L'actualité du jour en Centrafrique, 16 février 2001 (mouvements sociaux, médiation de l'archevêque...)

Le Premier ministre centrafricain appelle la population "au travail assidu"

(AFP, Bangui, 16 février - 22h27)

Le premier ministre centrafricain Anicet-Georges Dologuélé a appelé vendredi soir ses concitoyens au "travail assidu" pour sortir du sous-développement, dans un message lu à la radio et à la télévision nationale.

"Je vous invite au travail assidu qui seul pourra nous libérer du sous-développement", a écrit M. Dologuélé, ajoutant que "le développement ne se donne pas, mais se gagne par le travail".

Dressant un sombre tableau de la situation de la République centrafricaine (RCA), où "tout reste à faire" -- grands travaux, développement rural, éducation, santé -- le Premier ministre centrafricain a enfin souligné que "l'environnement mondial ne nous autorise pas à la paresse et à l'oisiveté".

Pays pauvre et enclavé d'Afrique centrale, la RCA possède une économie très fragile et des finances publiques exsangues.

Elle traverse une grave crise sociale et politique depuis que les fonctionnaires se sont mis en grève le 2 novembre dernier pour réclamer le paiement d'au moins 12 mois d'arriérés de salaires, avec le soutien de l'opposition.


L'archevêque de Bangui tente de concilier syndicats et gouvernement

(AFP, Bangui, 16 février 2001 - 19h24)

L'archevêque de Bangui, Mgr Joachim N'Dayen, a reçu vendredi une délégation du gouvernement centrafricain et des fonctionnaires en grève, confirmant son rôle de médiateur dans les négociations sociales, a-t-on indiqué de source syndicale.

Au cours de cette réunion de trois heures, la délégation gouvernementale, conduite par le ministre centrafricain de la Fonction publique Denis Wangao Kizimalé, a fait part des difficultés de trésorerie de l'Etat qui ne permettent pas de faire face aux exigences des travailleurs.

Le gouvernement, qui a payé en janvier trois mois d'arriérés de salaires sur les douze exigés par les agents de l'Etat depuis le 2 novembre, "s'engage à réserver une surprise agréable à tous les fonctionnaires", a dit le ministre sans fixer de délai.

Mgr N'Dayen, dont la médiation avait été sollicitée jeudi par les centrales syndicales, à invité les deux parties à "faire preuve d'humilité et à favoriser la décrispation". Il a demandé au gouvernement un nouveau "geste substantiel", selon cette même source.

Le mouvement social des fonctionnaires centrafricains, dont certains ont repris le travail, semble s'acheminer depuis quelques jours vers une trêve.

Les discussions continuent d'achopper sur certains points. Les syndicats réclament le paiement de trois mois supplémentaires d'arriérés de salaires et l'établissement d'un échéancier clair d'apurement des arriérés restant dûs.

L'Union syndicale des travailleurs de Centrafrique (USTC) a convoqué un conseil interfédéral dimanche, afin d'"évaluer la grève" et de décider de "la poursuite ou non du mouvement".


Les syndicats sollicitent la médiation de l'archevêque de Bangui

(AFP, Bangui, 16 février 2001 - 10h37)

Les syndicats de fonctionnaires centrafricains ont sollicité la médiation de l'archevêque de Bangui, Mgr Joachim N'Dayen, pour "dénouer le blocage" sur certains points des négociations sociales avec le gouvernement, a-t-on appris vendredi de source syndicale.

Ces points d'achoppement concernent la demande de paiement supplémentaire de trois mois d'arriérés de salaires, sur les 12 réclamés depuis le début de leur grève le 2 novembre 2000, dont trois premiers mois ont été payés en janvier.

