A quand la fin des exécutions sommaires après le putsch du 28 mai 2001 ?
Des exécutions sommaires ont eu lieu à Bangui. Selon des témoignages des familles entières seraient décimées. Tout le monde s'accorde à le reconnaître y compris dans les milieux officiels. Des voies commencent à s'élever contre la chasse à l'homme. Un élu du peuple, le député TOUBA a été assassiné; son corps fut retrouvé "ciblé de balles et portant des traces de tortures". S'agirait-il d'un dérapage ? Mais qui peut arrêter l'hémorragie ? La liste ne cesse de s'allonger, alors la question devient pressante.
La Justice, le droit à la défense, à la protection ne sont plus de mise. Dans un état de droit tout individu a obligation de respecter les lois fondamentales qui régissent le pays et qui s'appliquent à tous. Aujourd'hui, le doute plane. La peur et l'angoisse se sont saisi d'un peuple tranquille qui a basculé brusquement d'un état à un autre.
Pour sa part, l'Assemblée parlementaire de la francophonie (APF) exige "toute lumière" et que les "assassins soient recherchés, jugés et punis".
(13 juin 2001)
Assassinat d'un député: l'Assemblée de la francophonie demande une enquête
L'Assemblée parlementaire de la francophonie (APF) a demandé mercredi une enquête sur l'assassinat du député centrafricain Théophile Touba, membre de sa Commission de l'éducation, la communication et la culture, et l'arrêt des "exécutions sommaires" en République centrafricaine.
Dans un communiqué, l'APF exige que "toute la lumière soit faite sur l'assassinat du député Théophile Touba" et que ses "assassins soient recherchés, jugés et punis".
L'Assemblée rappelle qu'elle avait condamné la tentative de coup d'Etat du 28 mai à Bangui car "cette action visait la personne et la fonction d'un chef d'Etat démocratiquement élu", le président Ange-Félix Patassé.
"Il est normal de rechercher les auteurs de tels agissements et de les châtier mais il est tout à fait inadmissible de multiplier les meurtres", précise le communiqué.
Le corps de Théophile Touba, un député du RDC (Rassemblement démocratique centrafricain, opposition), a été retrouvé début juin, dans les environs de la résidence du chef de l'Etat centrafricain, criblé de balles et portant des traces de torture, selon ses proches.
La victime aurait été enlevée, selon ces derniers, par des militaires qui le suspectaient d'avoir participé au putsch manqué.
"Pas de guerre tribale" à Bangui selon le Premier ministre centrafricain
Le Premier ministre centrafricain Martin Ziguélé a déclaré mercredi que les récents événements de Bangui ne constituaient "pas une guerre tribale" et a appelé la communauté internationale à l'aider dans la mise en oeuvre d'un programme humanitaire d'urgence pour les populations.
M. Ziguélé s'exprimait pour la première fois depuis le coup d'Etat manqué du 28 mai et les combats qui ont opposé pendant dix jours l'armée au putschistes.
"La RCA vient de traverser une crise majeure due à une tentative de prise de pouvoir par la force. Je tiens à réaffirmer qu'il ne s'agit pas d'une guerre tribale mais bien d'un coup d'Etat" organisé "par le soldat (André) Kolingba", a-t-il déclaré devant les ambassadeurs accrédités en Centrafrique et les représentants des agences des Nations Unies et des organisations non-gouvernementales.
Le Premier ministre centrafricain a également réagi aux rumeurs d'exactions à l'encontre des membres de l'ethnie minoritaire Yakoma, de l'ancien président Kolingba.
"Le gouvernement ne peut pas et n'a jamais pensé identifier Kolingba à une tribu" a-t-il déclaré à un journaliste de l'AFP en marge de cette réunion.
"Lui et ses acolytes sont seuls responsables et dans ces cas là, la responsabilité est toujours individuelle", a ajouté M. Ziguélé, assurant que les auteurs étaient recherchés et bénéficieraient d'un "procès équitable".
Devant le corps diplomatique, le Premier ministre a réitéré son appel à l'aide à la communauté internationale en faveur des victimes des troubles.
Selon le bilan du gouvernement, ceux-ci ont fait 59 morts -dont 34 civils- et 87 blessés. Quelque 88.765 des 600.000 habitants de Bangui ont été déplacés, dont 23.533 femmes et 51.244 enfants de 0 à 15 ans.
Les besoins en aide humanitaire (médicaments, nourriture, vêtements) détaillés dans le plan d'action du gouvernement se chiffrent à 2,46 milliards de francs CFA (24 M FF).