ARRESTATION DU JOURNALISTE MAKA GBOSSOKOTTO PAR LA SECURITE PRESIDENTIELLE

 

La liberté de presse serait-elle mise en cause en Centrafrique ? Sinon comment expliquer l'arrestation du Directeur de publication du quotidien Le Citoyen ? .Une lettre de Prosper NDOUBA, conseiller du Président de la République, semble être à la base de cette nouvelle péripétie. Dans cette lettre, M. NDOUBA appelle les commerçants de Bangui et de province à s'acquitter chacun de 150 000 francs CFA versés directement à la Présidence; cette contribution devrait servir à fabriquer des médailles à l'effigie de Madame Angèle PATASSE.

 

Se reporter à quelques réactions et des dépêches à ce sujet:

ARRESTATION DE MAKA GBOSSOKOTTO, Directeur de publication du journal Le Citoyen

Le journaliste Maka Gbossokotto, directeur de publication du quotidien le Citoyen vient d'être arrêté par les services présidentiels de sécurité. Il lui est reproché d'avoir publié une lettre de Prosper Ndouba, conseiller en communication à la Présidence.

Maka Gbossokotto est actuellement incarcéré dans les geôles de la Gendarmerie nationale centrafricaine à Bangui.

C'est au milieu de cette après-midi que la nouvelle fit le tour de Bangui. Le journaliste fût arrêté dans des conditions qui restent encore à déterminer.

Toutefois, des éléments en notre possession, cette arrestation fait suite à la récente publication par le quotidien de Bangui d'une lettre de M. Prosper Ndouba, Conseiller en communication du président Patassé aux commerçants de la place et des principales villes de provinces de la République centrafricaine. Dans cette lettre, le conseiller de Patassé appelait les commerçants à s'acquitter chacun de 150 000 francs Cfa versés directement à la Présidence. La cagnotte résultante de cette raquette devrait servir à la fabrication de Pin's à l'effigie du président centrafricain Ange-Félix Patassé.

Dans un article accompagnant la diffusion des photocopies de cette lettre scandaleuse, Maka Gbossokotto estima qu'une telle demande n'est rien d'autres qu'une raquette digne des années de dictatures bokasiennes.

Ces derniers mois, Madame Angèle Patassé, seconde épouse du président Patassé avait répandu dans la capitale des Pin's à son effigie que des femmes proches du régime dictatorial de Bangui arborent sur leur poitrine. Cette "coquetterie " a été dénoncée par les journaux de la place. Ce qui leur attira des menaces de la part des services présidentielles.

M. Maka Gbossokotto a souvent été l'objet de menaces de la part des autorités de Bangui pour ses articles dénonçant les comportements inciviques et criminels de ces autorités. Le Citoyen qu'il anime depuis sa création, contribua, avec la presse indépendante centrafricaine, à révéler les nombreuses affaires et scandales politico-mafieux qui ne cessent de ternir les autorités centrafricaines.

Bangui (Kodro, 04 août 2000)

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ARRESTATION DE MAKA GBOSSOKOTTO

A Ita,

J`apprends avec preoccupation l`arrestation de notre cher ami Maka. Le mobile qui a conduit a cette arrestation ne doit pas faire illusion.

Il s`agit d`une manoeuvre qui s`inscrit dans une perspective globale de liquidation systématique de toute forme de resistance au regime.

A un moment ou des contingences comprehensibles,mais non excusables ont fini d`affaiblir l`opposition au pays, notre ami reste l`un des rares a continuer a porter haut le flambeau de la liberté de ton ,sans complaisance aucune, dans le respect de la déontologie.

Ne nous attardons pas sur Monsieur Ndouba, ce serait lui faire honneur.L`histoire avance a grand trait,le reste est bricolage intellectuel.

Quelqu'un a dit ,avec justesse, que la seule certitude concernant le pouvoir est qu`on en sort.Ce qui a d`ailleurs ete si bien illustre par Henri,veritable gardien du temple travaillant a des heures incroyables ,que je salue au passage.

Je souhaiterais que tout ce qui peut être fait le soit afin que notre ami recouvre le plus rapidement possible la liberte.

Pour notre part, des Lundi, nous tacherons d`informer le Departement d'Etat .

Nous ne sommes pas si nombreux que ca a croire aux vertus de la probite,de la democratie, et la necessite d`une centrafrique plus ambitieuse ,pour oser laisser un des nôtres tout seul entre les griffes d'un regime aux abois, ne reculant devant rien pour se perréniser, au grand malheur du peuple Centrafricain.

Pour une une certaine façon d'être Centrafricain.

CREPIN.

