PARTI DE L'UNITE NATIONALE
Unité - Discipline - Progrès
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CONFERENCE DE PRESSE DU VENDREDI 9 MARS 2001
TEXTE INTRODUCTIF
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Je vous remercie tout d'abord pour avoir répondu à l'invitation du Secrétariat Exécutif. Certains d'entre vous avaient souhaité m'interviewer par rapport aux événements du lundi 15 janvier 2001, à l'analyse que je fais de la situation qui prévaut actuellement dans notre pays, et aux leçons que le PUN tire de tout cela quant à son action présente et à venir. La direction du parti a estimé qu'au lieu de répondre individuellement à chacun d'entre vous, mieux valait vous rencontrer ensemble, puisque vous partagez les mêmes interrogations. J'ai accepté d'autant plus volontiers que dans ce pays la rumeur est reine et la vérité étouffée. De plus, je dois bien un minimum d'explications à cette presse privée indépendante dont la courageuse contribution au combat pour les libertés et les droits démocratiques mérite d'être soulignée.
Mesdames et Messieurs,
Vous savez tous, désormais, ce qui s'est exactement passé le lundi 15 janvier 2001. Vers 21 heures, je dînais ici, dans ces lieux où vous vous trouvez, lorsque j'ai été averti de la présence de trois véhicules devant le portail, le premier conduit par M. Dieudonné YANDJA, officier de police et chef de la sécurité de la Primature, et les deux autres bourrés de policiers. M. YANDJA était le chef de la mission. Tout ce monde était armé, et avait pour mission de m'arrêter à cette heure indue, sans mandat, et en violation flagrante de mon immunité parlementaire. En d'autres termes, c'était une opération parfaitement illégale. Si l'on s'en tient aux déclarations faites par le commissaire SABANGLE aux militants du PUN qui ont été pris en otage et détenus arbitrairement au commissariat central, je devais être abattu. Pour quelles raisons ? Je n'ai tué personne, je n'ai pas volé, je n'ai, en un mot, commis aucune infraction. J'ai fait l'objet d'une tentative d'enlèvement et d'assassinat tout simplement parce que j'ai joué mon rôle d'opposant, de député et chef d'un des partis d'opposition, dans le cadre strict des prérogatives que me confèrent la constitution et les autres lois de notre République.
S'il faut donc avouer des " fautes ", les voici : je reconnais avoir critiqué sans complaisance la gestion économique et financière du régime, à la tribune de l'Assemblée nationale, dans des réunions publiques, lors de déclarations ou de débats sur des radios étrangères (puisque je ne suis pas autorisé à le faire sur notre radio nationale !), dans des textes de mon parti, du Groupe des Six ou de l'ensemble de l'opposition ; je reconnais que j'utilise les moyens modernes de communication que sont le courrier électronique et les sites Web pour faire connaître mes points de vue, après avoir vérifié que ni notre constitution ni aucune loi centrafricaine n'interdisent cette pratique, d'autant plus que notre gouvernement a son site pour expliquer son action, ce qui est une bonne chose ; je confesse que mon parti, le PUN, a appelé ses militants et sympathisants à soutenir sans réserve les actions pacifiques engagées par les travailleurs centrafricains pour faire aboutir leurs revendications, dont le gouvernement ne nie d'ailleurs pas la légitimité ; je confesse enfin qu'en mon âme et conscience, j'ai estimé que si notre Président de la République n'est pas en mesure de travailler pour améliorer les conditions de vie du peuple, ce pourquoi il a été élu, le mieux qu'il ait à faire serait de donner sa démission. Je reconnais avoir été le premier, avec mon parti et mes amis du Groupe des Six, à poser ce problème, repris depuis par un grand nombre de Centrafricains. Je précise que cette prise de position est parfaitement démocratique, comme l'ont magistralement démontré, chacun à son tour, trois de nos meilleurs avocats, Maîtres Assingambi ZARAMBAUD, Nicolas TIANGAYE et Henri POUZERE. En quoi est-ce démocratique de demander la démission du Chef de l'Etat en Yougoslavie, aux Philippines, en Indonésie, au Pérou, en Côte d'Ivoire, etc ? En quoi est-ce au contraire anti-démocratique de le faire en République centrafricaine ? Je voudrais comprendre...
