La grève s'étend, David Dacko propose une conférence nationale
La crise sociale est profonde. Plus personne ne peut se sentir épargnée.
Les centres de santé sont en panne.
Les moyens de transports sont en panne. Les centres de ravitaillement urbains (marchés, magasins) sont en panne.
Les centres d'affaires de la capitale en panne sont désertés.
Le bon sens et le consensus font défaut. La mémoire et les idées sont en panne. La société est bloquée; alors la crise va se prolonger pour un temps.
Une consolation : bientôt les paies vont tomber, alors, il faut attendre; mais des voix commencent à s'élever : les syndicats, les fonctionnaires, les travailleurs indépendants, le groupement des vendeuses dit "Wali-Gara", les étudiants, sont au devant de la scène revendicative. Le risque d'implosion est bien réel.
La presse et des observateurs font état de la situation :
Poursuite de la grève dans la fonction publique en Centrafrique
L'arrêt de travail de huit jours observé depuis jeudi par les 17.000 fonctionnaires centrafricains, qui réclament le paiement d'au moins 12 mois d'arriérés de salaire, était toujours très suivi lundi dans tous les ministères, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les premières victimes de ce mouvement de grève sont les chauffeurs de taxis et taxis-bus qui, faute de clients, se plaignent de la baisse des recettes journalières. Ces dernières auraient chuté en moyenne de 25.000 F CFA (250 FF) à 15.000 F CFA (150 FF), selon eux.
Les petits commerçants de la capitale ont également du mal à écouler leurs produits sur les marchés en raison du manque d'argent et de clients.
Lundi, des délégués des six centrales syndicales ayant appelé à cette grève ont été dépêchés dans les provinces pour amener les travailleurs à poursuivre ce mouvement jusqu'à satisfaction de leurs revendications, a-t-on appris de sources syndicales.
Samedi, les dirigeants syndicaux réunis à la Bourse du travail de Bangui pour faire le bilan des deux premiers jours de grève s'étaient "félicités du succès" de leur mouvement et du soutien du syndicat des chauffeurs de taxis et taxis-bus (STB). Le STB avait appelé ses adhérents à débrayer jeudi en signe de solidarité avec les fonctionnaires.
Dès le début de la grève, les syndicats de la fonction publique ont menacé le gouvernement d'organiser une opération "Centrafrique pays mort" si leurs revendications n'étaient pas satisfaites d'ici la fin de leur mouvement, rappelle-t-on.
L'ancien président centrafricain David Dacko a profité samedi de la rentrée politique de son parti, le Mouvement pour la démocratie et le développement (MDD), pour proposer la tenue d'une conférence nationale sur les problèmes socio-économiques de la République Centrafricaine.
L'ancien président David Dacko propose une conférence nationale
L'ancien président centrafricain David Dacko (1960- 1965 et 1979-1981) a appelé samedi à la tenue d'une conférence nationale portant sur les problèmes socio-économiques de la République centrafricaine (RCA) sous peine de voir le pays sombrer dans le chaos.
"Une conférence nationale sur les problèmes socio-économiques du pays serait la bienvenue parce que nous, Centrafricains, sommes malheureux, désoeuvrés et malades", a déclaré M. Dacko à l'occasion de la rentrée politique de son parti, le Mouvement pour la démocratie (MDD, opposition).
paiement immédiat de douze mois d'arriérés de salaire.
Devant un millier de sympathisants, quelques diplomates et des représentants de partis, l'ancien chef d'Etat a demandé à la classe politique de se mobiliser.
"Je souhaite que, comme en 1979, mes frères se rapprochent de moi, sans orgueil, pour arrêter une mesure qui puisse sauver la RCA", a-t-il dit.
A son retour à la présidence en 1979, David Dacko avait organisé une conférence nationale pour jeter les bases d'une politique de reconstruction du pays après les années de règne de l'ex-empereur Bokassa, rappelle-t-on.
