LE
CAS BOZIZE : le Pouvoir Absolu Corrompt Absolument
« Ce pays où il y a tant de plaies à panser,
tant de réponses à apporter à une population matériellement et moralement
anémiée, et qui a besoin de dirigeants sérieux pour s’atteler à cette tâche. Le
pire qui puisse arriver à présent, c’est que Bozizé
se prenne pour un vrai chef d’Etat. » écrivait le
mensuel panafricain le Nouvel Afrique
Asie dans son numéro 163 du mois d’Avril 2003.
En juillet 1999, le club des liquidateurs
, euh, présidents Africains, s’était réuni à Alger. C’est durant ce
sommet de l’Union Africaine(OUA à l’époque), que fut
arrêté le principe qui va à jamais graver ce sommet dans les annales de la
politique africaine, à savoir que l’Organisation de l’Unité Africaine exclura
désormais de ses sommets, tout régime
arrivé au pouvoir par une autre voie que l’alternance constitutionnelle.
Tout le monde se souvient du tapage qu’il y’a eu autour de cette réunion, et j’ai
encore en mémoire, car présent à l’époque à Bangui, le ton impérial
qu’employaient le président Patassé et ses sbires pour parler de la chose.
Je me souviens qu’au mois d’Avril de la même année, le
président Nigérien, lui aussi parvenu au pouvoir par un coup a été abattu comme
un chien pour reprendre cette __expression du président gabonais Bongo, et
c’est ce coup d’état, qui à mon avis a ressuscité le dossier des putschistes en
Afrique. Car le dossier n’est pas nouveau, déjà en 1963, la délégation Togolaise
à la tête de laquelle il y’ avait le président Grunitzky était déclarée
« Non grata » à Addis Abeba,
lors de la réunion constitutive de l’OUA, à cause de l’assassinat quelques mois
auparavant du président Sylvanius Olympio.
En 1980 lors du sommet extraordinaire de l’OUA à Lagos, le
sanguinaire Samuel Doe et sa délégation ont été
interdit de prendre part au sommet, à cause de l’assassinat du président
William Tolbert
Ainsi la charte de l’OUA prévoyait déjà en son article 3 alinéa
5 , la condamnation de l’assassinat politique
comme moyen d’accession au pouvoir.
C’est dans cet élan historique, que l’assassinat du
président nigérien Ibrahim Barré Maïnassara
ressuscita cette volonté de déclarer les putschs hors la loi.
Et pourtant il y’avait un problème, et en coulisse beaucoup
de tractations se faisaient autour de présidents comme Patassé, Kabila Sr, Mugabé
et tant d’autres. Si dans leur immense majorité les chefs d’état africains ont
soutenu et continuent de soutenir Mugabé, c’est plus
à cause de l’histoire, de la fierté, même si dans le cas zimbabwéen, cette
fierté est mal placée.
Ainsi petit à petit, des alliances se formèrent et des
coups d’état eurent lieu. Une dizaine de coup d’état réussis ou manqués eurent
lieu de Juillet 99 à nos jours. De tous ces coups d’état dont les plus
spectaculaires sont sans doute : le Congo démocratique avec l’assassinat
de Kabila Sr, le Liberia
avec le départ en exil de Taylor, la Côte d’ivoire avec l’arrivée au pouvoir de
Gueï et le Centrafrique avec le renvoi au Togo via le
Cameroun du président Patassé et l’arrivée au pouvoir de Bozizé.
Même si les situations dans les différents pays qui
connurent des coups d’état depuis Juillet 99 ne sont pas toutes identiques, le
coup d’état du 15 Mars 2003 est le plus défendable, ce n’est pas parce que ces
mots sortent de la bouche d’un Centrafricain, mais face à un pouvoir qui
n’avait sa raison que par le terrorisme d’état et dont l’unique raison d’être
était de faire retarder la sanction du peuple pour continuer de piller la terre
et satisfaire son ego, que fallait-il faire ? Le pays était mis en
jachère, l’espace républicain transformé en arène, la vie des citoyens en putching ball et la seule règle
était l’_expression du langage du vice institutionnalisé
et celui de la force débridée.