Voilà pour mes " crimes ". Si c'est cela qu'on a appelé " atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat, préparation d'un coup d'Etat ", etc., je laisse aux accusateurs le soin d'étayer leurs accusations. Quant à moi, j'ai la conscience tranquille : je suis un opposant, et mon devoir d'opposant est de dire ce qui ne va pas, et de proposer une autre politique, ce que je ne cesse de faire. Mon rôle n'est ni d'encenser le gouvernement, ni de fermer les yeux sur les actes que j'estime contraires aux intérêts de mon pays. Il y a quatre ans, j'avais la possibilité de gagner honorablement ma vie hors du pays, dans de hautes et prestigieuses fonctions internationales. De même, j'aurais pu être un membre influent du régime actuel, et je vous assure que les appels du pied n'ont pas manqué. J'ai fait le choix d'être un opposant à la politique de ce régime. J'entends donc assumer ce choix
Mesdames et Messieurs,
Excusez-moi de donner l'impression de parler de moi. Ceux qui me connaissent vraiment savent que la survalorisation de l'ego n'est pas mon genre. Mais certains rappels biographiques me paraissent indispensables, face à la campagne de diabolisation à multiples facettes, dans laquelle j'ai du mal à reconnaître le personnage ainsi fabriqué, et censé me représenter. Je ne suis pourtant pas un inconnu dans ce pays. Ceux de ma génération, qui m'ont connu au Lycée Barthélemy Boganda ou au cours des études supérieures en France, savent que j'étais tout sauf un cancre. Maurice SARAGBA, pourtant membre du parti au pouvoir, a eu l'honnêteté de le reconnaître en réponse à des écrits infamants qu'il a reçus dans le cadre de l'émission qu'il anime à Radio-Centrafrique. Ceux qui ont travaillé avec moi , dans les différents postes de responsabilité que j'ai occupés, et qui ne furent pas des moindres, peuvent témoigner de ce que j'érigeais en vertus cardinales le sérieux, la rigueur, le goût du travail bien fait, le refus de la facilité et de la médiocrité, le rejet de la démagogie et l'attachement, par-dessus tout, à l'honnêteté.
Le Président Patassé a fait ma connaissance à son arrivée aux affaires en 1993, alors que j'étais ambassadeur en Côte d'Ivoire depuis 1989. C'est lui qui m'a proposé de me nommer à Paris. Pendant les deux années où j'ai représenté notre pays en France, le Chef de l'Etat ne tarissait pas d'éloge pour le travail que je faisais, et il lui arrivait même de s'en ouvrir publiquement aux Centrafricains, à la radio, à son retour de mission dans la capitale française. Contrairement aux interprétations " a posteriori " que certains de mes détracteurs avancent, je travaillais dans une parfaite loyauté, parce que j'estime que le service de l'Etat comporte des règles qui doivent passer avant les considérations partisanes.
Mars et avril 1996 : deux mutineries secouent le pays. Certains de ceux qui, autour du Chef de l'Etat, veulent me diaboliser, vont jusqu'à me rendre responsable de leur déclenchement, " oubliant " que j'étais à l'étranger, que je me suis trouvé tout à fait par hasard le 18 avril 1996 à Bangui, appelé en consultation, que j'ai plus travaillé à calmer le jeu pendant la première mutinerie, qu'en revanche j'étais à Paris quand la seconde mutinerie a éclaté, le jour où je prenais une semaine de vacances pour me reposer après m'être beaucoup impliqué pour le règlement pacifique de la première ! La seconde a provoqué en moi une grande irritation parce que tous les conseils donnés à la suite des événements d'avril, des conseils de modération, de dialogue et de réalisation intégrale des engagements pris, avaient été piétinés. Je ne voulais plus me mêler de tout cela. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je n'étais pas preneur lorsque le président de la République m'a téléphoné fin mai 1996 pour me proposer le poste de premier ministre. Il le sait très bien. J'ai posé des conditions écrites, qui figurent d'ailleurs en annexe du livre que j'ai publié en 1997. Les Français, qu'on accuse à tort de m'avoir imposé, ne sont intervenus qu'après ma nomination, que j'ai d'abord refusée, pour me persuader de l'accepter , parce qu'il n'avait pas été facile de trouver un consensus autour d'un nom.
