La journée de "marche pacifique" des fonctionnaires centrafricains 24 novembre 2000

Des partis d'opposition saluent le sens des responsabilités des grévistes
(AFP, Bangui, 24 novembre 2000 - 19h31)
Le comité des dirigeants des six partis d'opposition centrafricains regroupés autour de l'ancien Premier ministre Jean-Paul Ngoupandé a félicité les fonctionnaires "pour leur sens des responsabilités", après la marche qui s'est déroulée dans le calme vendredi matin à Bangui.
Ce comité a salué également "le comportement républicain exemplaire de la police" lors de la manifestation, dans un communiqué de presse remis vendredi soir à l'AFP.
"Le comité des leaders des six partis tient à adresser ses chaleureuses félicitations aux travailleurs pour le sens des responsabilités dont ils ont fait preuve et la dignité qui a caractérisé cette marche", est-il écrit.

Le texte dénonce par ailleurs "le mensonge supplémentaire de paiement d'un mois de salaire ce jour-même, et l'interdiction injustifiée décidée au dernier moment par le gouvernement, sur ordre du président Patassé".
Plusieurs milliers de fonctionnaires ont défilé dans le calme vendredi matin à Bangui pour réclamer le paiement immédiat de 12 mois d'arriérés de salaires.

La manifestation s'est déroulée sans heurts, malgré une interdiction de dernière minute, formulée tard jeudi soir par le ministère de l'Intérieur qui craignait des débordements.
Ces derniers jours, le Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC - au pouvoir) avait accusé l'opposant et ancien Premier ministre Ngoupandé de vouloir profiter du mouvement social pour prendre le pouvoir par la force.

 

Le gouvernement satisfait du bon déroulement de la marche des fonctionnaires
(AFP, Bangui 24 novembre 2000 - 16h49)
Le gouvernement centrafricain a salué vendredi, dans un communiqué, le bon déroulement de la manifestation, interdite au dernier moment, qui a rassemblé dans la matinée à Bangui plusieurs milliers de fonctionnaires en grève.
"Le gouvernement note avec satisfaction le bon déroulement de la marche pacifique des fonctionnaires de Centrafrique (...) et ce malgré les réserves qu'il avait émises concernant les conditions sécuritaires", indique le texte rendu public en début d'après-midi.
Les autorités centrafricaines ont également salué "le professionnalisme des services de police" qui ont encadré la manifestation.
"Le gouvernement, pour sa part, continue à déployer des efforts pour satisfaire les revendications légitimes des fonctionnaires", ajoute le communiqué.
Plusieurs milliers de personnes, 10.000 selon les syndicats, entre 3.000 et 4.000 selon la police, ont calmement défilé vendredi dans la capitale du pays pour protester contre le non-paiement de 12 mois d'arriérés de salaires.
La manifestation, annoncée depuis une semaine, avait été interdite jeudi soir au dernier moment par le ministère de l'Intérieur qui craignait des débordements.
Les syndicats, après s'être concertés vendredi matin, sont passés outre cette interdiction et la marche, à laquelle se sont joints de nombreux élèves du secondaire et des étudiants, s'est déroulée sans incidents.
 

Les fonctionnaires centrafricains ont manifesté dans le calme (Papier Journée)
(AFP, Bangui, 24 novembre 2000 - 16h32)
Plusieurs milliers de fonctionnaires centrafricains en grève ont défilé calmement vendredi matin à Bangui, malgré l'interdiction de dernière minute des autorités qui craignaient de graves débordements, a constaté un journaliste de l'AFP.
D'autres "marches pacifiques" se sont déroulées sans heurts à Bossongua (200 km au nord de Bangui), Berberati (est), Bangassou (sud-ouest) et Babari (centre), a-t-on indiqué de sources syndicale.

Dans la capitale, quelque 10.000 personnes selon les syndicats, pas plus de 3.000 ou 4.000 d'après la police, ont manifesté à l'appel des syndicats de fonctionnaires pour réclamer le paiement immédiat de 12 mois d'arriérés de salaires.
De nombreux élèves du secondaires et des étudiants ont grossi le flot des manifestants, bien encadrés par les membres d'un service d'ordre syndical qui se tenaient par la main pour éviter toute infiltration de perturbateurs.
Dans un communiqué publié après la manifestation, le gouvernement a salué "le bon déroulement de la marche" et le "professionnalisme des services de police", malgré les réserves sécuritaires qu'il avait émises.
"Il faut reconnaître que les dirigeants des centrales syndicales ont été responsables", a souligné pour sa part le porte-parole de la présidence de la République, Prosper Ndouba, dans un entretien téléphonique avec l'AFP.
Tard jeudi soir, le ministre de l'Intérieur, Maurice Regonessa, avait interdit cette marche de crainte qu'elle ne serve "de prétexte à certaines personnes mal intentionnées pour créer une situation d'insécurité".
Mais les dirigeants syndicaux ont passé outre cette interdiction tardive après s'être concertés tôt dans la matinée.

La marche a débuté vers 09H00 (08H00 GMT) à la Bourse du travail, en direction du centre-ville, où certains commerces et les banques affichaient portes closes. Aucun incident n'a été déploré.
"Famine, famine, famine, en Centrafrique, la famine sévit!" ont scandé en langue nationale sango les manifestants tout au long du cortège précédé par des policiers.
Les participants arboraient des feuilles de palmier et de nombreuses banderoles sur lesquelles on pouvait lire: "Travail, d'accord, mais 12 mois de salaires d'abord"; "Non à la misère programmée des travailleurs".
Avant de pouvoir gagner la Place de la République, les manifestants, qui ont marché sur une dizaine de kilomètres, ont d'abord été interdits d'accès au centre-ville par des cordons de la gendarmerie qui ont fini par laisser passer le cortège devant l'affluence de la foule
La marche s'est achevée en fin de matinée là où elle avait commencé, à la Bourse du travail, où les dirigeants syndicaux ont remercié la police pour le bon déroulement de la manifestation.
Le syndicat majoritaire de la police avait apporté mercredi son soutien au mouvement social, rappelle-t-on.

"Nous sommes satisfaits du déroulement de la marche. Nous allons maintenir la pression jusqu'à satisfaction de nos revendications", a indiqué à l'AFP le secrétaire général de l'Union syndicale des travailleurs de Centrafrique (USTC), Théophile Sonny Cole.
Une assemblée générale des six centrales syndicales représentant les 17.000 agents de l'Etat du pays est prévue samedi à Bangui pour préparer "les autres manifestations envisagées par les travailleurs", selon un autre syndicaliste.
Le porte-parole de la présidence a de son côté minimisé la mobilisation des fonctionnaires, estimant que la plupart ont préféré se rendre au Trésor pour percevoir le mois de salaire promis jeudi par le gouvernement.

"La paye a attiré beaucoup plus de gens que la manifestation", a-t-il dit. Mais, selon des sources syndicales, cette promesse n'a pas été tenue et le Trésor est resté fermé vendredi matin.

Le gouvernement centrafricain attend toujours un décaissement de 3 milliards de francs CFA (30 M FF) de la Banque mondiale pour honorer sa promesse de payer trois mois d'arriérés de salaires aux fonctionnaires.
La paye d'un mois de salaire représente environ 1,8 milliards de francs CFA (18 M FF).


Actualité Centrafrique - Dossier 3