C’est dans ce contexte là qu’intervint le mouvement du 15
mars 2003, et ces mots dans la bouche du Pr Goumba le 28 Mars 2003 qui était la caution morale de
l’élite politique du pays résumait l’état profond de la nation, n’en déplaise à
Ndouba Prosper : « il faut que le
monde entier sache que le peuple centrafricain dans son immense majorité était
arrivé à demander souvent dans le silence de la peur, quelquefois en le criant
que l’ordre ancien des choses soit renversé.
Non seulement l’opposition, mais également une partie
importante de ceux qui apportait son soutien à son (Patassé) régime, qui
avaient conscience de l’impasse où s’enfermait le pays.
C’est pourquoi je considère le passage brutal du 15 mars
2003, non pas comme un coup d’état militaire au sens classique du terme, mais
comme un véritable sursaut populaire, une révolution du peuple en quête de
changement. »
Si Patassé était chassé, son « APRES » posait un
problème double, une équation à multiples inconnues dont les plus majestueuses
étaient :
1. Réussir la transition
2. Quel nouvel homme pour la
direction du Centrafrique
Et encore à ce stade, le même Goumba,
dans les mêmes propos du 28 mars 2003 déclara ceci : « Nous réconcilier
est un devoir patriotique qui doit s’imposer à tous. Vous avez un autre
devoir : après l’enthousiasme populaire, nous devons tous nous remettre au
travail pour redresser le pays. La transition consensuelle doit être mise à
profit pour reconstruire la RCA. »
Et c’est à ce niveau là qu’entre en jeu la responsabilité
du consensuel en chef, le général BOZIZE.
Dans le film « Echos d’un empire sombre », Me
SPINER, avocat de Bokassa 1er, déclare ce qui
suit : « comme disait St JUSTE, le pouvoir absolu corrompt absolument ».
Cette assertion me revint à l’esprit le jour où j’appris
que le général Bozizé légiférerait par ordonnance et
que le CNT n’avait pas de pouvoir réel.
Le personnage(Bozizé)
n’est pas nouveau sur la scène, déjà garde du corps de Bokassa 1er,
ministre dans le CMRN avec Kolingba comme Boss,
co-auteur de l’alcoolique coup d’état de 1982, candidat à la présidentielle de
1993 où il n’a obtenu que 1,53% des voix, soit 12.159 votants pour lui ;
cette précision est importante pour ceux qui veulent faire des projections en
se referant à l’histoire. C’est dire que Bozizé a
goûté aux artifices du pouvoir.
Si la tournure actuelle ressemble au parcours de Robert Gueï ; les personnages ont des parcours différents, Gueï est différent de Bozizé qui
est différent d’ ATT et de Daouda Mallam
Wanké le tombeur de Maïnassara.
Que s’est-il passé ? comment Bozizé
qui avait rassuré la communauté internationale de sa non-présentation aux
élections présidentielles rame t’il aujourd’hui à contre-courant, prenant le
risque de voir l’onction internationale lui être retirer et la bénédiction
nationale soustraite, la faible mobilisation du 19 Juin en est une illustration
parfaite.
La seule réponse qui me vient à l’esprit est de constater
avec effroi la répétition du processus Gueïsant (1)de Bozizé
que je souhaite pas voir arriver à bon port, raison profonde de ce texte, long,
car je prends la peine de plonger la question sur tous les fronts, permettant
ainsi au premier concerné de se faire une idée plus juste.
Massi l’a dit dans le quotidien Banguissois « Le citoyen » (2) : la candidature de Bozizé pose problème», et à mon appréciation de la
situation actuelle ; elle pose un problème à cinq niveaux :
1. Le respect de la parole donnée
Aux lendemains du
15/03/2004, le général Bozizé était clair et j’espère
en possession de toutes ces facultés mentales lorsqu’il déclara qu’il ne
briguerait pas la présidence de la république (3) ; écartant ainsi toute
éventualité. Cette prise de position lui a permis de rentrer dans le club des
présidents africains, du moins en Afrique centrale au travers de laquelle il
obtint une reconnaissance internationale et aussi le soutien de la classe
politique centrafricaine même si d’elle, il ne fallait pas attendre
grand-chose.
Bozizé est dit Pasteur ou quelque chose
de la sorte (4) ; même si je n’ai pas la
même approche christianistique que lui, je tiens
cependant à lui prodiguer un conseil en
me basant sur la bible qu’il utilise lui aussi ; l’Apôtre Jacques dit
ceci : « Jaques
5:12Avant
toutes choses, mes frères, ne jurez ni par le ciel, ni par la terre, ni par
aucun autre serment. Mais que votre oui soit oui,
et que votre non soit non, afin que
vous ne tombiez pas sous le jugement. » (5)
S’il est incapable de tenir parole devant ses pairs
présidents et devant la nation où il a pris sa décision ; je crois que le
destin de la nation semble réellement menacé, car les engagements électoraux ne
seront jamais respectés, si l’engagement politique ne l’est pas.