Date: Fri, 04 Aug 2000 18:25:51

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Le directeur de publication d'un quotidien centrafricain en garde à vue

Le directeur de publication du quotidien centrafricain indépendant "Le Citoyen", a été placé vendredi en garde à vue dans les locaux de la gendarmerie de Bangui, a-t-on appris de sources concordantes.

Maka Gbossokoto, joint au téléphone par l'AFP depuis Libreville, a indiqué avoir été arrêté dans la matinée en vertu d'une plainte en diffamation déposée à son encontre par le porte-parole de la présidence de la République, Prosper Ndouba.

Il se voit reprocher la publication en fac-similé, dans "Le Citoyen" daté du 24 juillet, d'une lettre à en-tête de la présidence signée par M. Ndouba et adressée aux entreprises privées de la place, qu'accompagne le titre : "Racket dans les sociétés organisé par Ndouba?".

"C'est avec plaisir que je vous fais parvenir les nouvelles effigies officielles du chef de l'Etat", indique ce courrier, qui fixe le montant de 12 photos de formats divers du président Ange-Félix Patassé à 150.000 francs CFA (1.500 FF), payables par chèque sur un compte "Communication présidence" ou en espèces.

M. Gbossokoto a indiqué à l'AFP regretter de ne pas avoir été entendu au préalable par le Procureur de la République de Bangui, "comme cela se fait habituellement".

Le Forum démocratique pour la modernité (Fodem - opposition) du député centrafricain Charles Massi a condamné vendredi cette arrestation, dans un communiqué reçu par l'AFP à Libreville.

Il en appelle "à la mobilisation de tous les patriotes et des défenseurs des droits de l'Homme pour porter un coup d'arrêt à la dérive répressive du gouvernement", en s'interrogeant : "Hier les étudiants, aujourd'hui la presse. Demain à qui le tour?".

(AFP, Libreville, 4 août 2000- 20h08)

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Un directeur de publication arrêté

Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, Antoine Grothe, Reporters sans frontières (RSF) a demandé la libération immédiate de Maka Gbossokotto, directeur de publication du quotidien privé Le Citoyen et correspondant de RSF en République centrafricaine. Robert Ménard, secrétaire général de RSF, a rappelé qu'au cours d'une rencontre avec une délégation de RSF, en janvier 2000, le président Ange-Félix Patassé avait pris l'engagement personnel de "veiller à ce qu'il n'y ait jamais de journaliste emprisonné dans le pays ni aucune mesure arbitraire". RSF a affirmé que cette détention est également en contradiction avec l'article 15 de la loi 98.006 relative à la liberté de la communication qui stipule que "le journaliste a le droit d'enquêter librement sur tous les faits qui intéressent la vie publique, de mettre en discussion les actions et les déclarations de toute institution publique ou privée". Enfin, RSF a insisté sur le fait qu'en janvier 2000, le rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression a indiqué que "l'emprisonnement en tant que condamnation de l'expression pacifique d'une opinion constitue une violation grave des droits de l'homme".

Selon les informations recueillies par RSF, Maka Gbossokotto, directeur de publication du quotidien privé Le Citoyen et correspondant de RSF, a été convoqué à la gendarmerie de Bangui, le 4 août au matin. Entendu pendant plus de deux heures, suite à une plainte déposée par Prosper N'Douba, le conseiller spécial du chef de l'Etat chargé de la communication, Maka Gbossokotto a été placé, vers 13 heures, en détention pour "offense" et "diffamation". On lui reproche la publication dans l'édition de son journal du 24 juillet 2000, d'une lettre de Prosper N'Douba, adressée à des sociétés privées, en vue de leur vendre les "nouvelles effigies officielles" du chef de l'Etat. Douze photos auraient ainsi été proposées pour la somme de 150 000 francs CFA (environ 250 euros). Le Citoyen a reproduit l'intégralité de la lettre sous le titre :"Racket dans les sociétés organisé par Prosper N'Douba?".

Reporters sans frontières a également rappelé que le 17 mai dernier, Cardoso de Meillot, directeur de publication du quotidien privé Le Démocrate, et Raphaël Kopessoua, directeur de publication de l'hebdomadaire privé Vouma la mouche, ont été condamné respectivement à six et trois mois de prison avec sursis, ainsi qu'à 100 000 et 125 000 francs CFA d'amende (environ 160 et 210 euros), pour "offense au chef de l'Etat". Cardoso de Meillot a été incarcéré pendant vingt jours avant d'être jugé.

RSF, 4 août 2000

Pour de plus amples informations, contactez le bureau AFRIQUE http://www.rsf.fr


Actualité Centrafrique - Dossier 2