Un nouveau Premier Ministre nommé en Centrafrique : ZIGUELE

Les spéculations allaient bon train sur le départ du chef de la Prémature en Centrafrique. On l'attendait pour dimanche 25 mars. Mais le président PATASSE choisit finalement le dimanche 1er avril 2001 pour la nomination du nouveau Premier ministre. Son nom : M. ZIGUELE. Ce dernier remplace M. Anicet Georges DOLOGUELE appelé à d'autres fonctions.

(Dimanche,1er avril 2001)

[ Le Président de la République, Chef de l'Etat, par décret N° 01.076 a nommé M. Martin ZIGUELE, Premier Ministre, Chef du Gouvernement... dixit, POLOKO, porte-parole politique du président PATASSE, à la Radio-Bangui , le 1er avril 2001 ]

Nomination d'un nouveau Premier ministre en Centrafrique
"Réaction à chaud d'un confrère" (à propos de la nomination de M. ZIGUELE)
Le nouveau gouvernement centrafricain sera de "large ouverture" (M. Ziguélé)
M. Patassé accuse d'anciens ministres d'avoir "failli à leur devoir"
La presse centrafricaine met en doute les capacités du futur gouvernement


Nomination d'un nouveau Premier ministre en Centrafrique
(AFP, Bangui, 1er avril 2001 - 15h55 )

Un nouveau Premier ministre centrafricain, M. Martin Ziguélé, a été nommé dimanche en début d'après-midi par décret du président Ange-Félix Patassé en remplacement d'Anicet Georges Dologuélé.

Le remplacement de M. Dologuélé à la tête du gouvernement intervient peu de temps après un vaste conflit social dans le pays qui s'est traduit par une grève de près de cinq mois dans la fonction publique.

Les grévistes, relayés par l'ensemble des partis politiques d'opposition, avaient réclamé le départ de M. Dologuélé et du président Patassé.

Il intervient également deux semaines après l'apparition de vives tensions au sein du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC, au pouvoir).

Dans un communiqué publié le 15 mars, la direction du MLPC avait dénoncé les "invectives et injures" auxquelles s'était livré le président de l'Assemblée nationale, Luc Appolinaire Dondon Konamabaye, contre le membres du bureau exécutif du Parti.

La veille, la presse privée centrafricaine avait publié une correspondance de M. Konamabaye, membre influent du MLPC, adressée au président Ange-Félix Patassé. Ce courrier attirait l'attention du chef de l'Etat sur la "situation calamiteuse" du pays et la nécessité de remanier le gouvernement.

M. Ziguélé, membre du bureau exécutif du MLPC, remplace Georges Dologuélé nommé à ce poste à l'automne 1998, a annoncé le conseiller politique du chef de l'Etat Alfred Poloko. M. Dologuélé avait démissionné de son poste en novembre 1999, mais aussitôt rappelé à ces mêmes fonction par M. Patassé.

Martin Ziguélé est un nouveau venu sur la scène politique centrafricaine, n'ayant exercé jusqu'à présent aucune responsabilité gouvernementale, notent les observateurs.

Il n'a pas été donné d'explication officielle au changement de Premier ministre.

M. Ziguélé dispose désormais de huit jours pour former son gouvernement, selon la constitution centrafricaine.


"Réaction à chaud d'un confrère" (à propos de la nomination de M. ZIGUELE).

Martin ZIGUELE est un financier qui a d'abord servi dans les assurances à Bangui, puis à l'extérieur notamment à Lomé au Togo. Il attend de prendre ses fonctions de Directeur Nationale de la BEAC, la Banque des Etats de l'Afrique Centrale à Bangui où il vient d'être nommé quand, à la surprise générale il se voit confier les fonctions de chef du gouvernement.

Peut-être que le Président Ange-Felix PATASSE ne voulait pas agir sous la pression de ses adversaires politiques qui le sommaient de démettre le précédent premier ministre au plus fort de la crise sociale. La tâche du gouvernement que formera Martin ZIGUELE est immense. Ce sera d'abord la délicate question des salaires, ensuite la poursuite de l'assainissement des finances publiques.

Très peu connu des milieux politiques, n'ayant jamais été associé aux mécanismes de gestion des affaires de l'Etat, il ne verra pas passer les 90 jours de grâce à moins de s'adapter très rapidement.

