paris.