La journée de "marche pacifique" des fonctionnaires centrafricains 24 novembre 2000
Des partis d'opposition saluent le sens des responsabilités des grévistes
Le texte dénonce par ailleurs "le mensonge supplémentaire de paiement d'un mois de salaire ce jour-même, et l'interdiction injustifiée décidée au dernier moment par le gouvernement, sur ordre du président Patassé".
La manifestation s'est déroulée sans heurts, malgré une interdiction de dernière minute, formulée tard jeudi soir par le ministère de l'Intérieur qui craignait des débordements.
Le gouvernement satisfait du bon déroulement de la marche des fonctionnaires
Les fonctionnaires centrafricains ont manifesté dans le calme (Papier Journée)
Dans la capitale, quelque 10.000 personnes selon les syndicats, pas plus de 3.000 ou 4.000 d'après la police, ont manifesté à l'appel des syndicats de fonctionnaires pour réclamer le paiement immédiat de 12 mois d'arriérés de salaires.
De nombreux élèves du secondaires et des étudiants ont grossi le flot des manifestants, bien encadrés par les membres d'un service d'ordre syndical qui se tenaient par la main pour éviter toute infiltration de perturbateurs.
Dans un communiqué publié après la manifestation, le gouvernement a salué "le bon déroulement de la marche" et le "professionnalisme des services de police", malgré les réserves sécuritaires qu'il avait émises.
"Il faut reconnaître que les dirigeants des centrales syndicales ont été responsables", a souligné pour sa part le porte-parole de la présidence de la République, Prosper Ndouba, dans un entretien téléphonique avec l'AFP.
Tard jeudi soir, le ministre de l'Intérieur, Maurice Regonessa, avait interdit cette marche de crainte qu'elle ne serve "de prétexte à certaines personnes mal intentionnées pour créer une situation d'insécurité".
Mais les dirigeants syndicaux ont passé outre cette interdiction tardive après s'être concertés tôt dans la matinée.
La marche a débuté vers 09H00 (08H00 GMT) à la Bourse du travail, en direction du centre-ville, où certains commerces et les banques affichaient portes closes. Aucun incident n'a été déploré.
"Famine, famine, famine, en Centrafrique, la famine sévit!" ont scandé en langue nationale sango les manifestants tout au long du cortège précédé par des policiers.
Les participants arboraient des feuilles de palmier et de nombreuses banderoles sur lesquelles on pouvait lire: "Travail, d'accord, mais 12 mois de salaires d'abord"; "Non à la misère programmée des travailleurs".
Avant de pouvoir gagner la Place de la République, les manifestants, qui ont marché sur une dizaine de kilomètres, ont d'abord été interdits d'accès au centre-ville par des cordons de la gendarmerie qui ont fini par laisser passer le cortège devant l'affluence de la foule
La marche s'est achevée en fin de matinée là où elle avait commencé, à la Bourse du travail, où les dirigeants syndicaux ont remercié la police pour le bon déroulement de la manifestation.
Le syndicat majoritaire de la police avait apporté mercredi son soutien au mouvement social, rappelle-t-on.
"Nous sommes satisfaits du déroulement de la marche. Nous allons maintenir la pression jusqu'à satisfaction de nos revendications", a indiqué à l'AFP le secrétaire général de l'Union syndicale des travailleurs de Centrafrique (USTC), Théophile Sonny Cole.
Une assemblée générale des six centrales syndicales représentant les 17.000 agents de l'Etat du pays est prévue samedi à Bangui pour préparer "les autres manifestations envisagées par les travailleurs", selon un autre syndicaliste.
Le porte-parole de la présidence a de son côté minimisé la mobilisation des fonctionnaires, estimant que la plupart ont préféré se rendre au Trésor pour percevoir le mois de salaire promis jeudi par le gouvernement.
"La paye a attiré beaucoup plus de gens que la manifestation", a-t-il dit. Mais, selon des sources syndicales, cette promesse n'a pas été tenue et le Trésor est resté fermé vendredi matin.
Le gouvernement centrafricain attend toujours un décaissement de 3 milliards de francs CFA (30 M FF) de la Banque mondiale pour honorer sa promesse de payer trois mois d'arriérés de salaires aux fonctionnaires.
La paye d'un mois de salaire représente environ 1,8 milliards de francs CFA (18 M FF).