La grande question aujourd'hui est de savoir à quel type de gouvernement faut-il s'attendre. Le parti du Président PATASSE, le MLPC a déjà annoncé la couleur après la constitution du précédent cabinet. Un gouvernement de large ouverture ne permettrait pas une meilleure cohésion. Ce sera probablement une équipe plus recentrée autour du parti au pouvoir et des alliés que le risque de voir appeler à la mise en oeuvre du programme contenu dans la profession de foi du président de la République.

Alain-Georges NGATOUA, AFrica N° 1 (journal de 9h00, 2 avril 20001)

(Précision de KODRO ce jour 2 avril 2001sur l'origine du texte ci-dessus qui a été repris : << L'auteur de la "Réaction à chaud d'un confrère" publiée par admn.cf est Alain-Georges NGATOUA pour la Radio Africa 1... Elle n'est pas du quotidien le Citoyen >> )


Le nouveau gouvernement centrafricain sera de "large ouverture" (M. Ziguélé)
(AFP, Bangui, 2 avril 2001 - 19h42)

Le nouveau Premier ministre centrafricain Martin Ziguélé, nommé dimanche par décret du président Ange-Félix Patassé, a affirmé lundi qu'il entendait former un gouvernement de "large ouverture", "d'action et de combat".

M. Ziguélé s'exprimait pour la première fois depuis sa nomination à l'issue d'un entretien avec le président Patassé qui l'a reçu au palais de la Renaissance, siège de la présidence, en compagnie de son prédécesseur Anicet Georges Dologuélé.

"Il s'agit d'un gouvernement d'action et de combat parce que les problèmes sont très urgents", a notamment déclaré le nouveau Premier ministre qui dispose d'un délai de huit jours pour former son équipe, selon la constitution centrafricaine.

Selon lui, "il y aura des difficultés dans l'ordre de priorité de ces problèmes": "tous les problèmes sont urgents au même moment, tout est urgent, tout est délicat et on ne sait pas à quel problème s'attaquer d'abord".

"Il s'agira donc d'un gouvernement resserré autour d'un certain nombre de priorités économiques et sociales", a-t-il ajouté.

M. Ziguélé a précisé qu"'il s'agira d'un gouvernement majoritairement orienté vers les objectifs définis par le chef de l'Etat". "Le gouvernement doit être représentatif du peuple (...). Il sera le plus large possible", a-t-il dit, ajoutant disposer d'une "marge de manoeuvre".

Selon les observateurs, cette marge risque cependant d'être restreinte car la nomination de Martin Ziguélé répondait aux exigences des militants du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC, parti au pouvoir) de voir leur formation politique exercer et mieux contrôler le pouvoir de l'Etat.

Le MLPC reprochait notamment à M. Dologuélé de ne pas avoir accordé suffisamment de portefeuilles ministériels au parti du président Patassé. M. Dologuélé ne faisait pas partie du MLPC, rappelle-t-on.

La coalition de l'opposition a déclaré de son coté qu'elle attendait d'être consultée pour prendre position: "Si c'est pour aller dans un gouvernement parce qu'on veut qu'il y'ait cinq ou six personnes qui se remplissent les poches et voir le pays continuer à sombrer, cela n'a aucun sens", a affirmé à l'AFP son porte-parole, Paul Bellet.

M. Ziguélé, qui exerce depuis plusieurs années le métier d'assureur à Lomé, est membre du bureau exécutif du MLPC et un des proches du président Patassé qu'il a connu lors de l'exil togolais de ce dernier entre 1982 et 1992.


M. Patassé accuse d'anciens ministres d'avoir "failli à leur devoir"
(AFP, Bangui, 3 avril 2001 - 12h56)

Le président centrafricain Ange-Félix Patassé a accusé lundi certains ministres du précédent gouvernement de M. Anicet Georges Dologuélé d'avoir "failli à leur devoir" et annoncé que ceux-ci seraient "sanctionnés", a rapporté mardi la radio nationale centrafricaine.

"Certains de vos ministres n'ont pas compris que si je les ai appelés, à travers vous, ce n'est pas pour qu'ils restent indéfiniment ministres. Beaucoup ont failli à leur devoir. C'est une faute lourde et ces ministres seront sanctionnés", s'est emporté le chef de l'Etat.

