Déposée par l'opposition, la motion de censure n'a fait plus de bruit et de frayeur qu'autre chose. Comment comprendre qu'avant les débats, 48 heures plus tôt, le gouvernement voit sa composition remodélée, et 24 heures avant les débats à l'Assemblée nationale les parlementaires se voient réglés du coup quatre mois d'arriérés d'indemnités ? Il n'y a pas deux sans trois : le premier Ministre Anicet Georges Dologuélé dut avoir un malaise au début de la séance, ce qui entraîna une suspension de 24 heures le mercredi 19 avril. Il fallut attendre la journée du jeudi 20 avril pour rediscuter de la motion puis la rejeter par 58 voix contre 40. Le gouvernement est particulièrement accusé "ne plus servir les intérêts du peuple centrafricain" et "s'est de surcroît rendu coupable de complicité de malversations massives". Anicet Georges Dologuélé sauve finalement son gouvernement et demeure ainsi Premier Ministre. Ce n'était qu'un épiphénomène. Tout rentre dans l'ordre comme cela s'était produit une fois avec le député Wanfio du MLPC.
Victor BISSENGUE
BANGUI, 20 avr (AFP) - 20h30 - La motion de censure déposée contre le gouvernement centrafricain par 45 députés de l'opposition a été rejetée jeudi par 58 voix contre 40, a constaté un journaliste de l'AFP.
Quatre députés sur les 109 que compte l'Assemblée nationale se sont abstenus tandis que sept autres, absents, n'ont pas pris part au vote.
Pour être adoptée, la motion aurait dû recueillir les deux-tiers des voix, conformément à la constitution de la République centrafricaine (RCA).
Les parlementaires de l'opposition s'appuyaient notamment sur les divers scandales politico-financiers qui ont récemment éclaté en RCA.
Le débat général autour de cette motion avait repris jeudi après avoir été suspendu la veille en raison d'un malaise du Premier ministre Anicet-Georges Dologuélé.
Ce dernier, sommé de s'expliquer par l'opposition sur les récents scandales politico-financiers impliquant des officiels centrafricains, avait dû être transporté dans une clinique privée de la capitale pour hypertension.
Lors de la séance publique de jeudi qui a précédé le vote à main levée, M. Dologuélé s'est défendu de toute responsabilité, expliquant que "c'est mon gouvernement qui a dénoncé tous ces scandales qui ne datent d'ailleurs pas de mon gouvernement".
Il s'en est par ailleurs violemment pris à la presse, dont le correspondant de l'AFP à Bangui.
Il a également fustigé l'attitude de certains Centrafricains "qui utilisent les inforoutes de la communication pour nuire aux intérêts de leur pays", sans fournir de précisions. "Moi j'appelle ça de l'assassinat", a-t-il conclu. Vendredi, 45 députés sur les 47 de la coalition de l'opposition avaient déposé une motion de censure contre le gouvernement Dologuélé, l'accusant de "ne plus servir les intérêts du peuple centrafricain".
Ce gouvernement "s'est de surcroît rendu coupable de complicité de malversations massives", estimaient-ils.
"Nos dirigeants, accusait le texte de la motion rejetée, ont choisi de faire entrer le peuple centrafricain dans un univers différent caractérisé par des détournements de fonds publics à des fins personnelles".
Le texte citait pêle-mêle les affaires Zongo-Oil, Petroca, Centrafrican Airlines, BEAC, etc, et accusait des ministres d'avoir loué leurs véhicules de fonction.
Le Premier ministre centrafricain avait tenté lundi de faire taire ces accusations, qui commençaient à gagner sa propre majorité, en procédant à un remaniement partiel de son gouvernement.
Il a notamment nommé au poste de ministre de la Justice un magistrat, Antoine Grothe.