Journée du 16 novembre vue par le PUN (Parti de l'Unité Nationale) : convocation du ministre de l'intérieur

1°) Le PUN et le FODEM sont convoqués demain vendredi 17/11/00 à 9 h au Cabinet du Ministre de l'Intérieur pour " discuter des questions D'intérêt national ".

2°) Le Ministre de la Fonction Publique a reçu à sa demande les syndicats, ce jour 16/11/2000 en fin de matinée pour une communication dont voici la teneur :

a) Les 3 milliards devant provenir de la Banque Mondiale sont bloqués, malgré les efforts du Gouvernement centrafricain. Il doit y avoir quelqu'un qui torpille (sic) le dossier au niveau de la Banque Mondiale.

b) La Banque Mondiale exige de la banque allemande prêteuse une justification sur les $ US 10 millions. D'où blocage. Donc pas de solution immédiate. Les syndicats sont partis furieux.

3°) Le pouvoir soutient que c'est l'opposition, principalement NGOUPANDE et MASSI qui soulèvent les jeunes. NGOUPANDE aurait reçu de la France 2 millions F CFA qu'il aurait distribué à raison de 250 000 F CFA par arrondissement.

La présentation d'armes et munitions saisies soi-disant pendant la grève, présentation faite mercredi 15/11/2000 au Palais de la Renaissance, devant l'Ambassadeur de France, vise à accréditer la thèse de l'implication des partis, et notamment NGOUPANDE.

4°) Surpris ce matin en train d'évoquer " le problème NGOUPANDE à régler avant de parler salaire " (sic) : un homme grand de taille, teint foncé, lunettes claires, cheveux grisonnants, avec aide de camp policier, circulant à bord du véhicule Mitsubishi 2593 ABG

La SCPS (Société Centrafricaine de Protection et de Sécurité), service privé de gardiennage logé pres de la résidence du Chef de l'Etat (villa Andrienne) a pris part au maintien de l'ordre le mardi 14/11/00. Environs mille éléments équipés d'armes automatiques, considérés comme plus sure que l'USP (Unité de Sécurité Présidentielle, ex FORSDIR)

(Bangui, jeudi 16 Novembre 2000)


Analyse de la situation par KODRO :

"CENTRAFRIQUE : EXPLOSION SOCIALE - BANGUI PLONGEE DANS UN CALME TROMPEUR"

Depuis la mobilisation de la Jeunesse centrafricaine, sous la houlette du "Flambeau centrafricain ", Bangui, la capitale centrafricaine, est plongée dans un calme trompeur.

Tout porterait à croire que le mouvement social est déjà entré dans sa troisième phase "Centrafrique, Pays mort ", en dépit du fonctionnement de quelques établissements d'enseignements privés et de la circulation de rares taxis et bus.

Jeudi 16 novembre 2000, la Fonction publique est toujours paralysée par la grève des fonctionnaires qui sont rejoints, depuis mercredi 15 novembre 2000, par d'autres catégories de fonctionnaires non autorisés à faire grève. Ainsi magistrats et haut-fonctionnaires, qui jusque-là hésitaient à rentrer dans la danse, ont exprimé publiquement leurs revendications aux autorités centrafricaines.

Les retraits par la Présidence et la Primature d'importantes sommes d'argent auprès des institutions bancaires et du Trésor public, ces derniers jours, auraient choqué l'opinion nationale, qui a eu l'occasion de le faire savoir aux autorités politiques centrafricaines par le tollé fait au président Patassé aux obsèques du juge constitutionnel Marc Passet, décédé la semaine dernière des suites d'une longue maladie.

De source présidentielle non autorisée, le chef de l'Etat, Mustafa Patassé, aurait prélevé soixante (60) millions de Cfa dans les caisses du Trésor national avant de s'envoler pour Doha (Qatar) pour un "week-end spirituel ", à la Conférence des Pays Islamiques.

De source syndicale, le Premier ministre Anicet-Georges Dologuélé aurait, quant à lui, fait "mains basses " sur deux (2) millions de Cfa sur le compte de réserve Centrafrique, auprès de la Beac-Bangui, qui n'enregistrerait plus qu'un crédit de dix-huit (18) millions de Cfa.

Ces informations connues, le mécontentement populaire se radicalise face au cynisme sadique des deux têtes de l'Exécutif centrafricain.

Pour tenter de désamorcer la bombe sociale, deux rumeurs viennent d'être véhiculées par les Renseignements généraux, à savoir le paiement imminent de trois mois d'arriérés de salaires "promis mais décalés " par le Premier ministre et la "découverte miraculeuse d'un stock d'armes par les autorités " ; le ministre du Désarmement l'aurait confirmé et les armes présentées hier au chef de l'Etat et à l'Ambassadeur de France.

Cette "chape de plomb " sur la capitale centrafricaine serait très suivie par les États-majors et "différentes officines " qui redoutent une recrudescence aux "résultats inattendus ". Dans un texte publié ce matin par sangonet.com, le Parti de l'Unité Nationale (PUN) l'exprime explicitement : "Le PUN tient d'ores et déjà à affirmer que cette transition sera consensuelle ou ne sera pas. Autrement dit, elle devra impliquer toutes les forces vives et toutes les composantes du peuple centrafricain, y compris celles relevant de l'actuelle mouvance présidentielle. Le Comité Exécutif tient à attirer l'attention des militants du Parti et de tous les Centrafricains sur les risques d'une confiscation du résultat de la lutte du peuple centrafricain par des forces non démocratiques ".

Les heures qui suivent seraient-elles décisives ?

[LAKOUANGA (BANGUI - CENTRAFRIQUE) _ 16 novembre 2000 - 16H30]


Actualité Centrafrique - Dossier 3