Grève des fonctionnaires: l'opposition craint une explosion sociale

L'opposition craint une explosion sociale en Centrafrique si rien n'est fait par le gouvernement pour trouver une solution aux revendications des 17.000 fonctionnaires en grève depuis le 2 novembre.

Cette grève, qui vise à obtenir le paiement immédiat de douze mois d'arriérés de salaires, s'achève lundi soir, mais les syndicats de la fonction publique ont menacé de durcir leur mouvement et de lancer à partir du samedi 18 novembre une opération baptisée "Centrafrique pays mort".

Ils pourraient également décider d'organiser ce même jour, lors d'une assemblée générale commune, une marche pacifique dans la capitale. Celle-ci a d'ores et déjà était interdite par le gouvernement, a-t-on appris dimanche de source syndicale.

Devant la montée des tensions et l'incapacité du régime du président Ange-Félix Patassé de satisfaire jusqu'à présent les revendications des fonctionnaires, six partis d'opposition, regroupés autour de l'ancien Premier ministre Jean-Paul Ngoupandé, ont mis en garde le gouvernement contre "la colère qui monte dans le pays".

De son coté le président du Forum démocratique pour la modernité (FODEM, opposition), M. Charles Massi, a dénoncé l'interdiction de toute manifestation publique prise dès le début de la grève par le ministre de l'Intérieur Maurice Regonessa.

"Ce n'est pas la première fois en Centrafrique et en Afrique que des ministres sortent pour faire des déclarations tonitruantes et débiter des énormités indéfendables", a déclaré, à propos de cette interdiction, M. Massi dans une interview au quotidien indépendant Le démocrate.

"Les militaires, les gendarmes qu'on sort de la caserne pour réprimer les manifestations publiques ont aussi des enfants, une famille. Nous attendons le moment où ceux qui hurlent mettront leurs menaces en application", a-t-il poursuivi en guise d'avertissement.

Enfin le président du Parti social démocrate (PSD, opposition), M. Enoch Dérant Lakoué, a estimé en ouvrant dimanche les travaux du 2ème congrès de son parti qu'"aujourd'hui la question n'est pas celle d'aller aux élections, mais de satisfaire les revendications parfaitement justifiées des salariés du secteur public afin d'éviter l'engrenage de la paralysie de toutes les activités nationales"

Faute d'argent dans les caisses publiques, le gouvernement n'a pu jusqu'à présent payer aux fonctionnaires la totalité des trois mois d'arriérés de salaires qu'il leur avait promis au début de leur mouvement.

Par ailleurs, les 10 millions de dollars de "contribution personnelle" annoncés fin octobre par le chef de l'Etat pour permettre le règlement de cette crise n'ont toujours pas été versés aux intéressés.

(AFP, Bangui, 12 novembre 2000 - 15h16 )


Actualité Centrafrique - Dossier 3