Je le répète : j'ai posé des conditions écrites, non par orgueil, mais parce que je voulais être honnête avec le Président Patassé ; il fallait que nous nous entendions sur la politique à conduire dans cette situation exceptionnelle, et sur la manière de procéder. C'est lorsqu'il a donné son accord complet qu'après réflexion , j'ai accepté la nomination. A ce sujet, je voudrais rappeler à ceux qui parlent d'ingratitude que dans cette affaire, c'est plutôt moi qui serait en droit de me plaindre. J'ai joué au pompier quand certains de ceux qui plastronnent aujourd'hui avaient carrément lâché le Président Patassé. Courageux mais pas téméraires, ils l'avaient laissé tomber, en attendant de voir de quel côté soufflerait le vent Dans ce pays, il y a des gens qui recherchent les postes. Il y en a d'autres, et je suis de ceux-là, qui acceptent les postes sur la base de principes clairs. Le Chef de l'Etat ne pouvait donc pas être surpris des mesures que j'ai prises dès mon entrée en fonction, puisqu'elles figuraient en toutes lettres dans les conditions que j'avais posées. C'était particulièrement vrai pour l'assainissement des finances publiques, les réformes structurelles et les mesures visant au rétablissement de la concorde nationale et au renforcement de l'unité du peuple centrafricain.
Ce sont toutes ces mesures qui m'ont valu l'hostilité d'un entourage fermé, sectaire, prédateur, et, par la suite, la rupture que l'on connaît. Je suis parti sans acrimonie, contrairement à ce que certains croient. J'ai juste ressenti le besoin d'expliquer, pour l'Histoire, avec une réelle volonté de prendre mes distances avec la politique politicienne centrafricaine faite d'intrigues, de petits calculs, de jeux de rôles, de sous-entendus ethniques et régionalistes, d'absence de projets cohérents pour la modernisation du pays, et de bagarres au couteau d'autant plus sanglantes que le gâteau à partager devient minuscule. Le malentendu persiste jusqu'à ce jour.
Et pourtant, ce pays peut s'en sortir !
Il suffit pour cela qu'il choisisse de regarder et d'accepter le monde tel qu'il est aujourd'hui, plus de dix ans après la chute du mur de Berlin, sans biaiser, sans tergiverser, sans se mentir à lui-même, et surtout sans chercher à faire endosser exclusivement la responsabilité de ses déboires par d'autres. Cet avertissement, j'ai tenu à le donner solennellement le 8 juillet 1996, à l'occasion de ma déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale. Ce texte est disponible, et peut être consulté à tout moment. Je voudrais vous dire, mesdames et messieurs, que je n'ai pas varié d'un pouce sur les convictions que j'ai exprimées voici quatre ans et demi. Que personne ne s'y trompe.
L'un des constats que j'avais faits le 8 juillet 1996, c'est qu'à chaque retour d'une mission officielle venant de l'extérieur , la première question de tout le monde, y compris vous les journalistes, c'est de savoir qu'est-ce que cette mission a rapporté pour la paye des fonctionnaires. L'infantilisation a été poussée à l'extrême aujourd'hui : je viens d'apprendre que parmi les mille et une rumeurs de Bangui, il en est une relative à un prétendu don du Vatican pour payer deux mois de salaires ! Vous n'allez tout de même pas me dire qu'il y a beaucoup de Centrafricains qui ne savent pas ce que c'est que ce minuscule Etat dont la vocation est d'abord spirituelle, et qui vit lui-même de charité !
