Des perquisitions et des arrestations dans les rangs des partis à Bangui
Les autorités centrafricaines sont à la recherche des "meneurs et les complices" du soulèvement des jeunes du Flambeau centrafricain (FLAC) à Bangui. Des perquisitions sont en cours. Des véhicules patrouillent dans les quartiers où siègent les mouvements politiques et syndicaux.. Ce jour, 16 novembre à 14h30, un véhicule Toyota (immatriculée 2828A) avec 5 policiers à bord prenait position devant le siège du PUN. Le président de cette organisation politique, Jean-Paul Ngoupandé, est accusé de complicité avec des européens; qu'il serait livré à la distribution de 250 000 F CFA aux arrondissements de Bangui pour déstabiliser le régime en place. Charles Massi est tenu pour complice de Jean-Paul Ngoupandé. Ces leaders craignent un geste irresponsable, un enlèvement...
Le président Patassé a par ailleurs invité les représentations diplomatiques et consulaires en Centrafrique à venir constater des armes saisies dans différents arrondissements de la capitale - des grenades offensives, des lance-roquettes, etc. L'origine exacte n'est pas précisée.
Le FODEM et le PUN ont reçu aujourd'hui des convocations à l'invitation du ministre de l'intérieur pour explication. Dores et déjà, les chefs d'états-majors de ces partis déclinent cette convocation tout en précisant qu'ils ne répondront pas direction par simple citation du ministre : en tant que députés de la nation, ils tiennent à répondre selon les règles de fonctionnement du parlement . Toutefois, ont-ils précisé, des membres de leurs organisations pourraient s'y rendre.
Rappelons que le Banque mondiale et les institutions financières internationales refusent de verser de l'argent à la République Centrafricaines. Elles tiennent à recevoir des informations précises sur les 10 millions de dollars promis par Patassé.
Les syndicats, très déçus par le gouvernement qui promet sans réaliser, radicalisent leur position. Une réunion est annoncée pour cet après-midi.
Des slogans de démission du président sont répéter dans tous les coins de rue à Bangui, même dans les rangs du MLPC.- le maître mot :"Consensus national". A SUIVRE.
(Jeudi, 16 novembre 2000 - 15h)
Mise en garde du président Patassé (Une dépêche de l'AFP) :
Le président centrafricain Ange-Félix Patassé a mis en garde ceux "qui veulent prendre le pouvoir par la force", à la suite de la saisie d'armes dans la capitale Bangui, a rapporté jeudi la radio nationale centrafricaine.
Selon la radio, 220 grenades offensives, des pistolets mitrailleurs, des munitions de guerre et un lance-roquettes ont été saisies dans plusieurs arrondissements de la capitale pendant la grève des fonctionnaires, qui a pris fin lundi 14 novembre.
Le président Patassé a lancé sa mise en garde "aux fils du pays qui veulent prendre le pouvoir par les armes" lors de la présentation de ces armes, mercredi au palais présidentiel, par le secrétaire d'Etat centrafricain au Désarmement, Michel Doyene.
La radio n'a pas précisé l'identité des détenteurs de ces armes ni dans quelles circonstances elles ont été saisies. Elle n'a pas non plus mentionné d'interpellations.
Le quotidien indépendant l'Hirondelle a dénoncé jeudi un "montage" des autorités visant à briser le durcissement du mouvement social envisagé par les fonctionnaires centrafricains qui réclament, en vain depuis plusieurs semaines, le paiement de douze mois d'arriérés de salaires.
"Une poudrière pour tuer les salaires", titrait le journal, affirmant que "ces armes ont été remises par les soldats fuyards de la République démocratique du Congo démocratique" qui ont traversé le fleuve Oubangui pour rejoindre la RCA voisine.
(AFP, Bangui, 16 novembre 2000- 18h19)
Première réaction officielle aux manifestations organisées par le FLAC
Le ministre centrafricain de la Promotion de la culture civique, Agba Otikpo Mezode, a dénoncé jeudi le Flambeau centrafricain (FLAC), un mouvement de jeunesse qui a revendiqué l'organisation des manifestations de mardi dernier à Bangui.
Dans un déclaration à la presse locale qui constitue la première réaction officielle du gouvernement centrafricain, M. Otikpo Mezode a décliné le sigle de ce mouvement en "Front liberticide et d'actions criminelles" ou encore de "Flambeau d'actions criminelles".
