Un plan d'élimination des deux leaders de l'opposition : MASSI et NGOUPANDE
Charles Massi (FODEM) et Jean-Paul Ngoupande (PUN) menacés
Deux opposants dénoncent "les projets criminels du pouvoir" à leur endroit (AFP, Libreville)
Les députés d'opposition centrafricains Charles Massi et Jean-Paul Ngoupande ont dénoncé vendredi "les projets criminels du pouvoir" à leur endroit, dans un communiqué reçu par l'AFP à Libreville.
Les deux signataires affirment avoir appris de "sources concordantes" que "deux sections de commando de tueurs recrutés dans la garde présidentielle et les milices privées au service du régime sont chargées d'abattre Jean-Paul Ngoupande et Charles Massi".
La présidence centrafricaine n'avait toujours pu être jointe vendredi en fin d'après-midi pour commenter ces accusations.
Les dirigeants respectifs du Parti de l'Unité nationale (PUN) et du Forum démocratique pour la modernité (FODEM), "dénoncent avec la dernière vigueur les projets criminels du pouvoir".
L'ancien Premier ministre Ngoupande et l'ancien ministre Massi appellent "les Centrafricains et la communauté internationale à redoubler de vigilance pour barrer la route à la stratégie de division mise en place".
Ils réaffirment, comme ils l'avaient indiqué précédemment, avoir été accusés vendredi par le ministre de l'Intérieur de "vouloir mettre le pays à feu et à sang", après les manifestations, mardi à Bangui, d'un mouvement de jeunesses inconnu jusqu'alors.
Les deux opposants estiment que l'exposition d'armes "soit-disant" saisies pendant la grève constitue une "mise en scène" visant "à accréditer l'idée selon laquelle ces armes restituées depuis longtemps (ndlr: après les mutineries de 1996/97) auraient été importées et distribuées" par eux-mêmes.
Le président centrafricain Ange-Félix Patassé a mis en garde mercredi "les fils du pays qui veulent prendre le pouvoir par les armes", après l'exposition mercredi au palais présidentiel de grenades et d'armes de guerre, saisies, selon la radio d'Etat, pendant les grèves des fonctionnaires dans la capitale.
(AFP, Libreville, 17 novembre 2000 - 18h58)
PUN & FODEM
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Devant l'incapacité du Gouvernement à tenir ses engagements vis-à-vis des travailleurs (paiement de trois mois de salaires et contribution personnelle du chef de l'Etat d'un montant de US $ 10 millions soit 7,5 milliards CFA) et l'irrésistible montée du mécontentement populaire, certaines personnalités mues par des ambitions personnelles en vue d'une révolution de palais ont convaincu le Président PATASSE de focaliser l'attention sur deux boucs émissaires. MM. Jean-Paul NGOUPANDE et Charles MASSI.
C'est ainsi que le Ministre de l'intérieur a convoqué ce vendredi 17/11/2000 ces deux leaders de l'opposition pour les accuser de vouloir "mettre le pays à feu et à sang " (sic). Dans le même ordre d'idées, et pour conforter ces accusations, une grossière mise en scène consistant en l'exposition d'armes de guerre volontairement restituées depuis longtemps par leurs détenteurs dans le cadre des opérations de récupération d'armes disséminées pendant les mutineries, a été organisée. C'est ainsi que le Bureau Exécutif et les autres cadres du MLPC conduit par le Président Patassé lui-même ont inspecté ces armes soi-disant saisies pendant la grève actuelle, alors que, la veille, le Secrétaire d'État chargé du Désarmement avait objectivement rendu compte du bon déroulement de ces opérations lors d'une conférence de presse.
Cette mise en scène vise à accréditer l'idée selon laquelle ces armes restituées depuis très longtemps auraient été importées et distribuées par MM. Jean-Paul NGOUPANDE et Charles MASSI "pour mettre le pays à feu et à sang " avec le soutien de la France. C'est à ce titre que l'Ambassadeur de France a été convié à l'exposition de ces armes au Palais présidentiel le mercredi 15 novembre 2000.
Le Jeudi 16 Novembre 2000, devant les cadres de son parti le Président Patassé a formulé les mêmes accusations, en invitant le dit parti à organiser des comités d'autodéfense pour "attraper " (sic) les deux leaders incriminés et les éliminer physiquement.
Enfin, de sources concordantes, deux sections de Commando de tueurs recrutés dans la garde présidentielle et les milices privées au service du régime sont chargés d'abattre Jean-Paul NGOUPANDE et Charles MASSI.
Les signataires du présent communiqué dénoncent avec la dernière vigueur les projets criminels du pouvoir. Ils appellent les Centrafricains et la communauté internationale à redoubler de vigilance pour barrer la route à la stratégie de division et de guerre civile mise en place.
Les députés Jean-Paul NGOUPANDE et Charles MASSI réaffirment leur attachement à l'unité nationale, à la réconciliation entre centrafricains, à la paix civile et aux valeurs de la démocratie.
Ils réaffirment enfin leur soutien sans réserve aux légitimes revendications des salariés du secteur public, des retraités, des étudiants, des jeunes et de toutes les couches de la population qui aspirent à un mieux être grâce à la bonne gestion.
Fait à Bangui, le 17 novembre 2000
Jean-Paul NGoupandé et Charles MASSI