2. L’honnêteté et le courage politique
Ces deux vertus sont les plus
grandes que doivent avoir un homme d’état.
*Honnêteté pour bien mener à port
la nation et respecter ses engagements.
*Courage pour mener des actions
hautes ; parfois ramer à contre-courant de la cour des griots, et c’est là
que nous devrons voir cette dimension du général Bozizé,
prouver à la nation et à la communauté internationale qu’il a le courage de
poser, de lier parole et acte ; qu’il a l’honnêteté de reconnaître
qu’entre l’espoir suscité par le mouvement du 15/03/2003 et la réalité
inclusive du pays à l’heure d’aujourd’hui, il y’a un grand écart. (6) Du pléthore consensuel est né
une souris, une sourinette comme dirait Jamel Debbouze au lieu du veau
que l’on attendait, et le transitionnel en chef doit avoir le courage et
l’honnêteté devant Dieu, devant la nation, devant lui et devant la communauté
internationale de rendre son tablier.
3. Responsabilité historique
Il y’a des indices qui ne
trompent pas, et l’Apôtre Paul dit ceci : « 1Corinthiens
10:6
Or, ces choses sont
arrivées pour nous servir d'exemples, afin que nous n'ayons pas de
mauvais désirs, comme ils en ont eu »
Et un peu plus loin il ajoute
ceci : « . 1
Corinthiens 10:11
Ces choses leur sont
arrivées pour servir d'exemples, et elles ont été écrites pour
notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des siècles. »Plus
clair que ces deux versets, je ne vois rien à y ajouter.
En 1980, contre toute attente, le
président Senghor décide de se retirer et cela lui permit d’entrer au panthéon des grands
africains du siècle passé et peut être de tous les temps.
Dacko
prit la décision de faire du MESAN en 1963, le parti-état et unique par
la suite ; cela inaugura l’ère des partis uniques en Afrique, cette
décision fit de ce dernier, le père du monopartisme en Afrique
Dans une Afrique sous domination kakie, le général Obasanjo
organisa des élections et remit le pouvoir aux civils ; il en est de même
pour Kérékou, Sassou et Kolingba, qui dans des
périodes encore Kakies en Afrique, acceptèrent le
résultat des urnes, même si par la suite certains se sont désolidarisés de
leurs actions, c’est aussi un fait que l’histoire retient aujourd’hui et pour
toujours.
Aujourd’hui s’offre à Bozizé l’opportunité d’écrire autrement l’histoire de notre
pays, de l’Afrique et du peuple noir Africain, deux voies seulement
existent :
·
Rester ferme, amener
la transition à bon port et regagner les
casernes ;
·
Céder aux fabricants
de satrape et se présenter avec tous les travers et détours que cela peut
entraîner.
Entrer dans l’histoire comme un
grand homme ou un minable prétentieux et carriériste ; c’est cela la
responsabilité historique de Bozizé.
4. Crédibilité Internationale
C’est en rassurant la communauté
internationale qu’il ne se présentera pas que Bozizé
avait eu la reconnaissance nécessaire.
Patassé était un problème, une
calamité sortit des urnes en 1993. Et comme en 99, il a su se faire réélire, la
communauté internationale était arrivée à se demander comment s’en
débarrasser ? Et ramant à contre-courant d’Alger 99, bon-gré
mal-gré ; la reconnaissance était accordée à Bozizé.
Si je suis patriotiquement au
concept du centrafricanisme (7), je reste cependant conscient
que vue la situation géopolitique de l’heure ; la partition centrafricaine
ne peut se jouer seule. Or sans crédibilité internationale, tout système en
place au pays, légitimité populaire ou pas, entraînera le pays à la dérive et
condamnera par le même chemin, la nation, le pays à un destin médiocre.
Je ne sais pas si le président Bozizé le sait, mais en tombant dans le piège du micro de
RFI (8), il venait de creuser sa tombe,
scier la branche sur laquelle il était assis et entamer sérieusement son
capital-crédit auprès de cette même communauté internationale.
