Les Banguissois terrés sortent, la vie s'organise, les activités reprennent


Aide de l'ONU en matériel d'épuration des eaux et sanitaire. ATT arrive
(Nations Unies; New York, 11 juin 2001)

L'émissaire de l'ONU en Centrafrique, le général malien Amadou Toumani Touré, devait atterrir en fin de matinée à Bangui en provenance de Libreville, où il s'était entretenu avec le Président gabonais Omar Bongo. La mission du général Touré en Centrafrique est d'examiner avec ses interlocuteurs les modalités d'un règlement pacifique du conflit qui a récemment opposé à Bangui forces gouvernementales et groupes d'insurgés dans le cadre d'une tentative de coup d'Etat avortée par ces derniers. Par ailleurs, le Fonds de l'ONU pour l'enfance (UNICEF) a signalé aujourd'hui qu'un appareil de l'ONU transportant une trentaine de tonnes de matériel d'épuration des eaux et sanitaire était attendu en fin de journée à Bangui. Les récents combats en Centrafrique auraient fait de 80.000 à 100.000 personnes déplacées.


Bangui meurtrie retrouve ses habitants, son marché, ses banques
(AFP, Bangui, 11 juin 2001 - 18h29)

Cinq jours après l'arrêt des combats, des milliers d'habitants ont regagné lundi Bangui, la capitales centrafricaine, qui a repris goût à la vie rouvrant ses banques et son marché central, fermés depuis deux semaines.

Des combats, qui ont opposé jusqu'au milieu de la semaine dernière les auteurs du coup d'Etat avorté du 28 mai à l'armée, il ne reste que les nombreuses façades trouées d'impacts de balles et d'obus de mortiers.

Au rond-point de la place de la République, dans le centre ville, un tas de cendres noires sur le bitume achève de disparaître: "Quatre cadavres en putréfaction ont été brûlés ici avec de l'essence", raconte un passant.

Sur le large fleuve Oubangui, frontière naturelle de la Centrafrique avec la République démocratique du Congo, les pirogues ont repris leur lente navigation.

Au bord de la berge, on pouvait encore voir en milieu de matinée, un petit groupe de très jeunes hommes en uniformes dépareillés, dont un gamin d'à peine 13 ans, haut comme sa kalachnikov, une casquette de type soviétique trop large sur la tête.

Ils font partie des derniers éléments du rebelle congolais Jean-Pierre Bemba venus prêter main forte pour sauver le régime du président Patassé. Une heure plus tard, ils avaient disparu.

A l'entrée sud de la capitale, un flot ininterrompu de familles des quartiers sud ayant fui les combats regagnent la ville par la route. Entassés par dizaines sur des camions, à bord de voitures, mais pour la plupart à pieds, ils transportent sur des brouettes ou sur la tête les quelques effets emportés dans leur fuite et des vivres ramenés de la brousse.

"Nous avons suivi à la radio que la paix était revenue, alors nous sommes partis à pieds ce matin de Maka village, où habitent mes parents, à 19 km d'ici", raconte en chemin Apollinaire Makabo, un jeune vétérinaire accompagné de sa femme et de sa fillette de 15 mois, souffrant d'une crise de paludisme.

Comme quelques 80.000 Banguissois, selon les autorités, ils avaient fui la capitale "parce qu'on avait reçu des balles sur les murs de notre concession"

A l'entrée de la ville, au "PK9", ils sont contrôlés et fouillés à un barrage, puis regagnent les quartiers sud, les plus durement éprouvés, où de nombreuses maisons de planches affichent encore portes et volets clos.

Dans les quartiers commerçants, la vie reprend un cours presque normal, hormis la présence de barrages de contrôles où les militaires se montrent vigilants, sans excès de nervosité.

Des attroupements se sont formés lundi matin devant les banques qui ont rouvert leurs portes après deux semaines de fermeture. La musique zaïroise a recommençé à vibrer dans les bars de plein air.

Le marché central de la capitale a repris ses activités dans la matinée, même si ce n'était pas encore l'affluence des grands jours. Les étalages de fruits et légumes n'offraient que des petits tas de tomates, d'avocats ou d'ananas.

Sur un autre marché de la capitale, des blocs de bétons, des tiges métalliques, venant peut-être d'une des villas ravagées de l'ex-général André Kolingba, l'homme du coup d'Etat aujourd'hui en fuite, sont en vente.

L'une d'elles, à l'extrême est de la ville, près du camp Kasaï, offre un spectacle de désolation: toitures et fenêtres arrachées, pièces nues, photos de familles et documents jonchant le parc.

Des habitants du quartier qui se sont réfugiés dans les collines voisines "quand les gens de Bemba sont arrivés", terminent le travail et récupèrent ce qu'ils peuvent. "Ils ont tout pillé, les télévisions, les radios, les draps", raconte un jeune homme, comme pour se dédouaner.

A l'autre bout de la ville, face à l'Oubangui, un buffle empaillé a été sorti d'une autre résidence d'André Kolingba et trône devant le mur d'enceinte.


Des milliers d'habitants regagnent Bangui, la vie économique reprend
(AFP, Bangui, 11 juin 2001 - 16h53)

Des milliers de Banguissois ayant fui les combats qui ont fait rage pendant dix jours dans la capitale centrafricaine regagnaient lundi leurs domiciles par la route tandis que les banques et le marché central ont rouvert dans la matinée, a constaté un journaliste de l'AFP.

Un flot ininterrompu de familles s'étirait en direction de l'entrée sud de Bangui par la route de M'Baiki (90 km au sud), sous un soleil ardent.

"Nous avons suivi à la radio que la paix était revenue, alors nous sommes partis à pieds vers 05H00 ce matin de Maka village, à 19 km d'ici", a expliqué à l'AFP Apolinaire Makabo, un vétérinaire accompagné de sa femme et de sa fillette de 15 mois, souffrant de paludisme.

Dans le même temps, la vie économique a repris lundi matin à Bangui. Des attroupements étaient visibles à l'entrée des banques qui ont rouvert leurs portes après deux semaines de fermeture.

Cinq jours après l'arrêt définitif des combats, le marché central de la capitale a également repris timidement ses activités, mais les acheteurs semblaient moins nombreux qu'à l'accoutumée.

Des milliers de passants circulaient dans Bangui, où les militaires en armes tenaient ici et là des barrages de contrôle ou patrouillaient à bord de jeeps.


Actualité Centrafrique - Dossier 5