Une organisation de jeunesse, Flambeau, revendique les manifestations de mardi matin, 14 novembre

Peut-on établir une relation de cause à effet dans la manifestation d'aujourd'hui à Bangui et le décès de Hervé Mandaba qui s'était rendu de France en Centrafrique pour les obsèques de son père? Ou au contraire, selon certains témoignages, une traduction du ras-le-bol de la jeunesse devant la dégradation sociale du pays... Deux morts par suite "d'intoxication" ou "d'empoisonnement", de surcroît dans la même famille, cela fait poser beaucoup de questions. Aucune autopsie n'a été faite pour bien préciser les causes de ces décès : le professeur Mandaba et son fils. Actuellement, la science médicale en Centrafrique ne peut nous livrer le moindre fragment sur la réalité des faits. Que des supputations : un jour peut-être, l'histoire pourrait révéler le secret de deux morts suspectes.

 

Une organisation de jeunesse revendique les manifestations de mardi matin (AFP, Bangui)

Une organisation de jeunesse jusqu'ici inconnue, le Flambeau centrafricain (FLAC), a revendiqué les manifestations organisées mardi matin à Bangui, où les forces de l'ordre sont intervenues pour dégager des barricades et pneus enflammés, selon un tract du FLAC transmis à l'AFP.

Cette organisation, se déclarant "apolitique", aurait ainsi appelé les étudiants, vendeurs à la criée (boubanguérés), chauffeurs de taxis et demandeurs d'emploi à se mobiliser pour faire échec au suicide collectif imposé par le régime (du président Ange-Félix) Patassé", précise ce document.

Tôt dans la matinée, des unités de la police, de la gendarmerie et de la sécurité présidentielle avaient fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser de jeunes manifestants, visiblement bien organisés, avait constaté un journaliste de l'AFP.

Des coups de feu d'armes automatiques avaient également éclaté avant que le calme ne revienne en milieu de matinée. Plusieurs témoins ont fait état d'interpellations de manifestants.

"La jeunesse centrafricaine, déçue par la gestion scabreuse des régimes qui se sont succédés, traverse depuis la dernière élection (présidentielle) du 19 septembre 1999, la période la plus sombre et la plus inquiétante de son histoire", relève le FLAC.

Les inquiétudes de la jeunesse centrafricaine sont "caractérisées par des vives tensions sociales et la psychose d'une guerre civile aux conséquences désastreuses", affirme ce mouvement qui appelle les jeunes centrafricains à "sauver notre pays du désastre".

Le FLAC dénonce "l'incapacité avérée du président Patassé et de son gouvernement à résoudre les problèmes de la jeunesse", citant pêle-mêle: "la flambée du chômage des jeunes diplômés, la suppression discriminatoire des bourses d'études aux élèves et aux étudiants issus des milieux pauvres, l'accumulation des arriérés de bourses".

L'organisation s'en prend également aux "tracasseries policières à l'encontre des boubanguérés et des chauffeurs des taxis, le délabrement des infrastructures scolaires", ainsi que "l'abandon de la jeunesse aux ravages du SIDA, malgré les promesses mirifiques du président Patassé de créer des centres de soins".

Durant la matinée, des éléments de la gendarmerie avaient par ailleurs été déployés sans raison apparente devant le siège du Rassemblement démocratique centrafricain (RDC) de l'ancien président André Kolingba, a constaté l'AFP.

Aucune déclaration officielle n'a été communiquée sur ces incidents qui interviennent le jour où les fonctionnaires centrafricains étaient censés reprendre le travail après un grève générale de huit jours, note-t-on par ailleurs.

Dimanche, l'opposition centrafricaine avait dénoncé le risque d'une "explosion sociale" et les syndicats de fonctionnaires menacent d'observer à partir de samedi une opération baptisée "Centrafrique, pays mort".

(AFP, Bangui, mardi 14 novembre 2000 - 17h53)


Actualité Centrafrique - Dossier 3