Alliance pour la Solidarité et le Développement (ASD) - Centrafrique Nouvelles Perspectives (CNP)
F
orum Civique (FC) - Mouvement pour la Démocratie, l'Indépendance et le Progrès Social (MDI/PS)
P
arti de l'Unité Nationale (PUN) - Union Pour la République (UPR)

 

DECLARATION COMMUNE

Concernant la proposition de Conférence Nationale

sur les problèmes économiques et sociaux

Lors de la séance d'interpellation du Premier Ministre Anicet Georges DOLOGUELE à l'Assemblée Nationale le lundi 30 Octobre 2000, un député de l'opposition avait lancé l'idée d'une " commission nationale pour débattre des problèmes économiques et sociaux ". Tous les auditeurs de Radio Centrafrique qui suivaient ce débat en direct ont dû noter l'empressement avec lequel le Chef du " Gouvernement de la Renaissance " s'est emparé de l'idée et a prôné sa mise en application immédiate.

Le samedi 04 Novembre 2000, c'est l'ancien Président de la République, Monsieur David DACKO, qui à l'occasion de la rentrée politique de son parti le MDD (Mouvement pour la Démocratie et le Développement), lance un appel à la tenue d'une " Conférence Nationale " pour débattre des problèmes socio-économiques du pays,.

Les partis ASD, CNP, FC, MDI/PS, PUN et UPR tiennent à dire de la manière la plus nette que cette " Commission " ou cette " Conférence Nationale " sont sans objet. Elles ne riment à rien parce que toutes les concertations nécessaires ont eu lieu et ont accouché de résolutions et de recommandations qu'il suffit d'appliquer pour sortir de la crise.

A titre de rappel, voici la liste des principales réunions de concertation qui ont débouché sur des accords précis, immanquablement piétinés par le Chef de l'Etat :

- Fin 1994 : projet de constitution élaboré par toutes les forces vives du pays. Ce projet consensuel portant sur un meilleur équilibre des pouvoirs a été unilatéralement rejeté par le Président PATASSE.

- 5 juin 1996 : suite aux mutineries d'avril et mai 1996, et sur les conseils pressants de la France dont l'armée était intervenue à deux reprises pour le tirer d'affaires, le Président PATASSE a signé le 05 juin 1996 le Protocole d'Accord Politique (PAP) pour la mise en place d'un Gouvernement d'Union Nationale (GUN). Vingt deux représentants des forces vives ont apposé également leur signature au bas de ce document historique, qui indique clairement les mesures à prendre pour sortir de la crise ; gestion consensuelle, états généraux de la défense nationale, assainissement des finances publiques et réformes économiques, Programme Minimum Commun (PMC).

A peine le GUN constitué, le Président PATASSE s'est s'employé méthodiquement à contrecarrer son action dans tous les domaines précités :

* refus de nomination dans l'administration des hauts cadres issus des partis autres que le MLPC et ses alliés ;

* opposition farouche aux mesures d'assainissement des finances publiques et de réformes structurelles (cas de Pétroca, ou du changement des responsables des régies financières) ;

* refus d'application des résolutions et recommandations des états généraux de la défense.

Il faudra au moins trois ans pour que, sous la pression de la communauté internationale, débute timidement une prise en compte des actes de ce forum, prise en compte contrecarrée par les " durs " du clan présidentiel ;

* Le PMC est classé sans suite depuis son adoption.

- 25 Janvier 1997 : Sous la pression des Présidents BONGO (Gabon), DEBY (Tchad) ainsi que de l'ancien Président malien AMADOU TOUMANI TOURE, le Président PATASSE, visiblement contrarié, a signé les accords de Bangui préparés par les forces vives de la nation et les représentants des FACA (Forces Armées Centrafricaines). La non-application de ces accords, notamment de leur volet militaire a entraîné de nouvelles mutineries sanglantes en avril et surtout en juin 1997 ;

- 5 Mars 1998 : devant les tensions consécutives aux mutineries de juin 1997, une Conférence Nationale de Réconciliation a abouti à la signature d'un Pacte de Réconciliation et à la mise en place d'un Comité National de Suivi et d'Arbitrage.

Il n'y a pas à ce jour un début d'application du contenu de ce Pacte. Le Comité de Suivi et d'Arbitrage est en hibernation ;

- Janvier 1999 : L'opposition ayant remporté d'une voix de majorité les élections législatives des 22 Novembre et 13 Décembre 1998, l'ONU a proposé un schéma de cogestion auquel le Président PATASSE s'est opposé avec une rare intransigeance. Pour la première fois dans l'histoire de la République Centrafricaine indépendante, le Président de la République, le Président de l'Assemblée Nationale et le Premier Ministre appartiennent au même clan familial !

Il faut ajouter que depuis 7 (sept) ans, les états généraux et les séminaires se sont succédés (éducation, jeunesse, etc.). Les conclusions ont toutes la même destination : le fond des tiroirs de l'administration.

Les partis ASD, CNP, FC, MDI/PS, PUN et UPR ne saisissent pas très bien l'utilité d'un nouveau forum qui aboutirait aux mêmes conclusions, avec la même certitude que celles-ci ne seront pas appliquées. La seule manière pour le Président PATASSE de montrer qu'il a changé, ce serait de mettre immédiatement en application les décisions consensuelles qu'il s'est méthodiquement employé à enterrer. Vu les réactions massivement négatives suscitées dans la population par cet appel à la tenue d'une Conférence nationale, il ne fait aucun doute que peu de Centrafricains croient à la mue soudaine du Président PATASSE. On en veut pour preuve l'annonce faite par lui-même, le 08 Juillet 2000, d'une rencontre imminente avec les forces vives de la nation. Cela fait exactement quatre mois que les Centrafricains attendent ce forum. Le 29 Mai 2000, à l'unanimité, l'Assemblée Nationale a demandé une session extraordinaire en urgence pour que la représentation nationale, toutes tendances confondues, apporte sa contribution à la recherche de solutions pour résoudre la pénurie de carburant. Le Président PATASSE a réservé une fin de non recevoir.

Tous ces faits montrent que le Président PATASSE n'est ni un homme de dialogue, ni un homme de parole. Pris à la gorge, il signe des accords qu'il se dépêche de torpiller dès qu'il reprend le dessus. Sa mauvaise gestion a conduit à une banqueroute sans précédent, d'où l'incapacité de son Gouvernement à résoudre la crise sociale en répondant aux légitimes revendications des travailleurs. Les mensonges succèdent aux mensonges, d'où la colère qui monte dans le pays, y compris au sein du MLPC.

Une nouvelle mascarade de concertation n'apportera rien, et contribuera même à aggraver les tensions. Le Président PATASSE est l'obstacle principal à la concorde nationale. Sa démission ouvrira la voix à la mise en application effective de décisions consensuelles pertinentes déjà disponibles. Cette mise en application se fera avec toutes les forces vives, y compris le MLPC.

Concertation nationale, d'accord, mais après le départ du Président PATASSE.

Fait à Bangui, le 08 Novembre 2000

Ont signé : (e)

Pour l'ASD | le CNP | le FC

le MDI/PS | le PUN | l'UPR


Actualité Centrafrique - Dossier 3