Tout le monde sait que depuis le
tonitruant engagement de Bozizé aux lendemains du 15 Mars 2003, de l’eau est
passée sous le pont ; c’est pourquoi le président de l’Union Africaine a
cru bon le mettre en garde.
Depuis ce 17 Mai 2004, beaucoup
de choses se sont passés ; trois ont retenues mon attention :
·
La réplique
officielle de Alpha Omar Konaré à Bozizé ( dépêche AFP du 27/05/04 à 19h24)
·
L’interpellation de Tiken Jah Fakoly
·
La manipulation de
l’opinion par les éléments dangereux qui naviguent autour de Bozizé et qui sont ses véritables ennemis, au travers de la marche du 19/06/2004.
Les exemples se comptent sur le
bout des doigts de la main, où l’organisation politique africaine, ce que
j’appelle le Syndicat des Liquidateurs Africains a demandé de façon expresse et
non diplomatique à un chef d’état de ne pas se présenter à une élection
présidentielle, même si la première approche fut sous forme de conseil, langage
diplomatique oblige. Le cas est au paroxysme, et je m’étonne, ne comprends pas
pourquoi les faiseurs d’opinion en Centrafrique ne se sont pas réellement penché sur la question, comme si les jeux étaient déjà faits
et que c’est seulement chez nous que règne le ridicule.
Malgré tous ces cartons jaunes,
si le président Bozizé s’obstine à se présenter, ce
sera quasi-suicidaire de sa part, car impossible de se refaire une crédibilité,
en politique la nation apparaît comme la virginité que l’on perd qu’une seule
fois.
5. Vision ventrale(la
responsabilité des arrivistes et faiseurs de roitelets)
Même si on tant qu’adulte, la
responsabilité première des échecs continus et continuels de la RCA est à
mettre à l’actif des présidents, des chefs ; il ne faudrait pas occulter
l’aspect intellectuel ou lettré de la chose. Ces carriéristes ou arrivistes qui
tournent dans la cour du roi, faisant de la situation actuelle un acquis et
voulant absolument la pérenniser, créer au passage une dynastie, se venger des
autres qui étaient au pouvoir avant. C’est ainsi que nous avons entendu ces
discours aux lendemains de l’arrivée de Patassé au
pouvoir : « maintenant c’est le tour des savanniers….. »
mais depuis, et je l’espère du fond de mon
cœur, que le peuple centrafricain a
compris la profondeur de la chose lorsque dans sa folie protectrice de son
pouvoir, le président Patassé a tourné le bout de ces canons contre ceux-là
même qui le soutenaient, à qui il a servi la calice de la division.
A la tête de ce groupuscule
ventral, il y’a le minable prétentieux qu’est Wanfio
Serge, ex député Mlpciste,
président du courant des intellectuels dans ce même parti qui a entre autre à
son actif, le projet en 2001 de l’identification et de l’exclusion des Yakomas dont le village ne se trouverait pas en
Centrafrique mais au Congo démocratique, depuis son projet a pris l’eau car
l’individu fut soupçonné à raison ou à tort comme complice actif de Bozizé dès Novembre 2001, sauf sa parenté maritale avec la
famille Lemotomo de feue Lucienne Patassé fut la
planche de salut qui lui permit de sortir des griffes de Patassé qui en avait
fait son prisonnier personnel avec l’autre minable prétentieux qu’est Démafouth Jean Jacques.
Par définition, un parti
politique est créé pour prendre le pouvoir et dans ce temps de démocratie,
c’est par les urnes.
Je rigole lorsque je vois ce
parti (PDCA), demander à un individu, qui de surcroît, du moins en agora n’est
pas membre de ce parti de devenir candidat. C’est comme-ci l’UMP demandait à Zidane de se présenter aux présidentielles à la
place de Chirac ou Sarkozy ou le PUN à Clément BOUTE MBAMBA d’être son candidat à la place de Jean Paul Ngoupandé, il n’y a que chez nous que le ridicule ne tue
pas, QUI DIT MIEUX ?
Tout laisse à croire que ce parti
a été dans le but de servir de plate-forme électorale à Bozizé.
Je ne sais pas si les gens mesurent la portée Bêtisienne
de certains propos du style « si le peuple me le demande », ou
« marche d’appel à la candidature » ; mais diantre, depuis quand le
peuple demande à un individu de se présenter ?