Le ministre a également jugé "incivique et lamentable les événements du 14 novembre", en référence aux incidents de mardi matin qui ont vu des jeunes mettrent en place des barricades sur des avenues de Bangui et enflammer des pneus.
Pour disperser les manifestants, les forces de l'ordre avaient dû faire usage de grenades lacrymogènes et de tirs de sommation, tandis qu'un dispositif de la gendarmerie a quadrillé la ville jusqu'à mercredi.
Le gouvernement a géré les événements "avec calme et responsabilité", a estimé M. Otikpo Mezode.
"Les travailleurs ont-ils vraiment besoin de cela", s'est également interrogé ce dernier en accusant implicitement les syndicats de fonctionnaires qui avaient lancé récemment une grève de huit jours pour revendiquer le paiement d'arriérés de salaire.
"La loi sera appliquée aux coupables", a indiqué M. Otikpo Mezode, déplorant que "les instigateurs (des manifestations) envoient des jeunes enfants comme boucliers aux fins de susciter des émotions au cas où il y aurait des dommages collatéraux".
Le FLAC, organisation se revendiquant "apolitique", avait appelé dans des tracts les étudiants, vendeurs à la criée (boubanguérés), chauffeurs de taxis et demandeurs d'emploi à se mobiliser pour faire échec au "suicide collectif imposé par le régime (du président Ange-Félix) Patassé".
(AFP, Bangui, 16 novembre 2000 - 21h04)
REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE : Grèves et affrontements créent un climat de tension à Bangui
[NAIROBI, le 16 novembre (IRIN)]
La tension est particulièrement vive dans la capitale de la République centrafricaine, Bangui, depuis que les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes en début de semaine pour disperser des groupes de jeunes manifestants.
Des sources provenant de Bangui ont indiqué que le climat de tension s'était intensifié depuis le 2 novembre, lorsque les fonctionnaires s'étaient mis en grève pour réclamer leurs arriérés de salaires. Bien que l'ordre de grève ait été interrompu mardi, la "tension sociale" était toujours forte dans la capitale.
Les manifestations ont été organisées par un groupe de jeunes gens connu sous le nom de 'Flambeau centrafricain'. Ils ont tenté mardi de bloquer l'une des principales artères de la ville - l'avenue Boganda - et ont pillé plusieurs véhicules. Ils ont érigé des barricades et brûlé des pneus, poussant la police et les unités de la garde présidentielle à utiliser des gaz lacrymogènes pour les disperser.
Des analystes ont expliqué que ces manifestations ont été encouragées par l'opposition qui essayait d'exploiter la crise sociale dans le pays. Le nom de Jean-Paul Ngoupande, chef de file du mouvement de l'opposition, le Parti de l'unité nationale (PUN), a été évoqué en rapport avec ces récents incidents.
Dans un communiqué de presse parvenu jeudi à IRIN, le 'Flambeau centrafricain' a annoncé qu'il avait regroupé les jeunes centrafricains qui s'étaient "engagés dans une lutte patriotique pour la justice sociale et un réel changement". Sa stratégie était d'organiser une "ville morte", dans le but de paralyser la capitale. Les nombreux affrontements avec les forces de police et de l'armée se sont soldés mardi par un bilan provisoire de cinq blessés graves parmi les manifestants et plus d'une dizaine d'arrestations.
"Ceci ne doit pas freiner l'ardeur de nos jeunes à se débarrasser d'un régime qui est pourri, méprisant et détesté par tous," a ajouté le communiqué. "Le 'Flambeau centrafricain' appelle tous les jeunes gens.à se remobiliser fortement et à attendre le nouvel ordre qui ne sera pas long à venir."
Radio France Internationale, qui a également rapporté ces incidents de violence, s'est dite surprise par le fait que le mouvement de grève avait également touché les bastions du président Ange-Félix Patassé, tels que les quartiers de Sara et de Moustapha, qui généralement ne répondent pas aux syndicats ni aux mouvements de l'opposition.
La station a également laissé entendre que ces émeutes pourraient avoir un rapport avec la disparition récente de l'ancien premier ministre, Jean-Luc Mandaba et de son fils, tous deux décédés dans des "circonstances suspectes". Mandaba, ancien ministre de la santé, avait été nommé premier ministre en 1993 par le président Patassé, mais accusé deux ans plus tard de corruption et d'incompétence, il avait démissionné avant de recevoir une motion de censure de son gouvernement.