Les deux meurtriers de l'ambassadeur libyen en RCA condamnés à mort

Deux des quatre accusés jugés pour le meurtre en août 2000 à Bangui de l'ambassadeur libyen en Centrafrique ont été reconnus coupables d'"assassinat avec préméditation" et condamnés à mort jeudi par la Cour criminelle de Bangui, a-t-on appris de source judiciaire.

Juvénal Marius N'Goakossi, un détective privé, et Jeannot Mafouta, un sergent de l'armée centrafricaine, ont admis au cours du procès avoir agressé le 30 août 2000 l'ambassadeur Al Senoussi Awad Abdallah pour lui voler son véhicule.

Atteint par plusieurs balles, le diplomate libyen était mort de ses blessures trois jours plus tard. Son décès avait provoqué l'indignation des plus hautes autorités centrafricaines, qui avaient dans un premier temps avancé l'hypothèse d'un "complot".

Les deux autres accusés ont été respectivement condamné à 12 mois de prison ferme et acquitté.

Patrice N'Gouanepa, un lycéen, a été condamné pour "détention illégale d'arme de guerre". Il a reconnu avoir subtilisé le pistolet automatique de son père, un ancien policier devenu fonctionnaire au ministère de l'Intérieur, pour le compte de N'Goakossi, qui avait prétendu devoir assurer la protection d'un homme d'affaires.

N'Goakossi s'en était finalement servi pour tirer sur l'ambassadeur, quand ce dernier avait refusé de céder les clés de son véhicule.

Le quatrième homme, Anour Mahamat, un commerçant de Bangui soupçonné d'être le receleur du groupe, a en revanche été acquitté "au bénéfice du doute".

N'Goakossi, qui l'avait contacté avant l'agression pour vendre un véhicule, a expliqué pendant le procès avoir tenté de le joindre - en vain - après le meurtre d'Al Senoussi Awad Abdallah, accréditant l'idée que le commerçant n'était pas au courant de l'agression.

La Cour criminelle de Bangui n'a pas suivi intégralement le réquisitoire du procureur général, qui avait réclamé la condamnation à mort des deux principaux accusés et au moins cinq ans de prison ferme contre les deux autres accusés.

Ce procès, qui a été entièrement retransmis par la radio nationale, met fin à une affaire qui a fortement embarrassé les autorités centrafricaines.

Le gouvernement et le parti au pouvoir avaient d'ailleurs avancé l'idée d'un "crime politique" destiné, notamment, à nuire aux bonnes relations entre la RCA et la Libye.

Le régime du colonel Mouammar Kadhafi avait de son côté accusé la CIA et le Mossad, les services de renseignements américain et israélien, d'être derrière l'assassinat de son ambassadeur.

Ces hypothèses avaient été rapidement abandonnées après l'arrestation des principaux coupables, deux semaines après les faits, au profit d'un simple "crime crapuleux".

(AFP, BANGUI, 26 avril 2001 - 21h14)


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