Peut-être que c’est parce que je vis sur les bords de la seine que j’idéalise tout et espère voir la pratique politique dans mon pays ressembler à celle qui est faite ici, un jeu avec élégance, courtoisie exceptée Le Pen, tolérance et calcul réaliste et réalisable, tout en tenant compte et en premier chef, de l’avis général de l’état de l’opinion de la rue.
Si Bozizé
veut être candidat, il n’a qu’à se déclarer point barre et passons à autre chose ; mais qu’il
n’oublie pas avoir dit : « Je ne veux déranger personne »,
c’était l’une des raisons pour
lesquelles il ne voulait pas se présenter. Dans toutes les sociétés qui se
respectent, ce sont les états majors des mouvements
politiques en interne qui décident si tel ou tel individu est apte à défendre
les couleurs du parti à une élection. Aux Etats-Unis, le système est un peu
différent du modèle Français et donc francophone, mais c’est toujours le même
principe, celui de la base. Or à ce niveau, de qui se moque Bozizé
et Wanfio ?
En Mars 2003, ils étaient plus de
100.000 à sortir dans Bangui pour manifester leur joie de voir partir Patassé,
le 19 Juin 2004, ils étaient à peine 5.000 personnes, faites donc la différence
par vous même, vous verrez que 95% de ceux qui le saluèrent en mars 2003 ne
l’approuvent plus aujourd’hui, et il doit tenir compte de cela, tirer les
leçons qui s’imposent. Je me rappelle que pour un simple derby
footballistique entre Tempête Mocaf contre Olympique
réal de Bangui ou Tempête Mocaf contre les Anges de Fatima, le stade Boganda est pris d’assaut et je peux même avancer le
chiffre de 20.000 à 25.000 personnes, alors que pour ce choix crucial,
seulement 5.000 personnes, alors que ceux qui poussent Bozizé
et lui même réfléchissent à deux fois avant d’agir et tournent leurs langues
sept fois avant de parler et répondre.
En réalité Bozizé
est triplement victime, suivez mon regard :
· Victime de lui-même
, plusieurs fois il a voulu
accéder à la magistrature suprême du pays, mais cela n’a pas fonctionné, et
maintenant qu’il y est, il se dit j’y suis j’y reste. D’où cette résolution à
vouloir ramer à contre-courant en croyant que se serait facile pour lui de
gagner si c’est lui qui organise, ce qui n’est pas loin d’être faux, vu comment
toute la classe politique est obnubilée par cette candidature. L’autre aspect
de l’emprisonnement de Bozizé par lui-même, serait de
voir ressurgir, une fois dans les casernes, les épineux dossiers du génocide
post 28 Mai 2001 où il était chef d’état major des FACA(9) et le dossier concernant sa
gestion de l’armée que certaines personnes jugent non orthodoxes et au rang
desquelles je m’aligne aussi.
· Victime du clan. Nous savons par
expérience, que lorsqu’un individu accède au pouvoir en Afrique en général et
en Centrafrique en particulier, le clan(famille,
tribu, région) fait main basse sur cette situation, pensant à tort que
leur salut et survie, voir
enrichissement seraient garantis par la présence et la continuité de ce
pouvoir. C’est pourquoi se lèvent pour la plupart du temps des individus pour
défendre ces pouvoirs dans le clan la plupart du temps. Et cela fausse les
données, le chef s’enfermant dans cette logique, va vouloir protéger les siens,
stratifiant ainsi la nation en trois strates, les gens du clan à la tête de
laquelle il y’a la famille nucléaire, les gens du mouvement(parti
ou rébellion) et le reste du peuple(les autres peuplades). Ce n’est un secret
pour personne, en dehors de l’amusement de la galerie « Transition
consensuelle » où l’on rencontre toutes les familles politiques
centrafricaines, ce sont les gens du clan qui gouvernent avec Bozizé, je parle du clan pour ne pas nommer une ethnie, car
ce serait mettre à la vendetta un pan de notre nation, ce que j’ai réprouvé
hier sous Patassé et continue de
dénoncer aujourd’hui. A la tête de cette mafia clanique, il y’a encore le
minable prétentieux et carriériste de Wanfio qui tire
les ficelles et arrange tout.
