Kofi Annan pour le dialogue et la réconciliation en Centrafrique (27 juin 2001)
Le secrétaire général se félicite de l'entame du dialogue politique en Centrafrique.
Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, se réjouit de la récente initiative du Président centrafricain Ange-Félix Patassé d'entamer le dialogue politique avec les représentants des partis d'opposition de son pays et les membres de la communauté diplomatique en République centrafricaine. Il encourage également le Président à poursuivre ses efforts destinés à rétablir le calme et le respect des droits de l'homme dans le pays. C'est ce qui ressort du communiqué de presse publié aujourd'hui au Siège de l'ONU, dans lequel M. Annan invite également la communauté internationale à apporter son concours à la Centrafrique, permettant ainsi au gouvernement en place de surmonter les graves problèmes humanitaires et socio-économiques que traverse le pays.
Kofi Annan encourage la Centrafrique à la réconciliation nationale
Le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan a encouragé mercredi le gouvernement de Centrafrique à poursuivre ses efforts pour promouvoir la réconciliation nationale après le coup d'Etat manqué du 28 mai.
M. Annan "salue tous les efforts pour promouvoir la réconciliation nationale et la stabilité" en Centrafrique, a dit son porte-parole Manoel Almeida e Silva.
Le secrétaire général "encourage" également le président Ange-Félix Patassé "à poursuivre ses efforts et à prendre les mesures nécessaires pour restaurer le calme, le respect de l'état de droit et les droits de l'homme de tous les citoyens".
Il exhorte enfin la communauté internationale à aider la Centrafrique à surmonter ses graves problèmes humanitaires et socio-économiques.
M. Annan avait dépéché le 12 juin le général Amadou Toumani Touré, un ancien président malien, à Bangui pour atténuer les tensions dans le pays nées de la tentative de coup d'Etat.
M. Patassé a accusé l'ancien président André Kolingba d'être l'auteur du putsch avorté. A la suite de celui-ci, la capitale a ensuite été le théâtre de combats entre les forces loyalistes et les mutins et de nombreuses exactions ont été commises contre des membres de l'ethnie Yacoma de l'ancien président.
Le président Patassé: la RCA doit reprendre sur "des bases solides"
Le président centrafricain Ange-Félix Patassé a souhaité mercredi que la Centrafrique "reprenne sur des bases solides", un mois après la tentative de coup d'Etat du 28 mai qui a affaibli l'économie déjà chancelante du pays.
"Il faut que la vie reprenne normalement, que les Centrafricains puissent vaquer à leurs occupations, que le travail reprenne (...) parce que nous avons beaucoup perdu sur le plan économique et financier", a indiqué le chef de l'Etat recevant l'ensemble du corps diplomatique à Bangui et dont les propos ont été retransmis par la radio nationale.
Tout en souhaitant que la République centrafricaine (RCA) et ses partenaires continuent "à oeuvrer ensemble la main dans la main", il a ajouté: "Mon pays doit reprendre sur des bases solides".
Le gouvernement a récemment déclaré s'attendre à une baisse de 30% des recettes fiscales pour l'année 2001 en raison de cette tentative de coup d'Etat qui a eu, selon lui, des "conséquences dramatiques pour l'économie et l'unité nationale du pays".
Au cours de cette rencontre, M. Patassé est également revenu, tout en les atténuant, sur les accusations qu'il avait portées à la mi-juin contre l'ancien colonisateur français quant à son éventuelle participation à cette tentative de coup d'Etat.
"Je n'accuse pas la France, que cela soit clair", a-t-il dit. Il a cependant confirmé que trois mercenaires français avaient participé à ce putsch manqué: "Leurs noms se retrouvent dans des documents saisis au domicile d'André Kolingba", l'ancien président centrafricain accusé d'en être l'auteur.
"Le Tribunal pénal international sera saisi de cette implication", a-t-il ajouté.
Le président centrafricain avait violemment critiqué le 16 juin "la France mercenaire" qui avait, selon lui, livré les armes et munitions trouvées au domicile du général Kolingba et dont certaines caisses portaient le drapeau français.
M. Patassé a enfin "révélé malgré le secret de l'enquête judiciaire en cours" que l'ambassadeur de France à Bangui, M. Jean-Marc Simon, "figurait (...) sur la liste des personnalités à liquider par Kolingba" au cas où ce dernier réussirait sa tentative.
Patassé déplore les promesses non tenues
(Jules S.Guèye, envoyé spécial de la PANA)Le président Ange Félix Patassé a déploré devant le corps diplomatique, le fait que la communauté internationale n'ait pas tenu toutes ses promesses envers la Centrafrique après la signature, en 1998, sous l'égide des Nations Unies, du pacte de réconciliation nationale, selon son porte-parole, M. Prosper Ndouba.
Recevant mardi les membres du corps diplomatique accrédités à Bangui, suite à la tentative de coup d'Etat du 28 mai dernier, M. Ndouba a indiqué que le président Patassé s'était félicité de a condamnation du coup de force par la communauté internationale, tout en regrettant que celle ci n'ait pas encore mis en oeuvre les résolutions du Conseil de sécurité sur l'assistance à apporter à la RCA pour la restructuration de ses forces armées.
Le porte-parole du chef de l'Etat centrafricain a laissé entendre que l'absence de contribution financière de la part de la communauté internationale n'était pas étrangère à la situation difficile que connaît la Centrafrique et qui se traduit notamment par 27 mois d'arriérés de salaires.
M. Prosper Ndouba a par ailleurs indiqué que le président Patassé avait saisi l'occasion de la rencontre avec les diplomates pour préciser qu'il n'accusait pas le gouvernement français de complicité avec l'ex-général Kolingba dans la tentative de coup d'Etat, mais plutôt "la France mercenaire".
Selon lui, le chef de l'Etat centrafricain n'a fait qu'exprimer son étonnement que les caisses contenant les armes découvertes au domicile de M. Kolingba portent le drapeau français.