Reprise du dialogue entre le pouvoir et l'opposition
Par Jules S.Guèye
Envoyé spécial de la PANA
Près d'un mois après la tentative avortée de coup d'Etat de l'ex-général André Kolingba, on assiste à une décrispation sur la scène politique centrafricaine avec la rencontre prévue lundi à Bangui entre le président Ange-Félix Patassé, d'une part, et les partis politiques et les syndicats, d'autre part.
Cette rencontre, annoncée samedi de source autorisée, était prévue pour le même jour, mais a dû être reportée en raison de la visite à Bangui d'une délégation congolaise conduite par l'épouse du président Denis Sassou Nguesso.
Pour les observateurs, la tenue d'une telle rencontre signifie que l'envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RCA, l'ancien président malien Amadou Toumani Touré, a, au moins, réussi une partie de son mandat, à savoir, restaurer le dialogue politique entre tous les segments de la société centrafricaine.
A la veille de l'arrivée de M. Touré à Bangui, le président Patassé avait rejeté toute idée de dialogue avec l'opposition, estimant que le pacte de réconciliation nationale, conclu en 1998 grâce au même Amadou Toumani Touré, a été rompu de manière unilatérale.
Selon lui, il s'agissait d'un coup d'Etat et le dossier était désormais entre les mains de la justice. L'envoyé spécial de M. Kofi Annan semble apparemment avoir réussi à décrisper les positions au terme de plusieurs rencontres entre les acteurs politiques centrafricains.
En fait, rappelle-t-on, le dialogue entre le pouvoir et l'opposition était rompu depuis 1998, quand, à l'issue des élections législatives, le député Koudoufara Dieudonné, élu sous la bannière du PSD, avait fait basculer la majorité du côté du MLPC du président Patassé en rejoignant les rangs de cette formation.
L'opposition n'a jamais digéré cette ""trahison"" et la victoire de M. Patassé au premier tour de l'élection présidentielle de 1999 n'a fait qu'élargir ce fossé, qui est devenu un gouffre avec la récente tentative de coup d'Etat, le pouvoir soupçonnant certains partis d'être de connivence avec M. André Kolingba. Interrogé par la PANA, M. Amadou Toumani Touré a indiqué que la normalisation de la situation en Centrafrique passera inéluctablement par le dialogue entre les différents acteurs de la vie politique et sociale.
L'ancien président malien est cependant convaincu que tant que le problème des arriérés de salaires ne sera pas réglé, le risque est grand de voir la Centrafrique s'enfoncer dans l'instabilité. Selon lui, si les salaires sont payés régulièrement, de nombreuses crises sociales seront évitées.
Le dialogue entre les acteurs politiques et sociaux devrait, à son avis, déboucher sur un plan d'action visant à promouvoir le processus démocratique et à reconstituer le tissu industriel du pays avec le soutien des bailleurs de fonds.
Il s'agira ensuite selon lui, d'établir un programme dont la priorité sera de mettre une aide d'urgence à la disposition des populations meurtries par les derniers événements.
L'envoyé spécial de M. Kofi Annan, qui devait quitter Bangui samedi, a dû repousser son départ, ainsi qu'une rencontre prévue le même jour avec la presse, afin de suivre les développements du dialogue qu'il a réussi à rétablir.
(PANA, Bangui - Samedi 23 Juin 2001)