· Victime de l’argent facile et des sponsors. De tout temps,
le palais de la renaissance a été utilisé comme siège social des Business(10)
du président et même pendant le transfert à la villa Adrienne, cette tradition
n’a pas échappé à la règle. Il est facile de devenir riche en faisant main
basse sur l’exploitation des matières premières centrafricaines en y plaçant à
tour de bras, des parents ou autres sociétés écrans. C’est dans cette logique
là que Bozizé agit, lui et les siens, s’enrichir
beaucoup et très vite. Ce n’est un secret pour personne, Bozizé
faisait du tourisme politique en Europe lors de son exil français à la
recherche de sponsors, or ces individus, sont généralement affiliés à la mafia
et des organisations pareilles, sont gourmands, tout vouloir et tout de suite,
parfois ici et maintenant. Ils sont nombreux les sponsors de Bozizé, et il faut les satisfaire tous, et il ne peut s’en
aller avant de les avoir tous satisfaits, sinon ce qui est arrivé à Patassé en
Italie au début des années 80 peut lui arriver (11) c’est ce que disait déjà le
Nouvel Afrique Asie en Avril 2003 dans le numéro 163: « . Le problème,
c’est qu’après s’être comporté durant ces derniers mois comme un aventurier en
Europe, à la recherche de sponsors parfois peu recommandables pour sa cause, et
ayant, en contrepartie des aides obtenues, promis des parcelles de Centrafrique
et des concessions minières aux premiers venus, baroudeurs nostalgiques
d’Afrique, le sieur Bozizé devra trouver
l’inspiration nécessaire pour expliquer à ses sponsors les plus primaires que
le mieux qu’il puisse faire, c’est de demeurer le moins longtemps possible à la
tête de ce pays. »
La déchéance socio-économique de
notre pays a trouvé son dévoilement le plus éloquent dans le coup d’état du 15 Mars 2003, sursaut
patriotique pour certains, passage brutal pour
d’autres, usurpation de pouvoir pour les nostalgiques de l’ère
Patassé et les légalistes ; moi je
l’ai doublement nommé : « Renaissance Centrafricaine ou Lueur d’Espoir ».
Tout centrafricain digne de ce
nom doit savoir que l’on n’arrive pas, 44 années après les indépendances, à
concevoir en Centrafrique et mettre en place un processus de
développement :
1.
Développement humain et
durable ;
2.
Développement économique et bonne gouvernance ;
3.
Développement structurel ;
Le pays est dans le rouge et le
seul domaine dans lequel nous brillons est celui de la médiocrité et du
reniement à l’humanité et m’humanisme.
Que faire face à cette
léthargie ? pourquoi ce pays qui bénéficie
d’immenses potentialités est l’un des derniers au monde ? pourquoi ce pays est devenu le vassal des autres et n’a plus
sa place dans le concert des nations ? pourquoi
un peuple lié par un atout culturel et linguistique et voire même
anthropologique reste sujet de conflits ethnicistes
et tribaux ? comment lancer une économie qui n’a
jamais existé ? comment transformer en richesses
les énormes potentialités dont jouit notre pays ?
Telles sont à avis, les questions
auxquelles devra répondre le pays sous
la direction du nouveau président en
Janvier 2005.
On dit souvent que l’on ne change pas une équipe qui gagne,
mais il faut remercier celle qui perd en lui montrant la sortie ou les
vestiaires.
Bozizé doit tenir parole et remettre le pays entre les mains d’un nouvel
élu en janvier 2005. j’ai toujours dit que les
actions d’un grand homme, les bonnes actions pour être précis, sont des
circonstances atténuantes et peuvent effacer ces faiblesses et erreurs.
Dans le spectacle actuel
qu’offre d’une part Bozizé
via Wanfio et d’autre part les partis politiques centrafricains dans des
alliances vraiment contre-nature et
rigolos, me poussent à constater que
tout, mais vraiment tout porte à croire qu’il n’y a pas en l’homme
centrafricain le sens de l’amélioration,
le sens du progrès et de l’honneur.
Au général Bozizé : « osons,
osons faire quelque chose pour que l’histoire ne bégaie de nouveau »
A la classe politique
centrafricaine : « changeons, changeons d’approche et de profondeur pour ne plus rester la
classe et l’élite la plus bête au monde. »
Au peuple centrafricain : « sortons,
sortons du silence, du silence complice. Sortons de l’inactivité, de
l’inactivité due au fatalisme et donnons un tant soit peu à la patrie ;
osons changer les choses. »