Le PUN proclame qu'il faut cesser d'infantiliser le peuple centrafricain. Il faut lui dire clairement que le monde a changé depuis une décennie, et que l'une des conséquences de la chute du mur de Berlin est que l'Afrique n'est plus un enjeu idéologique et stratégique. Notre pays, comme d'autres en Afrique, a l'impérieuse nécessité de comprendre la signification profonde de ce changement ; aujourd'hui plus qu'hier, c'est d'abord sur nous-mêmes, sur nos efforts nationaux, qu'il faut compter. La communauté internationale ne peut qu'accompagner ; elle n'a pas vocation à se substituer purement et simplement à nous, pour payer les salaires, pour faire fonctionner nos écoles et nos hôpitaux Il n'existe nulle part, au monde, quelqu'un, un pays, qui a de l'argent, comme cela, suffisamment, pour payer les salaires à la place de l'Etat centrafricain Les règles du jeu mondial ont profondément changé. L'aide publique au développement se rétrécit chaque jour, et ce qui en reste va d'abord aux pays sérieux, c'est-à-dire ceux qui gèrent avec rigueur. Même dans l'expérience quotidienne de chacun de nous, nous voyons bien qu'il est impossible de continuer à aider un voisin, un chef de famille, qui dilapide ses sous, qui fait la fête avant de chercher à donner à manger à ses enfants. C'est comme cela qu'il convient de voir les réalités du monde contemporain. Voyez la question du SIDA. A en croire les chiffres alarmants qui circulent, près d'un centrafricain sur cinq est virtuellement condamné à mourir dans les prochaines années, si une action déterminée, vigoureuse, en termes de prévention et de soins, n'est pas engagée. Voilà une tragédie nationale qui, au lieu de nous diviser, devrait être l'occasion d'un véritable sursaut patriotique en mobilisant solidairement l'essentiel de nos énergies, par-delà les clivages partisans. Mais ce n'est pas la diabolisation actuelle de l'opposition qui peut montrer la voie d'un tel sursaut.
La mondialisation, dont j'ai été le premier à parler publiquement dans ce pays, précisément le 8 juillet 1996, implique de nouvelles règles : les capitaux ne viennent que là où ils ont des garanties de rentabilité ; le marché est désormais régi par des normes mondiales qui comportent de moins en moins d'exception ; la compétitivité est la règle absolue, ce qui suppose le sérieux, le travail acharné et la qualité, c'est-à-dire l'excellence. Cela entraîne comme première conséquence l'amélioration de la qualité des ressources humaines et donc l'encouragement de la compétence au lieu de la promotion de la médiocrité qu'entraînent le tribalisme, le népotisme et le clientélisme politique.
La lutte acharnée contre la corruption et la prévarication participe de cette nouvelle exigence dictée par la mondialisation. De cette mondialisation, le PUN dit encore que nous ne pouvons lutter efficacement contre ses excès et ses dérives que si nous offrons des gages de crédibilité, c'est-à-dire de sérieux, ce qui doit se traduire d'abord par notre capacité à rentabiliser au service de la communauté nationale les ressources naturelles dont nous avons été dotés. Qu'un pays sahélien pénalisé par la nature et confronté aux aléas climatiques ait absolument besoin d'aide, cela se comprend. Mais qu'une terre comme celle de Centrafrique, disposant d'or, de diamants, d'un sol abondamment arrosé et de forets riches en essences précieuses, une terre au demeurant sous-peuplée, voilà qui ne plaide pas en notre faveur quand nous mettons en cause la méchanceté de nos partenaires extérieurs pour justifier notre mauvaise gestion. Moi qui connais un peu les circuits de l'aide publique au développement, je vous assure que nos partenaires extérieurs ont du mal à comprendre l'accumulation de près de trente mois de retards de salaires, compte tenu des potentialités du pays, de sa démographie et du poids de la masse salariale.