M. Patassé, dont ces propos ont été diffusés par la radio nationale mardi matin, recevait à la présidence M. Dologuélé, venu lui faire ses adieux, en compagnie du nouveau Premier ministre Martin Ziguélé qu'il a nommé dimanche par décret.

"Je ne peux pas accepter que pour des missions précises on ait confié des responsabilités à des fils du pays qui se montrent défaillants parce qu'ils pensent qu'être ministre, c'est être dans une carrière (...) Etre ministre comme être chef d'Etat, c'est une fonction, ce n'est pas une carrière", a-t-il martelé.

Le président a par ailleurs précisé qu'il "ferait l'audit" du précédent gouvernement. "Les ministres qui seront responsables de faiblesses, qui se seront montrés défaillants, seront sanctionnés", a-t-il ajouté.

S'adressant toujours à M. Dologuélé, il l'a cependant félicité pour son travail: "Vous avez accompli votre mission en tant que chef de gouvernement. D'autres missions vous seront confiées parce que vous êtes l'un de ces jeunes sur lesquels la Nation peut compter. Ne pensez pas un seul instant que vous avez démérité de ma confiance".

M. Patassé a cependant justifié sa décision de remplacer M. Dologuélé pour "rétablir les choses, donner du sang nouveau, une nouvelle impulsion dans la lignée des actions à mener avec les institutions de Bretton Woods (...) et pour que notre pays franchisse allègrement de nouvelles étapes pour consolider la paix et assurer un développement économique et social dans un environnement sain".


La presse centrafricaine met en doute les capacités du futur gouvernement
(AFP, Bangui, 4 avril 2001 - 14h10)

La presse centrafricaine a sérieusement mis en doute mercredi les capacités du futur gouvernement à redresser la situation du pays, allant jusqu'à s'interroger sur le choix même de Martin Ziguélé comme nouveau Premier ministre.

Le président Ange-Félix Patassé "aurait pu choisir un cadre-membre du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC, majoritaire) d'une région autre que la sienne et que celle du président de l'assemblée nationale (Luc Appolinaire Dondon Konamabaye)", remarque le quotidien Le Démocrate (proche de l'opposition).

Ce journal, qui prétend voir un "cercle ethno-tribaliste" au sommet de l'Etat, estime que cette nomination, faite dimanche par décret présidentiel, prouve d'elle-même l'absence d'une "réelle volonté d'ouverture", annoncée par le chef de l'Etat.

"Tout le monde attend de voir le nouveau Premier ministre à l'oeuvre car la tâche qui l'attend est colossale", ajoute cependant le journal, dressant un tableau désastreux de la situation du pays.

"Tout est à refaire et à reconstruire. (...) Les arriérés de salaires des fonctionnaires s'amoncellent et M. Dologuélé n'avait rien pu faire", indique Le Démocrate en référence au récent mouvement des fonctionnaires qui ont réclamé pendant des mois le paiement d'arriérés de salaire, mettant à mal l'ancien Premier ministre, Anicet-Georges Dologuélé.

"On verra bien si ce sera un +gouvernement d'attaque+, décidé à corriger les travers du précédent gouvernement, ou plutôt +bricoleur, laxiste et prédateur+", lance Le Citoyen, autre quotidien indépendant.

Ce journal reconnaît que le nouveau Premier ministre "n'aura pas la tâche facile", mais il croit en revanche que M. Ziguélé a "l'avantage psychologique et politique de bénéficier du soutien de la direction du MLPC et d'un programme signé avec le FMI et la Banque mondiale" initié par son prédécesseur.

"Les nombreux défis qui l'attendent exigent de lui non seulement les compétences requises mais également le tact politique et surtout une profonde connaissance des réalités de ce pays", indique de son côté le quotidien indépendant proche de l'opposition L'Hirondelle dans sa dernière édition.

Cette publication fait remarquer à ce propos que M. Ziguélé est considéré comme un "Centrafricain de l'extérieur" pour avoir avoir travaillé pendant plusieurs années à Lomé (Togo) en tant qu'assureur.

Nouveau venu sur la scène politique centrafricaine, n'ayant exercé jusqu'à présent aucune responsabilité gouvernementale, le Premier ministre dispose de huit jours à compter de sa nomination pour former son gouvernement, rappelle-t-on.


Actualité Centrafrique - Dossier 4