Les syndicats réclament également l'élaboration d'un échéancier clair pour le paiement des arriérés restant dus et la signature d'un communiqué conjoint ou accord devant faire l'objet de consensus entre les deux parties, signé en présence d'un ou plusieurs médiateurs

Une délégation de dirigeants syndicaux a rencontré jeudi soir à ce sujet Mgr N'Dayen, qui n'a pas encore donné sa réponse, a-t-on souligné de même source. Le prélat avait appelé en janvier les autorités centrafricaines à apaiser le climat social par un dialogue avec les syndicats.

Selon les centrales, à l'issue des négociations qui se sont déroulées du 5 au 12 février 2OO1, "le gouvernement et les syndicats sont arrivés à des points de consensus et de non consensus".

Les syndicats se sont notamment félicités du premier versement de trois mois d'arriérés et de la suppression progressive de la discrimination dans le versement des salaires des fonctionnaires civils et militaires.

L'appel à la médiation de l'archevêque de Bangui intervient au moment où le mouvement social des fonctionnaires marque le pas.

Certains agents de l'Etat, notamment des enseignants, ont commencé à reprendre le travail en raison de la durée des négociations qui fait planer la menace d'une année scolaire blanche pour les élèves du secteur public.


Début d'une reprise du travail chez les fonctionnaires en grève

(AFP, Bangui, 14 février 2001 - 19h40)

Une partie des fonctionnaires centrafricains qui sont en grève depuis plus de trois mois pour réclamer le paiement d'arriérés de salaire ont commencé à reprendre progressivement le travail, a constaté mercredi à Bangui un journaliste de l'AFP.

Cette tendance à la reprise, qui est notamment perceptible dans les établissements scolaire du primaire et du secondaire de la capitale, où la grève était très suivie, concerne de nombreux départements ministériels, a-t-on encore constaté.

Le même phénomène se confirme également en province, a indiqué la radio nationale en citant des autorités administratives locales.

Cette évolution du mouvement des fonctionnaires intervient un peu moins de quatre semaines après le versement de trois mois d'arriérés aux agents de l'Etat, suivi le 4 février par le paiement d'un nouveau mois de salaire et l'annonce d'une augmentation de 10% de tous les salaires, notent les observateurs.

Chaotiques, les négociations entre centrales de la fonction publique et gouvernement centrafricain ont repris en début de semaine avant d'être à nouveau interrompues mercredi par les syndicats, soucieux de recueillir l'avis de leur base, a-t-on appris de source syndicale.

L'intérêt des travailleurs pour l'avenir du mouvement des fonctionnaires semble néanmoins avoir faibli et seuls quelques centaines d'entre eux se sont encore déplacés mercredi à la Bourse du travail de Bangui pour assister à une assemblée générale, a-t-on constaté.

"Si jusqu'au 17 février, les syndicats n'optent pas pour une paix des braves avec le gouvernement, les dirigeants se retrouveront comme un édifice sans pilier, parce que lundi prochain (19 février), tous les enseignants auront repris dans les écoles et lycées de Bangui", a souligné un syndicaliste.

Une frange dure des syndicats, qui comprend des dirigeants de centrales, a au contraire dénoncé l'attitude du gouvernement qui veut "imposer son plan".

Cette même frange fait valoir que toutes les revendications des fonctionnaires "sont contenues dans la lettre adressée au Premier ministre en octobre dernier" et que ces revendications n'ont pas changé.

"Il faut savoir sortir d'une grève et il est temps de signer un communiqué conjoint maintenant en annonçant la suspension de la grève, tout en consignant les engagements pris par le gouvernement", a estimé un responsable de l'une des centrales, Charles Dieudonné Lokobo, favorable lui à une nouvelle stratégie.

"Du respect de ses engagements dépendra la suite du mouvement", a-t-il ajouté.

Une partie des agents de l'Etat se sont mis en grève le 2 novembre 2000 pour exiger le paiement "immédiat" de 12 mois d'arriérés de salaire sur un total, selon eux, de 30 mois accumulés pendant plusieurs années, rappelle-t-on.

Actualité Centrafrique - Dossier 4