"La grève des fonctionnaires et le soutien des différents groupes politiques peuvent nous entraîner loin", a expliqué David Dacko, ajoutant que "si nous ne réagissons pas, d'ici l'an 2OO1, la RCA sera rayée de la carte de l'Afrique".
"Pourquoi aujourd'hui il n'y a pas d'argent au Trésor?", s'est interrogé l'ancien chef d'Etat.
"Ce n'est pas seulement la faute à (l'actuel président Ange-Félix) Patassé ou au Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC), tous les dirigeants et les petits fonctionnaires pillent et volent l'Etat, pourvu qu'ils aient un poste de responsabilité", a-t-il affirmé.
Deuxième parti de l'opposition, le MDD détient huit sièges à l'Assemblée nationale
Alliance Pour la Solidarité et le Développement (ASD) - Centrafrique Nouvelles Perspectives (CNP) - Forum Civique (FC) - Mouvement pour la Démocratie, l'Indépendance et le Progrès Social (MDI/PS - Parti de l'Unité Nationale (PUN) - Union Pour la République (UPR)
COMMUNIQUE DE PRESSE
L'Assemblée Générale convoquée par le Comité d'Arrondissement du 5èIII s'est déroulé ce dimanche 05 Novembre 2000 au siège de l'ASD, de 15 h 00 à 18 h 00.
Elle a réuni au moins 3000 personnes. Cette forte mobilisation est d'autant plus surprenante que ce Comité d'Arrondissement n'a vu le jour que le lundi 30 Octobre 2000. Elle s'explique par le contexte de lutte caractérisée par une grande détermination des Centrafricains.
Les débats, animés par MM. Jean-Paul NGOUPANDE (PUN), Christophe BREMAIDOU (ASD), Denis KOSSI-BELLA (CNP), Félix AGOU (FC), Maurice BANGAYASSI (MDI/PS), ont tourné autour de la crise sociale et de la démission du Président PATASSE. On notait une forte présence de militants du MLPC, venus de leur fief tout proche du 8è Arrondissement. Beaucoup acquiesçaient tandis que quelques-uns tentaient de noyer le poisson par des questions de pure diversion.
L'assistance a pris conscience de la gravité de la situation. Beaucoup de questions tournaient autour de ce qu'il faut faire pour sortir de l'impasse. Les animateurs ont insisté sur le fait que la démission du Président PATASSE est la seule solution pour que la RCA sorte pacifiquement de la crise.
Fait à Bangui, le 05 Novembre 2000
Le Comité d'Arrondissement du 5èIII
des partis ASD, CNP, FC, MDI/PS, PUN et UPR
Les étudiants centrafricains séquestrent deux officiels de leur pays
Une douzaine d'étudiants centrafricains ont séquestré samedi matin dans un hôtel de Bamako deux officiels de leur pays, dont le conseiller juridique du président Ange Félix Patassé, pour revendiquer le paiement de plusieurs mois d'arriérés de bourse, a constaté l'AFP.
Les étudiants ont surpris un conseiller juridique, Alfred Poloko, dans sa chambre et lui ont affirmé qu'il resterait séquestré "tant que les 15 mois d'arriérés de bourse n'auront pas été payés".
Attiré par le bruit dans le couloir de l'hôtel, l'autre officiel centrafricain, dont l'identité n'est pas connue, a également été enlevé et séquestré.
Les deux officiels étaient venus participer à Bamako à un symposium sur le bilan des pratiques de la démocratie dans l'espace francophone.
Devant la presse, les étudiants ont réaffirmé leur doléances, soulignant qu'à cause du retard dans le paiement des bourses, certains de leurs camarades ont été expulsés de leur logement pour non paiement de loyer", tandis que d'autres "sont malades, hospitalisés et n'ont rien pour se soigner. Nous ne mangeons plus qu'une fois par jour", ont-ils déclaré.
En janvier dernier, les étudiants centrafricains avaient organisé une grève de la faim devant la cathédrale de Bamako pour réclamer leurs "arriérés de bourse".