Le PUN pense donc qu'il faut tenir au peuple centrafricain le langage du sérieux, de la responsabilité, de la rigueur, de l'effort et de la bonne gestion. Mais il ne suffit pas de proclamations incantatoires sur la nécessité du travail pour emporter l'adhésion populaire. Rien n'est plus important que l'exemple donné par les dirigeants, les sacrifices équitablement partagés, l'impunité enfin éradiquée, la rigueur inculquée par la pratique de' tous les jours, et enfin la conviction partagée par le peuple selon laquelle les dirigeants travaillent dans l'intérêt public. C'est cette vision que je m'efforce de faire partager aux cadres et militants du Parti de l'Unité Nationale. C'est à partir de cette vision que je me vois obligé de combattre la politique du régime actuel, qui ne va pas dans ce sens. Je le fais parce que je suis persuadé que l'intérêt supérieur du pays commande de changer de politique.
J'ajoute, pour finir, que l'unité nationale et la démocratie sont nécessaires pour créer les conditions de la modernisation du pays. L'évolution politique du pays vers la modernité ne peut pas se réduire à une simple succession d'ethnies. Tout se passe comme si en élisant un président de la République, nous élisons une ethnie, nous mettons une ethnie ou une région au pouvoir. Or c'est cela qui pousse au népotisme, au clientélisme, à la médiocrité, et en définitive aux exclusions, et donc aux tensions politiques. Je vous assure que je veille quotidiennement, dans le PUN, à inculquer ces idées aux cadres et aux militants. La citoyenneté, c'est la conscience qu'a chacun des 3,5 millions de Centrafricains, d'appartenir à une même communauté de destin, et donc de se sentir co-responsable de nos réussites et de nos échecs. La citoyenneté, c'est la modernité, tandis que le tribalisme, c'est le regard tourné vers le passé. Rien de bon ne peut provenir d'une politique guidée par des considérations tribalistes, aucun décollage économique ne peut en résulter : l'histoire contemporaine des Etats africains le démontre suffisamment.
Dans un pays comme la RCA qui a connu la traite , les sociétés concessionnaires, le portage et la chicote, le système Bokassa et tout ce qui s'en est suivi, il faut libérer le peuple de la peur intériorisée, il faut créer un climat de liberté pour chasser définitivement la peur qui inhibe et qui bloque les initiatives ; en un mot, il faut libérer la créativité, et pour cela, il faut établir un vrai Etat de droit et une réelle société démocratique. Cela est tout à fait compatible avec la nécessité d'une discipline collective. Mais cette dernière suppose une justice équitable, indépendante, n'ayant comme guide de ses décisions que le droit, rien que le droit. Il faut en finir avec le cycle infernal de la peur, avec un gouvernement qui a peur de son ombre et des citoyens qui ont peur de leur ombre. Le combat pour les libertés, c'est le combat pour la libération des énergies et des initiatives sans lesquelles il n'y a pas de développement
Mesdames et Messieurs,
Notre pays doit prendre conscience de ce que le monde évolue très vite, et surtout évolue en se passant de ceux qui ne veulent pas avancer, je veux dire ceux qui continuent de regarder en arrière. Prenons garde à ce que nous ne nous réveillions pas, un matin, définitivement déconnectés de la marche de la planète. C'est ce qu'on appelle la marginalisation, et qui nous guette réellement. Il n'est pas pensable qu'à l'heure du Web et des autoroutes de l'information, à l'heure du bouquet numérique et de l'établissement de la carte complète du génome humain, nous continuions de traîner des moeurs politiques et des modes de gestion d'un autre âge.
Un pays moderne ne peut pas être gouverné sans un grand dessein reposant sur une vision cohérente. Le grand dessein aujourd'hui, pour la République centrafricaine, c'est la modernisation de son paysage politique, de sa gestion économique et financière, et de la configuration de ses ressources humaines. Par-delà les épisodes de la chasse à l'homme dont je suis l'objet, le véritable enjeu, le point focal où se marque le clivage, c'est le choix que le peuple centrafricain doit impérativement faire entre l'archaïsme et la modernité. Tôt ou tard, il nous faudra bien trancher ce débat.
Je vous remercie.