Biens mal acquis et boucs émissaires en Centrafrique
Une commission d'enquête sur le patrimoine des fonctionnaires centrafricains travaillant dans les services financiers de l'Etat a été nommée jeudi 7 décembre 2000 par décret présidentiel. De sources syndicales, personne ne croit à la finalité de l'enquête. Les douaniers refusent de servir de boucs émissaires. Sans aucun doute, tout le monde sait que les prédateurs et les actes de malveillance se rencontrent aussi dans les milieux bureaucratico-politiques. Il y a souvent accointances.
Où sont donc passés les biens "mal acquis?" Où se trouve enfouit la liste ? Où sont passés les heureux "légataires" ou propriétaires des patrimoines de la République ? Les biens de l'Etat bradés pour le franc symbolique ? Les domaines confisqués et ces quartiers entiers privatisés? Les diamants, les émeraudes, l'or sont aussi des biens appartenant à la Nation tout entière dont les bénéfices devraient profiter à tous; or tout se passe comme si, exception obligeait, seuls quelques individus sont autorisés à puiser, à exploiter, à exporter sans contrôle, cette richesse à leur profit. Pire, les fruits de la braderie ne profitent à personne en Centrafrique : pas de création d'emploi, pas de production à l'échelon local ou national, pas d'industrie. Parfois, les auteurs des ces pratiques illicites organisées sont victimes de leur imprévoyance et perdent des millions de dollars et, sans relâche vont à nouveau puiser, détourner... Combien de biens "bien acquis" peut-on dénombrer réellement.? En attendant que justice se fasse, "wait and see".
A suivre...
Ouverture d'une enquête sur le patrimoine des fonctionnaires des Finances
Une commission d'enquête sur le patrimoine des fonctionnaires centrafricains travaillant dans les services financiers de l'Etat a été nommée jeudi par décret présidentiel, a-t-on appris de source officielle.
Cette "commission d'investigation" a pour mission "d'enquêter, d'inventorier et de vérifier les sources d'acquisition des biens meubles et immeubles des fonctionnaires et stagiaires des régies financières", précise ce décret dont l'AFP a obtenu une copie.
Composée de représentants de diverses institutions de l'Etat et de centrales syndicales, cette structure dispose de quatre mois pour "dresser un rapport au président" Ange-Félix Patassé, indique le texte.
La publication de ce décret intervient au premier jour d'une grève de 48 heures des douaniers centrafricains qui protestent contre les récentes accusations de corruption lancées par le chef de l'Etat.
Au cours d'un banquet organisé le 1er décembre pour le 42ème anniversaire de la proclamation de la République centrafricaine (RCA), le président Patassé s'était offusqué de voir des douaniers posséder à titre personnel plusieurs maisons et villas.
Il avait en même temps annoncé avoir demandé au Premier ministre et ministre des Finances d'ouvrir une enquête sur les biens immobiliers de cette catégorie d'agents.
Contrairement aux autres fonctionnaires, en grève depuis le 2 novembre pour réclamer le paiement de douze mois d'arriérés de salaire, les douaniers centrafricains et leurs collègues des différents services financiers du pays sont toujours payés régulièrement.
(AFP, Bangui, 7 décembre 2000 - 23h15)
Grève de "protestation" de 48 heures des douaniers centrafricains
Les douaniers centrafricains ont entamé jeudi une grève de protestation de 48 heures pour signifier leur mécontentement après les accusations de corruption lancées le 1er décembre par le président Ange-Félix Patassé, a constaté l'AFP.
"Nous sommes en colère après les déclarations du chef de l'Etat, car c'est nous qui faisons rentrer l'argent dans les caisses du Trésor", a expliqué à l'AFP le secrétaire général du Syndicat national des douaniers centrafricains (SNDC), Philippe Ouamalé.
Au cours d'un banquet organisé le 1er décembre pour le 42ème anniversaire de la proclamation de la République centrafricaine (RCA), le président Patassé avait annoncé avoir demandé au Premier ministre et ministre des Finances d'ouvrir une enquête sur les biens immobiliers des douaniers centrafricains.
"Parmi les douaniers, il y a des agents qui ont plusieurs maisons et villas. Mais combien gagnez-vous pour construire une multitude de villas?", avait-il lancé à leur adresse.
Ce débrayage des douaniers est bien suivi, selon M. Ouamalé qui a précisé qu'un service minimum avait été mis en place.
"Nous ne nous sommes pas mis en grève avec les autres fonctionnaires par patriotisme et pour faire tourner le pays", a ajouté le secrétaire général du SNDC pour justifier leur mouvement alors qu'une partie de la fonction publique est en grève depuis le 2 novembre.
"Ils n'avaient pas besoin d'attendre d'être accusés vertement par le chef de l'Etat pour décider d'une action", a jugé de son côté un responsable de l'Union syndicale des travailleurs de Centrafrique (USTC), Alphonse Siovene, dans une interview publiée jeudi par le quotidien Le Démocrate.
Bien qu'affilié à l'USTC, le SNDC n'avait jusqu'à présent pas lancé de mot d'ordre de grève.
Contrairement aux autres fonctionnaires, qui réclament du gouvernement le paiement immédiat de douze mois d'arriérés de salaire pour mettre fin à leur mouvement, les douaniers centrafricains et leurs collègues des différentes régies financières du pays sont toujours payés régulièrement, constatent les observateurs.
(AFP, Bangui, 7 décembre 2000 - 18h20)
Actualité Centrafrique - Dossier 3