Le sida prospère en RCA "grâce à notre hypocrisie collective"
(AFP, Bangui, 19 février 2001 - 20h18)
Le Premier ministre centrafricain, Anicet-Georges Dologuélé, a dénoncé lundi à Bangui "l'hypocrisie collective" responsable selon lui de la progression alarmante du sida en République centrafricaine (RCA), l'un des 10 pays africains les plus touchés par la maladie.
"Le VIH-sida a prospéré grâce à notre hyprocrisie collective", a déclaré M. Dologuélé devant les acteurs centrafricains de la lutte anti-sida réunis lors d'un atelier organisé par l'UNICEF.
Le Premier ministre a reconnu l'échec du programme national de lutte contre le sida, qui n'a pas apporté "les réponses appropriées pour contenir et faire reculer ce fléau dévastateur", et il a mis en cause l'attitude du personnel soignant.
"Que dire des médecins qui accueillent les malades mais n'osent pas prescrire spontanément le dépistage systématique du sida?", a-t-il lancé, avant de plaider pour "un combat acharné, ouvert et franc" contre la maladie.
M. Dologuélé a pointé "le risque sérieux que nous manquions de bras pour faire décoller ce pays", soulignant que "la jeunesse et les cadres meurent à un rythme inquiétant, au point que les courbes de la croissance démographique et de l'espérance de vie connaissent un infléchissement réel".
Il a néanmoins salué la création d'un comité de lutte national contre la maladie et rappelé le souhait de la RCA de voir s'implanter à Bangui un centre de trithérapie et de bénéficier d'une partie de l'assistance prévue par la Banque mondiale au plan mondial.
Le taux de prévalence du sida est de l'ordre de 15% en RCA et l'on dénombre 3OO.OOO séropositifs, selon les participants à l'atelier de Bangui.
Depuis 1985, la maladie a fait au moins 2O.OOO morts, et 6O.OOO orphelins du sida ont été recensés au cours de l'année 2OOO.
Près de 95% des lits des grandes structures sanitaires du pays sont occupés par des personnes infectées par le virus, selon ces mêmes sources.